Stress au travail : traiter les causes, et pas seulement les symptômes!

L’avis d’expert publié le 17 novembre dans LeJournalDuNet sur la prévention du stress et les obligations de l’employeur remet en perspective le cadre législatif européen, transposé dans l’accord national de 2008, qui constitue la base de travail sur laquelle le Ministre Xavier Darcos souhaite pousser les entreprises à négocier.

Le point de vue de Sophie Augier, psychologue du travail, éclaire de manière intéressante et cohérente avec les observations que nous pouvons faire sur le terrain les facteurs et les manifestations du stress.

La conclusion de la tribune en revanche ne laisse pas d’inquiéter :

Le plan d’urgence annoncé par le gouvernement incite les grandes entreprises à lancer des négociations sur la prévention du stress au travail. Si l’identification des facteurs de stress et l’élaboration de mesures de prévention ad hoc doivent être mises en place, en concertation avec les différents acteurs de l’entreprise, il convient de veiller à ce que les méthodes de management ne deviennent pas elles-mêmes objet de négociation. En effet, à défaut de pouvoir circonscrire précisément la notion de stress, l’attention risque de se porter sur les causes, et principalement sur le management. Les employeurs doivent veiller à rester sur le terrain de la santé et de la sécurité des salariés et à ne pas accepter de limiter leur pouvoir décisionnel en matière de techniques de management.

On voit, une fois de plus, qu’une crise, même brutale et incontestable, ne permet pas de déboucher sur le véritable traitement des causes. On en reste une fois de plus au traitement symptomatique du stress, sans s’attaquer aux facteurs qui le génèrent. Alors même que les méthodes de management par le stress ont été abandonnées par les pays anglo-saxons dont elles nous viennent, car elles s’avèrent non seulement dangereuses, mais également contre-productives sur le moyen terme, en France, il ne serait pas possible de les remettre en question.

De nombreuses analyses permettent d’identifier clairement le triptyque meurtrier, non seulement pour les salariés, mais à moyen terme pour les entreprises, et pour la société toute entière :

  • capitalisme financier exigeant à court terme une rentabilité incompatible avec le rythme de la croissance mondiale,
  • concurrence effrénée, poussée par une législation au consumérisme démagogique,
  • globalisation basée sur l’exploitation des différentiels de revenus dans les différentes régions du monde.

Ces trois règles, appliquées par les multinationales cotées en bourse, débouchent sur un management tayloriste, poussé dans des extrêmes jamais vus jusqu’ici, qui génèrent un malaise sans précédent pour les salariés. Sans même parler de suicides, les troubles engendrés – parfaitement identifiés dans l’article – coûtent cher, non seulement aux salariés, mais à la collectivité toute entière.

Tant qu’on n’aura pas traité les causes, les effets délétères subsisteront. Donc, oui, il faut remettre en question les méthodes managériales qui traitent les salariés comme des robots et retirent tout sens au travail. Répétons-le, le stress n’est pas un facteur de productivité, contrairement à ce qu’une certaine idéologie voudrait nous laisser croire. Qui pourrait prétendre que le malaise actuel, perceptible par tous, est un projet de société qu’il faudrait continuer à défendre ? Il convient dès lors de ne pas se cantonner à un simple traitement des effets, mais bien de remettre en question un modèle d’économie qui est à bout de souffle.

La responsabilité sociale de France Télécom

Dans La Tribune de ce jour, Jean-Marc Le Gall, professeur associé au Celsa et conseil en stratégies sociales, fait quelques constats que la CFE-CGC/UNSA a mis en évidence depuis de (trop) longs mois. Extraits :

« Le groupe s’engage à agir en permanence comme un employeur responsable », peut-on lire dans le Rapport responsabilité d’entreprise et développement durable 2008 de France Télécom-Orange publié en juin dernier. Engagement attendu dans un tel rapport, puisque la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est l’intégration volontaire par l’entreprise de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes, dont font partie ses salariés. Pourtant, confronté à la dramatique actualité sociale de cette entreprise, il est difficile de prendre cet engagement au sérieux.

Risquons une hypothèse : si le bilan économique du président de France Télécom était aussi mauvais que son bilan social, il aurait quitté l’entreprise comme Michel Bon en 2002, ou il aurait été remercié par son actionnaire principal. Sans aucun doute, il y a encore loin de la responsabilité économique à la responsabilité sociale. Des dirigeants d’entreprise s’efforcent pourtant de rapprocher ces deux dimensions, comme Frank Riboud qui a décidé que le bonus des dirigeants de Danone devait porter pour moitié à la fois sur des réalisations tenant à cette RSE et sur les résultats économiques. Responsabilité oblige.

L’article mentionne également le livre d’Yvan du Roy, Orange Stressé, et nous ne pouvons qu’adhérer à l’analyse de Monsieur Le Gall.

En tant que salariés de l’entreprise et en tant que syndicalistes, nous espérons que les réalités enfin dévoilées, et surtout prises au sérieux par une part de plus en plus large de la société française, vont conduire à de réels changements dans le pilotage des entreprises. Pour une fois, il n’est pas exagéré de dire que c’est… vital!

Lire l’article dans son intégralité sur le site de La Tribune.

4ème licence mobile : une régulation socialement irresponsable

Comme on pouvait s’y attendre, Free sera finalement le seul candidat à la 4ème licence mobile, et l’Arcep rendra sa décision avant Noël, ou tout début 2010. Si chef de l’État s’est montré « réservé » sur le dossier, Monsieur Silicani, actuel président de l’Arcep, revendique haut et fort l’indépendance du régulateur français dans sa validation ou non du dossier d’Iliad/Free.

Il va sans dire que cette décision sera analysée à la loupe par l’ensemble des observateurs.

Leyla Insane
Leyla Insane

image: Katey (Flickr) sous licence CC by – nc – nd

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La mise à mort du travail

France 3 diffuse ce soir à 20h35 et mercredi soir à 23h05 un documentaire qui semble éclairant sur ce qui est (enfin) en train de devenir un vrai sujet de société. Voici un extrait de la présentation de Telerama :

L’idée des auteurs – le producteur, Christophe Nick, et le réalisateur, Jean-Robert Viallet – n’était pas de faire un énième film sur la souffrance au travail, ni de stigmatiser des patrons voyous ou des salariés réfractaires à toute évolution, mais de montrer ces souffrances (c’est le premier volet) et d’en comprendre les causes (deuxième et troisième volets). Comment ? En analysant à travers le prisme de deux entreprises mondialisées (Carglass et Fenwick) la manière dont l’organisation du travail est surdéterminée par les deux contraintes macroéconomiques que sont l’actionnariat et la libre concurrence. En démontrant comment les logiques de rentabilité pulvérisent les liens sociaux et humains dans l’entreprise et sont en train de tuer le travail lui-même en le réduisant à sa seule composante économique.

Pour en savoir plus, la page web dédié à cette série documentaire par France 3.

Les salariés d’EADS en pleine crise de confiance

Comme le note avec un humour au vitriol un lecteur des Echos qui est sans doute un salarié d’EADS,  les dirigeants d’entreprises semblent découvrir avec stupéfaction que leurs salariés sont démotivés…  Les alertes, qu’elles viennent du monde syndical, médical ou des consultants RH n’ont pourtant pas manqué ces dernières années. Mais personne n’avait envie de les écouter.

La crise qui a éclaté chez France Télécom aura au moins eu le mérite de soulever le couvercle. Les enquêtes se multiplient, les déclarations de dirigeants, politiques ou d’entreprises, aussi. Quelles mesures concrètes seront prises pour endiguer la souffrance au travail, pour restaurer la confiance entre les salariés et leurs entreprises ? Pour l’instant, c’est la grande inconnue. Les pratiques bancaires ont été dénoncées à hauts cris par les plus hauts représentants politiques de la planète lorsque la crise financière a éclaté. Le sommet de Pittsburg a accouché d’une dénonciation des bonus des traders, mais pour le reste, rien ou presque n’a changé, tout particulièrement en France.

Le monde actuel est devenu d’une totale ambiguïté. De tous les scandales qui éclatent chaque jour dans les médias, on ne sait jamais lesquels engendreront un vrai changement des règles ou des comportements : dans bien des cas, quelques déclarations véhémentes tiennent lieu d’unique remède.

Les dirigeants d’EADS disent qu’ils veulent vraiment tenir compte de l’enquête réalisée par Gallup. Seuls les salariés pourront dire, dans quelques mois ou un peu plus, si les choses ont vraiment changé.

Le commentaire de l’enquête et la réaction des dirigeants d’EADS sont à lire dans Les Echos du 21 octobre.

France Télécom: un cas d’école dans un système mortifère

Sur Mediapart, le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval reviennent à travers l’affaire France Télécom sur la fabrique du «sujet néolibéral» et ses effets.

Quelques extraits pour vous mettre l’eau à la bouche :

Périodiquement on redécouvre, pour l’oublier bien vite, que quelque chose « ne tourne pas rond » dans le monde du travail. Les suicides en série au Technopôle de Renault ne sont pourtant pas si lointains.. Sociologues et psychanalystes ont longuement décrit et analysé les diverses formes prises par la « crise du travail ». Mais « la souffrance au travail » dont on parle beaucoup aujourd’hui ne tombe pas du ciel, elle ne relève pas seulement d’un traitement thérapeutique en forme d’ « accompagnement psy », elle résulte avant tout de pratiques et de dispositifs qui ont profondément modifié l’organisation des entreprises et les relations professionnelles.

A cet égard, le cas de France Télécom – qui s’appellera bientôt Orange pour faire oublier son ancrage national- est tragiquement exemplaire. Voici une entité qui est passée en quelques années de l’univers du monopole de service public à celui de la multinationale de plain-pied dans le capitalisme mondialisé et financiarisé. Cela s’est fait à coup de changements de statut, d’ouvertures du capital  et de privatisations menés par tous les gouvernements de droite comme de gauche depuis 1990. L’histoire de France Télécom, c’est en réduction et en caricature,  l’histoire du déploiement implacable d’une logique de concurrence généralisée qui fait se rejoindre les horizons les plus lointains des marchés globalisés et les subjectivités les plus intimes des salariés. France Télécom  c’est donc notre histoire collective qui se lit dans l’histoire d’une entreprise et de ses salariés. Pour tout dire, on a là affaire à un cas d’école de l’expérimentation néolibérale.

Une analyse remarquable et bien argumentée, à lire en intégralité sur Mediapart.

Les six erreurs de la direction de France Télécom

Sur e24,  Marie Muzard, spécialiste de la gestion de crise analyse la manière dont France Télécom a traité la question des suicides. Extraits :

le management n’a pas su identifier la crise. Certes, toutes les entreprises sont confrontées au suicide. Plus l’effectif est élevé plus ce risque augmente. C’est ce constat qui a probablement conduit le management de France Télécom à sous estimer la crise et à considérer que les suicides faisaient partie des « pépins » d’une entreprise. […] Pourtant tous les signaux habituels de la crise étaient là : problème qui relève de la santé (c’est déjà un signe très fort annonciateur de crise); terrain de fond miné (le malaise social était perceptible dans les études internes, dénoncé par les syndicats); le choc de culture de l’entreprise (en 10 ans l’entreprise a révolutionné sa culture, tous n’y étaient pas préparés […]); et la multiplication des suicides. Le taux de suicide est rapidement devenu anormalement élevé, même pour un grand groupe. […]

Comment une direction peut elle rester crédible alors que ses décisions sont prises sous la pression et donc totalement subies? La direction doit très vite reprendre l’initiative en montrant qu’elle assume enfin ses responsabilités.

L’article complet sur e24

Notre commentaire

Au delà des éléments de communication pointés à juste titre dans cette analyse, il faut ajouter qu’à ce jour, la direction de l’entreprise ne semble pas avoir pris conscience des causes profondes du malaise, et n’annonce aucun changement de cap en matière de projet industriel. Pour redonner du sens au travail, il faut en effet dégager l’entreprise de l’emprise des marchés boursiers, restreindre les dividendes, et consacrer le cash à la mise en oeuvre d’un vrai projet d’investissement pour le long terme, au sein duquel les personnels pourront retrouver toute leur place.

C’est certainement le bon moment, alors qu’il va falloir déployer les réseaux de fibre optique. Espérons que la direction de l’entreprise saura saisir cette opportunité.

La négation de tous les médiateurs sociaux dans l’entreprise : une politique dévastatrice et délibérée chez France Télécom

Alors que de nombreux médias, et de nombreux français, s’interrogent sur la vague de suicides chez France Télécom, se demandant « comment on a pu en arriver là », on entend ça et là une remise en question des syndicats, qui « n’auraient pas été présents » pour accompagner les salariés et éviter la dégradation dramatique des conditions de travail dans l’entreprise.

Un mécanisme pervers articulé en trois temps

L’examen approfondi de la situation met en évidence une réalité beaucoup plus grave. Les méthodes de gestion de l’entreprise, entièrement calées sur une « culture du chiffre », où l’on ne s’intéresse plus qu’aux cours de bourse et aux indicateurs qui permettront de satisfaire l’exigence, exorbitante, des marchés financiers, a totalement mis de côté le facteur humain. L’idéologie du capitalisme financier semble avoir trouvé au sein de France Télécom un lieu de mise en application de ses fantasmes les plus fous. Sébastien Crozier l’exprime dans une récente interview à itexpresso : « A l’instar de Serge Tchuruk, ex-P-DG d’Alcatel, qui voulait faire une entreprise sans usines, la direction de France Télécom veut faire d’Orange une marque sans salariés ».

Il s’agit donc de marginaliser la parole des personnels en appliquant une politique de déni, qui évacue les alertes syndicales, neutralise les médecins du travail, et supprime les ressources humaines de proximité.

Cones on Steps
Cones on Steps

Image hey mr glen (Flickr) sous licence CC by-nc

On peut ainsi se concentrer sur l’objectif : comprimer chaque année davantage le nombre de salariés, pour améliorer le fameux « cash-flow », que le Conseil d’Administration dédie pour moitié au versement de dividendes. Continue reading « La négation de tous les médiateurs sociaux dans l’entreprise : une politique dévastatrice et délibérée chez France Télécom »

« Orange stressé » vient de paraître aux éditions La Découverte

Pour comprendre la réalité du management par le stress, Yvan du Roy a mené l’enquête auprès de salariés, de syndicalistes, de médecins et d’experts de la santé au travail.

Relatant le vécu quotidien des salariés de France Télécom, il retrace l’historique de l’opérateur depuis sa privatisation, et montre comment l’entreprise a basculé dans la course au profit financier de court terme, où le personnel est considéré comme une charge, et, notamment sur les plateaux d’appels, littéralement comme une « armée de robots » pilotés par des applications informatiques qui ne leur laissent aucun répit.

Recherche de la productivité maximale, mais aussi volonté à peine voilée de pousser les salariés vers la sortie,  au travers de fermetures de sites et de réorganisations permanente dont l’efficacité opérationnelle reste à démontrer. Les salariés sont contraints à des reconversions brutales, souvent déqualifiantes, et à des déplacements quotidiens de plus en plus lourds pour rejoindre les locaux de l’entreprise, qui se concentrent dans les grandes agglomérations.

Le journaliste s’est notamment appuyé sur les travaux de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom, une association mise en place en 2007 par la CFE-CGC/UNSA et SUD pour comprendre et agir contre les causes du stress dans l’entreprise.  Pierre Morville (CFE-CGC/UNSA) et Patrick Ackermann (SUD) ont postfacé l’ouvrage.

Yvan du Roy présente son livre dans une interview vidéo réalisée par Bachchich :


France Télécom : le problème, c’est la génération bonus!

Florence Noiville, journaliste au Monde et auteur de « J’ai fait HEC et je m’en excuse » ne mâche pas ses mots. Interrogée par Marianne 2 sur la situation à France Télécom, elle dit notamment :

Partout où l’on pousse à bout le principe MMPRDC, « Make more profit, the rest we don’t care ». Partout, cette maximisation du profit se fait au détriment de la dimension humaine. Faire sortir une personne de la masse salariale est considéré comme une victoire. L’humain devient l’ennemi, une source de coûts à contenir le plus possible. Mais la charge de travail ne baisse pas, le stress est plus grand et le sentiment de culpabilité de voir ses camarades partir alors qu’on reste se développe.

L’interview au complet sur Marianne 2.

Réforme des services publics: dogmatisme et laboratoire de changement du statut des salariés

Engageant une réflexion sur l’évolution du statut de La Poste, Mediapart livre une analyse très intéressante, tant sur le dogmatisme de la privatisation des services publics…

Alors que l’argent public a servi ces derniers mois à soutenir, pour le « Bien commun », les banques privées en difficulté, il est désormais nécessaire de privatiser les services publics qui ne l’ont pas encore été, c’est-à-dire de créer les conditions juridiques et économiques de l’appropriation des biens publics. Comme si la crise et les « solutions » qui lui sont apportées n’avaient pas suffi à démontrer les insuffisances, les contradictions et les dangers de l’administration privée des biens communs – son incapacité, en l’état, à œuvrer à long terme dans l’intérêt général – elle sert aujourd’hui de prétexte pour s’attaquer à l’un des bastions de la fonction publique française.

… que sur les conséquences en matière de conditions de travail dans l’ensemble des entreprises françaises. Après une analyse des effets de l’introduction de nouvelles « méthodes de travail » à La Poste et chez France Télécom, l’article conclut de manière inusitée sur l’évolution du statut du salariat en France, qui appelle à une extrême vigilance:

La réforme de La Poste offre de nombreux points de comparaison (dont l’analyse doit être approfondie) avec celle de France Telecom et avec les réformes en cours dans l’ensemble de la fonction publique. Avec ces réformes, l’introduction des « méthodes de management » et de « gestion des ressources humaines » semble dépasser, par leurs effets sur les salariés, ce qui avait été observé jusqu’alors dans le secteur privé d’où elles viennent. Il se pourrait même que certaines de ces transformations, notamment la « mobilité » des fonctionnaires, soient expérimentées dans la fonction publique, laboratoire des conditions de travail de demain. Cette « mobilité », ce flou des statuts rappellent en effet la flexibilité des travailleurs tant invoquée, souhaitée et appelée à se développer ces dernières années. Elles entrent en écho avec l’adoption récente d’un projet de loi qui donne la possibilité aux entreprises de prêter leurs « ressources humaines » – une pratique qui avait été interdite en France en même temps que l’esclavage il y a presque 200 ans. Ces transformations imposent de se demander si les conditions de vie et la liberté des salariés sont un bien commun inaliénable ou non. Avec ces réformes, les citoyens sont placés face à un choix profond de société qui engage leur responsabilité les uns par rapport aux autres.

Un article à lire in extenso et sans modération sur Mediapart.

Le quizz de l’été

Qui a dit :

L’échéance est juridiquement inéluctable ! Cependant, il faut bien avoir conscience qu’elle n’est, par beaucoup d’aspects, que la conséquence d’une évolution technologique irrésistible qui produit les mêmes effets partout dans le monde et qui répond à de puissantes raisons économiques.

Si la bourrasque commerciale doit régénérer l’entreprise, elle ne doit pas tout emporter sur son passage. Toutes les prestations […] n’ont pas vocation à être soumises aux lois du marché. […] Le service public ne doit pas être affecté par la disparition du monopole.

[La transformation en SA] ne saurait s’envisager qu’avec l’Etat comme actionnaire majoritaire : l’entreprise doit rester une entreprise publique.

Maintien solennel du statut de fonctionnaire des personnels. […] Ceci devra figurer en termes parfaitement clairs dans le texte de la loi que le Parlement aura à élaborer.

Si vous pensez qu’il s’agit de Luc Chatel lors de la présentation du projet de loi transformant La Poste en société anonyme, vous pouvez cliquer sur les citations, qui vous conduiront vers le texte original dont elles sont extraites :  le rapport du sénateur Larcher (1995), qui a servi de base à l’élaboration de la loi de privatisation de France Télécom.

Étonnant, non?

Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur les différents effets de cette privatisation de France Télécom. Vous pouvez d’ores et déjà consulter notre analyse de l’évolution des emplois :

Ma jolie entreprise ne connaît pas la crise… mais ses salariés, si!

Les résultats du second semestre tombent les uns après les autres, affichant pour la plupart des bénéfices supérieurs aux attentes des analystes, en dépit de chiffres d’affaires en baisse sur fond de crise économique.

L’Expansion nous explique ce petit miracle :

Mais c’est surtout par des mesures d’économies drastiques – arrêt des investissements et suppressions de postes – que les entreprises peuvent afficher des taux de marge nette étonnamment élevés, au vu de la conjoncture. « A l’inverse des crises précédentes, les entreprises se sont plus rapidement adaptées à la récession, via un ajustement de leur production, de leur base de coûts, mais aussi grâce à d’importants efforts de restructuration », explique Benoit Peloille. Ces efforts étant plus faciles à mettre en oeuvre aux Etats-Unis, les entreprises américaines ont d’ailleurs publié des résultats meilleurs que les entreprises européennes.

C’est le cas des banques, qui outre-Atlantique ont largement tiré profit de l’évolution boursière de ces derniers mois, mais aussi des 260.000 suppressions de postes du secteur financier. Ou encore des centaines d’entreprises qui ont supprimé des milliers de postes et réduit de manière drastique la main-d’oeuvre externalisée. Les exemples, dans ce sens sont multiples, l’américain 3M, le constructeur Ford, le portail internet Yahoo!, le fabricant d’engins de chantier Caterpillar, ou encore l’équipementier Continental, ont tous affiché un bénéfice supérieur aux attentes…

Ce n’est pas une surprise, et les nombreuses victimes des suppressions de postes depuis le début de l’année le savent bien. En dépit des rodomontades de différents responsables politiques, les règles impitoyables du capitalisme financier continuent de s’appliquer : les entreprises privilégient le bénéfice par actions à court terme, au détriment des emplois et de l’investissement nécessaire au maintien d’une activité pérenne.

La « crise » est d’abord une crise de confiance généralisée

Le Monde relate les points clefs des XXIVes Rencontres de Pétrarque, centrées cette année sur le thème « Après la crise, quelle(s) révolution(s) ? ».

Les conclusions ne sont pas très optimistes, et ne débouchent pas sur une voie toute tracée, d’autant moins que le vocabulaire semble devoir être ré-étalonné, et qu’il n’y a pas de projet motivant en perspective. Citation :

Si la guerre est apparue comme une perspective vraisemblable, il n’en fut pas de même de la révolution. A partir de prémices opposées, Alain Krivine, cofondateur du Nouveau Parti anticapitaliste, et l’historien Alain-Gérard Slama, sont parvenus à une conclusion semblable : la crise suscite une colère profonde, mais pour que celle-ci débouche sur un soulèvement, il faut une alternative. Or il n’existe plus aucune « promesse de bonheur collectif », a dit M. Slama ; partout le « chacun pour soi » l’emporte sur le « tous ensemble », a complété M. Krivine.

Si vous avez le coeur bien accroché et ne souhaitez pas « bronzer idiot », vous pouvez écouter Les Rencontres de Pétrarque : elles seront diffusées sur France Culture du 10 au 14 août, de 20 h 30 à 22 heures.

Télévision : le CSA croit à des concentrations

Michel Boyon, président de l’autorité de régulation de l’audiovisuel, est interviewé dans Les Echos. Morceaux choisis :

A l’instar du rachat par TF1 des chaînes TMC et NT1, certains pensent que la concentration va se poursuivre sur le marché de la télévision numérique terrestre. Y êtes vous favorable?

Le rachat de TMC et NT1 par TF1 n’a pas encore été notifié au CSA. Vous me permettrez donc de ne pas me prononcer sur cette opération. Je suis persuadé néanmoins que les concentrations vont se poursuivre dans le secteur de la télévision. C’est le sens de l’histoire. Mais le CSA sera très vigilant sur tous les regroupements à venir. Il veillera au maintien de la pluralité des acteurs et s’assurera que la concurrence s’exerce le mieux possible. Il faut être conscient que les grands groupes audiovisuels français n’ont pas encore la taille suffisante pour affronter la compétition européenne, qu’il s’agisse de TF1 et M6 pour la télévision gratuite ou de Canal pour le payant.

L’Autorité de la concurrence propose de limiter à un ou deux ans les exclusivités d’Orange. Cette recommandation vous paraît-elle pertinente?

L’avis de l’Autorité de la concurrence est très proche de celui qu’avait rendu le CSA. Nous partageons la même philosophie. Il se différencie néanmoins par la durée consentie à un opérateur pour développer des exclusivités : il me paraît très difficile de construire un nouveau service sur un socle économique et financier solide en un ou deux ans comme le recommande l’Autorité de la Concurrence. Le CSA avait pour sa part préconisé un délai plus long, en maintenant l’opérateur sous surveillance afin de vérifier que les équilibres du marché et les possibilités d’accès du public ne soient pas perturbés.