Dominique Cardon : « Les algorithmes sont idiots ! »

Invité de la conférence organisée par le Club Business Analytics Info sur le sujet « Comment les algorithmes vont façonner notre avenir », le sociologue du laboratoire SENSE d’Orange Labs en a profité pour tordre le cou à quelques idées reçues.

Les algorithmes sont idiots ! (…) Aussi, les résultats, notamment en termes de stratégie marketing, ne sont pas aussi subtils qu’on le laisse entendre.

On a souvent demandé aux algorithmes d’êtres neutres. Mais n’oublions pas que la finalité d’un algorithme est de faire un choix !

Les algorithmes n’agissent pas sur nous. En revanche, ils pré-structurent le monde dans lequel nous naviguons.

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Source : [Rencontre] Dominique Cardon : « Les algorithmes sont idiots ! »

Orange : et maintenant la Fintech !

Après l’acquisition de Groupama en janvier, Orange s’intéresse désormais à la Fintech, à travers des prises de participations minoritaires dans les activités de jeunes pousses de la finance. La dernière en date est KissKissBankBank, spécialiste tricolore du crowdfunding. Deux articles dévoilent et analysent les contours d’une stratégie qui n’en est qu’à ses prémisses.

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Sources :
Crowdfunding, cash to goods, blockchain… les contours d’Orange banque se précisent
Pourquoi Orange investit dans KissKissBankBank

Orange – Bouygues Télécom : vers un Yalta des clients et des salariés ?

Ou comment le démantèlement annoncé de Bouygues Télécom devrait se traduire par d’incroyables accords entre Orange, SFR et Free pour se partager les clients (pour éviter qu’Orange dépasse 50% de parts de marché, ses concurrents pourraient récupérer l’ensemble des clients low cost de la nouvelle entité)… et les salariés, dont « plusieurs milliers » pourraient passer chez Free. Y a-t-il un moment où on va nous demander notre avis ?

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Source : Rachat de Bouygues Telecom par Orange : l’Etat veut imposer des conditions drastiques

Parité hommes-femmes : les grandes entreprises n’ont pas encore brisé le « plafond de verre »

Considérons d’abord le verre à moitié plein : depuis 2009, la part des femmes dans les conseils d’administration et de surveillance des entreprises cotées en Bourse a triplé, frôlant désormais les 28%, selon le récent Rapport sur la Parité en entreprise, réalisé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH) et le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle (CSEP).

Le problème, c’est que les lois Zimmermann (janvier 2011) et Sauvadet (mars 2012) portant sur cette question imposent une proportion d’au moins 40% pour les administrateurs de chaque sexe. Malgré des progrès notables, on est encore assez loin du compte. Et c’est encore pire pour les entreprises non cotées dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 millions d’euros et qui comptent plus de 500 salariés, également visées par ces lois, qui comptent moins de 15% de femmes dans leurs conseils d’administration et de surveillance !

égalite hommes femmes

Sources :
Parité dans les entreprises : deux lois plus tard, le « plafond de verre » persiste
La bataille des réseaux féminins pour ancrer la parité dans la réalité des directions d’entreprise

Digitalisation des Ressources Humaines : encore un long chemin à parcourir

Ces derniers jours, nous avons repéré sur le Web plusieurs contenus intéressants portant sur cette thématique.

Un article autour de l’étude « RH et transformation digitale » de Unow évoque le caractère inéluctable, mais lent de cette évolution.
Un autre article analyse les attentes de la génération Z en matière de ressources
Enfin, la vidéo ci-dessous recueille l’avis sur la question de Yves Grandmontagne, ancien DRH France de Pfizer puis Microsoft.

Les nouveaux travailleurs indépendants : témoignages

Un reportage passionnant de France Culture qui fait intervenir des chauffeurs Uber, un représentant du syndicat des VTC à l’UNSA, le fondateur de Foule Factory, déclinaison française d’Amazon Mechanical Turk, le secrétaire général de la section communication, conseil et culture de la CFDT, des responsables et utilisateurs de l’espace de coworking Casaco et de la coopérative d’activité Copaname.

Nathalie Andrieux, membre du Conseil National du Numérique et Antonio Casilli, enseignant-chercheur spécialiste de la sociologie des réseaux, répondent ensuite aux questions autour de ces nouvelles formes d’activité économique.

Le Privacy Shield apporte-t-il plus de garanties que le Safe Harbor ?

Ce 2 février, après des discussions âpres et tendues, l’Union européenne et les Etats-Unis sont parvenus à un accord sur l’encadrement du transfert des données entre les deux continents. Le « Privacy Shield » vient remplacer le « Safe Harbor », en vigueur jusqu’à son invalidation en octobre dernier par la justice européenne qui, au regard des révélations d’Edward Snowden, avait considéré que la sécurité des données personnelles des citoyens européens aux Etats-Unis n’était plus assurée.

privacy shield

Cette fois, plus de problème, assure le communiqué de presse qui entérine l’accord : « les Etats-Unis ont exclu la surveillance de masse sans discernement sur les données personnelles transférées aux États-Unis dans le cadre du nouvel accord ». Par ailleurs, « les compagnies américaines qui souhaitent importer des données à caractère personnel en provenance d’Europe devront respecter de solides obligations sur la façon dont les données personnelles seront traitées et les droits individuels garantis ». Enfin, un médiateur sera mis en place au sein du Département d’Etat américain, afin de traiter les plaintes des citoyens européens.

Accueilli par des réactions tièdes, voire franchement hostiles (une « plaisanterie » pour l’eurodéputé franco-allemand Jan Philipp Albrecht, un accord « universellement critiqué » pour Edward Snowden), cet accord semble, il est vrai, très politique et extrêmement difficile à mettre en place, tant il va nécessiter un accroissement important du contrôle exercé par l’administration américaine sur ses entreprises.
Saluant la conclusion de cet accord, les CNIL européennes attendent encore d’en connaître le contenu précis pour juger. Elles donneront un avis définitif fin mars après avoir étudiée les documents écrits qui doivent leur être communiqués.

Sources :
Transferts de données : le Privacy Shield, une jolie coquille vide ?
Privacy Shield : les Cnils européennes attendent plus que des mots pour trancher

L’entreprise libérée : faire confiance à ses salariés est-il dangereux ?

En décortiquant l’exemple de la PME nantaise de dépannage industriel Chrono Flex, un article intéressant du Monde nous initie au concept d’« entreprise libérée ».

Source : Faire confiance est-il vraiment dangereux ? L’expérience Chrono Flex de l’« entreprise libérée »

Voilà qui nous rappelle une très intéressante conférence TED, donnée il y a quelques mois, par le jeune entrepreneur français Sylvain Pierre. En nous expliquant qu’il « ne croit pas à l’entreprise libérée » – alors que la sienne l’est manifestement –, en tout cas pas à celle qui nous est vendue comme « un énième process de management qui va miraculeusement tout changer », il nous donne un édifiant cours de management basé sur sa propre expérience.

« Quelles transformations de l’emploi à l’heure de la révolution numérique ? » : notre compte-rendu

Sous l’égide du Digital Society Forum, plateforme collaborative initiée par Orange autour des questions relatives à la vie numérique, un débat, intitulé « Quelles transformations de l’emploi à l’heure de la révolution numérique ? », s’est déroulé hier au Musée de l’Homme.

Retransmis en live sur Dailymotion, il donnait l’occasion d’entendre les positions sur ce sujet de 7 intervenants :

  • des représentants du monde académique : Philippe Aghion du Collège de France, et Augustin Landier, de la Toulouse School of Economics ;
  • des dirigeants de grandes entreprises : Stéphane Richard, à l’initiative de l’évènement, Sébastien Bazin, P-DG du Groupe AccorHotels, et Georges Plassat, P-DG du groupe Carrefour ;
  • des acteurs de l’économie numérique : Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante de la FinTech Leetchi, et Frédéric Mazzella, cofondateur de la plateforme de covoiturage BlaBlaCar.

Voici un compte-rendu de cet évènement paru dans le Blog du Modérateur. Pour notre part, nous avons trouvé cette rencontre assez frustrante !

Sur la forme d’abord : 70mn laissées aux 7 intervenants (suivies de 50mn d’interventions/questions du public) pour dresser un état des lieux des transformations de l’emploi sous l’effet du numérique (40mn), puis pour présenter leurs solutions d’adaptation à ces transformations (30mn), ça fait en moyenne 2 fois 5mn par personne. C’est évidemment extrêmement court, et plus propice aux tweets qu’aux réels diagnostics.

Du coup, le fond fut assez décevant, à l’instar du communiqué de presse présentant la manifestation et du sondage BVA qui l’accompagne, nous « apprenant » que la transformation numérique transforme les métiers, qu’elle est perçue comme bénéfique… ou pas, que pour s’y adapter, rien de tel que la formation, et que l’économie du partage, c’est bien !
Pour ce qui est du débat proprement dit, baignant dans une atmosphère résolument optimiste, il est resté très généraliste, de sorte le spectateur un peu avisé sur la question n’y a sans doute pas appris grand-chose. Sur les constats :

  • Les économistes confirment que le numérique détruit des emplois (principalement intermédiaires), défavorisant les travailleurs non qualifiés qui peuvent toujours se reconvertir en indépendants dans les services à la personne… De toute façon, « l’entreprise ne peut pas être le lieu de la redistribution», affirme Augustin Landier.
  • Les dirigeants de grandes entreprises voient plus d’opportunités que de menaces dans cette « période intéressante», cette « mutation qu’ils embrassent ». Conscients des défis auxquels l’entreprise est soumise, « testée sur sa capacité de changement de culture » (Sébastien Bazin) et « obligée à plus de transparence » (Georges Plassat), ils estiment qu’elle saura s’adapter, et leurs employés avec, à grand renfort de « formations et d’équipement » (Stéphane Richard).
  • Pour les deux acteurs de l’économie numérique, cette transformation est évidemment synonyme de créations d’emplois, au sein d’entreprises plus justes, plus cohérentes et plus transparentes.

Sur les solutions pour s’adapter à cette transformation, le débat est allé encore un peu plus vite :

  • Georges Plassat évoque le besoin de s’adapter à la disparition des frontières entre les canaux de commerce physiques et digitaux et à une concurrence exacerbée, et estime que tout passera par une meilleure compréhension du client.
  • Sébastien Bazin rebondit sur cette idée en évoquant une mutation de l’entreprise, hier centrée sur ses produits, aujourd’hui sur ses clients, qui nécessite une mutation du management, du rapport de force induit par l’entreprise pyramidale au rapport de flux qui anime les entreprises du numérique. Pour se rapprocher de ce nouvel idéal, il annonce la mise en place chez Accor d’un « shadow comex» constitué de 12 salariés de moins de 35 ans.
  • Stéphane Richard insiste à nouveau sur l’importance de la formation, tant initiale que continue – sur ce sujet, bonne nouvelle, la Grande Ecole du Numérique est en train de prendre forme.
  • Du côté des économistes, c’est la thématique de la flexisécurité qui est mise en avant, introduisant la dimension politique associée à cette thématique : le travailleur doit avoir le « droit à l’expérimentation», soutient Philippe Aghion, et pouvoir passer facilement de l’entreprise au self-emploi et inversement, et être soutenu financièrement durant ses périodes de formation. Augustin Landier va dans le même sens, estimant qu’il faut défendre le statut de l’auto-entrepreneur qui, faute d’un CDI, n’a pas accès au crédit, notamment pour son logement.
  • Enfin, Céline Lazorthes insiste sur le nouveau rôle du manager, désormais devenu accompagnateur, chef d’orchestre et « responsabilisateur » à l’ère de l’entreprise numérique.

Enfin, sur les questions/interventions du public, notons la quasi-unanimité des intervenants sur le droit à la déconnexion, seul Sébastien Bazin se singularisant d’un « Réveillons-nous ! Chez Google, ils ont fini les 35h le mercredi soir ! », qui laisse songeur.

Dans sa conclusion, très succincte, Stéphane Richard reste « dans une tonalité résolument optimiste », élargissant enfin le débat au rôle de l’Etat, remis en cause par cette nouvelle forme de démocratie et sommé de « traiter beaucoup mieux des grands maux collectifs comme l’accès à l’emploi et le chômage ».

Rapport du Conseil National du Numérique : qu’en reste-t-il un mois après ?

A l’aube de cette nouvelle année 2016, Benoît Thieulin, Président du Conseil National du Numérique, remettait à la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, un rapport intitulé « Travail, Emploi, Numérique : Les nouvelles trajectoires ».

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Se basant sur les auditions de 50 experts, il est articulé en deux parties : la première dresse une cartographie des controverses, récapitulant les risques pour l’emploi induits par la révolution numérique en marche, tandis que la seconde présente une liste de 20 propositions d’adaptation du système légal et de protection sociale au sens large.

Quelques semaines après la sortie de ce rapport, on constate que, malgré des propositions portant sur des sujets propices au débat, comme la mise en place d’un revenu de base, il a finalement inspiré assez peu d’articles d’analyse, comparativement au rapport Mettling, paru en septembre 2015.

Voici cependant les parutions que nous avons jugées les plus intéressantes :

Reste à savoir quelles propositions vont inspirer la Ministre du Travail pour ses grands travaux à venir…

Une infographie pour visualiser les plus grandes fuites de données

Il ne se passe désormais plus une semaine sans qu’éclate au grand jour la nouvelle d’une énième fuite de données, qu’elle soit d’origine accidentelle ou, le plus souvent, criminelle. Ainsi, aux Etats-Unis, eBay, Anthem, JP Morgan Chase, Target, Home Depot ont tous exposé les données de plus de 50 millions de leurs clients en 2015 ! Pour mieux se rendre compte de l’ampleur du phénomène, le blog Information Is Beautiful a créé une infographie interactive mettant en scène les plus grandes brèches intervenues sur le marché américain, triées par année et en fonction du nombre de données dérobées. Des bulles qui font froid dans le dos…

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L’investissement dans le numérique, solution miracle pour doper la productivité française ?

Depuis le milieu des années 90, la France subit, comme l’ensemble de ses voisins européens, un ralentissement marqué de la croissance de sa productivité horaire de travail, désormais passée sous la barre des 1% par an, enregistrant, depuis la crise de 2008, un net décrochage par rapport aux Etats-Unis. A l’origine de cette constatation, France Stratégie, l’organisme gouvernemental d’études stratégiques et prospectives, vient de publier une note d’analyse sur les causes de ce phénomène.

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Pour une fois, ce n’est pas l’insupportable coût du travail qui est mis en cause, mais le manque d’investissement dans le numérique des entreprises tricolores, contrairement à leurs consœurs américaines. Plus qu’un sous-investissement, l’étude évoque un « mal-investissement », auquel s’ajoute une surprotection des entreprises vieillissantes et peu productives. Ainsi, le processus de « destruction créatrice », cher à Joseph Schumpeter, qui a eu lieu aux Etats-Unis, ne s’est pas pleinement produit, empêchant le renouvellement du tissu productif, tandis que les rigidités légales et réglementaires contribuent elles aussi à limiter le développement des entreprises les plus productives.

La bonne nouvelle, c’est que « la plus grande diffusion des technologies numériques et la recomposition d’une partie du tissu productif pourrait assurer un rebond non négligeable des gains de productivité ». Pour favoriser ce « rebond », le rapport France Stratégie dresse trois actions à suivre :

  • renforcer les compétences des salariés, à travers une politique d’éducation ambitieuse alliant réforme structurelle de la formation initiale et augmentation des moyens pour la formation continue ;
  • aider les entreprises les plus innovantes, via une simplification administrative et fiscale, des réformes pro-concurrentielles et une allocation prioritaire des aides ;
  • encourager la mobilité des travailleurs, en réduisant notamment la dualité des contrats (CDI vs. CDD), grâce à une révision du Code du travail – nous y voilà quand même –, assurant sécurité et flexibilité, pour inciter les salariés les plus qualifiés à prendre des risques pour rejoindre des entreprises plus innovantes.

Sources :
Article Au secours, les entreprises françaises ont oublié d’investir dans le numérique !
Note d’analyse de France Stratégie Comprendre le ralentissement de la productivité en France

Un dirigeant de la NSA explique comment se protéger… contre la NSA

Qui de mieux placé qu’un dirigeant de la NSA pour expliquer comment se prémunir des cyberattaques ? Lors de la conférence Enigma 2016, qui s’est déroulée à San Francisco du 25 au 27 janvier, Rob Joyce, le directeur de la division TAO (opérations d’accès sur mesure) de l’agence américaine, a donné de précieux éclairages sur les moyens utilisés par les acteurs gouvernementaux pour pénétrer sur les réseaux informatiques des entreprises, et sur les mesures à mettre en œuvre pour se protéger. Revivez son intervention en vidéo.

« La quête de sens des jeunes générations lance un défi aux entreprises classiques »

Le bureau parisien du Boston Consulting Group (BCG) a confié à Ipsos et à la Conférence des Grandes Ecoles une enquête sur les attentes des jeunes diplômés, analysant notamment l’attractivité qu’exerce sur eux le secteur de l’économie sociale et solidaire. Loin des clichés hâtifs sur la génération Y, les futurs jeunes diplômés semblent cultiver le paradoxe, combinant envie de réussir et désir de rendre le monde meilleur. Jean-Michel Caye, directeur associé du BCG, invite les entreprises qui souhaitent les recruter à prendre en compte ces deux aspirations.

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Sources :
Article « La quête de sens des jeunes générations lance un défi aux entreprises classiques » prévient Jean-Michel Caye du BCG
Etude Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi