Digitalisation des Ressources Humaines : encore un long chemin à parcourir

Ces derniers jours, nous avons repéré sur le Web plusieurs contenus intéressants portant sur cette thématique.

Un article autour de l’étude « RH et transformation digitale » de Unow évoque le caractère inéluctable, mais lent de cette évolution.
Un autre article analyse les attentes de la génération Z en matière de ressources
Enfin, la vidéo ci-dessous recueille l’avis sur la question de Yves Grandmontagne, ancien DRH France de Pfizer puis Microsoft.

Le télétravail reste sous-développé en France, Télé Travail – Les Echos Business

Selon la 5ème enquête sur le télétravail de l’Obergo, le nombre réel de salariés convertis au « home office » serait bien inférieur aux chiffres avancés par ses promoteurs.

Source : Le télétravail reste sous-développé en France, Télé Travail – Les Echos Business

On nous aurait menti ?

Pascal Terrasse (PS) : «L’économie collaborative n’est pas une zone de non-droit» – Libération

Le rapport du député socialiste remis ce lundi au Premier ministre suggère d’obliger les sites à informer le fisc des revenus dégagés par leurs utilisateurs.

Source : (20+) Pascal Terrasse (PS) : «L’économie collaborative n’est pas une zone de non-droit» – Libération

Retour au bon sens, enfin ?

L’employeur ne peut accéder à la messagerie personnelle du salarié au travail

L’entreprise qui accède aux mails envoyés et reçus depuis la messagerie personnelle de son salarié viole le secret des correspondances. Et ce, même si ces mails ont été rédigés sur le poste de travail.

Source : L’express / L’entreprise

Une lapalissade… qu’il est parfois utile de rappeler.

Les nouveaux travailleurs indépendants : témoignages

Un reportage passionnant de France Culture qui fait intervenir des chauffeurs Uber, un représentant du syndicat des VTC à l’UNSA, le fondateur de Foule Factory, déclinaison française d’Amazon Mechanical Turk, le secrétaire général de la section communication, conseil et culture de la CFDT, des responsables et utilisateurs de l’espace de coworking Casaco et de la coopérative d’activité Copaname.

Nathalie Andrieux, membre du Conseil National du Numérique et Antonio Casilli, enseignant-chercheur spécialiste de la sociologie des réseaux, répondent ensuite aux questions autour de ces nouvelles formes d’activité économique.

« Quelles transformations de l’emploi à l’heure de la révolution numérique ? » : notre compte-rendu

Sous l’égide du Digital Society Forum, plateforme collaborative initiée par Orange autour des questions relatives à la vie numérique, un débat, intitulé « Quelles transformations de l’emploi à l’heure de la révolution numérique ? », s’est déroulé hier au Musée de l’Homme.

Retransmis en live sur Dailymotion, il donnait l’occasion d’entendre les positions sur ce sujet de 7 intervenants :

  • des représentants du monde académique : Philippe Aghion du Collège de France, et Augustin Landier, de la Toulouse School of Economics ;
  • des dirigeants de grandes entreprises : Stéphane Richard, à l’initiative de l’évènement, Sébastien Bazin, P-DG du Groupe AccorHotels, et Georges Plassat, P-DG du groupe Carrefour ;
  • des acteurs de l’économie numérique : Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante de la FinTech Leetchi, et Frédéric Mazzella, cofondateur de la plateforme de covoiturage BlaBlaCar.

Voici un compte-rendu de cet évènement paru dans le Blog du Modérateur. Pour notre part, nous avons trouvé cette rencontre assez frustrante !

Sur la forme d’abord : 70mn laissées aux 7 intervenants (suivies de 50mn d’interventions/questions du public) pour dresser un état des lieux des transformations de l’emploi sous l’effet du numérique (40mn), puis pour présenter leurs solutions d’adaptation à ces transformations (30mn), ça fait en moyenne 2 fois 5mn par personne. C’est évidemment extrêmement court, et plus propice aux tweets qu’aux réels diagnostics.

Du coup, le fond fut assez décevant, à l’instar du communiqué de presse présentant la manifestation et du sondage BVA qui l’accompagne, nous « apprenant » que la transformation numérique transforme les métiers, qu’elle est perçue comme bénéfique… ou pas, que pour s’y adapter, rien de tel que la formation, et que l’économie du partage, c’est bien !
Pour ce qui est du débat proprement dit, baignant dans une atmosphère résolument optimiste, il est resté très généraliste, de sorte le spectateur un peu avisé sur la question n’y a sans doute pas appris grand-chose. Sur les constats :

  • Les économistes confirment que le numérique détruit des emplois (principalement intermédiaires), défavorisant les travailleurs non qualifiés qui peuvent toujours se reconvertir en indépendants dans les services à la personne… De toute façon, « l’entreprise ne peut pas être le lieu de la redistribution», affirme Augustin Landier.
  • Les dirigeants de grandes entreprises voient plus d’opportunités que de menaces dans cette « période intéressante», cette « mutation qu’ils embrassent ». Conscients des défis auxquels l’entreprise est soumise, « testée sur sa capacité de changement de culture » (Sébastien Bazin) et « obligée à plus de transparence » (Georges Plassat), ils estiment qu’elle saura s’adapter, et leurs employés avec, à grand renfort de « formations et d’équipement » (Stéphane Richard).
  • Pour les deux acteurs de l’économie numérique, cette transformation est évidemment synonyme de créations d’emplois, au sein d’entreprises plus justes, plus cohérentes et plus transparentes.

Sur les solutions pour s’adapter à cette transformation, le débat est allé encore un peu plus vite :

  • Georges Plassat évoque le besoin de s’adapter à la disparition des frontières entre les canaux de commerce physiques et digitaux et à une concurrence exacerbée, et estime que tout passera par une meilleure compréhension du client.
  • Sébastien Bazin rebondit sur cette idée en évoquant une mutation de l’entreprise, hier centrée sur ses produits, aujourd’hui sur ses clients, qui nécessite une mutation du management, du rapport de force induit par l’entreprise pyramidale au rapport de flux qui anime les entreprises du numérique. Pour se rapprocher de ce nouvel idéal, il annonce la mise en place chez Accor d’un « shadow comex» constitué de 12 salariés de moins de 35 ans.
  • Stéphane Richard insiste à nouveau sur l’importance de la formation, tant initiale que continue – sur ce sujet, bonne nouvelle, la Grande Ecole du Numérique est en train de prendre forme.
  • Du côté des économistes, c’est la thématique de la flexisécurité qui est mise en avant, introduisant la dimension politique associée à cette thématique : le travailleur doit avoir le « droit à l’expérimentation», soutient Philippe Aghion, et pouvoir passer facilement de l’entreprise au self-emploi et inversement, et être soutenu financièrement durant ses périodes de formation. Augustin Landier va dans le même sens, estimant qu’il faut défendre le statut de l’auto-entrepreneur qui, faute d’un CDI, n’a pas accès au crédit, notamment pour son logement.
  • Enfin, Céline Lazorthes insiste sur le nouveau rôle du manager, désormais devenu accompagnateur, chef d’orchestre et « responsabilisateur » à l’ère de l’entreprise numérique.

Enfin, sur les questions/interventions du public, notons la quasi-unanimité des intervenants sur le droit à la déconnexion, seul Sébastien Bazin se singularisant d’un « Réveillons-nous ! Chez Google, ils ont fini les 35h le mercredi soir ! », qui laisse songeur.

Dans sa conclusion, très succincte, Stéphane Richard reste « dans une tonalité résolument optimiste », élargissant enfin le débat au rôle de l’Etat, remis en cause par cette nouvelle forme de démocratie et sommé de « traiter beaucoup mieux des grands maux collectifs comme l’accès à l’emploi et le chômage ».

Rapport du Conseil National du Numérique : qu’en reste-t-il un mois après ?

A l’aube de cette nouvelle année 2016, Benoît Thieulin, Président du Conseil National du Numérique, remettait à la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, un rapport intitulé « Travail, Emploi, Numérique : Les nouvelles trajectoires ».

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Se basant sur les auditions de 50 experts, il est articulé en deux parties : la première dresse une cartographie des controverses, récapitulant les risques pour l’emploi induits par la révolution numérique en marche, tandis que la seconde présente une liste de 20 propositions d’adaptation du système légal et de protection sociale au sens large.

Quelques semaines après la sortie de ce rapport, on constate que, malgré des propositions portant sur des sujets propices au débat, comme la mise en place d’un revenu de base, il a finalement inspiré assez peu d’articles d’analyse, comparativement au rapport Mettling, paru en septembre 2015.

Voici cependant les parutions que nous avons jugées les plus intéressantes :

Reste à savoir quelles propositions vont inspirer la Ministre du Travail pour ses grands travaux à venir…

Travailler 37 heures sans compensation diminuerait le coût du travail de 3%

C’est, en tout cas, le calcul fait par le sénateur Albéric de Montgolfier (Les Républicains) dans son rapport, réalisé au nom de la commission des finances du Sénat, concernant les enjeux du temps de travail pour la compétitivité, l’emploi et les finances publiques.

37_heures

Dressant d’abord un bilan de la réduction du temps de travail issue des lois Aubry, il estime que les bons résultats enregistrés (création ou la préservation d’environ 350 000 emplois entre 1998 et 2002) proviennent « essentiellement des allègements généraux de charges et de la flexibilité accrue de l’organisation du travail », et que « la baisse de la durée légale de 39 à 35 heures a eu, au mieux, un impact très marginal ». Reprenant l’argument développé par tous les détracteurs des 35 heures, il affirme qu’à moyen terme, cette mesure a pesé sur la compétitivité des entreprises françaises. Et c’est très logiquement qu’il en conclut que faire évoluer les règles relatives au temps de travail – sa durée légale et/ou la majoration des heures supplémentaires – constituerait « un levier important de renforcement de la compétitivité des entreprises » et du « potentiel de croissance » du pays.

Pour cela, quatre scenarii sont envisagés, le premier autour de l’augmentation de la durée du temps de travail sans compensation salariale, les trois autres autour de la diminution voire de la suppression de la majoration des heures supplémentaires :

  • Une augmentation de 2 heures par semaine de la durée légale du travail, qui passerait alors à 37 heures, sans compensation salariale, engendrerait « une baisse du coût du travail de 3 %, en tenant compte des montants « économisés » sur les heures supplémentaires, soit environ 1,6 milliards d’euros » et permettrait « la création de 40 000 à 400 000 emplois ». C’est la solution préconisée par le rapport ;
  • Avec la suppression de la majoration des heures supplémentaires, « le coût du travail serait globalement minoré de 0,4 % » ;
  • Un report du seuil de déclenchement des heures supplémentaires de 35 à 36 heures occasionnerait « une baisse du coût du travail de 0,2 %» ;
  • Quant à la diminution de la majoration des heures supplémentaires, elle engendrerait une « baisse du coût du travail de 0,02 % » par point de majoration enlevé.

Prenant fait et cause pour la solution d’augmentation de la durée légale du travail, le rapport déplore l’« effet marginal » résultant d’une diminution de la majoration des heures supplémentaires, regrettant qu’elle soit, pour l’instant, la principale mesure envisagée.

A quelques semaines de la présentation en Conseil des Ministres du projet de loi sur le réaménagement des règles relatives au temps de travail, voilà un coup de pression supplémentaire mis sur le gouvernement .

En opposant entrepreneurs et salariés, Emmanuel Macron déclenche la polémique

La vie d’un entrepreneur, elle est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier.

emmanuel macron

Certes, la phrase, volontiers provocatrice, prononcée par le Ministre de l’Economie Emmanuel Macron au micro de BFMTV-RMC portait surtout sur les risques inhérents au lancement d’une entreprise (« (L’entrepreneur) peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties »). Mais elle n’a pas manqué d’enflammer la presse et les réseaux sociaux, pour abonder dans le sens du ministre ou au contraire fustiger sa sortie. Le Monde est allé plus loin avec un article sont annalysées, statistiques de l’INSEE à l’appui, les situations des deux catégories à travers différents critères.

Mais peut-on vraiment trancher sur cette question, tant les différences sont nombreuses et criantes, non seulement entre entrepreneurs et salariés, mais aussi à l’intérieur de ces catégories. Un monde sépare en effet l’auto-entrepreneur et le dirigeant de SARL d’une part, le cadre et l’ouvrier d’autre part… Au-delà de ces considérations, il paraît, quoi qu’il en soit, assez peu sain d’opposer deux catégories de travailleurs partageant une même préoccupation d’exercer leur activité dans des conditions décentes et, si possible, épanouissantes.

Travail et numérique : aux Etats-Unis, on laisse l’innovation se développer avant de légiférer

Vendredi dernier s’est tenue à Paris, au siège de l’OCDE, une rencontre des ministres du Travail des pays membres. Chercheurs, syndicalistes et politiques ont esquissé leur vision de l’avenir du travail à l’heure de la mondialisation et de la numérisation.

thomas perez

A cette occasion, le Secrétaire d’état au Travail des Etats-Unis, Thomas Perez a accepté de répondre aux questions de L’Usine Digitale, explicitant notamment l’attitude libérale adoptée Outre-Atlantique face à la transformation du travail sous l’effet du numérique. Selon lui, l’important est de laisser l’innovation technologique se développer et de « s’en emparer à bras le corps », avant de légiférer sur la protection des travailleurs pour rendre l’innovation « inclusive ».

Top chrono pour une interview à l’américaine, en dix minutes et entre deux portes

Amnesty International interpelle l’industrie électronique à propos du travail des enfants

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Apple, Samsung ou encore Sony n’effectuent pas « les contrôles élémentaires afin de vérifier que la fabrication de leurs produits n’intègrent pas de cobalt extrait dans les mines par des enfants », en particulier en République démocratique du Congo, alerte Amnesty International dans un rapport publié hier. Rappelons que le cobalt peut devenir très nocif lors d’une exposition chronique, et provoquer notamment des maladies respiratoires.

L’ONG appelle « les sociétés multinationales qui utilisent des batteries lithium-ion dans leurs produits à procéder à des contrôles en matière de Droits de l’Homme ».

Source : Travail des enfants : de grandes marques électroniques ferment les yeux (Amnesty) – France Info

Patrick Thiébart, JeantetAssociés – Le salariat face à l’économie numérique et au travail collaboratif – Cap décideurs – xerfi-business-tv.com

Source : Patrick Thiébart, JeantetAssociés – Le salariat face à l’économie numérique et au travail collaboratif – Cap décideurs – xerfi-business-tv.com

Une interview intéressante qui remet un peu les pendules à l’heure… Croire, pour les entreprises, qu’elles ont tout à gagner en déportant le risque sur les travailleurs en « uberisant » leur activité au maximum est, comme trop souvent de nos jours, une vision court-termiste qui peut se retourner contre les entreprises elles-mêmes.

Espérons donc que la justice française sera aussi sage que l’américaine en la matière : cela invitera certainement les entrepreneurs à remettre plus rapidement les pieds sur terre, et assainira la réflexion sur l’uberisation.

Rappelons aussi que la construction d’une relation de travail productive de valeur, et donc rentable sur le moyen-long terme (ce qui devrait être l’objectif d’un entrepreneur digne de ce nom, par opposition à un simple « faiseur de coups ») repose sur un engagement réciproque entre patrons et travailleurs, qui permet d’établir la confiance, l’engagement et la construction d’une culture d’entreprise. Toutes choses nécessaires pour délivrer des produits et services de qualité, qui pourront, dans la durée, faire la différence sur le marché, au bénéfice de toutes les parties prenantes : clients, salariés, entrepreneurs et investisseurs.

Tiens, au fait, Uber est-il rentable ? Si on en croit le blog de Jérôme Marin, ce n’est pas encore gagné…
A lire sur Silicon 2.0 : Les pertes d’Uber se creusent: un milliard de dollars en six mois