La fin d’un certain monde ultralibéral

Dans une interview à La Tribune, le philosophe André Comte-Sponville s’exprime sur les leçons de la crise.  Citation :

D’abord l’amoralité du capitalisme. Certains se sont enrichis scandaleusement, y compris en laissant leur entreprise au bord de la faillite, quand d’autres, qui ont fait leur travail correctement, se retrouve au chômage ou dans la misère. Vous trouvez ça moral ? La crise confirme aussi que le capitalisme est incapable de se réguler lui-même d’une façon socialement et moralement acceptable. Il y a certes une autorégulation du marché (c’est le cas, notamment, de cette crise), mais qui produit des effets moralement choquants et socialement destructeurs. Bref, les ultralibéraux avaient tort. Le marché ne suffit pas à tout.Troisième confirmation: cette crise nous montre une nouvelle fois que la morale est incapable de réguler l’économie. Ce n’est pas nouveau. Si on avait compté sur la conscience morale des chefs d’entreprise pour améliorer le sort de la classe ouvrière, nous serions toujours au XIXe siècle ou chez Zola. Mais la crise l’illustre une nouvelle fois. Si on avait compté sur la conscience morale des banquiers pour éviter les crises financières, nous serions… dans la crise que nous connaissons ! D’où une quatrième et dernière confirmation. Si le marché est incapable de se réguler suffisamment lui-même, et si la morale est tout aussi incapable de réguler l’économie, que reste-t-il? Il ne reste que le droit et la politique! C’est ce qu’on appelle aujourd’hui « le retour des États », et c’est une bonne nouvelle. Il s’agit de fixer des limites non marchandes au marché. Ce n’est pas la fin du libéralisme, bien au contraire, mais la fin, au moins provisoire, d’un certain nombre d’illusions ultralibérales.

Le titre de l’article n’est pas sans évoquer le thème de l’Université d’été de la CFE-CGC/Unsa: « La fin d’un certain capitalisme », qui s’est tenue les 6 et 7 juillet derniers, et dont nous vous reparlerons très bientôt.

Fibre: et pourquoi pas un service universel?

Dans une Tribune libre publiée sur itexpresso le 6 juillet dernier, Sébastien Crozier propose la mise en place d’un service universel de la fibre optique. Extrait :

Plutôt que de s’enfermer dans un système qui montre clairement ses limites (le secteur des télécoms pourtant déréglementé en Europe depuis les années 90 est le marché le plus régulé), ne serait-il pas plus raisonnable de mettre fin à l’hypocrisie de la concurrence, mère de toutes les vertus ?

Sortons des positions doctrinales ! Envisageons le réseau de fibre comme un service universel ! L’État en définirait le cahier des charges, et le confierait à l’opérateur candidat le moins disant tout en offrant les garanties de qualité nécessaires.

Cet opérateur aurait ensuite pour mission d’effectuer le raccordement de tous les foyers, où qu’ils se trouvent, dans des conditions économiques équitables pour tous les citoyens, et d’effectuer immédiatement le dégroupage de la fibre installée si le client demande que son abonnement soit pris en charge par un autre opérateur.

On pourrait ainsi simultanément optimiser l’investissement (une seule fibre par foyer), garantir la transparence du marché (le client pourra choisir son opérateur commercial), gérer la péréquation tarifaire (un tarif unique de raccordement en tout point du territoire), et même associer un co-financement de l’État ou des collectivités locales pour accélérer la couverture des zones géographiques où la rentabilité est plus délicate ou de plus long terme.

Sur le même sujet :

Le secteur des télécommunications a détruit 28 300 emplois en 10 ans

L’Arcep a récemment publié son étude annuelle, « Le marché des services de communications électroniques en France en 2008 ». L’étude des données depuis la création de cet observatoire, au moment de l’application de la nouvelle réglementation qui ouvre l’ensemble du secteur à la concurrence, montre que les télécommunications ont perdu plus de 28 000 emplois en 10 ans.

Evolution de l'emploi dans le secteur des télécoms - Source : Arcep
Evolution de l'emploi dans le secteur des télécoms - Source : Arcep

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France Télécom s’implante enfin au Maghreb… mais à quel prix!

Le 29 juin dernier, la presse annonçait que le consortium Orange / Divona Télécom remportait la 3ème licence de téléphonie fixe et mobile 2G/3G en Tunisie.

C’est plutôt une bonne nouvelle pour France Télécom, qui avait échoué en 2006 à entrer au capital de l’opérateur historique Tunisie Télécom, et qui n’avait jusqu’ici aucune implantation au Maghreb. La présence d’une importante diaspora tunisienne en France constitue en effet un atout supplémentaire pour l’opérateur, déjà fortement présent par ailleurs en Afrique, et pourrait même lui permettre de développer des offres innovantes en France pour mieux relier les deux pays.

Land for Sale. It's in Gabes, Tunisia, and the numbers is not the price but the phone number to call...
Land for Sale. It's in Gabes, Tunisia, and the numbers is not the price but the phone number to call...

Image DeCyner (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

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L’INA ouvre une chaîne « spécial pub ». C’est cruel…

L’INA permet désormais de revoir les publicités télévisées des quatre dernières décennies sur une chaîne dédiée de son nouveau site. Lorsqu’on tape « France Télécom » dans le moteur de recherche, voici la première publicité qui s’affiche.

Pas sûr qu’elle fasse rire les actionnaires de l’opérateur…

(Si le lecteur vidéo ne s’affiche pas dans votre navigateur IE connecté depuis l’intranet de votre entreprise, c’est peut-être que les contenus vidéo sont filtrés. Dans ce cas, essayer avec un autre navigateur – Firefox par exemple, ou consulter ce billet depuis un ordinateur connecté directement à Internet)

Bernard Stiegler : “Il y a beaucoup d’inventions qui ne produisent aucune innovation”

« Constatant l’échec du consumérisme, le philosophe Bernard Stiegler soutient que seule l’intelligence collective permettra une économie innovante. »
C’est ainsi que Télérama introduit un passionnant entretien, qui resitue l’innovation dans une perspective historique, en relation avec les théories économiques dominantes des différentes époques industrielles.

Évoquant l’innovation dans les télécommunications, Bernard Stiegler dit notamment :

Le Cnet (Centre national d’études des télécommunications), ancêtre d’Orange Labs, était un des meilleurs laboratoires de recherche au monde. Mais en France, où il y a d’excellents chercheurs, le management ne sait pas valoriser la recherche – le nez collé sur le court terme, il accuse d’autant plus les chercheurs de conservatisme qu’il manque de vision de l’avenir et refuse de prendre des risques.

Quel avenir pour le libéralisme ?

Les Echos nous proposent un dialogue entre Guy Sorman, économiste, et Michel Guénaire, juriste, sur un thème tout à fait actuel.

Les mêmes économistes et les mêmes dogmes sont toujours appelés au secours de l’analyse… et peu de pistes satisfaisantes émergent finalement de ce débat, qui reste toutefois intéressant à lire pour identifier comment on manipule les opinions.

La vie privée, un problème de vieux cons ?

Le Monde publie une intéressante réflexion menée par les équipes d’InternetActu sur la manière dont les internautes abordent la question des risques d’Internet pour la vie privée.
Tandis que les plus âgés identifient un vrai risque, les plus jeunes y voient une opportunité de liberté pour façonner leur identité sur Internet.