Dans une lettre commune, les fédérations CGC, CGT et CFDT de la métallurgie demandent au premier ministre une intervention urgente pour éviter un démantèlement du groupe.
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Si les syndicats ont immédiatement dénoncé les conséquences sociales dramatiques du plan, mais aussi la stratégie de la direction consistant à se désengager partiellement du marché européen pour se concentrer sur le marché américain, plus rentable, leur inquiétude a fait un bond, mi-décembre, lorsque le groupe a annoncé avoir obtenu un prêt de 1,6 milliard auprès des banques Goldman Sachs et Crédit suisse. En difficulté de liquidités, et devant faire face au remboursement de 2 milliards d’euros de dettes sur 2013-2015, le groupe a dû contracter cet emprunt au taux de 9 %, ce qui, selon la CFDT, représente 150 millions d’euros d’intérêts à payer chaque année. Mais surtout, l’accord prévoit que le prêt est gagé, entre autres, sur son portefeuille de 29 000 brevets, d’une valeur estimée à 5 milliards d’euros. Autrement dit, en cas de défaut de paiement des échéances, les banques pourraient se servir dans les actifs et les brevets du groupe, qui subirait ainsi une vente à la découpe.
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Pour les trois fédérations de métallos, l’État doit « sécuriser le financement du groupe par des montages financiers qui empêcheraient de tirer la ligne de crédit », et cette intervention passe par « une entrée significative de l’État dans le capital du groupe », qui permettrait la présence de représentants au conseil d’administration, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, avec 3,8 % du capital contrôlé par l’État. Plus largement, elles attendent un « plan global sur les télécoms et le numérique », pour lequel elles proposent des pistes destinées à soutenir le groupe Alcatel-Lucent face à la concurrence. Il s’agirait de conditionner les aides publiques accordées aux opérateurs de téléphonie, à l’engagement de recourir à des fournisseurs ne pratiquant ni le dumping social ni dumping financier, d’attribuer les futures fréquences en téléphonie mobile en fonction de contreparties sur l’emploi, d’agir sur « l’accès équitable au marché européen, pour contrer les équipementiers chinois pratiquant une concurrence déloyale basée sur le dumping », enfin, de tenir compte, comme les États-Unis, de critères de sécurité et de « cyberdéfense » pour sélectionner les fournisseurs.
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