Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : actualisation avec les données 2013

Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.

Vous pouvez également retrouver nos analyses des données 2008, 2010, 2011 et 2012.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par Orange dans son document de référence 2013.

Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.

Les revenus des opérateurs atteignent leur plus bas niveau depuis 10 ans

… tandis que le nombre d’utilisateurs et le trafic ne cessent d’augmenter. Ce sont les services mobiles, engagés dans une spirale « low-cost » depuis l’arrivée de Free Mobile, qui tirent le marché vers le bas (-14% en 2013 vs. -7% pour l’ensemble du marché). Pour la première fois depuis 2005, les revenus du fixe dépassent même ceux du mobile, dont les clients choisissent logiquement les offres toujours moins onéreuses (27% de baisse moyenne des prix en 2013) qui leur sont proposées.

2013_revenusPour pouvoir supporter cette baisse de revenus, les opérateurs poursuivent leur politique de rationalisation des coûts à outrance. Et comme ils doivent continuer à assurer la qualité du service et à développer leurs réseaux, ce sont les salaires et les emplois qui pâtissent de cette stratégie.

Orange entre dans une nouvelle phase de réduction d’effectifs, entraînant vers le bas les statistiques d’emploi du secteur

2013_emploisDe façon logique, la courbe globale d’évolution des emplois suit de près les fluctuations de celle d’Orange, qui représente encore 82% des effectifs du secteur. Les accords d’embauche, négociés en 2009 par les organisations syndicales auprès de la direction de l’opérateur historique dans le cadre du « nouveau contrat social », ont pris fin en 2012. Aussi, et comme nous l’avions prévu, les suppressions d’emplois ont repris en 2013 (-2,8%), entraînant l’ensemble du marché (-3,1%), également impacté par les plans sociaux de SFR et Bouygues Télécom. Cette tendance à la baisse devrait malheureusement se confirmer sur les années à venir.

2013_emplois OrangeEn effet, la Direction d’Orange table sur la suppression de 7 000 emplois entre 2013 et 2015. Les 4 000 embauches annoncées sur la période (1 250 en 2013) ne compenseront pas les 11 000 départs (dont 9 000 retraites, un tiers ayant eu lieu en 2013). Considérée pendant de nombreuses années comme un handicap, la pyramide des âges de l’entreprise s’avère désormais un outil précieux permettant de faire baisser les effectifs sans plan social. Le mouvement devrait s’amplifier dans des proportions encore jamais connues dans l’entreprise : Orange anticipe 30 000 départs en retraite d’ici à 2020, dont une grande partie ne sera pas remplacée.

Alors que les conditions de travail ne se trouvent évidemment pas améliorées par ces réductions d’effectifs, les salaires n’évoluent que très peu. Alors que leur augmentation s’était limitée à 2,5% en 2012, elle a été encore moindre en 2013, avec seulement 2,1% de croissance (voir la présentation des résultats 2013, page 24). D’ailleurs, pour la première fois dans l’histoire de l’entreprise, la masse salariale est en baisse.

Ainsi, mis sous pression par ses concurrents, l’opérateur historique fait porter à ses salariés une bonne partie de son effort de rationalisation des coûts, contribuant à une baisse de pouvoir d’achat en pleine période de crise économique.

2013_emplois alternatifsLa situation n’est pas meilleure, loin s’en faut, du côté des opérateurs alternatifs, responsables de la destruction de plus de 1000 emplois en 2013. SFR et Bouygues Télécom, qui ont mis en place des plans sociaux, ont ainsi supprimé plus de 550 emplois chacun.

Les investissements hors achats de licences se maintiennent

2013_investissementsEn 2012, le montant des investissements des opérateurs avait atteint un niveau record, dopé par les achats de licences 4G, qui représentaient le quart des plus de 10 milliards d’euros investis. En 2013, les opérateurs n’ont réalisé quasiment aucune dépense d’achat de licence et leurs investissements, limités aux infrastructures, sont revenus à un niveau plus « normal » de 7,25 milliards d’euros.

La déconnexion des élites

La déconnexion des élites from Xerfi Canal TV on Vimeo.

Outre l’intéressant constat fait par Laure Belot dans son ouvrage, elle présente aussi dans cette vidéo une segmentation de l’utilisation de la masse, nouvelle et conséquente, des données sur les utilisateurs des technologies de l’information.
L’utilisation de ces « big data » est l’un des sujets qui sera abordé lors de la prochaine université d’été de la CFE-CGC Orange, les 22 et 23 juin prochains.

Marché du travail : la grande fracture

Analysant la polarisation induite par le progrès technologique entre les métiers très qualifiés, d’une part, et les emplois de service, plus précaires et moins bien rémunérés, d’autre part, cette étude interroge les conditions de la création d’emplois dans une économie post-industrielle.

Étude téléchargeable sur le site de l’Institut Montaigne

NDLR : A lire avec précaution : après les sottises édictées par Thesmar & Landier sur la création d’emplois générés par l’arrivée de Free Mobile (ce qui s’est produit est exactement le contraire), je reste circonspecte sur les capacités d’analyse de ces auteurs.
Cependant, la question des inégalités face au marché du travail est une préoccupation réelle, dont il faut se soucier.

Comment Internet aide les Français à supporter la crise

Une réflexion intéressante… qui n’apporte pas de réponse chiffrée (de temps en temps, ça fait du bien), mais qui pose une bonne question :

 

Le spectre de la déflation hante la planète. Prix à la consommation en hausse d’à peine 0,3% en un an dans la zone euro, taux d’intérêt à moins de 1% en France ou en Allemagne, prix du pétrole au plus bas depuis cinq ans, pic des recherches du mot « déflation » sur Google…

[…]

Cette déflation-là est bien visible. Et elle est bien nuisible. Elle incite les acheteurs à dépenser plus tard en espérant payer moins cher. Elle accroît le fardeau de la dette pour les particuliers, les entreprises et les Etats qui se sont endettés. Mais il y a aussi sans doute une autre déflation à l’œuvre dans l’économie mondiale. Une déflation invisible mais précieuse, car elle donne de l’air à ceux dont les revenus baissent.
Cette déflation-là vient surtout des technologies de l’information – mais pas seulement. Elle se résume ainsi : on achète à la fois mieux et moins cher.

Un édito de JM. Vittori à lire dans Les Echos (si vous arrivez à passer entre les pubs, de + en + intrusives….)

Le modèle social à l’épreuve de la crise : baromètre de la cohésion sociale 2014

Le CREDOC vient de publier son baromètre de la cohésion sociale pour 2014.

Les conclusions sont inquiétantes :

Stressés par la crise, n’ayant plus confiance dans les institutions et leur capacité d’infléchir le réel, inquiets des risques de déresponsabilisation du modèle social, et valorisant la liberté et l’autonomie individuelle, les Français tendent, en ce début 2014, à s’affranchir du collectif pour ne compter que sur eux-mêmes. Les doutes par rapport à l’efficacité du système de protection sociale se font davantage entendre. Les  inquiétudes par rapport aux « profiteurs » du système surpassent la perception du non-recours aux aides et droits, qui touche pourtant un Français sur cinq. Dans le même temps, la population semble appeler de ses vœux une forme d’extension du principe de laïcité à la française, censé limiter les tensions entre groupes religieux, qui inquiètent une part importante de nos concitoyens.

 

Texte intégral de l’étude en pdf à télécharger gratuitement sur le site du CREDOC

Droit de savoir contre droit à l’oubli

Une fois de plus, les principes du droit anglo-saxon s’opposent à la vision partagée par les autres pays d’Europe, qu’on pourrait définir comme inspirés du droit romain.

Il s’agit en l’occurrence de la mise en œuvre du droit à l’oubli, actuellement défendu par une directive européenne de 1995 sur les données personnelles, récemment explicitée par une décision de la Cour de justice de l’Union européenne à l’encontre de Google, « estimant qu’un moteur de recherche sur Internet est responsable du traitement des données personnelles contenues dans les pages indexées et donc les résultats de recherche fournis aux internautes.« , qui conduit aujourd’hui le moteur de recherche à supprimer des liens vers des pages de Wikipedia, qui crie à la censure.

Qu’a-t-on le droit de savoir sur qui ?

En gros, l’Union européenne défend le droit à l’oubli, les anglo-saxons défendent le droit de savoir. Une vraie question, à la fois

  • juridique : qui a le droit d’exposer ou de demander la suppression de quelle information concernant des personnes ?
  • technique : est-il possible de supprimer toute trace d’une information publiée sur Internet, sachant notamment que n’importe qui peut l’avoir captée à un instant T, pour la republier plus tard sur le net, au même endroit ou ailleurs ? Une pratique courante sur certaines pages Wikipedia régulièrement remaniées pour faire apparaître ou disparaître des informations jugées « sensibles » ou simplement inadéquates par les personnes concernées.
  • et enfin morale : pour combien de temps doit on être considéré comme responsable et comptable d’actes qu’on a renié depuis, voire légalement expiés ? l’être humain a-t-il droit à l’erreur ?  est-ce que cela varie en fonction du caractère plus ou moins public de la personne concernée ? qu’a-t-on le droit de savoir sur autrui ? qui peut juger de l’adéquation des informations délivrées sur une personne, la personne concernée ou des tiers ? et selon quels critères ?

C’est aujourd’hui un vrai sujet de société, qui mérite qu’on prenne le temps du recul pour analyser les arguments de chacun, qui, pris isolément, apparaissent tous défendables : on lira avec profit les articles du Monde cités en lien et leurs références, et toute la polémique autour de Google et des données personnelles (Google a notamment publié le 31 juillet une lettre ouverte aux CNILS européennes pour expliquer qu’il ne sait plus trancher ce qu’il doit ou non supprimer de ses résultats de recherche).

Censure ou… auto-censure ?

Si on y regarde d’un peu près, on s’aperçoit que les défenseurs du droit de savoir, de la transparence, crient à la censure chaque fois qu’on leur demande d’effacer un lien ou une information au nom du respect des données personnelles, de la vie privée ou du droit à l’oubli.

On se souvient de la fracassante déclaration d’Eric Schmidt, PDG de Google : « Si vous faites quelque chose que vous souhaitez que personne ne sache, peut-être devriez vous commencer par ne pas le faire. » Autrement dit,  » pratiquez l’auto-censure pour vous conformer à la morale dominante, et vous n’aurez rien à cacher, donc rien à craindre… notamment de nos merveilleux outils d’investigation, dont la puissance dépasse ce que vous pouvez imaginer « .

Rien d’étonnant sans doute de la part d’États-uniens qui se posent en défenseurs de la démocratie et de la liberté d’expression. Mais l’histoire montre que même la puissance impérialiste des États-Unis est incapable de protéger les citoyens du monde contre toute dictature… et en cas de dictature, la transparence peut-être fatale, même pour ceux qui n’ont transgressé aucune loi.

Et les faits concrets démontrent qu’en parallèle, la vision libérale, voire ultra-libérale, défendue par les mêmes, conduit à un véritable « pilotage » des individus par les intérêts commerciaux, clairement lisible dans les propos des dirigeants de Google tels que rapportés dans l’article de Rue89, et que chaque internaute peut régulièrement expérimenter s’il est un peu vigilant. Est-ce encore vraiment de la démocratie ?

Je n’aurai pas l’audace de prétendre trancher cette question, qui mérite assurément un débat plus nourri, mais simplement d’y apporter mon grain de sable… pour vous donner à réfléchir sur la plage.

 

La vie numérique en 2025 et les menaces sur Internet, selon Pew Research Center

Pour les anglophones, un rapport du centre de recherche américain Pew Research Center sur le futur d’Internet… qu’il convient d’analyser en prenant le recul nécessaire sur ce que les Etats-Uniens considèrent comme positif ou pas en la matière : il faut par exemple garder en mémoire que les acteurs sans réseau (dit « OTT », tels Google, Apple, Amazon) s’appuient sur la neutralité du net pour capter à leur seul avantage le bénéfice des investissements réalisés par d’autres dans les réseaux de télécommunications.

 

3G-4G : l’Arcep salue la qualité de service d’Orange et épingle Free Mobile

De temps en temps, il est bon que des mesures concrètes rappellent le bon sens : tout a un prix, et on ne peut laisser croire qu’on peut obtenir une Ferrari pour le prix d’une 2CV.

L’enquête annuelle de l’Arcep sur la qualité des services mobiles rappelle à point nommé cette évidence.

D’après ZDNet, les résultats concordent avec les mesures qu’ils publient avec leur partenaire 4GMark :

Le régulateur a réalisé au 1er trimestre 90.000 mesures dans 900 communes et agglomérations, dans des conditions d’usages diverses et variées : dans les immeubles, au rez-de-chaussée, en mouvement, dans la rue, dans les trains…, avec comme ligne directrice une série de 258 critères de qualité.

En 3G, les conclusions publiées rejoignent celles établies régulièrement par 4Gmark pour notre service 4GMonitor : Orange se place en tête en débits médians descendants (9,3 Mb/s), devant un Bouygues Telecom en progression (5,7 Mb/s), un SFR en recul (4,2 Mb/s) et un Free en queue de peloton (4 Mb/s).

En prenant en compte les critères de qualité établis par l’Arcep, l’opérateur historique atteint 213 indicateurs au-dessus de la moyenne contre 75 pour Bouygues Telecom, 38 pour SFR et seulement 2 pour Free Mobile.

Orange est 1er ou 1er ex-aequo sur 15 des 18 critères mesurant de la navigation sur le web, et atteint 27 critères sur 27 pour consulter des vidéos en streaming. L’opérateur obtient par ailleurs 54 des 54 critères mesurant la vitesse des échanges de données. »

L’article du Monde relève les mêmes constats.

L’étude complète et sa synthèse sont disponibles sur le site de l’Arcep.

Le made in France fait vendre

La CFE-CGC Orange avait invité Emery Jacquillat à son université d’été, pour évoquer la question de la sous-traitance, et de son articulation avec les activités « cœur de métier » de l’entreprise.
Sur Xerfi Canal, il parle du « made in France », de son intérêt en termes de développement durable et d’une consommation « qui a du sens ». Un exposé tout à fait intéressant qui montre qu’on peut avoir une démarche marketing à la fois futée et engagée.

Stratégie et transition numérique

Emmanuel Durand, VP marketing de Warner Bros France, raconte son expérience, d’abord dans la musique puis dans l’audiovisuel, de la transition numérique, de ses effets et de la manière dont Warner Bros tente de s’en saisir. Une analyse intéressante, pertinente et modeste à la fois, qui met notamment en lumière une manière d’intégrer les réseaux sociaux dans la stratégie marketing d’une entreprise de création de contenus.

La souveraineté numérique, de Pierre Bellanger

Un livre de Pierre Bellanger, « la Souveraineté numérique », souligne la gravité des enjeux liés à la nouvelle économie, en termes de destruction d’emplois autant que d’indépendance nationale.

Il fait aussi couler pas mal d’encre dans la presse. Pour vous faire une idée avant (peut-être) de lire le texte intégral, voici quelques articles :


Quand Bellanger (Skyrock) évoque les menaces d… par Challenges

Comment notre ordinateur nous manipule

Tout a commencé avec une géniale invention, celle du cookie. Une simple ligne de code – par exemple MC1:UID = 6daa554691bd4 f9089dc9d92e5cdadf4 – déposée sur votre navigateur par les sites Web que vous visitez, et des publicités ciblées s’affichent sur votre écran.
Appelé ainsi en référence aux biscuits que les restaurants offrent au moment de l’addition, le cookie apparaît dès 1994, l’année où le Web s’ouvre au public. Vingt ans plus tard, il reste le socle de la publicité en ligne, une industrie qui a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires mondial de 102 milliards de dollars.

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Les cookies sont gérés par des sociétés spécialisées qui les déposent, les récoltent, les classent, les analysent, les agrègent et les revendent. Ils servent à vous identifier, à vous pister de site en site, à retenir vos mots de passe, à gérer vos paniers d’achat, à déterminer si votre navigation est lente ou rapide, hésitante ou déterminée, systématique ou superficielle…
L’objectif est de vous « profiler », c’est-à-dire de créer des fichiers personnalisés, stockés dans des bases de données. En d’autres termes, de mieux vous connaître afin de vous présenter le bon message publicitaire au bon moment et dans le bon format. […]

Un article très intéressant à lire en intégralité dans Le Monde du 14 avril 2014

A corréler avec l’étude TNS Sofres pour La Poste : Les internautes français et la confiance numérique

Enfin une chaire de sociologie du travail au Collège de France

Pierre-Michel Menger, sociologue, a récemment été élu au Collège de France, où il propose cette année un cours intitulé : « Le travail, sa valeur et son évaluation », que vous pouvez suivre en audio ou en vidéo sur le site web du Collège de France.

Il était également l’invité de « La marche de l’histoire » du 27 janvier, pour une émission sur le temps de travail / temps de loisirs :

L’impact des diasporas pour les opérateurs télécoms africains

Sébastien Crozier et 2 consultants de BearingPoint font le point sur l’importance des diasporas pour les opérateurs télécoms africains.

Au sommaire de l’article :

  • Etat des lieux des diasporas dans l’économie des pays africains
  • Les diasporas constituent une opportunité que les opérateurs télécoms doivent utiliser en proposant des services pertinents
  • Les diasporas rebattent également les cartes entre les acteurs

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