Travailler 37 heures sans compensation diminuerait le coût du travail de 3%

C’est, en tout cas, le calcul fait par le sénateur Albéric de Montgolfier (Les Républicains) dans son rapport, réalisé au nom de la commission des finances du Sénat, concernant les enjeux du temps de travail pour la compétitivité, l’emploi et les finances publiques.

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Dressant d’abord un bilan de la réduction du temps de travail issue des lois Aubry, il estime que les bons résultats enregistrés (création ou la préservation d’environ 350 000 emplois entre 1998 et 2002) proviennent « essentiellement des allègements généraux de charges et de la flexibilité accrue de l’organisation du travail », et que « la baisse de la durée légale de 39 à 35 heures a eu, au mieux, un impact très marginal ». Reprenant l’argument développé par tous les détracteurs des 35 heures, il affirme qu’à moyen terme, cette mesure a pesé sur la compétitivité des entreprises françaises. Et c’est très logiquement qu’il en conclut que faire évoluer les règles relatives au temps de travail – sa durée légale et/ou la majoration des heures supplémentaires – constituerait « un levier important de renforcement de la compétitivité des entreprises » et du « potentiel de croissance » du pays.

Pour cela, quatre scenarii sont envisagés, le premier autour de l’augmentation de la durée du temps de travail sans compensation salariale, les trois autres autour de la diminution voire de la suppression de la majoration des heures supplémentaires :

  • Une augmentation de 2 heures par semaine de la durée légale du travail, qui passerait alors à 37 heures, sans compensation salariale, engendrerait « une baisse du coût du travail de 3 %, en tenant compte des montants « économisés » sur les heures supplémentaires, soit environ 1,6 milliards d’euros » et permettrait « la création de 40 000 à 400 000 emplois ». C’est la solution préconisée par le rapport ;
  • Avec la suppression de la majoration des heures supplémentaires, « le coût du travail serait globalement minoré de 0,4 % » ;
  • Un report du seuil de déclenchement des heures supplémentaires de 35 à 36 heures occasionnerait « une baisse du coût du travail de 0,2 %» ;
  • Quant à la diminution de la majoration des heures supplémentaires, elle engendrerait une « baisse du coût du travail de 0,02 % » par point de majoration enlevé.

Prenant fait et cause pour la solution d’augmentation de la durée légale du travail, le rapport déplore l’« effet marginal » résultant d’une diminution de la majoration des heures supplémentaires, regrettant qu’elle soit, pour l’instant, la principale mesure envisagée.

A quelques semaines de la présentation en Conseil des Ministres du projet de loi sur le réaménagement des règles relatives au temps de travail, voilà un coup de pression supplémentaire mis sur le gouvernement .

40 ressources (+1) pour comprendre l’Internet des Objets

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Êtes-vous un spécialiste de l’Internet des Objets ? Stéphane Schultz, fondateur de l’agence de conseil en stratégie et innovation 15marches et auteur de cet article de blog ne l’est pas. Mais, désireux de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette nouvelle révolution technologique, il a fait appel à sa communauté pour constituer en quelques heures une base de connaissances sur le sujet, en 40 liens pointant vers des livres, articles, blogs spécialisés, podcasts… Apportant notre pierre à l’édifice, nous rajoutons cet article de L’Usine Digitale, qui s’intéresse aux droits et devoirs se rattachant à l’Internet des Objets.

STMicroelectronics va supprimer 430 postes en France

Dans un récent article, nous évoquions l’évolution très négative des chiffres de l’emploi dans l’ensemble de la filière télécoms durant les dernières années. La nouvelle orientation prise par STMicroelectronics ne va pas contribuer à arranger les choses…

stmicroelectronics

Son PDG, Carlo Bozotti, vient d’annoncer l’arrêt progressif de l’activité de l’entreprise dans les processeurs pour décodeurs et box Internet, justifiant la suppression de 1400 postes dans le monde, dont 430 en France ! Dénonçant l’absence d’une stratégie globale, les syndicats de STMicroelectronics contestent le bien-fondé de cette décision. Ils ne manqueront pas de réclamer des comptes à l’Etat actionnaire, à hauteur de 13,5% du capital, lors d’une entrevue à Bercy, prévue pour le 14 février.

Rappelons au passage que Didier Lombard, l’ex-PDG de France Télécom, toujours mis en examen dans le cadre de la procédure en cours suite à la vague de suicides intervenue dans le Groupe durant son mandat, est toujours président du Conseil de surveillance de STMicroelectronics.

Le Big Data débarque en politique

La campagne pour les primaires de la droite et du centre est officiellement ouverte, les scrutins étant prévus pour les 20 et 27 novembre prochains. La chaîne Public Sénat saisit cette occasion pour se pencher sur l’utilisation des nouvelles technologies dans le cadre des campagnes politiques, et notamment le recours au Big Data. Comment les données sont-elles utilisées par les politiques et quelles peuvent être les limites de ces méthodes ? L’émission « La politique c’est net » a reçu la semaine dernière Eve Zuckerman, responsable de la campagne digitale d’Alain Juppé, qui utilise Nation Builder, logiciel permettant de cibler les électeurs potentiels.

Le projet de loi République Numérique massivement adopté par les députés

Adopté ce mardi à l’Assemblée Nationale par 356 voix contre 1 et 187 abstentions, le projet de loi porté par la secrétaire d’Etat chargée du numérique Axelle Lemaire s’articule autour de trois axes : favoriser la circulation des données et du savoir, œuvrer pour la protection des individus dans la société numérique et garantir l’accès au numérique pour tous.

république numérique

Condamnée à un grand écart entre libéralisation du secteur et protection de l’innovation française, cette loi, critiquée pour son protectionnisme, donne, au final, bien moins de droits que de devoirs aux entreprises. En revanche, l’internaute/consommateur pourra se féliciter de certaines avancées importantes, autour notamment de la portabilité des données, du droit à l’oubli et à la « mort numérique ». Et pour décourager les potentiels contrevenants, la loi renforce considérablement le pouvoir coercitif de la CNIL, l’autorisant à infliger des amendes allant jusqu’à 20 millions d’euros ou, pour les entreprises, jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires !

En opposant entrepreneurs et salariés, Emmanuel Macron déclenche la polémique

La vie d’un entrepreneur, elle est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier.

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Certes, la phrase, volontiers provocatrice, prononcée par le Ministre de l’Economie Emmanuel Macron au micro de BFMTV-RMC portait surtout sur les risques inhérents au lancement d’une entreprise (« (L’entrepreneur) peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties »). Mais elle n’a pas manqué d’enflammer la presse et les réseaux sociaux, pour abonder dans le sens du ministre ou au contraire fustiger sa sortie. Le Monde est allé plus loin avec un article sont annalysées, statistiques de l’INSEE à l’appui, les situations des deux catégories à travers différents critères.

Mais peut-on vraiment trancher sur cette question, tant les différences sont nombreuses et criantes, non seulement entre entrepreneurs et salariés, mais aussi à l’intérieur de ces catégories. Un monde sépare en effet l’auto-entrepreneur et le dirigeant de SARL d’une part, le cadre et l’ouvrier d’autre part… Au-delà de ces considérations, il paraît, quoi qu’il en soit, assez peu sain d’opposer deux catégories de travailleurs partageant une même préoccupation d’exercer leur activité dans des conditions décentes et, si possible, épanouissantes.

Travail et numérique : aux Etats-Unis, on laisse l’innovation se développer avant de légiférer

Vendredi dernier s’est tenue à Paris, au siège de l’OCDE, une rencontre des ministres du Travail des pays membres. Chercheurs, syndicalistes et politiques ont esquissé leur vision de l’avenir du travail à l’heure de la mondialisation et de la numérisation.

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A cette occasion, le Secrétaire d’état au Travail des Etats-Unis, Thomas Perez a accepté de répondre aux questions de L’Usine Digitale, explicitant notamment l’attitude libérale adoptée Outre-Atlantique face à la transformation du travail sous l’effet du numérique. Selon lui, l’important est de laisser l’innovation technologique se développer et de « s’en emparer à bras le corps », avant de légiférer sur la protection des travailleurs pour rendre l’innovation « inclusive ».

Top chrono pour une interview à l’américaine, en dix minutes et entre deux portes

Amnesty International interpelle l’industrie électronique à propos du travail des enfants

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Apple, Samsung ou encore Sony n’effectuent pas « les contrôles élémentaires afin de vérifier que la fabrication de leurs produits n’intègrent pas de cobalt extrait dans les mines par des enfants », en particulier en République démocratique du Congo, alerte Amnesty International dans un rapport publié hier. Rappelons que le cobalt peut devenir très nocif lors d’une exposition chronique, et provoquer notamment des maladies respiratoires.

L’ONG appelle « les sociétés multinationales qui utilisent des batteries lithium-ion dans leurs produits à procéder à des contrôles en matière de Droits de l’Homme ».

Source : Travail des enfants : de grandes marques électroniques ferment les yeux (Amnesty) – France Info

L’Europe surveille l’exploitation du Big Data par les géants américains

Dans un article, publié dans ces colonnes il y a quelques mois, évoquant les risques associés au Big Data, nous nous posions la question : « Et si quelques entreprises accaparaient la donnée ? »… La Communauté européenne formule aujourd’hui les mêmes craintes, par la voix de la Commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, qui s’inquiète que quelques acteurs américains – principalement les GAFA – aient la mainmise sur les données des citoyens européens, au point de pouvoir en faire une arme anti-concurrentielle.

Margrethe Vestager

Si quelques sociétés contrôlent les données dont vous avez besoin pour satisfaire les clients et réduire les coûts, cela pourra leur donner le pouvoir pour sortir leurs compétiteurs du marché.

La commission européenne n’a, pour l’instant, pas engagé de procédure, mais un rapport préliminaire sur le sujet devrait être publié avant l’été.

Source : Le Big Data dans le collimateur de l’Europe – Le Monde Informatique

Des millions d’emplois menacés par la « quatrième révolution industrielle »

Le rapport sur le futur de l’emploi (à consulter en version complète ou en résumé) publié hier par le World Economic Forum (WEF), à l’occasion de l’édition 2016 du Forum de Davos qui s’ouvre demain, n’est pas très réjouissant. Il s’appuie sur une étude menée dans les 15 premières économies mondiales, pays ou groupements de pays qui totalisent environ 65 % de la main d’œuvre mondiale. Ce rapport nous annonce que la « quatrième révolution industrielle » (autour de technologies émergentes comme le cloud computing, le Big Data, l’Internet des Objets, la robotique, l’intelligence artificielle, etc.) va provoquer la disparition de plus de 5 millions de postes dans le monde d’ici à 2020.

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En effet, les quelques 2 millions de postes créés dans des domaines spécifiques tels que l’informatique, les mathématiques et l’ingénierie, ne suffiront pas à compenser les 7 millions d’emplois perdus « en raison des sureffectifs, de l’automatisation et de la désintermédiation ». Le rapport du WEF détaille secteur par secteur et pays par pays l’impact d’une révolution qui affectera tout particulièrement les travailleurs en « col blanc » et le personnel administratif. Par ailleurs, la main d’œuvre féminine sera relativement plus pénalisée : seulement 48% des 7 millions d’emplois menacés sont actuellement occupés par des femmes, mais leur moindre proportion dans le marché global du travail et leur sous-représentation dans les secteurs appelés à croître maximisent l’impact de cette évolution sur leur activité.

Au-delà d’une automatisation dont l’impact sur l’emploi reste encore limité dans la majorité des secteurs, c’est le changement de nature du travail qui devrait le plus contribuer à ces pertes d’emplois. En rendant le travail possible de n’importe où et n’importe quand, les nouvelles technologies favorisent la fragmentation des tâches par les entreprises. En découle une nouvelle « économie des petits boulots » (« gig economy »), dans laquelle un travail jadis confié à un salarié est désormais proposé, via des plateformes numériques, à une multitude de travailleurs indépendants. La première grande substitution à venir ne serait donc pas celle du travailleur humain par les robots, mais celle du salarié par les « freelancers », provoquant ainsi la « désintermédiation » évoquée par le rapport WEF.

Source : Emploi : la peur de la grande substitution – Les Echos

L’inscription à Pôle Emploi passe désormais obligatoirement par Internet

A partir du 1er mars, toutes les demandes d’inscription à Pôle Emploi devront se faire en ligne. Cette procédure, testée dans plusieurs régions depuis octobre 2015, est désormais étendue à l’ensemble de la France.

pole emploi

Comme le résume un des commentaires de l’article de Clubic, « la possibilité de le faire par internet, c’est cool, l’obligation, beaucoup moins ». Surtout si l’on considère que les 18% de Français qui ne disposent pas d’une connexion Internet à domicile figurent généralement parmi les populations les plus « fragiles », comme le montre l’édition 2015 du Baromètre du numérique du CREDOC (pages 41 à 44) : majoritairement plutôt âgés (mais environ 10% de non-internautes sont encore en âge de travailler), seuls, peu ou pas diplômés et disposant d’un faible niveau de revenus.
Toutefois, le décret pense à ces derniers en prévoyant qu’« à défaut de parvenir à s’inscrire lui-même par voie électronique, le travailleur recherchant un emploi peut procéder à cette inscription dans les services de Pôle emploi, également par voie électronique, et bénéficier le cas échéant de l’assistance du personnel de Pôle emploi ».

La Banque mondiale dénonce l’inégale répartition des « dividendes du numérique »

Dans son récent rapport sur « Les dividendes du numérique », l’agence spécialisée de l’ONU constate que près de 60% de la population mondiale n’a toujours pas accès à Internet, ce ratio passant à 85% si l’on ne considère que l’Internet haut débit. La fracture est moins visible avec la téléphonie mobile, mais au final ce sont les pays riches qui profitent de la majeure partie des retombées économiques liées au développement numérique.

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Accédez à la version courte du rapport de la Banque mondiale, énonçant les messages principaux, ou à la version intégrale.

Investissements : les opérateurs mobiles européens se font distancer par leurs homologues américains et asiatiques

Lors de notre dernière actualisation des graphiques relatifs aux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France, nous avions souligné la chute des investissements des opérateurs qui, en 2014, ont atteint leur plus bas niveau depuis 4 ans.

Dévoilée en fin d’année 2015 par la Fédération Française des Télécoms (FFT), une étude de l’Idate élargit cette tendance aux principaux pays de l’Union Européenne, dans lesquels le niveau d’investissement des opérateurs se situe très en deçà de celui des Etats-Unis et des principaux pays développés d’Asie. L’écart s’est même creusé depuis quelques années comme en atteste le graphique ci-dessous qui montre l’évolution des CAPEX moyens par habitant dans ces différentes zones géographiques : celui des opérateurs mobiles américains est désormais 2 fois supérieur à celui des 5 principaux pays européens.

capex_moyen_par_habitantEn cause, la chute des revenus subie par les opérateurs européens, dont les prix de détail ont drastiquement baissé sur les dernières années, sous l’effet des batailles concurrentielles et/ou de la pression régulation. A l’inverse, sur un marché américain qui n’est pas confronté aux mêmes phénomènes, les revenus des opérateurs mobiles continuent à progresser, comme en témoigne le graphique ci-dessous.

revenus« Les opérateurs mobiles européens investissent autant qu’ils le peuvent, mais le recul de leurs revenus les empêche simplement de rester dans la course à l’innovation et l’investissement », estime l’étude de l’Idate. Comme le confirme le graphique ci-dessous, ce sous-investissement a pour conséquence un retard dans le déploiement de la 4G et, partant dans l’usage de la data par les consommateurs. Au final, « ce retard pénalise en réalité les consommateurs pour lesquels les politiques publiques ont sacrifié l’innovation et donc les usages, au bénéfice de prix très bas », comme le conclut la FFT.

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Orange vers une banque 100% mobile avec le concours de Groupama Banque

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Voilà 10 jours qu’Orange et Groupama Banque ont annoncé être entrés en négociations exclusives pour nouer un partenariat, qui devrait déboucher sur l’acquisition par l’opérateur de 65% de la filiale bancaire de l’assureur et aboutir à la création d’une banque 100% mobile, baptisée « Orange Banque ». Le lancement de cette dernière est prévu pour début 2017 en France, avant d’autres marchés européens comme l’Espagne ou la Belgique. Ses services couvriront les activités de banque au quotidien, l’épargne, ainsi que les crédits et l’assurance. 100% mobile, l’offre sera cependant soutenue par le réseau de proximité des 850 boutiques de l’opérateur et par les 3 000 agences des réseaux Groupama et Gan.

Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une volonté de diversification des activités d’Orange qui figure parmi les points-clés du plan stratégique Essentiels2020. Au moment de la présenter, Stéphane Richard estime qu’ « Orange bénéficie d’une combinaison d’atouts essentiels et uniques pour réussir le lancement d’une banque innovante 100% mobile : une marque forte incarnant des valeurs clés comme la sécurité et la fiabilité, un solide réseau de distribution, et surtout la confiance de 28 millions de clients. Cette légitimité dans l’univers des services financiers s’est déjà concrétisée avec le succès de Orange Money sur la zone Afrique Moyen-Orient, et plus récemment avec le lancement réussi de Orange Finanse en Pologne ». C’est d’ailleurs en ayant à l’esprit les bons résultats enregistrés par sa filiale bancaire en modèle low-cost lancée en Pologne fin 2014 que le PDG d’Orange affirme : « Si j’osais le mot, je dirais que nous voulons être le Free de la banque en se situant volontairement moins cher que ce qui existe aujourd’hui et aussi transparent sur les conditions de tarification ».

Depuis une semaine, de nombreux articles d’analyse ont été écrits sur le sujet :

Au-delà d’une stratégie qui paraît a priori pertinente, il faut maintenant voir comment cette opération sera mise en œuvre concrètement. Ainsi, le volet emploi de cette opération n’a, semble-t-il, pas vraiment été évoqué pour l’instant. Désormais avertis de l’impact assez désastreux du digital sur les emplois du secteur bancaire (600 000 licenciements au niveau mondial depuis 2008), nous ne manquerons pas de suivre cela de près.