Big Data : le nouveau couteau suisse des entreprises et des administrations

Au-delà de ses nombreuses applications en matière de marketing et de relation client, présentées dans un précédent article, le Big Data propose bien d’autres cas d’usage, mis en œuvre par les entreprises et les administrations. Tous les secteurs sont touchés, comme nous le rappelle l’infographie ci-dessous, tirée d’une présentation de Business & Decision.

Big Data_usages autres_image

Le Big Data transforme toutes les fonctions de l’entreprises… jusqu’aux RH

Gartner nous rappelle que l’optimisation des process opérationnels d’une entreprise, tout particulièrement dans le pilotage de son activité, est un des principaux leviers à l’adoption des technologies Big Data. Ces dernières lui permettent d’accroître son efficacité et de réduire ses coûts et ses pertes liées au matériel et/ou à la production. En s’appuyant notamment sur les technologies, désormais matures, de machine-to-machine, les entreprises sont mieux outillées pour gérer les problématiques relatives à leurs équipements de production, ainsi que les nombreux éléments de leur chaîne logistique.

Mais l’exemple d’utilisation le plus émergent du Big Data en entreprise concerne le management de l’humain, à travers son adoption croissante par les services de Ressources Humaines, dont il redessine les outils et méthodes. Il devient possible de « matcher » par analyse sémantique les offres d’emploi existantes avec les profils des candidats potentiels identifiés via les réseaux sociaux, ou de s’appuyer sur des modèles statistiques pour identifier les profils qui présentent les meilleures chances de réussite sur un poste. Il restera à vérifier à moyen terme l’efficacité de méthodes aussi terrifiantes : souvenons-nous que chez France Télécom, la Direction des ressources humaines était très fière d’afficher la mise en place des « e-RH », censées résoudre tous les problèmes tout en faisant des économies… jusqu’à la crise sociale de 2009, qui a démontré l’impérieuse nécessité de renforcer sérieusement les équipes RH… par de bons vieux humains ! Même dans une société technologique, l’informatique n’est pas toujours « magique ».

A chaque métier, ses applications Big Data

A chaque problématique métier est associée une ou plusieurs applications faisant appel au Big Data.

Le domaine de la santé est déjà très avancé en la matière. Ainsi, les objets connectés de monitoring permettent le maintien à domicile de certains malades longue durée, dont les données sont analysées en temps réel pour un traitement adapté en fonction de l’évolution de leurs pathologies. Au-delà des cas individuels, un service comme Google Flu Trends s’avère précieux pour le suivi et les prévisions liés à l’évolution d’une épidémie. Enfin, l’avènement du Big Data fait également progresser la recherche. Ainsi, on a pu diviser par 10 000 le temps et le coût nécessaires à la modélisation du génome d’une personne – qui permet de découvrir ses prédispositions génétiques au développement d’une maladie, pour mieux la prévenir.

Le secteur financier a recours au Big Data pour optimiser la gestion des risques et prévenir la fraude. Ainsi, les compagnies d’assurance sont désormais susceptibles d’évaluer de plus en plus précisément le risque relatif à chacun de leurs assurés, pour leur proposer les produits les plus adaptés… quitte à remettre en cause le principe de mutualisation des risques qui régit la profession, brisant ainsi la solidarité entre les assurés. Egalement concernés par la gestion des risques, les banques et organismes de paiement luttent aussi contre la fraude, notamment le scam, technique d’extorsion de fonds en ligne, à l’image de Western Union, qui passe les transferts de fonds douteux au microscope du Big Data.

Pour les grands acteurs de l’énergie, le Big Data permet de répondre à plusieurs problématiques et de rendre leur activité plus « intelligente » et écologique : le « smart grid » a déjà donné naissance aux compteurs intelligents, en attendant, bientôt, des réseaux électriques capables d’optimiser la production et la répartition de l’énergie en fonction des besoins instantanés. Une entreprise comme Veolia s’attache, pour sa part, à la réduction du gaspillage d’eau, au travers de technologies permettant de détecter les fuites, limiter les débordements d’égouts, gérer les pressions et réduire la consommation d’eau.
Le Big Data se met également au service de l’écologie dans le secteur du transport, qui s’attache à réduire son empreinte écologique, tandis que l’analyse avancée de données permet au secteur agricole de mettre en place une agriculture « de précision » visant à limiter la consommation d’eau et l’utilisation d’engrais ou de pesticides.

Bref, le Big Data s’introduit dans tous les secteurs, même les plus improbables, par exemple en prédisant quels films vont s’imposer au box office, ou encore en aidant l’Allemagne à remporter la dernière Coupe du Monde de football (mais où est la « glorieuse incertitude du sport » ?).

La « Smart Administration », forcément « big datée »

Dans la « Smart City », infrastructures, usagers et administrations sont connectées et communiquent entre eux, les informations étant ensuite regroupées et traitées, via les technologies du Big Data, pour permettre à la ville de devenir intelligente, à court ou à long terme : les gestionnaires de la ville, administrations ou sociétés privés, sont à même d’améliorer le quotidien en temps réel, en optimisant le trafic, les dépenses énergétiques, l’accès aux services administratifs, l’allocation des ressources médicales… mais aussi de dégager des prévisions qui permettent aux pouvoirs publics de dessiner la ville de demain, avec de nouvelles infrastructures. De leur côté, les usagers participent au développement de leur ville à la fois en partageant des informations (détection de dysfonctionnements, remontée d’informations concernant le trafic) et en modifiant leurs comportements, en termes de déplacements, de gestion des déchets, ou de consommation énergétique.
Si les projets de « Smart City » sont nombreux, la plupart restent encore flous et, surtout, rarement globaux. En France, la ville la plus avancée est Nice, qui figure même dans le Top 5 mondial.

Enfin, récemment mis sous le feu des projecteurs par la très controversée Loi Renseignement, l’usage du Big Data dans le cadre de la lutte contre la criminalité est évidemment bien plus développé en Amérique du Nord. Il permet notamment de fournir en temps réel des informations pertinentes aux équipes de terrain, d’aider à la résolution des enquêtes et même de prévenir les crimes, dans un remake de Minority Report qui fait tout de même froid dans le dos.

Nous voilà donc désormais au fait des nombreux usages du Big Data. Ce dernier constitue-t-il une chance à saisir pour l’économie française ou sera-t-il la chasse réservée des seuls mastodontes américains du Web ? La suite au prochain numéro…

Big Data : quel impact sur le marketing et la relation client ?

Depuis des décennies, les marketeurs analysent les données clients à leur disposition, avec l’objectif de vendre plus et, éventuellement, mieux, c’est-à-dire pendant plus longtemps dans une logique de fidélisation. L’émergence récente du Big Data est venue décupler leur capacité d’analyse et, partant, leurs possibilités de réaction, voire d’anticipation des comportements de leurs clients. De fait, à l’instar de celle de Gartner, la plupart des études estiment qu’entre 50% et 60% des projets Big Data sont liés à l’expérience client au sens large.
Ainsi, en collectant des données lorsque ses clients sont exposés à ses campagnes de communication, achètent ses produits ou souscrivent à ses services, naviguent sur ses sites Web ou interagissent avec elle, une entreprise est à même de mieux les connaître. Elle peut ainsi adapter son offre, sa stratégie et ses outils de vente et de relation client, afin de faire vivre à ses clients une expérience en adéquation avec leurs attentes.
Une fois mise en place la fameuse vision à 360° de ses clients, l’entreprise est susceptible d’obtenir de « nombreux bénéfices marketing », « utiles pour les consommateurs » et « générant de la valeur », comme le montre l’infographie de l’agence Camp de Bases.

Capture

Selon notre analyse, reposant sur une étude Markess, trois grands types d’objectifs président aux actions des directions marketing en matière de Big Data:

  • Vendre plus, notamment en ligne, en personnalisant le parcours digital des clients, de leur navigation sur les sites aux messages publicitaires qui leur sont présentés, pour leur proposer les offres les plus adaptées grâce à une segmentation et à un ciblage plus fins ;
  • Vendre mieux en simplifiant la relation client, grâce à une stratégie adaptée à chaque canal d’interaction (téléphone, e-mail, SMS, Web, réseaux sociaux) et à une optimisation des parcours inter canaux ;
  • Anticiper, en analysant tendances lourdes et signaux faibles pour se préparer aux évolutions comportementales des clients, de façon collective avec, par exemple, de nouveaux produits ou services, ou de façon individualisée, avec notamment la prévention des risques de rupture de la relation client.

A des degrés divers, la majeure partie des secteurs d’activités sont susceptibles de recourir au Big Data pour améliorer l’expérience de leurs clients, mais les plus avancés restent le e-commerce et la grande distribution, les opérateurs de services et le secteur financier.

Amazon, premier de la classe en Big Data

Les entreprises nord-américaines, et en particulier les pure players du Web, ont indéniablement une bonne longueur d’avance en matière d’exploitation commerciale du Big Data. Amazon s’est très tôt positionné en pionnier, avec son service de recommandations personnalisées, système de frappes chirurgicales qui vient se substituer avec succès au bazooka du couponing massif. Le géant du e-commerce peut s’appuyer sur une base de plus de 250 millions de clients, dont il cerne les goûts de plus en plus précisément en compilant des données structurées (déclaratif et navigation) et non structurées (contenus qu’ils stockent dans ses services de cloud). Amazon est ainsi capable de fournir à ses clients, en ligne ou via des campagnes d’e-mailing, des conseils personnalisés en temps réel susceptibles de se transformer en autant de commandes. La firme de Jeff Bezos a d’ailleurs une telle confiance dans la qualité de sa connaissance client qu’elle a déposé, début 2014, un brevet pour un nouveau système de livraison fondé sur l’anticipation des achats ! Ce dernier repose sur un algorithme, élaboré d’après les achats précédents du client, sa liste de souhaits, sa navigation sur le site et les produits qu’il a mis dans son panier sans les acheter.

Par ailleurs, non content de s’appuyer sur sa connaissance client pour accroître ses ventes, Amazon réfléchit désormais à la meilleure façon de monétiser de façon directe la mine d’or que représente ses données très qualifiées. Annoncé à l’été 2014, le service de publicité en ligne Amazon Sponsored Links n’a pas encore officiellement vu le jour, mais il ne devrait pas tarder à venir concurrencer Google Adsense.

En France, on a des idées… mais on peine encore à les concrétiser

Si 81% des dirigeants marketing interrogés dans le cadre de l’étude menée en France fin 2014 par Fullsix et Limelight sont « convaincus de la grande importance » du Big Data, seuls 18% ont déjà lancé des projets et 6% les ont vus aboutir…

Toutefois, si les entreprises françaises ne versent pas dans une stratégie tout-Big Data à la Amazon, elles ne négligent pas ses apports pour répondre à des problématiques plus ponctuelles.

La grande distribution s’affiche en pionnière, avec des enseignes qui cherchent à collecter autant d’informations que possible concernant leurs clients, en magasin avec la fameuse « digitalisation » du point de vente, mais aussi sur le Web et en mobilité. On retrouve l’idée du « vendre plus » dans la stratégie de la Fnac, qui optimise le ciblage de ses campagnes d’e-mailing en s’appuyant sur un modèle prédictif mettant à profit les informations recueillies concernant ses 20 millions de clients. Mais la dimension de l’anticipation est également au cœur de l’action des distributeurs, à l’image d’Auchan, qui s’est doté d’une solution d’analyse sémantique décortiquant en temps réel les verbatim clients déposés sur ses sites Web et ses comptes Facebook et Twitter. En traitant ce volume important de données non structurées, le distributeur extrait rapidement des informations stratégiques pour y répondre par des actions opérationnelles ciblées.

Voyages-SNCF mise sur le « vendre mieux », notamment avec des applications mobiles qui permettent de personnaliser l’expérience des usagers en facilitant leurs voyages. En fonction de leurs profils, ils se voient relayer en temps réel des informations importantes et proposer des services sur mesure.

Les opérateurs télécoms investissent tout particulièrement dans l’analyse prédictive des données, pour faire baisser leurs taux de churn. Ainsi, en surveillant la navigation des internautes sur ses sites Web, SFR réussirait, selon des chiffres récemment dévoilés, à repérer plus de 80% des candidats au départ, les contactant avant qu’ils aient pris leur décision… semble-t-il avec succès, puisque l’opérateur réussirait à en convaincre 3/4 de lui rester fidèle.

Enfin, le Big Data a également beaucoup à apporter aux entreprises du secteur financier. En permettant aux banques d’analyser en quelques minutes des masses de données qui nécessitaient auparavant plusieurs jours de décryptage, les technologies Big Data leur ouvrent la perspective d’une relation client plus immédiate et plus personnalisée. Le secteur de l’assurance peut s’appuyer sur les modèles prédictifs associés au Big Data, pour anticiper les risques (notamment liés au climat), ou encore développer de nouveaux business models, en matière d’assurance santé ou d’assurance automobile, à l’instar des offres « pay-as-you-drive » notamment mises en place par Direct Assurance.

Mais, les usages du Big Data ne sont pas tous liés au marketing et à la relation client… La suite au prochain numéro.

Big Data : au commencement était la donnée

Et si on partait du point de départ ? Les données sont en effet ce qui donne un sens à la notion même de Big Data – ou mégadonnées, selon les recommandations linguistiques de la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France.

Selon la définition, faisant désormais autorité, énoncée par Gartner en 2012, les données du Big Data présentent trois caractéristiques majeures, que les nouvelles technologies de traitement de l’information permettent de prendre en compte : leur Volume, leur Variété et leur Vélocité. La littérature marketing y rajoute parfois 2 V complémentaires, la Véracité (la qualité et la fiabilité des données) et la Valeur (leur caractère monétisable).

De fait, depuis le début de l’ère numérique, le Volume de données existantes a connu une croissance exponentielle. Si cette notion peut être appréhendée plus aisément à travers des infographies comme celle de VoucherCloud, elle peut être résumée en quelques chiffres : il y a un peu plus de 10 ans, le trafic Internet était de l’ordre de 100Go de données échangées par seconde (soit autant qu’en un jour entier 10 ans auparavant). Aujourd’hui, nous avons dépassé les 30 000Go par seconde et nous devrions atteindre les 50 000Go d’ici à 2018. Conséquence de cette explosion des volumes, 90% des données aujourd’hui existantes datent de moins de 2 ans.

Big Data_données_image 1

Au-delà de l’augmentation du nombre d’utilisateurs de solutions IT et de la croissance des volumes opérationnels de données, c’est surtout la Variété de plus en plus grande des sources, liée à l’évolution des usages et des technologies de traitement de l’information, qui justifie cette croissance exponentielle. Hier, les données utilisables par les acteurs du monde socio-économique se limitaient à des informations hautement formatées. Aujourd’hui, le Big Data permet de traiter tout type de donnée, dans sa forme originelle, non structurée, multipliant ainsi les sources.
Les comportements en ligne – plus ou moins anonymes –, comme la navigation, la recherche et l’utilisation des outils de communication sont les premiers qui viennent à l’esprit. Les informations et comportements clairement identifiés sont eux aussi « trackés », à l’image de toutes les interactions en ligne avec les entreprises, telles que le remplissage de formulaires, les réactions à l’e-mailing, les objets et services achetés, les transactions financières, l’utilisation des coupons de fidélité, ou les échanges liés au SAV : tous les clients d’Amazon peuvent constater qu’aucun de leurs faits et gestes sur ses sites n’échappe au plus connu des e-commerçants. Ce qui change, c’est que toutes les entreprises s’y mettent, de façon parfois plus discrète mais pas moins intensive. N’oublions pas les réseaux sociaux, puisqu’il semblerait, selon une récente étude, que Facebook nous connaisse mieux que nos meilleurs amis. Les contenus, photos, vidéos, musique, articles de blogs, que nous créons, lisons, partageons et auxquels nous réagissons n’échappent pas non plus au Big Data. Et bien sûr, cela fonctionne aussi en mobilité, grâce à nos chers smartphones et autres tablettes, qui dévoilent par ailleurs des informations concernant notre usage des applications ainsi que nos données de géolocalisation.
C’était tout – et déjà beaucoup – jusqu’à l’émergence de l’Internet des Objets. Désormais, notre corps, « augmenté » par les « wearables » tels que les montres ou les bracelets connectés, peut révéler des informations concernant notre santé ou notre activité physique. De même, notre maison, équipée de solutions connectées relatives à la sécurité, à la gestion énergétique ou au simple confort peut en dire beaucoup sur nos habitudes, tout comme notre voiture, possiblement connectée elle aussi, au-delà du seul GPS. Nous voilà donc 100% connectés dans un environnement qui ne l’est pas moins et livre, en open data, ses propres informations, des statistiques démographiques et économiques aux données nécessaires au bon fonctionnement des services publics (transport, éducation, vie culturelle, etc.).

Big Data_données_image 2

Déjà évoquée dans ces colonnes, l’excellente web-série interactive Do Not Track fournit des illustrations assez édifiantes de la façon dont toutes nos données sont collectées.

Nombreuses et variées, ces données sont de plus en plus souvent exploitées en temps réel, justifiant le 3ème V, dédié à la Vélocité.

Il n’est pas étonnant que ces données en nombre infini, qui décrivent de plus en plus précisément nos comportements et leur évolution, soient désormais considérées comme le moteur principal de l’économie numérique. Le Web en témoigne d’ailleurs, filant généreusement les métaphores aurifère et pétrolifère. En offrant des opportunités d’analyse plus larges et plus fines, le Big Data ouvre de nouveaux horizons, non seulement au confort des utilisateurs, mais aussi à la prise de décision des entreprises et des organisations. Pour quels usages ? Avec quels intérêts et quels risques ? La suite au prochain numéro…

Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : actualisation avec les données 2013

Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.

Vous pouvez également retrouver nos analyses des données 2008, 2010, 2011 et 2012.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par Orange dans son document de référence 2013.

Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.

Les revenus des opérateurs atteignent leur plus bas niveau depuis 10 ans

… tandis que le nombre d’utilisateurs et le trafic ne cessent d’augmenter. Ce sont les services mobiles, engagés dans une spirale « low-cost » depuis l’arrivée de Free Mobile, qui tirent le marché vers le bas (-14% en 2013 vs. -7% pour l’ensemble du marché). Pour la première fois depuis 2005, les revenus du fixe dépassent même ceux du mobile, dont les clients choisissent logiquement les offres toujours moins onéreuses (27% de baisse moyenne des prix en 2013) qui leur sont proposées.

2013_revenusPour pouvoir supporter cette baisse de revenus, les opérateurs poursuivent leur politique de rationalisation des coûts à outrance. Et comme ils doivent continuer à assurer la qualité du service et à développer leurs réseaux, ce sont les salaires et les emplois qui pâtissent de cette stratégie.

Orange entre dans une nouvelle phase de réduction d’effectifs, entraînant vers le bas les statistiques d’emploi du secteur

2013_emploisDe façon logique, la courbe globale d’évolution des emplois suit de près les fluctuations de celle d’Orange, qui représente encore 82% des effectifs du secteur. Les accords d’embauche, négociés en 2009 par les organisations syndicales auprès de la direction de l’opérateur historique dans le cadre du « nouveau contrat social », ont pris fin en 2012. Aussi, et comme nous l’avions prévu, les suppressions d’emplois ont repris en 2013 (-2,8%), entraînant l’ensemble du marché (-3,1%), également impacté par les plans sociaux de SFR et Bouygues Télécom. Cette tendance à la baisse devrait malheureusement se confirmer sur les années à venir.

2013_emplois OrangeEn effet, la Direction d’Orange table sur la suppression de 7 000 emplois entre 2013 et 2015. Les 4 000 embauches annoncées sur la période (1 250 en 2013) ne compenseront pas les 11 000 départs (dont 9 000 retraites, un tiers ayant eu lieu en 2013). Considérée pendant de nombreuses années comme un handicap, la pyramide des âges de l’entreprise s’avère désormais un outil précieux permettant de faire baisser les effectifs sans plan social. Le mouvement devrait s’amplifier dans des proportions encore jamais connues dans l’entreprise : Orange anticipe 30 000 départs en retraite d’ici à 2020, dont une grande partie ne sera pas remplacée.

Alors que les conditions de travail ne se trouvent évidemment pas améliorées par ces réductions d’effectifs, les salaires n’évoluent que très peu. Alors que leur augmentation s’était limitée à 2,5% en 2012, elle a été encore moindre en 2013, avec seulement 2,1% de croissance (voir la présentation des résultats 2013, page 24). D’ailleurs, pour la première fois dans l’histoire de l’entreprise, la masse salariale est en baisse.

Ainsi, mis sous pression par ses concurrents, l’opérateur historique fait porter à ses salariés une bonne partie de son effort de rationalisation des coûts, contribuant à une baisse de pouvoir d’achat en pleine période de crise économique.

2013_emplois alternatifsLa situation n’est pas meilleure, loin s’en faut, du côté des opérateurs alternatifs, responsables de la destruction de plus de 1000 emplois en 2013. SFR et Bouygues Télécom, qui ont mis en place des plans sociaux, ont ainsi supprimé plus de 550 emplois chacun.

Les investissements hors achats de licences se maintiennent

2013_investissementsEn 2012, le montant des investissements des opérateurs avait atteint un niveau record, dopé par les achats de licences 4G, qui représentaient le quart des plus de 10 milliards d’euros investis. En 2013, les opérateurs n’ont réalisé quasiment aucune dépense d’achat de licence et leurs investissements, limités aux infrastructures, sont revenus à un niveau plus « normal » de 7,25 milliards d’euros.

Google va-t-il enfin rentrer dans le rang ?

Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante sur la recherche en ligne, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. L’annonce devait être faite par la commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, en charge du dossier depuis sa prise de fonction, en novembre 2014.

Lire la suite dans Le Monde

La domination de Google en Europe est écrasante (80% des recherches en ligne) et le géant américain a pour le moment toujours réussi à contourner les règles européennes, qu’il s’agisse de concurrence, de respect des données privées, ou encore de fiscalité. Jusqu’à présent, la Commission ne l’avait jamais attaqué frontalement, agissant plutôt sur le mode anglo-saxon de la négociation, sans véritable mesure coercitive.

De l’avis des acteurs européens de l’internet et des télécoms, il est temps que cela cesse : Google en effet, dans une large mesure, cueille les fruits de la croissance du net sans contribuer, loin s’en faut, à la hauteur de ce qu’il récolte. Pis, sa position dominante lui permet d’étouffer dans l’œuf les initiatives concurrentes qui tenteraient d’émerger et d’écorner son leadership. C’est ce dernier volet qui fait réagir la Commission… toujours plus vigoureuse à défendre la soi-disant « concurrence pure et parfaite » qui n’existe que dans l’imagination des idéologues que les autres aspects d’une régulation qu’on pourrait qualifier de « citoyenne ».

On attend aussi avec impatience que Google, mais aussi d’autres géants des services sans réseaux (Apple, Amazon, Facebook et consorts), soient mis au pas sur leurs pratiques d’évasion fiscale, leurs entorses à la protection des données personnelles au regard du droit européen, mais aussi mis à contribution pour participer à l’investissement dans les réseaux dont ils profitent. C’est un peu trop facile d’arriver au moment de la moisson, sans avoir participé ni au labour, ni à l’ensemencement des terres !

Itinérance de Free Mobile : les régulateurs ne sont pas en phase…

L’Autorité de la concurrence insiste pour que le contrat d’itinérance de Free Mobile sur le réseau d’Orange s’interrompe assez rapidement, pour obliger le 4ème opérateur à faire concurrence aux autres dans des conditions plus équitables. Mais l’Arcep (régulateur des télécoms) ne semble pas pressée de demander des comptes à Free, et encore moins à le sanctionner, bien que rien n’assure qu’il soit « dans les clous » concernant le déploiement de son réseau pour répondre aux obligations de sa licence…

Comme le souligne l’article de Silicon.fr « Un accord [l’accord d’itinérance] qui avait fait polémique auprès de la concurrence qui y voyait là un moyen pour Free à casser le marché en affichant des tarifs agressifs rendus soutenable par l’absence d’investissement dans un réseau mobile en propre. » … et qui de facto a globalement mis en péril l’emploi et l’investissement dans un secteur d’activité pourtant loin d’être en phase d’obsolescence !

Arnaud Montebourg semble souhaiter que l’itinérance cesse le plus tôt possible, du moins s’exprimait-il ainsi en janvier dernier. On peut dès lors s’interroger sur le fait qu’aucune action n’ait été menée, en cohérence avec les mesures réclamées par l’Autorité de la concurrence, qui pour une fois apparaissent raisonnables… même si, rappelons-le, c’est elle qui a contraint Orange à offrir l’itinérance à Free Mobile sur son réseau, en contrepartie de l’autorisation de mise en œuvre des offres Open…
« Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie », dit un vieux proverbe : il semble valoir aussi pour les autorités de régulation.

Pour sa part, la CFE-CGC Orange a toujours dénoncé les conditions faites à Free pour proposer ses offres de téléphonie mobile, au nom de la défense de l’emploi et de l’investissement, et d’une vision à moyen terme de l’intérêt collectif national. Des économistes avisés ont démontré depuis que le bilan du lancement de Free Mobile était globalement négatif pour la collectivité, mais qui s’en soucie ?

En attendant, le marché des télécommunications européen est en pleine consolidation, et le marché à 3 opérateurs pourrait devenir la norme. Un autre économiste, spécialiste de la régulation et du marché des télécoms, démontrait, il y a au moins 2 ans, que c’était vraisemblablement le point d’équilibre entre économies d’échelle et concurrence pour assurer aux consommateurs le meilleur prix, sans détruire la capacité d’investissement des opérateurs. Mais là encore, quand l’idéologie de la concurrence s’en mêle, il est difficile de faire entendre raison aux décideurs européens et nationaux !

Droit de savoir contre droit à l’oubli

Une fois de plus, les principes du droit anglo-saxon s’opposent à la vision partagée par les autres pays d’Europe, qu’on pourrait définir comme inspirés du droit romain.

Il s’agit en l’occurrence de la mise en œuvre du droit à l’oubli, actuellement défendu par une directive européenne de 1995 sur les données personnelles, récemment explicitée par une décision de la Cour de justice de l’Union européenne à l’encontre de Google, « estimant qu’un moteur de recherche sur Internet est responsable du traitement des données personnelles contenues dans les pages indexées et donc les résultats de recherche fournis aux internautes.« , qui conduit aujourd’hui le moteur de recherche à supprimer des liens vers des pages de Wikipedia, qui crie à la censure.

Qu’a-t-on le droit de savoir sur qui ?

En gros, l’Union européenne défend le droit à l’oubli, les anglo-saxons défendent le droit de savoir. Une vraie question, à la fois

  • juridique : qui a le droit d’exposer ou de demander la suppression de quelle information concernant des personnes ?
  • technique : est-il possible de supprimer toute trace d’une information publiée sur Internet, sachant notamment que n’importe qui peut l’avoir captée à un instant T, pour la republier plus tard sur le net, au même endroit ou ailleurs ? Une pratique courante sur certaines pages Wikipedia régulièrement remaniées pour faire apparaître ou disparaître des informations jugées « sensibles » ou simplement inadéquates par les personnes concernées.
  • et enfin morale : pour combien de temps doit on être considéré comme responsable et comptable d’actes qu’on a renié depuis, voire légalement expiés ? l’être humain a-t-il droit à l’erreur ?  est-ce que cela varie en fonction du caractère plus ou moins public de la personne concernée ? qu’a-t-on le droit de savoir sur autrui ? qui peut juger de l’adéquation des informations délivrées sur une personne, la personne concernée ou des tiers ? et selon quels critères ?

C’est aujourd’hui un vrai sujet de société, qui mérite qu’on prenne le temps du recul pour analyser les arguments de chacun, qui, pris isolément, apparaissent tous défendables : on lira avec profit les articles du Monde cités en lien et leurs références, et toute la polémique autour de Google et des données personnelles (Google a notamment publié le 31 juillet une lettre ouverte aux CNILS européennes pour expliquer qu’il ne sait plus trancher ce qu’il doit ou non supprimer de ses résultats de recherche).

Censure ou… auto-censure ?

Si on y regarde d’un peu près, on s’aperçoit que les défenseurs du droit de savoir, de la transparence, crient à la censure chaque fois qu’on leur demande d’effacer un lien ou une information au nom du respect des données personnelles, de la vie privée ou du droit à l’oubli.

On se souvient de la fracassante déclaration d’Eric Schmidt, PDG de Google : « Si vous faites quelque chose que vous souhaitez que personne ne sache, peut-être devriez vous commencer par ne pas le faire. » Autrement dit,  » pratiquez l’auto-censure pour vous conformer à la morale dominante, et vous n’aurez rien à cacher, donc rien à craindre… notamment de nos merveilleux outils d’investigation, dont la puissance dépasse ce que vous pouvez imaginer « .

Rien d’étonnant sans doute de la part d’États-uniens qui se posent en défenseurs de la démocratie et de la liberté d’expression. Mais l’histoire montre que même la puissance impérialiste des États-Unis est incapable de protéger les citoyens du monde contre toute dictature… et en cas de dictature, la transparence peut-être fatale, même pour ceux qui n’ont transgressé aucune loi.

Et les faits concrets démontrent qu’en parallèle, la vision libérale, voire ultra-libérale, défendue par les mêmes, conduit à un véritable « pilotage » des individus par les intérêts commerciaux, clairement lisible dans les propos des dirigeants de Google tels que rapportés dans l’article de Rue89, et que chaque internaute peut régulièrement expérimenter s’il est un peu vigilant. Est-ce encore vraiment de la démocratie ?

Je n’aurai pas l’audace de prétendre trancher cette question, qui mérite assurément un débat plus nourri, mais simplement d’y apporter mon grain de sable… pour vous donner à réfléchir sur la plage.

 

Manifeste pour l’industrie de Gabriel Colletis et Pierre Grou

Malheureusement, Le Monde ne publie pas la version intégrale de ce manifeste en accès public. Certains de nos membres faisant partie des signataires, nous nous permettons d’en retranscrire le texte intégral :

Aucun pays ne peut se développer ou même rester un pays avancé sans base productive. C’est pour l’avoir ignoré que certains pays s’enfoncent dans le chaos et que d’autres sont sur la pente du déclin.
Les pertes d’emplois et la disparition de pans entiers de l’industrie ne concernent pas seulement certains secteurs ou bassins d’emploi. Elles ont des effets dévastateurs sur toute l’économie, hypothéquant son avenir et celui des générations futures. Elles mettent ainsi en péril la démocratie.

Continue reading « Manifeste pour l’industrie de Gabriel Colletis et Pierre Grou »

Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : actualisation avec les données 2012

Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.
Vous pouvez également retrouver nos analyses des données 2008, 2010 et 2011.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par France Téléco-Orange  dans son document de référence 2012.

Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.

Les revenus des opérateurs continuent à baisser

… tandis que les usages poursuivent leur développement. L’introduction de Free Mobile sur le marché français a signé l’apparition d’un modèle « low-cost », qui tire l’ensemble du marché vers le bas. La baisse des revenus se poursuit inexorablement en 2013 :  lors des renouvellement de contrats, la plupart des clients s’engagent sur des offres moins onéreuses que précédemment. L’ensemble des acteurs rationalisent leurs coûts à outrance, au détriment des salaires et des emplois, pour maintenir un niveau de qualité acceptable par les clients tout en engageant les investissements dans les réseaux de nouvelle génération grâce auxquels ils espèrent retrouver de la valeur ajoutée via des offres « premium ».

 2012_revenus

Les investissements atteignent un niveau historique en 2012

… tirés notamment par le déploiement des réseaux de nouvelle génération, fibre et 4G, grâce auxquels les 3 opérateurs mobiles « historiques » espèrent tirer les offres vers le haut. Les déploiements et l’adoption des nouvelles offres par la clientèle ne sont cependant pas assez rapides pour compenser la chute des revenus.

2012_investissements

L’emploi stagne en 2012, mais repartira à la baisse en 2013

2012_emplois

L’arrivée du 4ème opérateur mobile n’aura généré que 200 emplois supplémentaires sur l’ensemble des opérateurs de télécommunications en France. Mais si en 2012 les dommages les plus sensibles se sont fait sentir essentiellement dans le reste de la filière, équipementiers et centres d’appels fournisseurs des opérateurs, l’année 2013 verra de nouveau plonger la courbe des effectifs chez les opérateurs.

 

2012_emploi alternatifs

2012_emplois FTO

La décrue des effectifs est notamment certaine chez France Télécom-Orange, où la pause du « nouveau contrat social » est révolue. Et la pyramide des âges dans l’entreprise, que la Direction a considéré pendant de nombreuses années comme un handicap, est aujourd’hui présentée aux marchés financiers comme une formidable opportunité pour faire baisser les effectifs sans plan social.

Fin 2012, plus de la moitié du personnel de la maison mère avait plus de 50 ans, et près du tiers plus de 56 ans. Les départs naturels à la retraite s’accélèrent, et le nouveau dispositif de Temps Partiel Seniors mis en place courant 2012 dope le mouvement. Les 4 000 embauches promises entre 2013 et 2015 ne compenseront évidemment pas les départs, ce qui est bien l’objectif d’une Direction qui semble suivre en la matière les préconisations du rapport Berger.

Dans le même temps, les salaires de ceux qui doivent produire toujours plus pour fournir le même service sont également mis sous contrainte en France. En 2012, les augmentations de salaires ont été de 2,5% en France, pour 3,1% dans les autres pays où le Groupe est implanté (voir la présentation des résultats 2012, page 17). En 2013, ce sera la même chose : 2,6% en France, contre 3,9% dans les autres pays (voir la présentation des résultats S1 2013, page 14).

La mise sous pression concurrentielle du marché français, qui plus est en pleine  crise économique, ne fait donc qu’accélérer la décrue de l’emploi et la baisse du pouvoir d’achat des personnels de la filière télécoms, créant une spirale négative, néfaste à l’économie du secteur comme à l’économie nationale.

Le choc Free, un mal ou un bien pour l’emploi ?

L’un voit dans l’arrivée du quatrième opérateur mobile un stimulant pour l’économie tout entière. L’autre s’inquiète de son potentiel destructeur pour les acteurs en place. Un an après l’arrivée du quatrième opérateur mobile, les économistes David Thesmar et Bruno Deffains analysent pour « Les Echos » l’impact de la « révolution Free » dans le mobile.

L’arrivée de Free sur le marché du mobile il y a un an a provoqué un choc économique. Tous deux chercheurs, vous avez réalisé des travaux sur l’impact de ce choc. Bruno Deffains, vous estimez qu’il devrait se traduire dans le scénario le plus probable par la suppression de près de 55.000 emplois. David Thesmar, vous estimez au contraire, avec votre collègue Augustin Landier, qu’il est susceptible d’entraîner la création de 60.000 emplois. Pourquoi une telle divergence ?

Lire la suite sur le site des Echos

Nos commentaires sur l’étude de Messieurs Thesmar & Landier

L’étude publiée à la demande de Free tente de faire croire que l’arrivée du 4ème opérateur mobile sur le marché français pourrait générer la création de 16 à 30 000 emplois en France… (et pas 60 000 d’ailleurs comme l’évoque le questionnement des journalistes des Échos) malheureusement pas dans la filière des télécoms, comme c’est d’ailleurs précisé page 40 du rapport.

Nous laisserons aux vrais experts la critique détaillée de cette « étude » macro-économique, qui se dit basée sur les théories de Keynes… tout en en oubliant quelques règles majeures. A titre d’unique exemple, si les ménages augmentent de 0,1% leur taux d’épargne, tous les résultats de l’étude s’effondrent, et aucun emploi n’est crée. Or, les analyses keynésiennes montrent qu’en temps de crise, les ménages augmentent leur épargne de précaution, au détriment du budget alloué à la consommation. En outre, le rapport table sur un taux d’épargne des Français de 14%… alors que celui-ci est déjà à 16%, et que les chiffres tombés fin 2012 montrent une augmentation record de la collecte sur le Livret A et le Livret de développement durable.

Pour notre part, nous nous bornerons à noter une erreur grossière page 41, dans l’analyse de la croissance en emplois 2009 et 2011 dans le secteur des télécoms. Intéressons nous spécifiquement aux emplois directs chez les opérateurs de télécommunications, selon la source Arcep, également utilisée dans l’étude et dans nos analyses récurrentes. Entre 2009 et 2011, les effectifs des opérateurs sont passés de 124 000 à 127 500, ce qui fait 3 500 emplois, soit 2,8% de croissance. L’étude attribue cette croissance au lancement des offres triple-play de Bouygues Telecom, qui auraient été génératrices d’emplois dans les équipes commerciales, techniques et dans les centres d’appels. Malheureusement, sur cette période, c’est … France Télécom-Orange qui, à elle seule, a alimenté la croissance en emplois chez les opérateurs sur cette période. L’ensemble des opérateurs alternatifs en détruisaient près de 1 700, tandis que France Télécom en recréait 5 200. Quant à la source de cette reprise de l’emploi chez l’opérateur historique, c’est l’effet direct des 10 000 embauches, prévues sur la période 2010-2012, négociées par les organisations syndicales avec la nouvelle Direction de l’entreprise après la crise sociale de 2009.

Comme quoi, pour parler de l’emploi dans la filière des télécoms, il vaut mieux être un spécialiste du secteur !

 

Téléphonie : le gouvernement saisit l’Autorité de la concurrence

L’Autorité de la concurrence vient d’être saisie par Arnaud Montebourg (Ministre du redressement productif) et par Fleur Pellerin (Ministre déléguée chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique) pour rendre un avis sur les conditions de mutualisation et d’itinérance sur les réseaux mobiles.

Lire la suite sur Boursier.com.

Voir aussi le communiqué de l’Autorité de la Concurrence, qui détaille les sujets qu’elle va examiner d’ici fin février 2013, après audition des acteurs concernés :

  • poursuite de l’accord d’itinérance Free et Orange : le gouvernement se pose la question de savoir dans quelle mesure Free ne bénéficierait pas d’un modèle de déploiement durablement plus avantageux que ses concurrents.
  • mutualisation ou le recours à l’itinérance dans la bande des 800 MHz pour les zones les moins denses du territoire
  • mutualisation des réseaux entre les opérateurs dans les zones les plus denses du territoire

Vous pouvez également retrouver notre analyse du modèle économique de Free Mobile dans le numéro spécial de notre Lettre de l’épargne et de l’actionnariat salarié. Nous apportons et démontrons notre réponse à la question du gouvernement…

Emploi : le gouvernement rencontre syndicats et direction d’Alcatel-Lucent

En plus de la rencontre déjà prévue avec la direction d’Alcatel-Lucent, Fleur Pellerin s’entretiendra mardi 4 septembre avec les organisations syndicales de l’équipementier. Au cœur des discussions : les très probables suppressions d’emplois en France.

L’équipementier franco-américain n’en finit plus de se restructurer. En juillet, Alcatel-Lucent a ainsi annoncé 5.000 suppressions d’emplois d’ici fin 2013 ? Combien concerneront l’Europe et plus précisément encore la France ?

La suite sur ZDNet

Note de la rédactrice

N’y aurait-il pas moyen pour le gouvernement de s’appuyer sur le rapport du sénateur Bockel pour légiférer et exclure définitivement les matériels chinois des réseaux des opérateurs français ? On pourrait ainsi faire d’une pierre deux coups : améliorer la sécurité de nos réseaux de télécommunications, et retrouver de l’emploi chez les équipementiers européens, actuellement en fâcheuse posture.  Trois coups même : si les commandes reviennent, les acteurs pourront à nouveau investir dans la R&D, afin que l’Europe ne devienne pas un de ces jours complètement exclue de la compétition technologique mondiale.

Certes, les anciennes pratiques de la commande d’État lorsque France Télécom était un monopole piloté par un Ministère ont eu mauvaise presse ces dernières années (tout ce qui n’allait pas dans le sens de la pensée néo-libérale pur sucre étant juste bon pour le mépris)… mais de mémoire, il me semble que nous n’étions pas complètement ringards en matière de télécommunications, et que la France eut même pendant quelques années le plus beau réseau du monde. Nos équipementiers étaient alors tellement performants que les États-Unis ont édicté des règles pour protéger leur marché et leurs industriels. Certes, au pays de la concurrence pure et parfaite, ce n’est pas bien du tout. Mais il est sans doute plus qu’urgent non seulement de sortir de cette pensée unique, et d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde, qui est d’abord une vaste guerre commerciale à l’échelle de la planète. On y meurt plus lentement que sous les bombes, mais non moins sûrement. Alors, protégeons nous !

Motorola supprime 4 000 emplois et réoriente sa stratégie

Racheté par Google, Motorola a annoncé la suppression de 4000 postes, principalement hors des États-Unis. Le groupe a indiqué vouloir se concentrer sur quelques modèles haut-de-gamme.

Lire la suite sur l’Expansion.com

Le rachat de l’équipementier par Google n’aura donc pas permis de préserver les emplois chez Motorola. Il a en revanche permis à Google de mettre la main sur pas moins de 17 000 brevets… et de maîtriser la fabrication de mobiles tournant sous Androïd. L’équipementier va désormais se concentrer sur une gamme courte de terminaux haut de gamme.

L’objectif de Google est bien évidemment de maîtriser les éléments de l’écosystème lui permettant de concurrencer efficacement Apple, qui semble avoir pris une longueur d’avance avec l’iPhone et l’Ipad, et les nombreuses applications et contenus disponibles via l’Apple Store.

Les géants américains se livrent une guerre sans merci, où les rachats comme les partenariats ne constituent pas des garanties de protection des emplois.

Nokia, qui rappelons le a abandonné Symbian au profit de Windows Mobile et d’un partenariat avec Microsoft, 3ème larron américain en embuscade, annonce de son côté une nouvelle stratégie de partenariats exclusifs avec les opérateurs de télécoms pour le lancement de ses terminaux sous Windows Phone 8, comme l’avait fait Apple au démarrage de l’iPhone.  En France, cela s’était assez rapidement terminé, suite à une plainte de SFR et Bouygues Telecom auprès de l’Autorité de la Concurrence, et la mise en œuvre d’une telle stratégie dans l’hexagone semble donc compromise.

On ne peut en tous cas qu’espérer le redressement du dernier constructeur de mobile en Europe, pour préserver bien sûr les emplois qui restent dans ce secteur, et pour conserver en Europe des savoir-faire  en matière de téléphonie mobile, alors que le leadership en la matière s’est déplacé d’une part Outre-Atlantique, et d’autre part en Asie.

Télécoms : Neelie Kroes allège la pression sur les opérateurs historiques

Dans La Tribune du 12 juillet :

Des vacances réglementaires. Les opérateurs historiques, France Télécom en tête, en rêvaient tout haut, dénonçant le positionnement consumériste de la régulation de la Commission européenne, Neelie Kroes l’a fait. La Commissaire au Numérique a dévoilé jeudi des projets de recommandation qui vont dans le sens d’un allègement de la pression sur les ex-monopoles des télécoms. Après une décennie centrée sur la concurrence, la nouvelle priorité est l’investissement dans les réseaux de nouvelle génération. Ainsi, la vice-présidente de la Commission prévoit de ne pas abaisser le prix du dégroupage, payé par les opérateurs alternatifs qui utilisent la traditionnelle paire de cuivre du réseau téléphonique pour offrir l’accès Internet sur ADSL, et ce « au moins jusqu’en 2020 ». Les tarifs du dégroupage se situent autour de 9 euros par mois par abonné en moyenne en Europe, comme en France.

Lire le texte intégral dans La Tribune

Notre organisation s’est trop souvent plainte d’une régulation hyper-consumériste pour ne pas saluer les nouvelles orientations de la politique européenne dans le secteur des télécoms.  En parallèle, les soupçons d’entente entre les principaux opérateurs historiques européens semblent s’éteindre, et  donc l’étau se desserrer un peu pour les opérateurs historiques, confrontés à la nécessité de déployer les réseaux de nouvelle génération pour faire face à une demande croissante en volume, mais stagnante ou en repli en valeur.

L’ECTA, qui représente les opérateurs alternatifs européens, s’indigne. Notons cependant que lesdits opérateurs ne seront soumis à aucune ponction financière supplémentaire. Ce qui est annoncé, c’est simplement l’arrêt de la baisse des tarifs de dégroupage, et donc un statu-quo.

Il est assez piquant de constater que ceux qui défendent le plus vivement l’économie libérale et la fameuse « concurrence pure et parfaite » attendent du régulateur qu’il abaisse, pour eux seulement, le coût des facteurs… La « main invisible » ne ferait-elle pas son job ?