Selon Vincent Lorphelin, même si nous n’avons pas de « géants du net » nationaux, la France a de nombreux atouts pour bénéficier de la révolution numérique pour innover, retrouver de la croissance, et même prendre le leadership en Europe dans ce domaine.
analyse
Echos du Digiworld : l’intervention de Jacques Attali
Digiworld Summit 2013, 21Nov – Jacques Attali (Attali & Associés) – Plenary Sessions from DigiWorld by IDATE on Vimeo.
- Une critique de la régulation européenne centrée sur la concurrence
- Une vision prospective du BigData et des réseaux sociaux
- Vers l’industrialisation de la santé et de l’éducation
Quelques inputs généraux, mais cependant toujours intéressants pour prendre du recul et réfléchir…
L’enfer de la baisse des prix
Une petite vidéo de Xerfi Canal, qui explique en 3 minutes et de façon très claire ce que les « idéologues de la concurrence » ont tant de mal à comprendre… et que nous avons tenté sans succès d’expliquer au gouvernement et au régulateur lors de l’introduction du 4ème opérateur mobile en France.
Si vous êtes vraiment trop pressé, la démonstration peut se résumer en une phrase : si la baisse des prix est une bonne nouvelle à court terme pour le consommateur, elle devient très rapidement une catastrophe pour l’emploi… et donc le pouvoir d’achat !CQFD.
Manifeste pour l’industrie de Gabriel Colletis et Pierre Grou
Malheureusement, Le Monde ne publie pas la version intégrale de ce manifeste en accès public. Certains de nos membres faisant partie des signataires, nous nous permettons d’en retranscrire le texte intégral :
Aucun pays ne peut se développer ou même rester un pays avancé sans base productive. C’est pour l’avoir ignoré que certains pays s’enfoncent dans le chaos et que d’autres sont sur la pente du déclin.
Les pertes d’emplois et la disparition de pans entiers de l’industrie ne concernent pas seulement certains secteurs ou bassins d’emploi. Elles ont des effets dévastateurs sur toute l’économie, hypothéquant son avenir et celui des générations futures. Elles mettent ainsi en péril la démocratie.
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Oui, les syndicats sont utiles !
Ce n’est pas nous qui le disons, mais un consultant en responsabilité sociale des entreprises, qui propose sur son blog une réponse très argumentée au récent article de l’Express. Voici son introduction et sa conclusion :
« Pourquoi les syndicats sont nuls » : ce titre barre la couverture de « L’Express » (25 septembre 2013) et ouvre un dossier dont, comme souvent, le contenu est moins outrancier. De l’hebdomadaire fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, on pouvait attendre un jugement plus subtil et surtout plus étayé.
…
La crise que nous connaissons n’est rien d’autre qu’une crise des contre-pouvoirs. La réponse efficace consiste donc, au contraire, à renforcer le seul contrepoids qui représente efficacement une partie essentielle au fonctionnement des entreprises, les salariés. Louis Gallois l’a parfaitement montré dans son rapport et ses interventions : « il apparaît indispensable que se créent les conditions d’un nouveau pacte social. (…) Pour cela, nous avons besoin de partenaires sociaux forts : des syndicats forts, des organisations patronales capables de s’engager dans des négociations. Et nous avons besoin de syndicats capables, non seulement de revendiquer et de s’opposer, mais aussi de dialoguer et de négocier des compromis utiles ».
Le plus intéressant est au milieu de l’article, où l’auteur détaille, études à l’appui, comment les syndicats sont utiles, et comment ils peuvent encore s’améliorer. De quoi à la fois se rassurer… et surtout se construire une feuille de route pertinente !
Oui, les syndicats sont utiles , sur le blog Management & RSE
Manifeste pour sortir du mal être au travail, de Vincent de Gaulejac & Antoine Mercier
Vincent de Gaulejac était notre invité en avril dernier, et vous pouvez revoir la vidéo intégrale de son intervention :
Le livre qu’il a co-écrit avec Antoine Mercier a trois originalités :
- il synthétise très bien l’analyse du mal-être au travail, qu’il étudie depuis plusieurs années,
- il permet de faire un « auto-diagnostic » pour évaluer si l’on est soi-même en danger,
- et surtout il donne des pistes concrètes pour agir, avec quelques règles à s’appliquer individuellement, et surtout des pistes d’action collective pour éradiquer une plaie, que nous sommes si nombreux à connaître qu’il ne peut plus s’agir d’un hasard, et qu’il devient urgent d’agir.
Les analyses et les perspectives qu’il propose se recoupent avec les excellents travaux de Gabriel Colletis, et permettent de comprendre ce qui nous arrive, pourquoi, et comment en sortir.
A lire absolument pour cesser d’être un « pion » dans une société malade de la gestion, et reprendre notre destin en main !
Lectures de rentrée
L’horizon de la crise économique ne semble pas s’être éclairci avec l’été. Mais plutôt que de rentrer dans la morosité, lisons plutôt quelques ouvrages qui proposent de vraies solutions à la crise structurelle que nous connaissons actuellement.
Tous s’accordent à dire qu’en sortir est l’affaire de tous et de chacun… et nous voyons bien qu’aucune solution « miracle » ne nous est proposée par ceux qui nous dirigent. Comprendre ce qui nous arrive et comment changer notre sort est donc de plus en plus déterminant. Quelques auteurs éclairent notre chemin.
Gabriel Colletis – L’urgence industrielle – Le Bord de l’eau – 2012
Ce professeur d’économie sera l’invité de la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange le 30 septembre prochain. Outre son analyse très pertinente des causes et des méfaits de la désindustrialisation française, il trace la voie d’un changement de cap, et place « le travail comme articulation du progrès social, de la démocratie et du développement. »
Un changement de perspective concernant le travail, la reconnaissance des compétences des travailleurs, le développement de productions socialement utiles et préservant la nature, et l’ancrage des activités dans les territoires constituent les voies principales du renouveau industriel »
Un manifeste que nous aurions pu écrire nous-mêmes, tant les analyses de ce chercheur recoupent ce que nous avons pu constater au sein de notre entreprise, et les valeurs que nous souhaitons défendre.
Avant le débat, vous pouvez bien sûr lire son livre, mais aussi découvrir son blog sur Mediapart, lire une petite interview, ou encore regarder une vidéo sur Xerfi Canal :
Thomas Piketty – Le Capital au XXIe siècle – Le Seuil – 2013
Comme l’a fait Joseph Stiglitz l’an dernier dans « Le prix de l’inégalité » (voir une interview), Thomas Piketty pointe la montée explosive des inégalités, détruisant au passage le mythe de la « méritocratie » censée fonder notre société contemporaine, et propose des pistes pour y remédier.
Un avant-goût du livre dans une interview et une vidéo de présentation par l’auteur :
Pour qui travaillons-nous ?
Une excellente question, à laquelle le blog de l’OFCE répond avec intelligence, et des arguments concrets, pour se démarquer des imbécillités qu’on entend ici et là sur le fait que la France détiendrait un record de la dépense publique et qu’il faut à toute force faire baisser les impôts.
Pour les pressés qui n’auraient pas le temps de lire tout l’article, voici la conclusion :
Le système français est très redistributif. La fête nationale, proposée par Friedman, n’aura pas lieu le même jour pour tout le monde.
De nombreux pays européens ont des taux de dépenses publiques supérieurs à 50 % tout en connaissant une croissance satisfaisante : Autriche, Danemark, Finlande, Suède. Leur point commun est que le taux de pauvreté et d’inégalités sociales y sont particulièrement bas.
Ainsi, prétendre que nous travaillons sept mois pour l’Etat n’a-t-il aucun sens. La France a choisi d’être une société mixte, le marché y a sa place, mais une partie importante des dépenses des ménages est socialement assurée, sur la base des besoins de chacun, et non de ses ressources.
Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : actualisation avec les données 2012
Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.
Vous pouvez également retrouver nos analyses des données 2008, 2010 et 2011.
Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par France Téléco-Orange dans son document de référence 2012.
Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.
Les revenus des opérateurs continuent à baisser
… tandis que les usages poursuivent leur développement. L’introduction de Free Mobile sur le marché français a signé l’apparition d’un modèle « low-cost », qui tire l’ensemble du marché vers le bas. La baisse des revenus se poursuit inexorablement en 2013 : lors des renouvellement de contrats, la plupart des clients s’engagent sur des offres moins onéreuses que précédemment. L’ensemble des acteurs rationalisent leurs coûts à outrance, au détriment des salaires et des emplois, pour maintenir un niveau de qualité acceptable par les clients tout en engageant les investissements dans les réseaux de nouvelle génération grâce auxquels ils espèrent retrouver de la valeur ajoutée via des offres « premium ».
Les investissements atteignent un niveau historique en 2012
… tirés notamment par le déploiement des réseaux de nouvelle génération, fibre et 4G, grâce auxquels les 3 opérateurs mobiles « historiques » espèrent tirer les offres vers le haut. Les déploiements et l’adoption des nouvelles offres par la clientèle ne sont cependant pas assez rapides pour compenser la chute des revenus.
L’emploi stagne en 2012, mais repartira à la baisse en 2013
L’arrivée du 4ème opérateur mobile n’aura généré que 200 emplois supplémentaires sur l’ensemble des opérateurs de télécommunications en France. Mais si en 2012 les dommages les plus sensibles se sont fait sentir essentiellement dans le reste de la filière, équipementiers et centres d’appels fournisseurs des opérateurs, l’année 2013 verra de nouveau plonger la courbe des effectifs chez les opérateurs.
La décrue des effectifs est notamment certaine chez France Télécom-Orange, où la pause du « nouveau contrat social » est révolue. Et la pyramide des âges dans l’entreprise, que la Direction a considéré pendant de nombreuses années comme un handicap, est aujourd’hui présentée aux marchés financiers comme une formidable opportunité pour faire baisser les effectifs sans plan social.
Fin 2012, plus de la moitié du personnel de la maison mère avait plus de 50 ans, et près du tiers plus de 56 ans. Les départs naturels à la retraite s’accélèrent, et le nouveau dispositif de Temps Partiel Seniors mis en place courant 2012 dope le mouvement. Les 4 000 embauches promises entre 2013 et 2015 ne compenseront évidemment pas les départs, ce qui est bien l’objectif d’une Direction qui semble suivre en la matière les préconisations du rapport Berger.
Dans le même temps, les salaires de ceux qui doivent produire toujours plus pour fournir le même service sont également mis sous contrainte en France. En 2012, les augmentations de salaires ont été de 2,5% en France, pour 3,1% dans les autres pays où le Groupe est implanté (voir la présentation des résultats 2012, page 17). En 2013, ce sera la même chose : 2,6% en France, contre 3,9% dans les autres pays (voir la présentation des résultats S1 2013, page 14).
La mise sous pression concurrentielle du marché français, qui plus est en pleine crise économique, ne fait donc qu’accélérer la décrue de l’emploi et la baisse du pouvoir d’achat des personnels de la filière télécoms, créant une spirale négative, néfaste à l’économie du secteur comme à l’économie nationale.
5 raisons de ne pas désespérer
Un petit rayon de soleil avant de partir en vacances ?
Récession, chômage au plus haut, tissu productif sinistré, moral des français au plus bas… La France vit des heures sombres. C’est pourtant dans ce contexte que Guillaume Duval signe un article pour Alternatives Economique s’intitulant » 5 bonnes raisons de ne pas désespérer « . En compagnie de Laurent Faibis, président de Xerfi, il nous explique cette note d’optimisme.
Idate : les opérateurs européens doivent se réinventer sous peine de « bain de sang »
A l’occasion de la publication de la 13e édition de son Digibook, l’Idate tire le signal d’alarme : « On arrive à un épuisement du modèle télécom européen ». En France notamment, les approches commerciales sont aujourd’hui dépassées…
A lire sur ZDNet.
Pour aller plus loin : commander le DigiWorld YearBook de l’Idate
Lannion (22). Une charge contre le plan d’Alcatel-Lucent
Les experts comptables du cabinet Syndex ont examiné les justifications économiques du plan. Leur rapport, très critique, est présenté ce matin à la direction.
Injuste, irrationnel, inadapté, tel est le diagnostic porté par les experts sur le projet de restructuration d’Alcatel Lucent.
A lire dans Ouest France
Optique : la concurrence s’accroît, les marges aussi
Rien à voir avec les télécoms ? Euh, ben si : cette étude et les commentaires qui en sont faits démontrent que la concurrence n’est pas forcément la meilleure manière de faire baisser les prix pour le consommateur, comme on semble encore le croire dans de nombreux cénacles…
Lire :
- le papier du Monde sur les effets de la concurrence sur le prix des lunettes
- Le plaidoyer pro-concurrence dans les télécoms des régulateurs
Et cherchez l’erreur…
Danièle Linhart « La responsabilité de la souffrance au travail ne revient pas aux individus »
Vous êtes membre de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom. Qu’avez-vous pu constater ?
Danièle Linhart. Une redéfinition à marche forcée du sens du travail, du service public, des métiers… Le virage commercial du service public entraîne une déstabilisation des salariés, pris dans un tourbillon de réformes, de remises en question diverses, un changement perpétuel de leurs pratiques… À quoi s’ajoute une soumission régulière aux évaluations et à des objectifs à tenir souvent surréalistes, en décalage total avec la réalité de leur métier. Ce sentiment arbitraire de ne pas être à la hauteur conduit à l’épuisement et nie aussi bien l’expérience que la compétence des salariés.
Extrait d’une interview à lire in extenso dans l’Huma
Votre travail a-t-il encore un sens ?
Les incertitudes qui touchent le monde du professionnel… Notre travail a-t-il encore un sens ? Stress, épuisement, harcèlement, compétition, pression économique, précarité…
C’était le thème de l’émission « Le téléphone sonne » d’hier soir, où intervenait notamment Jean-Philippe Bouilloud, récemment intervenu dans l’un de nos séminaires CFE-CGC/UNSA.
Réécouter l’émission sur le site de France Inter.
Il reste à ajouter que cette compétition toujours plus extrême dans laquelle on entraîne les salariés est l’aboutissement d’une mauvaise régulation du système libéral, basé sur la concurrence censée bénéficier aux consommateurs, qui actuellement détruit tout à la fois les emplois, le pouvoir d’achat, et la santé des salariés.
Tant que la prise de conscience n’aura pas eu lieu, et en conséquence les mesures prises au plus haut niveau de l’État (ou par les salariés eux-mêmes au travers d’actions collectives permettant de faire pression pour que ça change) que l’emploi est la colonne vertébrale de tout notre écosystème économique et du « vivre ensemble », la situation ne fera qu’empirer. L’emploi est en effet le seul vrai garant du pouvoir d’achat, et donc de la consommation – moteur de croissance clef dans notre pays. En période de plein emploi, ou quasiment, il est également plus facile pour les salariés de négocier un meilleur partage de la valeur produite, mais aussi de meilleures conditions de travail, tandis qu’aujourd’hui le chantage à l’emploi, explicite ou implicite, oblige les salariés à se soumettre, fusse au détriment de leur santé, voire de leur vie. Est-il normal dans une société dite « développée » qu’autant de gens soient contraints de consommer des antidépresseurs pour faire face à leurs conditions de travail ? Assurément non. Le travail peut au contraire être un facteur d’épanouissement et de stabilité pour les individus… à condition toutefois qu’il ne soit pas instrumentalisé à l’unique profit des détenteurs du capital.