Sur e24, Marie Muzard, spécialiste de la gestion de crise analyse la manière dont France Télécom a traité la question des suicides. Extraits :
le management n’a pas su identifier la crise. Certes, toutes les entreprises sont confrontées au suicide. Plus l’effectif est élevé plus ce risque augmente. C’est ce constat qui a probablement conduit le management de France Télécom à sous estimer la crise et à considérer que les suicides faisaient partie des « pépins » d’une entreprise. […] Pourtant tous les signaux habituels de la crise étaient là : problème qui relève de la santé (c’est déjà un signe très fort annonciateur de crise); terrain de fond miné (le malaise social était perceptible dans les études internes, dénoncé par les syndicats); le choc de culture de l’entreprise (en 10 ans l’entreprise a révolutionné sa culture, tous n’y étaient pas préparés […]); et la multiplication des suicides. Le taux de suicide est rapidement devenu anormalement élevé, même pour un grand groupe. […]
Comment une direction peut elle rester crédible alors que ses décisions sont prises sous la pression et donc totalement subies? La direction doit très vite reprendre l’initiative en montrant qu’elle assume enfin ses responsabilités.
Notre commentaire
Au delà des éléments de communication pointés à juste titre dans cette analyse, il faut ajouter qu’à ce jour, la direction de l’entreprise ne semble pas avoir pris conscience des causes profondes du malaise, et n’annonce aucun changement de cap en matière de projet industriel. Pour redonner du sens au travail, il faut en effet dégager l’entreprise de l’emprise des marchés boursiers, restreindre les dividendes, et consacrer le cash à la mise en oeuvre d’un vrai projet d’investissement pour le long terme, au sein duquel les personnels pourront retrouver toute leur place.
C’est certainement le bon moment, alors qu’il va falloir déployer les réseaux de fibre optique. Espérons que la direction de l’entreprise saura saisir cette opportunité.