Le chercheur au CNRS Philippe Askenazy estime que ces mots donnent « une apparence de modernité et d’inéluctabilité à des phénomènes dont le potentiel de généralisation est largement discuté ».
Source : « Il faut abandonner l’usage des termes “ubériser” et “ubérisation” »
Les propositions alternatives de Philippe Askenazy :
Ainsi, en piochant dans le vocabulaire anglophone notamment des économistes, le verbe « disrupter » correspond à la définition retenue par le Robert pour « ubériser » : « déstabiliser et transformer avec un modèle économique innovant tirant parti des nouvelles technologies » ; ce serait d’autant plus facile que « disruption » est également rentré dans le Robert 2017 (certes avec une définition restreinte à la dimension marketing, « rupture par rapport à l’image traditionnelle d’une marque ou aux habitudes de consommation »).
Sur les relations de travail nées dans le sillage des plates-formes numériques d’intermédiation, les Américains, notamment l’administration du travail, utilisent « on-demand » ou « gig economy ». « Gig » est un mot court pour« engagement », introduit dès les années 1920 pour qualifier les engagements des musiciens afro-américains de jazz.
Economie « à la demande », « au cachet », voire « louage »–pour reprendre la terminologie française du XIXe siècle – seraient des traductions correctes, tant d’un point de vue lexical que factuel.
Pourront-elles lutter contre un mot déjà entré dans le Petit Robert ? A suivre… mais les raisons avancées sont pertinentes et méritent qu’on fasse un petit effort de langage…