Assurance-chômage : vers une nouvelle négociation ?

En février dernier, le patronat et les syndicats s’étaient entendus sur un accord national interprofessionnel, repris en partie dans le projet de loi « avenir professionnel », qui transforme notamment en profondeur l’assurance-chômage. Fin mars, ils avaient conclu une convention qui modifiait le paramétrage du régime. Visiblement, le gouvernement n’est pas encore satisfait, et le président de la République vient d’exprimer le souhait que les partenaires sociaux engagent « dans les prochains mois » des discussions, afin de refondre les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

Source : Les partenaires sociaux à nouveau invités à négocier sur l’assurance-chômage

Les syndicats face à la défiance des salariés

Une fois encore, une étude, ici le Baromètre du dialogue social, réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po, en partenariat avec l’association Dialogues, vient nous rappeler le peu de crédit dont bénéficient les organisations syndicales dans l’esprit de la majorité des salariés français : 35% seulement leur font confiance (soit à peine plus que le score obtenu par les médias…), et 30% considèrent que leur action est efficace…

Source : Baromètre du dialogue social, mai-juin 2018

Le dialogue social, parent pauvre de la RSE

La récente étude de Vigeo Eiris, agence d’analyse des entreprises sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, passe en revue les engagements et les dispositifs mis en place par 2400 entreprises cotées de 63 pays, pour assurer l’effectivité du dialogue social. Le bilan n’est pas brillant, même si nombre d’entreprises françaises figurent au tableau d’honneur (24 dans les 50 premières, dont Orange, 27ème et seul acteur du secteur des télécoms).

Source : Le dialogue social, parent pauvre de la responsabilité sociale des entreprises

1968-2018 : ce qui a changé dans le monde du travail

A l’occasion du cinquantenaire de mai 68, Les Décodeurs du Monde ont réalisé une série d’articles sur les évolutions de la société française. Après l’étude des mœurs et schémas familiaux et celle des conditions de vie, voici un zoom, chiffres à l’appui, sur les transformations des conditions économiques et sociales.

Pour sa part, La Tribune identifie 7 grandes mutations du monde du travail, analysées en profondeur.

Enfin, Le Figaro s’interroge sur l’héritage des « Accords de Grenelle », 50 ans leur ratification par le gouvernement Pompidou et les syndicats.

Macron ou le mépris à l’égard des corps intermédiaires ? Un problème plus complexe

A lire, cette très stimulante analyse, signée par Guy Groux, directeur de recherche associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po, concernant les rapports entre le gouvernement Macron et les corps intermédiaires. Allant au-delà du simple constat d’un mépris des partenaires sociaux par l’exécutif, elle pointe du doigt la nécessaire évolution du rôle des corps intermédiaires et de leur rapport avec l’Etat, au regard du contexte politique et social actuel.

Source : Macron ou le mépris à l’égard des corps intermédiaires ?

Un étrange dialogue social

A lire le passionnant éclairage de l’économiste Jacques Freyssinet, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et sociales, qui fait écho à des articles récemment publiés dans ces colonnes (ici, ici, ou encore ), et dont voici l’introduction :

L’importance accordée au dialogue social fait partie du discours de nos gouvernements successifs. La préparation de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a donné lieu à une juxtaposition de formes hétérogènes de concertation et de négociation. Le gouvernement a fait connaître les enseignements qu’il tirait des résultats de ces procédures. Si son attitude a été différente dans les trois domaines de l’apprentissage, de la formation et du chômage, elle exprime globalement la volonté d’un renforcement du contrôle de l’Etat dans des domaines où la négociation collective et la gestion paritaire tenaient une place importante : « vous dialoguez et je décide ».

Source : Un étrange dialogue social

1 entreprise (de plus de 10 salariés) sur 3 n’a pas de représentant du personnel

Malgré l’obligation légale, 33% des établissements de plus de 10 salariés (et 54% des établissements de 11 à 19 salariés) ne sont couverts par aucune instance représentative du personnel. C’est ce que nous révèle la récente étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Dans 50% des cas, cette carence est expliquée par l’absence de candidatures lors des dernières élections professionnelles, et dans 25% des cas, par « l’absence de demande » des salariés.

Dans la plupart des situations, le représentant de la direction renvoie ainsi au manque d’intérêt ou d’implication des salariés l’absence de représentant du personnel.

Source : Un tiers des entreprises n’ont pas de représentant du personnel

« L’avenir du syndicalisme interprofessionnel territorial est menacé »

En fusionnant les instances représentatives du personnel, le gouvernement fragilise l’assise géographique des syndicats, note Eric Ferreres, consultant en ressources humaines, dans cette tribune au Monde.

Source : « L’avenir du syndicalisme interprofessionnel territorial est menacé »

Front social : le printemps est-il arrivé ?

La fin de semaine dernière a marqué le début d’un printemps social que les syndicats espèrent fertile, avec, jeudi, la manifestation des cheminots et des fonctionnaires contre la réforme du secteur public, et vendredi, celle du personnel d’Air France pour la revalorisation des salaires. Si, de l’avis des syndicats et des commentateurs, ces premières opérations ont globalement été des réussites, le gouvernement, lui, ne croit pas à une convergence des différentes revendications dans un mouvement social dur qui paralyserait le pays.

Mais les syndicats ont-ils la volonté et les moyens d’organiser cette convergence ? En débattent les journalistes Aude Lancelin, Sylvain Bourmeau et Brice Couturier.

Formation professionnelle: ce qu’il faut retenir du « big bang »

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé hier que chaque salarié disposerait désormais de 500 euros par an pour se former, un dispositif qui vient remplacer l’actuel comptabilisation en heures de formation, et que la collecte des fonds serait dorénavant assurée par les Urssaf. Un « big bang » qui ne peut que mécontenter les partenaires sociaux !

Source : Formation professionnelle: ce qu’il faut retenir du « big bang »

Pas de passage en force pour la réforme de l’assurance chômage

Alors que les syndicats constatent et dénoncent le peu de cas qui est fait de leurs avis dans le cadre des concertations avec le gouvernement, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, se dit « en phase » avec le texte de l’accord sur la réforme de l’assurance chômage négocié avec les partenaires sociaux. Par ailleurs, elle affirme que, contrairement à celle du code du travail, cette réforme ne se fera pas par voie d’ordonnance.

Source : Muriel Pénicaud : « Nous allons créer de nouveaux droits au chômage »

Il y a plus de 50 ans, ces ouvrières se sont battues pour des salaires égaux

En 1966, 3000 ouvrières belges, lassées d’être payées moins que leurs collègues masculins, s’arrêtaient de travailler pendant près de 3 mois. Rencontre avec deux actrices de cette lutte féministe historique.

Source : « Assez rigolé » : il y a 52 ans, ces ouvrières se sont battues pour des salaires égaux

Le gouvernement affiche sa détermination à réformer vite et fort

Source : Le gouvernement affiche sa détermination à réformer vite et fort

Dans la newsletter des Échos, cet article figure sous le titre « Macron prend de front les syndicats ». Et c’est absolument la réalité : toutes les réformes en cours, à commencer par les ordonnances sur le code du travail, démontrent cette volonté de les sortir du jeu. C’est un calcul politique, et les Français peuvent peut-être suivre, au moins un temps : on leur bassine tellement que les syndicats sont un club de ringards que certains peuvent finir par le croire.

Mais qu’en sera-t-il quand les citoyens prendront conscience que, pour la plupart d’entre eux, les promesses ne sont pas tenues et qu’ils se retrouvent finalement fragilisés ? C’est déjà le cas en ce qui concerne le basculement d’une partie des charges sociales vers la CSG. En soi, l’idée n’était pas mauvaise. Le problème, c’est d’une part que le plein effet sur le pouvoir d’achat est différé (ce qui bénéficie aux salariés est toujours pour demain, mais nous l’avons déjà dit ici), d’autre part que les calculs sont incompréhensibles pour le commun des mortels. On attend toujours le gouvernement qui sera capable de préparer une mise en œuvre simple,  compréhensible, et réellement conforme aux promesses faites, des mesures qu’il annonce.

Plus globalement, évacuer les médiateurs sociaux que sont les syndicats est toujours un mauvais calcul sur le moyen terme, pour au moins deux raisons :

  • Les syndicat connaissent très concrètement leur contexte, les attentes des salariés qu’ils représentent, le degré d’acceptabilité des mesures proposées, et les problèmes concrets de mise en œuvre. Ils sont donc des garde-fous, mais ils sont aussi capables, quand on les traite bien et que les mesures vont dans le bon sens, de participer activement à l’explication et donc à la meilleure acceptation des mesures prises. Les passer à la trappe est toujours suspect, et laisse forcément penser qu’en réalité les mesures annoncées ne sont pas exactement telles qu’on veut bien nous les présenter. Les ordonnances sur le travail en sont un exemple flagrant.
  • La disparition des médiateurs sociaux signifie également la disparition du dialogue. Et donc la fin de la démocratie. On peut utilement réécouter les cours de Pierre Rosanvallon au Collège de France à ce propos. Quant aux mouvements sociaux sans médiateurs, ils sont en général beaucoup plus violents et difficiles à régler qu’en présence d’organisations syndicales.

Nous ne pensons pas que les Français aient voté pour une dictature. Et s’ils se sentent floués cette fois encore, ce qui sortira des urnes ne sera pas forcément ce qui est espéré par ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre.