La fin d’un certain monde ultralibéral

Dans une interview à La Tribune, le philosophe André Comte-Sponville s’exprime sur les leçons de la crise.  Citation :

D’abord l’amoralité du capitalisme. Certains se sont enrichis scandaleusement, y compris en laissant leur entreprise au bord de la faillite, quand d’autres, qui ont fait leur travail correctement, se retrouve au chômage ou dans la misère. Vous trouvez ça moral ? La crise confirme aussi que le capitalisme est incapable de se réguler lui-même d’une façon socialement et moralement acceptable. Il y a certes une autorégulation du marché (c’est le cas, notamment, de cette crise), mais qui produit des effets moralement choquants et socialement destructeurs. Bref, les ultralibéraux avaient tort. Le marché ne suffit pas à tout.Troisième confirmation: cette crise nous montre une nouvelle fois que la morale est incapable de réguler l’économie. Ce n’est pas nouveau. Si on avait compté sur la conscience morale des chefs d’entreprise pour améliorer le sort de la classe ouvrière, nous serions toujours au XIXe siècle ou chez Zola. Mais la crise l’illustre une nouvelle fois. Si on avait compté sur la conscience morale des banquiers pour éviter les crises financières, nous serions… dans la crise que nous connaissons ! D’où une quatrième et dernière confirmation. Si le marché est incapable de se réguler suffisamment lui-même, et si la morale est tout aussi incapable de réguler l’économie, que reste-t-il? Il ne reste que le droit et la politique! C’est ce qu’on appelle aujourd’hui « le retour des États », et c’est une bonne nouvelle. Il s’agit de fixer des limites non marchandes au marché. Ce n’est pas la fin du libéralisme, bien au contraire, mais la fin, au moins provisoire, d’un certain nombre d’illusions ultralibérales.

Le titre de l’article n’est pas sans évoquer le thème de l’Université d’été de la CFE-CGC/Unsa: « La fin d’un certain capitalisme », qui s’est tenue les 6 et 7 juillet derniers, et dont nous vous reparlerons très bientôt.

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