Le groupe canadien Nortel Networks vient d‘annoncer la vente, pour 650 millions de dollars, de sa branche réseaux mobiles à Nokia Siemens Networks. L’équipementier finlandais se félicite de son côté de cette acquisition qui le positionnera parmi les premiers fournisseurs d’infrastructures sans fil en Amérique du Nord.
Nokia Siemens reprend ainsi à Nortel la technologie CDMA, très employée en Asie et en Amérique du Nord, et la technologie LTE, destinée à la prochaine génération de téléphonie mobile.
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Nortel avait déjà vendu une partie de ses activités à Alcatel Lucent en 2006, et indique être en discussion pour la vente d’autres activités. Le groupe est sous le régime des faillites, qui lui permet de continuer à fonctionner, au prix de restructurations conséquentes: un cinquième des effectifs en cours de suppression.
Nortel demande le retrait de ses actions de la Bourse de Toronto. Son avenir risque de se borner à la liquidation ou à l’achèvement de la vente à la découpe. Sa branche française NNSA est en liquidation judiciaire depuis le 28 mai, en poursuite d’activité pour trois mois, avec 480 emplois menacés de suppression si aucun repreneur n’apparaît. Fin de partie probable donc pour un groupe autrefois florissant.
L’exemple d’Alcatel
La descente aux enfers de cette ancienne étoile de la Bourse n’est pas sans évoquer, pour des Français, le triste parcours d’Alcatel, grand groupe industriel fusionné avec Lucent, passé à la moulinette du tout-financier: on se rappelle des discours sur «Alcatel sans usines» de Serge Tchuruk, qui dégraissa les emplois par milliers mais non son gargantuesque revenu (20 millions d’euros en 2000). Tout cela pour aboutir à un effondrement de l’action en Bourse, et à nouveau des milliers d’emplois anéantis à l’horizon chez Alcatel Lucent et ses sous-traitants (respectivement 1000 et 5000 prévus fin 2008).
Le mouvement de consolidation dans les télécommunications va bon train, qui permet aux investisseurs d’augmenter leurs profits en faisant jouer à plein les économies d’échelle, tout en laissant sur le bord de la route des milliers de salariés. Et outre les acteurs déjà cités, on voit émerger de nouveaux géants, comme le chinois Huawei, qui vient de remporter les deux tiers d’un énorme contrat de téléphonie mobile en Inde.
Molex, Freescale… menaces multiples sur l’emploi
La crise accélère le phénomène des restructurations. Reste à voir s’il s’agit d’un véritable repli du marché, ou bon prétexte pour faire passer la pilule d’opérations programmées de longue date, comme chez Molex Automotive, spécialiste de la connectique automobile, dont le plan de 300 licenciements pour délocalisation en Chine et aux Etats-Unis a été suspendu par le tribunal de grande instance de Toulouse.
Un défilé unitaire lors de la journée nationale interprofessionnelle a d’ailleurs rassemblé plusieurs milliers de manifestants le 13 juin à Toulouse, dont des salariés de Molex et Freescale (composants électroniques) menacés de licenciements.
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