Automatisation et emploi : plus de questions que de réponses

Source : Automatisation et emploi : plus de questions que de réponses

Une seule certitude in fine : la nécessité de se former tout au long de sa vie pour mieux s’adapter aux évolutions technologiques. Une conclusion confortée par de nombreux travaux de recherche.

En tant que syndicalistes, nous devons donc nous battre pour une formation professionnelle toujours plus efficace… et nous former nous-mêmes sans relâche pour mieux identifier ce qui est utile pour tous.

Jérôme Barthélemy, ESSEC – Pourquoi des innovations évidentes tardives : l’exemple de la valise à roulettes

Source : Jérôme Barthélemy, ESSEC – Pourquoi des innovations évidentes tardives : l’exemple de la valise à roulettes – Precepta stratégiques – xerfi-precepta-strategiques-tv.com

Une petite vidéo assez instructive… et amusante, pour battre en brèche quelques idées reçues sur l’innovation 🙂

Le « cycle du hype » ou la vie cahotique des innovations

De la création d’une technologie à son adoption par le grand public, chaque innovation de rupture passe par une série d’étapes que l’institut Gartner appelle le « cycle du hype » ou courbe d’adoption. Où en sont aujourd’hui les technologies les plus prometteuses comme la réalité virtuelle et augmentée, l’impression 3D, l’informatique quantique, les robots intelligents, la blockchain ou encore les véhicules autonomes ?

Source : Le « cycle du hype » ou la vie cahotique des innovations

Des courbes toujours intéressantes à consulter, y/c a posteriori : l’emballement des consultants, des médias et des « spécialistes » pour une innovation n’est pas forcément annonciatrice d’une réussite concrète. La mise en œuvre, son coût et les bénéfices réels peuvent en effet s’avérer dissuasifs.
Nous reviendrons prochainement par exemple sur la courbe du big data.

Emploi dans les télécoms: arrêtons la casse

Face aux conséquences d’une politique de dérégulation outrancière qui n’a pas fini de produire ses effets catastrophiques, il est donc temps que la puissance publique se saisisse des dossiers. Il faut préserver l’emploi et appuyer le déploiement de l’innovation française, qui ne cesse de décliner, faute d’une régulation adéquate. Par Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange, Hélène Marcy, vice-présidente de l’ADEAS (Association pour la Défense de l’actionnariat salarié des opérateurs de télécoms)

Source : Emploi dans les télécoms: arrêtons la casse – La Tribune

 

Comme c’est notre tribune, je me permets d’en restituer le texte intégral :

 

La loi 96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications, telle que rappelée sur le site de l’Arcep, indique explicitement que :

   II. – Le ministre chargé des télécommunications et l’Autorité de régulation des télécommunications veillent, dans le cadre de leurs attributions respectives :

[…]

   « 3 Au développement de l’emploi, de l’innovation et de la compétitivité dans le secteur des télécommunications ; […] ».

À ce titre, la CFE-CGC demande régulièrement depuis 2009 que l’attribution des licences mobiles, en vertu desquelles les opérateurs exploitent des fréquences appartenant au domaine public, soient assorties d’engagements pérennes sur l’emploi en France. L’application de telles contraintes à tous les opérateurs n’engendrerait aucune distorsion de concurrence.

Des tarifs ultra-compétitifs

D’ailleurs, la concurrence est plus que féroce dans le secteur des télécoms français : le prix des accès internet comme des communications mobiles y est le moins cher des principaux pays européens, comme l’ont confirmé, en 2016 et en 2015, les régulateurs belge[1] et britannique[2]. L’Europe fait par ailleurs partie des régions du monde où les communications internet et mobile sont les plus abordables, selon les analyses de UIT[3] (Union Internationale des Télécommunications, organisation des Nations Unies). La France se distingue en particulier pour ses offres de « bundle » comportant de l’Internet fixe illimité, où elle se place en tête de palmarès pour les débits offerts[4].

Au prix d’une hécatombe sur les emplois !

Plus de 30 000 emplois détruits en 10 ans… et ce n’est pas terminé !

Chez les opérateurs de télécommunications :

–        + de 8 000 emplois détruits en 10 ans, après une courte embellie liée à la négociation d’embauches supplémentaires chez Orange entre 2010 et 2012, dont les 22 000 suppressions de postes des années 2006 à 2012 incluses avaient débouché sur la crise sociale que l’on sait. Après 2012, les destructions ont recommencé de plus belle, chez tous les opérateurs : – 11 300 emplois entre fin 2012 et fin 2015[5].

–        Désormais, le rythme annuel des destructions oscille entre 3 et 4 000 emplois… et s’aggravera nettement en 2016-2017 : SFR prévoit 5 000 suppressions de postes[6]. Chez Orange, les chiffres seront du même ordre : + de 10 000 départs en retraite sont prévus sur ces deux années, dont à peine un sur deux sera remplacé. Souhaitons que Bouygues Telecom, qui a supprimé plus de 1 000 postes les deux dernières années, n’ait pas d’annonces à faire en la matière[7].

Chez les sous-traitants, tous les chiffres ne sont pas connus, loin s’en faut. Si l’on s’en tient aux seuls centres d’appels, les récents arrêts de contrats signifiés par SFR menacent 3 000 emplois dans les prochains mois[8].

Chez les distributeurs, plusieurs enseignes ont mis la clef sous la porte après l’arrivée du 4ème opérateur mobile : Tel & Com (760 salariés)[9], The Phone House (1200 salariés)[10], sans compter les distributeurs indépendants, mono ou multimarques, qui ont disparu du paysage. Les opérateurs eux-mêmes ferment nombre de leurs boutiques propriétaires, à l’instar d’Orange qui en a supprimé + de 150 depuis 2012… et ne s’en tiendra pas là. Les petites villes sont progressivement abandonnées, au détriment des clients qui ont sans doute le plus besoin d’accompagnement… même s’ils ne sont pas les plus rentables.

Quant aux équipementiers, que reste-t-il des fleurons français des technologies de communication ? Alcatel-Lucent a supprimé des milliers d’emplois et se trouve maintenant sous pavillon Nokia, qui annonce à nouveau de mauvais résultats. Sagem n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut.

Rationalisations dévastatrices

La baisse drastique des prix imposée par la concurrence entre opérateurs suppose en effet de « rationnaliser les coûts », comme on l’écrit froidement dans les présentations financières. Mais cette expression apparemment inoffensive signifie qu’en réalité, chaque opérateur « digitalise » à toute allure la relation client pour limiter le nombre de boutiques et de conseillers clients par téléphone, et achète des équipements fabriqués en Asie, qu’il s’agisse des réseaux de télécommunications ou des terminaux vendus aux clients.

Globalement, les pertes d’emplois se chiffrent en dizaines de milliers… dans un secteur déclaré comme porteur de croissance !!

Comment le gouvernement et le régulateur peuvent-ils s’en satisfaire ?

Comment envisager « d’inverser la courbe du chômage » lorsque l’on s’interdit systématiquement d’intervenir sur la protection de l’emploi lors de l’attribution des licences ? Que l’on privilégie une concurrence folle qui met tous les acteurs à genoux ? Que l’on ne vérifie pas la viabilité économique des projets de rachat ? Ni que les engagements sur l’emploi concernent bien tout le personnel des entreprises cédées[11] ? Quand l’État prélève sans complexe taxes (et dividendes chez Orange) sur les opérateurs de télécommunications ?

Quelle innovation peut-on attendre dans le domaine du numérique si l’on étouffe les « chefs de file », qui fournissent les infrastructures nécessaires au développement des services qui nécessitent couverture et débit ? Quid des compétences qui disparaissent au fil des suppressions de postes ? D’où viendra l’innovation demain, si ce n’est d’acteurs nord-américains ou asiatiques, qui ont déjà pris une bonne longueur d’avance ?

Les télécommunications sont stratégiques pour notre pays

Des suppressions d’emplois aussi massives dans un secteur porteur d’avenir constituent évidemment un scandale, pour ceux qui les subissent comme pour les citoyens qui s’interrogent sur le futur de notre économie.

Il apparaît pourtant fondamental de préserver nos compétences et nos moyens d’action dans un domaine stratégique. Tous les indicateurs le démontrent : nos concitoyens veulent des réseaux performants et une couverture optimale sur l’ensemble du territoire, mais aussi du conseil et de l’accompagnement pour tirer le meilleur profit d’une révolution technologique sans précédent, et des services de plus en plus pointus. Ce n’est pas sans personnel qu’il sera possible de répondre à ces attentes.

Face aux conséquences d’une politique de dérégulation outrancière qui n’a pas fini de produire ses effets catastrophiques, il est donc temps que la puissance publique se saisisse des dossiers, d’abord pour préserver l’emploi, et pour appuyer le déploiement de l’innovation française, qui était très en pointe à l’aube de l’an 2000 dans le domaine des télécoms… mais qui ne cesse de décliner depuis, faute d’une régulation adéquate.

Sauver ce qui peut encore l’être

Dès 2012, la CFE-CGC a formulé 10 propositions au Ministère de l’Économie Numérique[12]. Certaines ont été partiellement mises en œuvre, mais beaucoup reste à faire ! On peut citer notamment :

–        Créer un fonds commun de soutien à l’emploi dans la filière Télécoms, financé par les opérateurs et les industriels et géré paritairement, pour garantir aux salariés en cours de licenciement des moyens de reconversion, de création d’entreprise et d’accompagnement. Le fonds serait géré paritairement.

Dans l’immédiat et dès à présent, il importe de se préoccuper activement du devenir des 5 000 salariés qui vont quitter SFR[13], afin non seulement qu’ils retrouvent un emploi, mais également que leurs compétences continuent de profiter aux télécommunications françaises.

–        Assortir tout droit d’utiliser des fréquences à des obligations d’emplois en France

–        Étendre le service universel aux mobiles et au très haut débit et faire contribuer tous les acteurs de la chaine de valeur au financement des réseaux et pas seulement les opérateurs.

–        Développer une fiscalité qui favorise l’investissement dans les infrastructures de nouvelle génération, et l’appliquer à tous les acteurs de la chaine de valeur.

–        Garantir la sécurité des infrastructures de télécommunications françaises et les données qu’elles transportent, par des normes techniques (sur les matériels et les applications) garantissant aux utilisateurs finaux la maîtrise de leurs données, mais aussi en imposant que l’actionnariat des opérateurs reste majoritairement français, afin que la France conserve sa souveraineté numérique.

[1] http://www.fftelecoms.org/articles/economie-des-telecoms-le-regulateur-belge-confirme-l-attractivite-des-tarifs-francais et pour 2015 http://www.latribune.fr/opinions/20150210trib9f2d3208e/la-france-a-les-meilleurs-prix-telecoms-d-europe.html

[2] http://www.fftelecoms.org/articles/economie-des-telecoms-la-france-propose-les-meilleurs-tarifs-selon-le-regulateur

[3] http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2015/MISR2015-w5.pdf

[4] http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/facts/ICTFactsFigures2016.pdf

[5] http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/28/la-casse-sociale-s-amplifie-dans-le-secteur-des-telecoms-en-france_4975983_3234.html et https://old.telecoms-media-pouvoir.net/index.php/nos-analyses/les-operateurs-telecoms-en-5-graphiques-actualisation-avec-les-donnees-2015/

[6] http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/27/sfr-souhaite-supprimer-5-000-emplois-soit-un-tiers-de-ses-effectifs_4975460_3234.html

[7] http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2014/09/24/bouygues-telecom-prevoit-finalementla-suppression-de-1404-postes_4493633_1656994.html

[8] http://www.silicon.fr/3000-emplois-menaces-prestataires-sfr-152121.html et http://www.en-contact.com/resiliation-des-contrats-par-sfr-arvato-et-sitel-touches-b2s-et-teleperformance-epargnes/

[9] http://www.channelnews.fr/tel-and-com-tire-le-rideau-23592

[10] http://www.franceinfo.fr/actu/economie/article/phone-house-va-fermer-en-france-1-200-salaries-concernes-249203

[11]http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/social/20160705.OBS4018/sfr-les-promesses-de-drahi-disparaissent-au-lavage.html et http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0211183280765-sfr-trouve-un-accord-avec-deux-syndicats-sur-les-suppressions-de-postes-2018791.php#xtor=RSS-38

[12] http://www.cfecgc-orange.org/201211163459/communiques-de-presse/les-10-propositions-de-la-cfe-cgc-au-ministere-de-l-economie-numerique.html

[13] http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0211183280765-sfr-trouve-un-accord-avec-deux-syndicats-sur-les-suppressions-de-postes-2018791.php#xtor=RSS-38

Dans les télécoms, des réorganisations à la hache

La décision de supprimer 5.000 postes chez SFR illustre la perte de valeur ajoutée dans un secteur où une concurrence exacerbée oblige à réduire encore les coûts. La question de la responsabilité de l’État est posée.

Source : Dans les télécoms, des réorganisations à la hache | Slate.fr

Une analyse qui recoupe assez largement les nôtres…

« Un plan de départs volontaires comme celui de SFR, c’est de l’horlogerie suisse », estime Xavier Tedeschi

Dirigeant de Latitude RH, Xavier Tadeschi accompagne depuis de nombreuses années des entreprises dans leur transformation. Il est l’auteur de « Et moi je fais quoi ? Plaidoyer pour une saine restructuration » aux éditions du Palio. Un titre qui nous a conduit à lui demander son analyse sur le plan de départs volontaires de SFR. Selon lui bon nombre de questions doivent être encore posées.

Source : « Un plan de départs volontaires comme celui de SFR, c’est de l’horlogerie suisse », estime Xavier Tedeschi

Vécu du travail : reconnaissance, conflits de valeurs, insécurité et changements dans le travail

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Enquêtes Conditions de travail
Ce numéro de Synthèse.Stat’ présente des indicateurs relatifs à la reconnaissance et l’évaluation du travail, aux (…)

Source : Vécu du travail : reconnaissance, conflits de valeurs, insécurité et changements dans le travail – Synthèse.Stat’ – Synthèse.Éval’ – Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social

Dernière publication de la DARES, avec les données téléchargeables pour ceux qui souhaitent travailler dessus.

La relance budgétaire revient en grâce, mais la zone euro l’ignore

L’air du temps change fondamentalement durant cet été 2016 : les limites de l’orthodoxie budgétaire et de son complément monétaire deviennent si patents que l’idée d’une relance par la dépense publique revient en force. Mais pas en zone euro, où l’on croit encore à la vertu budgétaire.

Source : La relance budgétaire revient en grâce, mais la zone euro l’ignore – La Tribune

Un petit cours d’économie tout à fait intéressant pour ne pas bronzer idiot 🙂