Big Data : quel impact sur le marketing et la relation client ?

Depuis des décennies, les marketeurs analysent les données clients à leur disposition, avec l’objectif de vendre plus et, éventuellement, mieux, c’est-à-dire pendant plus longtemps dans une logique de fidélisation. L’émergence récente du Big Data est venue décupler leur capacité d’analyse et, partant, leurs possibilités de réaction, voire d’anticipation des comportements de leurs clients. De fait, à l’instar de celle de Gartner, la plupart des études estiment qu’entre 50% et 60% des projets Big Data sont liés à l’expérience client au sens large.
Ainsi, en collectant des données lorsque ses clients sont exposés à ses campagnes de communication, achètent ses produits ou souscrivent à ses services, naviguent sur ses sites Web ou interagissent avec elle, une entreprise est à même de mieux les connaître. Elle peut ainsi adapter son offre, sa stratégie et ses outils de vente et de relation client, afin de faire vivre à ses clients une expérience en adéquation avec leurs attentes.
Une fois mise en place la fameuse vision à 360° de ses clients, l’entreprise est susceptible d’obtenir de « nombreux bénéfices marketing », « utiles pour les consommateurs » et « générant de la valeur », comme le montre l’infographie de l’agence Camp de Bases.

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Selon notre analyse, reposant sur une étude Markess, trois grands types d’objectifs président aux actions des directions marketing en matière de Big Data:

  • Vendre plus, notamment en ligne, en personnalisant le parcours digital des clients, de leur navigation sur les sites aux messages publicitaires qui leur sont présentés, pour leur proposer les offres les plus adaptées grâce à une segmentation et à un ciblage plus fins ;
  • Vendre mieux en simplifiant la relation client, grâce à une stratégie adaptée à chaque canal d’interaction (téléphone, e-mail, SMS, Web, réseaux sociaux) et à une optimisation des parcours inter canaux ;
  • Anticiper, en analysant tendances lourdes et signaux faibles pour se préparer aux évolutions comportementales des clients, de façon collective avec, par exemple, de nouveaux produits ou services, ou de façon individualisée, avec notamment la prévention des risques de rupture de la relation client.

A des degrés divers, la majeure partie des secteurs d’activités sont susceptibles de recourir au Big Data pour améliorer l’expérience de leurs clients, mais les plus avancés restent le e-commerce et la grande distribution, les opérateurs de services et le secteur financier.

Amazon, premier de la classe en Big Data

Les entreprises nord-américaines, et en particulier les pure players du Web, ont indéniablement une bonne longueur d’avance en matière d’exploitation commerciale du Big Data. Amazon s’est très tôt positionné en pionnier, avec son service de recommandations personnalisées, système de frappes chirurgicales qui vient se substituer avec succès au bazooka du couponing massif. Le géant du e-commerce peut s’appuyer sur une base de plus de 250 millions de clients, dont il cerne les goûts de plus en plus précisément en compilant des données structurées (déclaratif et navigation) et non structurées (contenus qu’ils stockent dans ses services de cloud). Amazon est ainsi capable de fournir à ses clients, en ligne ou via des campagnes d’e-mailing, des conseils personnalisés en temps réel susceptibles de se transformer en autant de commandes. La firme de Jeff Bezos a d’ailleurs une telle confiance dans la qualité de sa connaissance client qu’elle a déposé, début 2014, un brevet pour un nouveau système de livraison fondé sur l’anticipation des achats ! Ce dernier repose sur un algorithme, élaboré d’après les achats précédents du client, sa liste de souhaits, sa navigation sur le site et les produits qu’il a mis dans son panier sans les acheter.

Par ailleurs, non content de s’appuyer sur sa connaissance client pour accroître ses ventes, Amazon réfléchit désormais à la meilleure façon de monétiser de façon directe la mine d’or que représente ses données très qualifiées. Annoncé à l’été 2014, le service de publicité en ligne Amazon Sponsored Links n’a pas encore officiellement vu le jour, mais il ne devrait pas tarder à venir concurrencer Google Adsense.

En France, on a des idées… mais on peine encore à les concrétiser

Si 81% des dirigeants marketing interrogés dans le cadre de l’étude menée en France fin 2014 par Fullsix et Limelight sont « convaincus de la grande importance » du Big Data, seuls 18% ont déjà lancé des projets et 6% les ont vus aboutir…

Toutefois, si les entreprises françaises ne versent pas dans une stratégie tout-Big Data à la Amazon, elles ne négligent pas ses apports pour répondre à des problématiques plus ponctuelles.

La grande distribution s’affiche en pionnière, avec des enseignes qui cherchent à collecter autant d’informations que possible concernant leurs clients, en magasin avec la fameuse « digitalisation » du point de vente, mais aussi sur le Web et en mobilité. On retrouve l’idée du « vendre plus » dans la stratégie de la Fnac, qui optimise le ciblage de ses campagnes d’e-mailing en s’appuyant sur un modèle prédictif mettant à profit les informations recueillies concernant ses 20 millions de clients. Mais la dimension de l’anticipation est également au cœur de l’action des distributeurs, à l’image d’Auchan, qui s’est doté d’une solution d’analyse sémantique décortiquant en temps réel les verbatim clients déposés sur ses sites Web et ses comptes Facebook et Twitter. En traitant ce volume important de données non structurées, le distributeur extrait rapidement des informations stratégiques pour y répondre par des actions opérationnelles ciblées.

Voyages-SNCF mise sur le « vendre mieux », notamment avec des applications mobiles qui permettent de personnaliser l’expérience des usagers en facilitant leurs voyages. En fonction de leurs profils, ils se voient relayer en temps réel des informations importantes et proposer des services sur mesure.

Les opérateurs télécoms investissent tout particulièrement dans l’analyse prédictive des données, pour faire baisser leurs taux de churn. Ainsi, en surveillant la navigation des internautes sur ses sites Web, SFR réussirait, selon des chiffres récemment dévoilés, à repérer plus de 80% des candidats au départ, les contactant avant qu’ils aient pris leur décision… semble-t-il avec succès, puisque l’opérateur réussirait à en convaincre 3/4 de lui rester fidèle.

Enfin, le Big Data a également beaucoup à apporter aux entreprises du secteur financier. En permettant aux banques d’analyser en quelques minutes des masses de données qui nécessitaient auparavant plusieurs jours de décryptage, les technologies Big Data leur ouvrent la perspective d’une relation client plus immédiate et plus personnalisée. Le secteur de l’assurance peut s’appuyer sur les modèles prédictifs associés au Big Data, pour anticiper les risques (notamment liés au climat), ou encore développer de nouveaux business models, en matière d’assurance santé ou d’assurance automobile, à l’instar des offres « pay-as-you-drive » notamment mises en place par Direct Assurance.

Mais, les usages du Big Data ne sont pas tous liés au marketing et à la relation client… La suite au prochain numéro.

Des technologies de l’empathie… aux technologies de la manipulation

Bientôt, non seulement nos systèmes techniques seront dotés de personnalités, mais il sauront aussi prendre en compte la personnalité de ceux avec lesquels nous interagissons, rapporte Aviva Rutkin (blog, @realavivahr) pour le New Scientist. Par exemple, en nous aidant à être plus empathiques dans nos manières de communiquer…
Demain, le « correcteur comportemental »
C’est ce que propose dès à présent Crystal Knows qui présente son application comme « la meilleure amélioration apportée à l’e-mail depuis le correcteur orthographique » et qu’on pourrait qualifier de « correcteur comportemental ».

Lire la suite sur le blog d’InternetActu

Cet article illustre de manière très concrète un type d’utilisation qui peut être faite des données personnelles que nous éparpillons sur le net, consciemment ou non, et démontre l’exactitude des interrogations d’un philosophe comme Eric Sadin. La révolution du BigData est un bouleversement plus fondamental de nos sociétés que la révolution  industrielle, car elle a une influence puissante sur nos comportements et notre manière de penser.

Saurons-nous encore penser par nous même lorsque tous les éléments de nos vies seront numérisés ? Serons-nous encore des humains… ou des marionnettes manipulées par des algorithmes ?

Une des questions que nous nous poserons lors de l’Université d’été de la CFE-CGC Orange, les 22 & 23 juin prochains.

Le gouvernement recule sur le contrôle des données personnelles des chômeurs

Le gouvernement a annoncé ce mardi avoir retiré un amendement au projet de loi sur le dialogue social visant à permettre à certains agents de Pôle emploi d’accéder aux données personnelles (comptes bancaires, factures de téléphone…) des chômeurs suspectés de fraudes. Déposé vendredi par le gouvernement, l’amendement «va être retiré», car «le ministre s’est rendu compte que ça n’avait pas été suffisamment concerté», a indiqué l’entourage du ministre du Travail, François Rebsamen. «Il s’agissait de donner à Pôle emploi les mêmes moyens de contrôle que les Urssaf», a expliqué cette source, précisant que le ministre ne souhaitait pas que cet amendement soit «interprété comme une volonté de stigmatiser les chômeurs».

L’article complet dans Libération – 26 mai 2015

La conclusion de l’article est particulièrement intéressante :

Pôle emploi a détecté 89 millions d’euros de fraude sur les neuf premiers mois de 2014, selon le dernier bilan disponible. En 2013, 100 millions d’euros de fraude avaient été détectés, un montant qui reste faible par rapport aux 30 milliards d’euros d’allocations chômage versés cette année là. Et par rapport, plus encore, à la fraude fiscale, estimée à 60 milliards d’euros au minimum.

Le fait que le Ministère ait souhaité mettre en œuvre une telle mesure reste particulièrement inquiétant, non seulement en termes de stigmatisation des demandeurs d’emplois, ce qui est vraiment un comble compte tenu du contexte actuel, mais aussi par la volonté d’étendre toujours plus le contrôle de l’État sur les citoyens.

Là où il faut modérer le propos, c’est qu’au moins il est clairement annoncé… alors que les objets connectés, applications ou sites web qui traquent vos données le font rarement de manière explicite. Et ce qui ouvre une lueur d’espoir, c’est qu’on peut faire reculer le gouvernement sur de telles décisions. Il faut donc se mobiliser sur la préservation de nos données personnelles, de toute nature et qui que ce soit qui les collecte.

Notre Université d’été 2015 permettra de mieux comprendre ce qui est à l’œuvre. Vous pouvez aussi suivre la série commencée sur ce blog sur le « Big Data ».

Big Data : au commencement était la donnée

Et si on partait du point de départ ? Les données sont en effet ce qui donne un sens à la notion même de Big Data – ou mégadonnées, selon les recommandations linguistiques de la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France.

Selon la définition, faisant désormais autorité, énoncée par Gartner en 2012, les données du Big Data présentent trois caractéristiques majeures, que les nouvelles technologies de traitement de l’information permettent de prendre en compte : leur Volume, leur Variété et leur Vélocité. La littérature marketing y rajoute parfois 2 V complémentaires, la Véracité (la qualité et la fiabilité des données) et la Valeur (leur caractère monétisable).

De fait, depuis le début de l’ère numérique, le Volume de données existantes a connu une croissance exponentielle. Si cette notion peut être appréhendée plus aisément à travers des infographies comme celle de VoucherCloud, elle peut être résumée en quelques chiffres : il y a un peu plus de 10 ans, le trafic Internet était de l’ordre de 100Go de données échangées par seconde (soit autant qu’en un jour entier 10 ans auparavant). Aujourd’hui, nous avons dépassé les 30 000Go par seconde et nous devrions atteindre les 50 000Go d’ici à 2018. Conséquence de cette explosion des volumes, 90% des données aujourd’hui existantes datent de moins de 2 ans.

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Au-delà de l’augmentation du nombre d’utilisateurs de solutions IT et de la croissance des volumes opérationnels de données, c’est surtout la Variété de plus en plus grande des sources, liée à l’évolution des usages et des technologies de traitement de l’information, qui justifie cette croissance exponentielle. Hier, les données utilisables par les acteurs du monde socio-économique se limitaient à des informations hautement formatées. Aujourd’hui, le Big Data permet de traiter tout type de donnée, dans sa forme originelle, non structurée, multipliant ainsi les sources.
Les comportements en ligne – plus ou moins anonymes –, comme la navigation, la recherche et l’utilisation des outils de communication sont les premiers qui viennent à l’esprit. Les informations et comportements clairement identifiés sont eux aussi « trackés », à l’image de toutes les interactions en ligne avec les entreprises, telles que le remplissage de formulaires, les réactions à l’e-mailing, les objets et services achetés, les transactions financières, l’utilisation des coupons de fidélité, ou les échanges liés au SAV : tous les clients d’Amazon peuvent constater qu’aucun de leurs faits et gestes sur ses sites n’échappe au plus connu des e-commerçants. Ce qui change, c’est que toutes les entreprises s’y mettent, de façon parfois plus discrète mais pas moins intensive. N’oublions pas les réseaux sociaux, puisqu’il semblerait, selon une récente étude, que Facebook nous connaisse mieux que nos meilleurs amis. Les contenus, photos, vidéos, musique, articles de blogs, que nous créons, lisons, partageons et auxquels nous réagissons n’échappent pas non plus au Big Data. Et bien sûr, cela fonctionne aussi en mobilité, grâce à nos chers smartphones et autres tablettes, qui dévoilent par ailleurs des informations concernant notre usage des applications ainsi que nos données de géolocalisation.
C’était tout – et déjà beaucoup – jusqu’à l’émergence de l’Internet des Objets. Désormais, notre corps, « augmenté » par les « wearables » tels que les montres ou les bracelets connectés, peut révéler des informations concernant notre santé ou notre activité physique. De même, notre maison, équipée de solutions connectées relatives à la sécurité, à la gestion énergétique ou au simple confort peut en dire beaucoup sur nos habitudes, tout comme notre voiture, possiblement connectée elle aussi, au-delà du seul GPS. Nous voilà donc 100% connectés dans un environnement qui ne l’est pas moins et livre, en open data, ses propres informations, des statistiques démographiques et économiques aux données nécessaires au bon fonctionnement des services publics (transport, éducation, vie culturelle, etc.).

Big Data_données_image 2

Déjà évoquée dans ces colonnes, l’excellente web-série interactive Do Not Track fournit des illustrations assez édifiantes de la façon dont toutes nos données sont collectées.

Nombreuses et variées, ces données sont de plus en plus souvent exploitées en temps réel, justifiant le 3ème V, dédié à la Vélocité.

Il n’est pas étonnant que ces données en nombre infini, qui décrivent de plus en plus précisément nos comportements et leur évolution, soient désormais considérées comme le moteur principal de l’économie numérique. Le Web en témoigne d’ailleurs, filant généreusement les métaphores aurifère et pétrolifère. En offrant des opportunités d’analyse plus larges et plus fines, le Big Data ouvre de nouveaux horizons, non seulement au confort des utilisateurs, mais aussi à la prise de décision des entreprises et des organisations. Pour quels usages ? Avec quels intérêts et quels risques ? La suite au prochain numéro…

Comment ça, je suis surveillé ?

Pour vous préparer au débat sur les enjeux de la numérisation de nos vies en terme de respect de la vie privée, thème de notre Université d’été des 22 & 23 juin prochains, vous pouvez consulter l’excellente « web série » mise en place par Arte : Do not track

DoNotTrack

Entièrement interactive, elle vous permettra de comprendre par qui, pourquoi et comment vos usages des outils numériques sont collectés et utilisés.

Petit extrait de la présentation du projet :

Do Not Track explore les différentes manières dont le Web moderne enregistre et traque nos activités, nos publications et nos identités. Pour vous aider à comprendre comment vos informations sont utilisées et collectées… nous vous demandons de participer avec vos données. Oui, vos données. Ça peut sembler paradoxal, mais c’est en vous prêtant au jeu que vous pourrez comprendre l’implication du tracking – non seulement pour vous, mais pour vos amis ou votre famille. Quelle est la valeur cachée derrière chacun de vos clics ? Que se passe-t-il sans que vous vous en rendiez compte et sans votre consentement ? Soyez curieux et reprenez le contrôle.
Toutes les deux semaines, un épisode personnalisé abordera un sujet différent : de nos téléphones portables aux réseaux sociaux, de la publicité personnalisée au big data.
Leur point commun ? Utiliser les méthodes et outils des trackers pour vous traquer pendant que vous les regardez.
Nous voulons expérimenter le tracking pour ainsi mieux le comprendre. Nous vous demanderons de nous donner des informations personnelles sur vos goûts, vos avis, vos habitudes. Plus nous en saurons, plus vos épisodes seront personnalisés. Rien que pour vous.
Entre chaque épisode, lisez, écoutez et fouillez plus en profondeur les thématiques abordées, à travers du contenu supplémentaire. Commentez et échangez sur les sujets abordés. Pour rester informé et vivre l’expérience complète, laissez-nous votre mail !

Cyber-fatalisme coupable d’Orange sur les données personnelles

Le vol de données personnelles sur les réseaux numériques est un fléau du XXIe siècle. Personne, ni entreprise, ni association, ni administration, ni particulier n’est à l’abri de cette délinquance sans visage.

Ce n’est pas une raison pour subir le phénomène avec fatalisme. C’est pour cela que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a décidé de mettre Orange au pilori au moyen d’un « avertissement public ».

[…]

L’ex-France Télécom explique que « la faille de sécurité serait liée aux risques inhérents à une chaîne de sous-traitance », peut-on lire dans la délibération. C’est bien le problème !
Toutes les grandes entreprises recourent à des armadas de sous-traitants dans de multiples domaines. Mais dans le BTP, comme dans l’énergie ou les télécommunications, le risque est le même : celui d’une dilution de la responsabilité.

Lire l’article complet sur le blog « Pertes & Profits »

 

De notre point de vue, ces sous-traitances en cascade non seulement diluent la responsabilité, ce qui en l’occurrence a une incidence sur la sécurité des données de nos clients, mais elles conduisent également à la perte de compétences de l’entreprise sur ses activités, de plus en plus proches du cœur de métier.

Tout cela a évidemment des conséquences sur la sécurité, la qualité des produits, la différenciation des offres… , bref des éléments clefs sacrifiés au nom de la course aux coûts bas et à la flexibilité de l’emploi. Est-ce le monde dans lequel nous voulons vivre ?

Comment notre ordinateur nous manipule

Tout a commencé avec une géniale invention, celle du cookie. Une simple ligne de code – par exemple MC1:UID = 6daa554691bd4 f9089dc9d92e5cdadf4 – déposée sur votre navigateur par les sites Web que vous visitez, et des publicités ciblées s’affichent sur votre écran.
Appelé ainsi en référence aux biscuits que les restaurants offrent au moment de l’addition, le cookie apparaît dès 1994, l’année où le Web s’ouvre au public. Vingt ans plus tard, il reste le socle de la publicité en ligne, une industrie qui a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires mondial de 102 milliards de dollars.

Fiché 108 fois en 3 clics

Les cookies sont gérés par des sociétés spécialisées qui les déposent, les récoltent, les classent, les analysent, les agrègent et les revendent. Ils servent à vous identifier, à vous pister de site en site, à retenir vos mots de passe, à gérer vos paniers d’achat, à déterminer si votre navigation est lente ou rapide, hésitante ou déterminée, systématique ou superficielle…
L’objectif est de vous « profiler », c’est-à-dire de créer des fichiers personnalisés, stockés dans des bases de données. En d’autres termes, de mieux vous connaître afin de vous présenter le bon message publicitaire au bon moment et dans le bon format. […]

Un article très intéressant à lire en intégralité dans Le Monde du 14 avril 2014

A corréler avec l’étude TNS Sofres pour La Poste : Les internautes français et la confiance numérique

Internet : les Français inquiets du pillage de leurs données personnelles

Un sondage OpinionWay pour Le Figaro fait le point sur le degré de conscience et l’opinion des internautes français concernant l’usage de leurs données personnelles. On peut en retenir les points clefs suivants :

  • l’inquiétude sur la protection des données personnelles
  • le développement de la maturité des internautes, qui comprennent désormais que les services gratuits ont une contrepartie… sans forcément la relier à l’exploitation de leurs données personnelles
  • la demande de plus de transparence… et surtout de plus de réglementation en la matière.

Les résultats du sondage

L’article du Figaro

L’initiative de la CNIL pour faire de l’éducation au numérique une « grande cause nationale », en coopération avec 28 partenaires d’horizons variés, du monde de l’éducation aux organisations professionnelles du monde des TIC, en passant par des associations et des intervenants publics.

En complément, un article du Monde sur le même sujet « Sur le Web, le « paradoxe de la vie privée » »

 

 

Vie privée : des amendements de lobbyistes américains dans le projet de loi européen

Le vote de la future loi européenne sur la protection des données personnelles est au cœur de toutes les tensions. Depuis plusieurs semaines, les chargés de « relations institutionnelles » de grandes entreprises américaines d’Internet à Bruxelles font pression sur les parlementaires pour réduire la portée de la nouvelle législation, jugée trop restrictive. Cela, jusqu’à proposer des amendements repris mot pour mot par certains eurodéputés.

Le texte européen, qui ne sera sûrement pas appliqué avant 2016, vise à mieux contrôler la manipulation et la conservation des données par les entreprises, et à fournir plus de droits aux utilisateurs sur ces données personnelles. Les entreprises américaines, dont le « GAFA » (Google, Amazon, Facebook et Apple) sont les premières concernées, étant celles qui concentrent la majorité de ce « nouveau pétrole«  numérique.

La suite dans Le Monde

Vie privée : Les entreprises US gagnent en commission « consommateurs » au Parlement européen

La commission « consommateurs » (IMCO) du Parlement européen vient de voter pour assouplir la protection de la vie privée des citoyens, se pliant au lobbying d’entreprises principalement américaines1. Ce vote est le premier d’une longue série et est riche d’enseignements sur le rapport de force au Parlement. Il doit sonner comme un appel à l’action pour les citoyens, qui doivent défendre leur droit à la vie privée contre la collecte, le traitement et le commerce illégitimes de leurs données personnelles.

La commission « consommateurs » (IMCO) du Parlement européen a voté ce matin sur son avis concernant le règlement de « protection des données », concernant la vie privée.

Par des votes serrés, les membres de la commission IMCO ont choisi de diluer la protection de la vie privée des citoyens en facilitant, entre autres, un profilage des utilisateurs par les entreprises2 ou en allégeant les obligations de notification de fuites de données personnelles3. La plupart des tentatives pour imposer des garde-fous contre la collecte, le traitement, le stockage et la vente de nos données personnelles ont été rejetées.

Ce vote est le premier de cinq votes pour avis qui se tiendront en commissions parlementaires et d’un vote dans la commission principale (commission des Libertés publiques, LIBE), avant un vote en session plénière4. Il permet d’évaluer le rapport de force au Parlement…

La suite sur La quadrature du Net

Et pour savoir comment vous pouvez agir en tant que citoyen, RDV sur le forum de la même organisation.

Note de la rédactrice :

Il est tout de même étonnant de voir comment l’Europe interprète la notion de « consommateur » et comment elle le défend ! Au delà de l’idéologie du pouvoir d’achat au détriment de l’emploi (alors que sans emploi, pas de pouvoir d’achat, rappelons-le encore et encore, beaucoup l’oublient tous les matins), le consommateur n’est donc bon qu’à être livré en pâture aux entreprises commerciales exploitant leurs données personnelles.

La plupart de ces entreprises sont états-uniennes et se débrouillent par ailleurs pour échapper à la fois au financement des réseaux de télécommunications qui permettent leur activité, et à toute fiscalité en Europe via d’astucieux montages passant par des paradis fiscaux.

A quoi sert donc l’Europe, Commission et Parlement, si elle ne défend ni nos emplois, ni notre vie privée, ni les finances publiques de nos états ?

Les Cnil européennes se rebiffent contre Facebook et ses pratiques «inacceptables»

Les 27 autorités de protection des données privées ont écrit mercredi à 20 réseaux sociaux pour leur rappeler que le partage des informations personnelles par l’internaute doit faire l’objet d’un choix explicite et jamais d’un réglage par défaut. Et elles critiquent particulièrement les méthodes de Facebook.

Un mois et demi après avoir écrit ensemble au PDG de Google, Eric Schmidt, pour lui demander de respecter les lois (notamment à propos de son réseau social Buzz), la Cnil et ses 26 homologues européennes de la protection des données privées ont à nouveau écrit ensemble, pour faire la leçon à 20 réseaux sociaux.

Facebook - vos amis tous à nous appartiennentImage alexbfree (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

(clin d’oeil à une célèbre phrase de jeu vidéo)

Les 27 autorités ont cette fois haussé le ton, puisqu’en s’adressant spécifiquement à Facebook, elles ont stigmatisé ses pratiques «inacceptables», le changement des réglages par défaut au détriment de l’utilisateur (leur communiqué, PDF en anglais).

Le groupe de travail Article 29 sur la protection des données (c’est le nom officiel de cette coordination des 27 Cnil européennes) n’a de plus pas apprécié que Facebook ait procédé à son nouvel assouplissement de l’ouverture des  données de ses membres quelques jours seulement après avoir été entendu par le groupe de travail, en novembre 2009.

Aussi rappelle-t-il dans sa lettre que les utilisateurs doivent donner « librement et sans ambiguïté leur consentement » à la publication de leurs données personnelles. « Il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs. »

Une nomination aux Big Brother Awards

Avec ses 400 millions d’utilisateurs, le réseau social est particulièrement critiqué ces derniers temps pour son peu d’intérêt pour la protection de ses utilisateurs. Facebook a été nominé pour l’édition 2010 des Big Brother Awards (BBA), mention spéciale Internet. Avec dans les commentaires: «Au commencement, Facebook était un réseau social fermé. Mais plus ça va, plus Facebook modifie sa politique de protection de la vie privée pour partager à tout va les données qui y sont postées… avec la collaboration active de ses utilisateurs, principal carburant de Facebook.

Voici ce qu’en disent les internautes qui l’ont nominé : « Il sait tout, on ne sait ce qu’il fait de nos infos, les gens le savent mais ne font rien pour l’en empêcher, et ça va empirer » « Facebook est devenu une conciergerie mondiale, impossible de commenter une photo sans que tous « les amis » et souvent « amis des amis » en soient avisés » « 400 Millions de volontaires pour livrer leurs informations à une société dont le seul business modèle est de les vendre… »

En un mot comme en cent : Facebook est coupable, mais vous, utilisateurs naifs et inconséquents, l’êtes aussi», observent les BBA.

Des réglages d’une complication cauchemardesque

Voir encore ces infographies du New York Times sur la «privacy» dans Facebook: une vision cauchemardesque du réglage des paramètres (50 réglages avec plus de 170 options!), ainsi que l’allongement des textes expliquant à l’internaute ses droits (ou pas) en matière de vie privée: de 1.004 mots en 2005, la «privacy policy» de Facebook est passée maintenant à 5.830 mots – avec pour les plus aventureux une FAQ sur le sujet qui, elle, atteint 45.000 mots…

A lire aussi

Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux – 2 avril 2010

Trois plus d’internautes français sur les réseaux sociaux en 2009 – 10 mars 2010

Facebook modifie ses règles de confidentialité… et les photos du PDG deviennent publiques – 17 décembre 2009

Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux

Une proposition de loi « visant à mieux garantir le droit à la vie privée à l’heure du numérique» a été déposée par plusieurs sénateurs, et adoptée par la Chambre haute, en attendant de passer au filtre des députés – le gouvernement serait peu favorable à cette proposition.

Vie privée
Vie privée

Image de fredpallu (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Ce texte, s’il est adopté en l’état, imposera aux sites Internet un droit à l’oubli en les obligeant à effacer toutes les données personnelles d’un utilisateur, sur simple demande. Mais cette proposition de loi ne va pas très loin, face à l’ampleur du problème: quelle maîtrise avons-nous de nos données, de ce qui est fait de nous sur la bien-nommée Toile? Continue reading « Vie privée et identité numérique: une proposition de loi en attendant mieux »

Facebook modifie ses règles de confidentialité… et les photos du PDG deviennent publiques

Actu express: le réseau social Facebook a modifié la semaine dernière le paramétrage des données des utilisateurs. Par défaut, les photos, textes etc. sont partagés avec tous – moyennant accord de l’utilisateur, auquel plusieurs fenêtres de dialogue demandent de régler ses paramètres quand il se connecte pour la première fois depuis la modification interne.

Ironie de l’histoire, le propre PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est semble-t-il embrouillé dans ses réglages, et près de 300 de ses photos auparavant privées sont devenues publiques. Pas longtemps, puisque peu de temps après il a modifié leurs règles de confidentialité, en restreignant à nouveau l’accès.

Le chef des services secrets anglais piégé par Facebook
Le chef des services secrets anglais piégé par Facebook

Mais si même le fondateur du réseau aux 350 millions d’utilisateurs s’est laissé piéger par la complexité de la manœuvre, on n’ose imaginer les difficultés d’utilisateurs lambda…

Une expérience menée par l’éditeur Sophos a montré il y a quelques jours que les internautes communiquent très facilement leurs données personnelles sur Facebook, se fiant à l’apparence de profils amicaux.

Le chef de James Bond en maillot de bain sur la plage

En juillet dernier, le futur patron des services secrets anglais (le MI6), John Sawers, voit ses photos personnelles (famille, amis, photos de vacances à la plage…) dévoilées dans le journal Mail on Sunday: sa femme les avait publiées en mode « visible » sur Facebook. Elles ont été retirées immédiatement, mais l’image de secret du dirigeant des « vrais » James Bond n’en est pas sortie intacte.

En février, Facebook avait changé unilatéralement ses conditions d’utilisation, s’attribuant une licence perpétuelle sur les contenus postés dans le site par ses utilisateurs. La révolte de ces derniers avait obligé l’entreprise à faire très vite machine arrière.