L’Internet haut débit devient un droit en Finlande

La Finlande, où 96% de la population est déjà connectée à Internet, vient le 1er juillet de faire de l’accès Internet haut débit un droit.

Hier, « l’obligation de service universel concernant l’accès à l’internet à un mégabit par seconde (1 Mbit/s) est entrée en vigueur », a déclaré à l’AFP le directeur du service des réseaux de communication au ministère des Transports et des Communications, Olli-Pekka Rantala. Il a précisé: « Nous pensons être devenu le premier pays au monde à avoir fait de l’accès au haut débit un droit. »

Helsinki, feu d'artifice de Saint-SylvestrePhoto de taivasalla (Flickr) sous licence CC by-nc-sa: Helsinki

L’accès à Internet est devenu un service universel en Finlande depuis l’an dernier, au même titre que le téléphone et la poste. Le ministère des Communications a ensuite décidé qu’un « accès suffisant à l’internet (…) signifiait un mégabit par seconde ».

Depuis jeudi, les FAI sont en conséquence obligés de proposer des connexions à 1 Mbit/s à tous les foyers finlandais quelle que soit leur situation géographique. D’ici 2015, le gouvernement compte par ailleurs connecter tous les foyers à la fibre optique, pour que 99% des résidences principales, des bureaux et des administrations se trouvent à moins de deux kilomètres d’un câble de fibre de 100 Mbit/s.

Selon un sondage réalisé pour la BBC plus tôt cette année, presque 80% des sondés dans le monde pensent que l’accès à Internet est un droit fondamental. Une étude publiée par The Economist (PDF), classant les nations les plus numériques, place la Finlande en quatrième position.

Liens externes

Finlande: l’internet haut débit devient un droit, une première mondiale (AFP)

Communiqué (en anglais) du ministère finlandais des Transports et des Communications

Finland makes broadband a ‘legal right’ (BBC)

Les Cnil européennes se rebiffent contre Facebook et ses pratiques «inacceptables»

Les 27 autorités de protection des données privées ont écrit mercredi à 20 réseaux sociaux pour leur rappeler que le partage des informations personnelles par l’internaute doit faire l’objet d’un choix explicite et jamais d’un réglage par défaut. Et elles critiquent particulièrement les méthodes de Facebook.

Un mois et demi après avoir écrit ensemble au PDG de Google, Eric Schmidt, pour lui demander de respecter les lois (notamment à propos de son réseau social Buzz), la Cnil et ses 26 homologues européennes de la protection des données privées ont à nouveau écrit ensemble, pour faire la leçon à 20 réseaux sociaux.

Facebook - vos amis tous à nous appartiennentImage alexbfree (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

(clin d’oeil à une célèbre phrase de jeu vidéo)

Les 27 autorités ont cette fois haussé le ton, puisqu’en s’adressant spécifiquement à Facebook, elles ont stigmatisé ses pratiques «inacceptables», le changement des réglages par défaut au détriment de l’utilisateur (leur communiqué, PDF en anglais).

Le groupe de travail Article 29 sur la protection des données (c’est le nom officiel de cette coordination des 27 Cnil européennes) n’a de plus pas apprécié que Facebook ait procédé à son nouvel assouplissement de l’ouverture des  données de ses membres quelques jours seulement après avoir été entendu par le groupe de travail, en novembre 2009.

Aussi rappelle-t-il dans sa lettre que les utilisateurs doivent donner « librement et sans ambiguïté leur consentement » à la publication de leurs données personnelles. « Il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs. »

Une nomination aux Big Brother Awards

Avec ses 400 millions d’utilisateurs, le réseau social est particulièrement critiqué ces derniers temps pour son peu d’intérêt pour la protection de ses utilisateurs. Facebook a été nominé pour l’édition 2010 des Big Brother Awards (BBA), mention spéciale Internet. Avec dans les commentaires: «Au commencement, Facebook était un réseau social fermé. Mais plus ça va, plus Facebook modifie sa politique de protection de la vie privée pour partager à tout va les données qui y sont postées… avec la collaboration active de ses utilisateurs, principal carburant de Facebook.

Voici ce qu’en disent les internautes qui l’ont nominé : « Il sait tout, on ne sait ce qu’il fait de nos infos, les gens le savent mais ne font rien pour l’en empêcher, et ça va empirer » « Facebook est devenu une conciergerie mondiale, impossible de commenter une photo sans que tous « les amis » et souvent « amis des amis » en soient avisés » « 400 Millions de volontaires pour livrer leurs informations à une société dont le seul business modèle est de les vendre… »

En un mot comme en cent : Facebook est coupable, mais vous, utilisateurs naifs et inconséquents, l’êtes aussi», observent les BBA.

Des réglages d’une complication cauchemardesque

Voir encore ces infographies du New York Times sur la «privacy» dans Facebook: une vision cauchemardesque du réglage des paramètres (50 réglages avec plus de 170 options!), ainsi que l’allongement des textes expliquant à l’internaute ses droits (ou pas) en matière de vie privée: de 1.004 mots en 2005, la «privacy policy» de Facebook est passée maintenant à 5.830 mots – avec pour les plus aventureux une FAQ sur le sujet qui, elle, atteint 45.000 mots…

A lire aussi

Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux – 2 avril 2010

Trois plus d’internautes français sur les réseaux sociaux en 2009 – 10 mars 2010

Facebook modifie ses règles de confidentialité… et les photos du PDG deviennent publiques – 17 décembre 2009

Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux

Une proposition de loi « visant à mieux garantir le droit à la vie privée à l’heure du numérique» a été déposée par plusieurs sénateurs, et adoptée par la Chambre haute, en attendant de passer au filtre des députés – le gouvernement serait peu favorable à cette proposition.

Vie privée
Vie privée

Image de fredpallu (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Ce texte, s’il est adopté en l’état, imposera aux sites Internet un droit à l’oubli en les obligeant à effacer toutes les données personnelles d’un utilisateur, sur simple demande. Mais cette proposition de loi ne va pas très loin, face à l’ampleur du problème: quelle maîtrise avons-nous de nos données, de ce qui est fait de nous sur la bien-nommée Toile? Continue reading « Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux »

Stress au travail : traiter les causes, et pas seulement les symptômes!

L’avis d’expert publié le 17 novembre dans LeJournalDuNet sur la prévention du stress et les obligations de l’employeur remet en perspective le cadre législatif européen, transposé dans l’accord national de 2008, qui constitue la base de travail sur laquelle le Ministre Xavier Darcos souhaite pousser les entreprises à négocier.

Le point de vue de Sophie Augier, psychologue du travail, éclaire de manière intéressante et cohérente avec les observations que nous pouvons faire sur le terrain les facteurs et les manifestations du stress.

La conclusion de la tribune en revanche ne laisse pas d’inquiéter :

Le plan d’urgence annoncé par le gouvernement incite les grandes entreprises à lancer des négociations sur la prévention du stress au travail. Si l’identification des facteurs de stress et l’élaboration de mesures de prévention ad hoc doivent être mises en place, en concertation avec les différents acteurs de l’entreprise, il convient de veiller à ce que les méthodes de management ne deviennent pas elles-mêmes objet de négociation. En effet, à défaut de pouvoir circonscrire précisément la notion de stress, l’attention risque de se porter sur les causes, et principalement sur le management. Les employeurs doivent veiller à rester sur le terrain de la santé et de la sécurité des salariés et à ne pas accepter de limiter leur pouvoir décisionnel en matière de techniques de management.

On voit, une fois de plus, qu’une crise, même brutale et incontestable, ne permet pas de déboucher sur le véritable traitement des causes. On en reste une fois de plus au traitement symptomatique du stress, sans s’attaquer aux facteurs qui le génèrent. Alors même que les méthodes de management par le stress ont été abandonnées par les pays anglo-saxons dont elles nous viennent, car elles s’avèrent non seulement dangereuses, mais également contre-productives sur le moyen terme, en France, il ne serait pas possible de les remettre en question.

De nombreuses analyses permettent d’identifier clairement le triptyque meurtrier, non seulement pour les salariés, mais à moyen terme pour les entreprises, et pour la société toute entière :

  • capitalisme financier exigeant à court terme une rentabilité incompatible avec le rythme de la croissance mondiale,
  • concurrence effrénée, poussée par une législation au consumérisme démagogique,
  • globalisation basée sur l’exploitation des différentiels de revenus dans les différentes régions du monde.

Ces trois règles, appliquées par les multinationales cotées en bourse, débouchent sur un management tayloriste, poussé dans des extrêmes jamais vus jusqu’ici, qui génèrent un malaise sans précédent pour les salariés. Sans même parler de suicides, les troubles engendrés – parfaitement identifiés dans l’article – coûtent cher, non seulement aux salariés, mais à la collectivité toute entière.

Tant qu’on n’aura pas traité les causes, les effets délétères subsisteront. Donc, oui, il faut remettre en question les méthodes managériales qui traitent les salariés comme des robots et retirent tout sens au travail. Répétons-le, le stress n’est pas un facteur de productivité, contrairement à ce qu’une certaine idéologie voudrait nous laisser croire. Qui pourrait prétendre que le malaise actuel, perceptible par tous, est un projet de société qu’il faudrait continuer à défendre ? Il convient dès lors de ne pas se cantonner à un simple traitement des effets, mais bien de remettre en question un modèle d’économie qui est à bout de souffle.