Cinq chiffres chocs sur les inégalités extrêmes : à Davos, aidez-nous à redistribuer les cartes – Oxfam

A l’ouverture du forum de Davos, « savoureusement » illustré par Thibaut Soulcié pour Le Monde, les rappels de l’Oxfam ne sont pas inutiles :

Un fossé immense entre les plus riches et le reste de la population enferme des millions de personnes dans la pauvreté, fracture nos sociétés et affaiblit la démocratie. Découvrez, en quelques chiffres chocs, l’ampleur de ces inégalités et agissez avec nous maintenant.

Source : Cinq chiffres chocs sur les inégalités extrêmes : à Davos, aidez-nous à redistribuer les cartes | Oxfam International

Des approfondissements sont disponibles directement sur le site de l’Oxfam.

Pour les anglophones, on peut également lire :

  • The Inclusive Growth and Development Report 2017, publié par le World Economic Forum himself, qui montre notamment que le revenu annuel médian a reculé depuis cinq ans dans les pays avancés;
  • The 2017 Edelman Trust Barometer, une étude annuelle qui met en évidence le recul de la confiance des populations face à 4 institutions clefs : les entreprises, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, et les médias. Un phénomène nouveau depuis que l’étude existe (2012).

On peut s’interroger sur la volonté réelle des participants au Forum de Davos à réellement changer les choses : ils sont évidemment du côté du manche et non du côté de l’enclume. Cependant, ils commencent à s’inquiéter.

Prémisse du changement ? Ne rêvons pas trop : si les populations elles-mêmes ne prennent pas leur destin en main, en tant que citoyens comme en tant que travailleurs, il ne se passera évidemment pas grand chose.

Les plateformes collaboratives de travail, des gagne-pains provisoires, désormais en essoufflement

Le rapport du think tank de la holding financière américaine JPMorgan Chase portant sur l’économie collaborative est passé relativement inaperçu de ce côté de l’Atlantique. Les statistiques qu’il propose sont pourtant intéressantes, montrant notamment un ralentissement important de la croissance de cette économie depuis 2014. Distinguant les plateformes de vente/location de biens (type eBay ou Airbnb) des plateformes de travail (type Uber ou TaskRabbit), le rapport montre comment ces dernières voient désormais la croissance de leurs effectifs s’essouffler, sous l’effet d’une reprise économique qui incite leurs travailleurs à retourner occuper des emplois dans l’économie traditionnelle. De fait, l’étude montre bien le caractère provisoire de ces activités attirant les populations les plus vulnérables, qui ne sont pas désireuses d’y « faire carrière » (d’autant plus que leurs revenus mensuels sont désormais en baisse), mais plutôt de retrouver un emploi stable dès que possible.

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Source : Is Growth in the Gig Economy Stalling Out?

Vous pouvez retrouver une analyse de ce rapport, et d’autres qui vont dans le même sens, sur le blog de Christophe Benavent : #Gigeconomy : l’économie des compléments de revenus.

Contrat de travail unique : les Français partagés

Serpent de mer libéral remontant régulièrement à la surface, l’idée d’un contrat de travail unique, alternative « plus flexible » aux actuels CDI et CDD, est considérée comme susceptible d’inciter les employeurs à embaucher par un certain nombre d’économistes et d’hommes politiques, dont le candidat Fillon, dans le cadre du grand nettoyage de printemps prévu dans le droit du travail.

En fin de semaine dernière, c’est la fédération des entreprises de travail temporaire Prism’emploi qui appelait de ses vœux la mise en place d’un « contrat à droits progressifs ». Fusionnant CDI et CDD, il verrait le salarié accumuler progressivement des droits (conditions de rupture du contrat, accès à la formation, avantages sociaux) en fonction de son ancienneté, tandis que les entreprises bénéficieraient parallèlement d’un assouplissement des exigences juridiques en cas de rupture du contrat à leur initiative.

En faisant supporter tous les risques aux salariés, on inciterait les employeurs à embaucher ? Voire. Pourtant, selon la récente étude de BVA, ce sont tout de même 47% des salariés qui estiment qu’« un contrat de travail unique à durée indéterminée mais plus souple tant pour le salarié que pour l’employeur que le CDI actuel » favoriserait l’emploi (alors que seulement 52% sont favorables à un statu quo).

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Source : Les Français pas convaincus par l’idée d’un contrat de travail unique

L’escroquerie de Ricardo sur le commerce extérieur

Source : Christian Chavagneux, Alternatives Economiques – L’escroquerie de Ricardo sur le commerce extérieur – Libre propos – xerficanal-economie.com

Une petite leçon d’économie en 4 minutes pour réfuter une théorie vieille de 3 siècles, enseignée dans toutes les écoles de commerce en France et dans le monde… et qui sert de soubassement aux discours idéologiques sur la « mondialisation heureuse », ça vaut le coup non ?

Pour en savoir plus, lire l’article d’Alternatives Économiques : Du libre-échange et des petites tromperies de David Ricardo.

 

Le « négationnisme économique », une vision d’économistes libéraux

Analyse critique de l’ouvrage de Cahuc et Zylberberg, « Le Négationnisme Économique ». Derrière le débat entre économistes, un autre apparaît entre libéraux et anti-libéraux.

Source : Le « négationnisme économique », une vision d’économistes libéraux

Un article qui pose bien le débat, au milieu du « pugilat » déclenché par l’ouvrage de Cahuc et Zylberberg.

SFR souhaite supprimer 5 000 emplois, soit un tiers de ses effectifs

Selon nos informations, la directrice des ressources humaines du groupe a confirmé, mardi, que le groupe avait pour objectif de ramener l’effectif de 14 300 à 9 000 salariés d’ici la fin 2017.

Source : SFR souhaite supprimer 5 000 emplois, soit un tiers de ses effectifs

Patrick Drahi ne tiendra donc pas les engagements qu’il avait pris lors du rachat de SFR… et la demande de vigilance formulée l’an dernier à l’État par la CFE-CGC, au travers d’une lettre conjointe des syndicats d’Orange et de SFR, n’a visiblement pas été prise au sérieux.

Comment prétendre prôner le dialogue social au travers d’une « Loi Travail » quand il est foulé aux pieds tous les matins, toujours au détriment des salariés qui produisent la richesse ?

L’emploi dans les télécom est laminé par une concurrence féroce, impulsée par une idéologie destructrice, défendue par Bruxelles, mais jamais remise en cause par nos gouvernements nationaux, même quand ils se prétendent « sociaux démocrates ».

Comment envisager d’inverser la courbe du chômage si l’État et le régulateur des télécoms ne se préoccupent pas davantage de maintenir les emplois existants dans ce secteur ? Rappelons que chez Orange aussi, la décrue des emplois est vertigineuse, même si elle intervient sans licenciement de masse.

Comment faire entendre enfin l’urgence de changer de paradigme économique pour enrayer une situation de plus en plus préoccupante ?

Le chômage poursuit obstinément sa croissance, écartant toujours plus d’actifs de la vie économique et sociale de notre pays. Quant aux personnels en activité, ils sont mis sous pression, à la fois par l’intensification du travail (car ce n’est pas le volume de travail qui baisse, mais la voracité pour le profit qui est à l’œuvre), et la constante menace de se retrouver demain exclu du jeu.

Comment ne pas voir que c’est un jeu perdant/perdant, pour les comptes sociaux de la nation, pour la consommation, pour la qualité des produits et services fournis aux clients finaux, pour la capacité d’innovation des entreprises françaises, et donc au global pour la croissance ? Quand nos gouvernements et nos régulateurs enrayeront-ils cette infernale spirale de l’échec annoncé ?

 

Le gendarme des télécoms appelle les opérateurs français à « casser leur tirelire »

Le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, juge que la rentabilité des acteurs du secteur (Orange, SFR, Bouygues et Free) « est aujourd’hui raisonnable » et qu’ils ont les moyens d’investir massivement.

Source : Le gendarme des télécoms appelle les opérateurs français à « casser leur tirelire »

Encore les fantasmes sur les marges… et toujours rien sur l’emploi, qui continue pourtant de se dégrader dangereusement, comme le montre notre suivi des chiffres… du régulateur justement !

Monsieur Soriano prend-il le temps de regarder ces chiffres, et la loi qui lui impose de veiller sur l’emploi autant que sur la concurrence ?

Travail et numérique : aux Etats-Unis, on laisse l’innovation se développer avant de légiférer

Vendredi dernier s’est tenue à Paris, au siège de l’OCDE, une rencontre des ministres du Travail des pays membres. Chercheurs, syndicalistes et politiques ont esquissé leur vision de l’avenir du travail à l’heure de la mondialisation et de la numérisation.

thomas perez

A cette occasion, le Secrétaire d’état au Travail des Etats-Unis, Thomas Perez a accepté de répondre aux questions de L’Usine Digitale, explicitant notamment l’attitude libérale adoptée Outre-Atlantique face à la transformation du travail sous l’effet du numérique. Selon lui, l’important est de laisser l’innovation technologique se développer et de « s’en emparer à bras le corps », avant de légiférer sur la protection des travailleurs pour rendre l’innovation « inclusive ».

Top chrono pour une interview à l’américaine, en dix minutes et entre deux portes

Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : la chute se poursuit !

Avec un peu de retard, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France avec les données consolidées de l’année 2014.

Vous pouvez retrouver sur ce blog nos analyses des données 2008, 2010, 2011, 2012 et 2013.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par France Télécom-Orange dans son document de référence 2014.

Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.

Les revenus des opérateurs atteignent leur plus bas niveau depuis 12 ans

Certes, la baisse de revenus observée par les opérateurs en 2014 (-3,4%) est moins importante que celle de 2013 (-7,3%). Toutefois, les services mobiles (-7%) continuent à tirer le marché vers le bas, alors même que le nombre d’abonnés (+2,5%) et, surtout, le trafic (+7% pour la voix, +2% pour les SMS et +97% pour la data !) ne cessent d’augmenter. De fait, l’étude de l’Arcep sur l’évolution des prix des services mobiles met en lumière une baisse moyenne de 10% en 2014, certes moins importante que celle observée en 2013 (-26%), mais qui continue d’impacter fortement les revenus d’opérateurs engagés dans la spirale du « low-cost » depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012. En effet, si l’impact maximal a eu lieu l’année même du lancement de Free Mobile, les renouvellements de contrats qui arrivent à échéance dans les années qui suivent se font systématiquement à des conditions tarifaires en baisse… d’autant plus dans un contexte de morosité économique, alimentée par un chômage de masse qui devient, malheureusement, une constante de notre vie économique.

revenus

Appelé, fin 2014, à commenter ces chiffres et à extrapoler sur leur évolution future, Jean-Ludovic Silicani, alors Président de l’Arcep, pariait sur un accroissement des revenus des opérateurs pour 2015. Pour justifier son optimisme, il estimait que la guerre des prix arrivait à son terme et qu’une « cure d’amaigrissement » du marché avait contribué à son « assainissement ». Hélas, comme toujours, ce sont les emplois du secteur qui ont fait les frais de ce régime forcé, sacrifiés sur l’autel des politiques de rationalisation des coûts des opérateurs. Mais le régulateur n’en a cure, obnubilé par la religion de la concurrence à tout prix.

Les opérateurs poursuivent leur politique de réduction d’effectifs

emplois

De fait, 3000 postes ont été supprimés dans le secteur des télécoms en 2014, soit une baisse des effectifs de 2,5%. De façon logique, la courbe globale du secteur suit de près les fluctuations de l’opérateur historique (qui s’est délesté de 2,6% de ses effectifs contre 2,2% pour ses concurrents), qui représente toujours 82% des effectifs du secteur. Ainsi, les 5000 emplois nets créés entre 2009 et 2012, sous l’effet du « nouveau contrat social » négocié par les organisations syndicales auprès de la direction d’Orange, ont été contrebalancés par… plus de 7000 suppressions de postes en deux ans suite à la fin de cet accord.

emploisOrange

Avec près de 2700 emplois supprimés en 2014, Orange est passé sous la barre symbolique des 100 000 employés en France. La Direction de l’opérateur historique poursuit sa politique de réduction d’effectifs sans plan social, se contentant de s’appuyer sur une pyramide des âges vieillissante : en 2014, les 1600 embauches en CDI n’ont pas compensé les 3600 départs, essentiellement en retraite. Ce mouvement n’est pas près de s’inverser, le Groupe tablant sur le départ à la retraite de 30 000 salariés sur la période 2013-2020, dont une grande partie ne sera pas remplacée : l’objectif affiché est de stabiliser les effectifs autour de 66 000 à l’horizon 2020.

Au final, confronté à la pression d’un marché toujours très concurrentiel, et d’un actionnaire principal (l’État) qui réclame toujours un dividende plus élevé que l’entreprise ne peut le supporter, Orange continue à faire supporter à ses personnels l’essentiel de son effort de rationalisation des coûts, par la baisse des effectifs, mais aussi par la mise en œuvre de mesures d’économie, certes moins « drahistiques » que chez Numericable-SFR, mais qui constituent une pression quotidienne à l’impossible injonction de faire toujours plus avec toujours moins de moyens.

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La situation n’est pas meilleure du côté des opérateurs alternatifs, qui ont vu disparaître un peu plus de 500 emplois en 2014, et aux dernières nouvelles, elle ne devrait pas s’arranger : en juin 2014, Bouygues Télécom annonçait la suppression à venir de 1500 emplois, tandis que le rachat de SFR par Numéricable menacerait à terme entre 1000 et 2000 emplois selon une estimation du Ministère de l’Économie et des Finances.

Les investissements hors achats de licences sont à leur plus bas niveau depuis 4 ans

investissements

Après les achats de licences 4G des années 2011 et 2012, les investissements ont retrouvé un niveau plus « normal » depuis 2013. En 2014, ils ont à peine dépassé la barre des 7 millions d’euros (-2,9% par rapport à 2013), et si on met de côté les rares achats de licences pendant la période, les investissements sont restés en deçà des 7 milliards d’euros, à 6 906 millions d’euros (-3,5%), pour la première fois depuis 2010.

SFR a notablement contribué à cette baisse, en diminuant ses investissements d’infrastructures de 150 millions d’euros, durant la période d’attentisme qui a précédé sa fusion avec Numericable. La politique mise en œuvre par le repreneur risque de ne pas améliorer les choses en 2015… d’autant que tous les opérateurs ont fortement investi dans l’acquisition de nouvelles licences 4G. (Au total, les lauréats devront verser à l’État une redevance fixe de 2 798 976 324 euros. Celle-ci est exigible en quatre quarts entre 2015 et 2018. Ils verseront également une redevance variable égale à 1% du chiffre d’affaires réalisé sur les fréquences concernées. Source : Arcep)

Ces chiffres ne mentionnent pas les dégâts intervenus dans le reste de la filière télécoms

Aucun acteur n’ose plus suivre en détail l’évolution de l’emploi chez l’ensemble des acteurs de la filière des télécoms en France (équipementiers, centres d’appels, réseaux de distribution spécialisés, sous-traitants en génie civil, SSII intervenant directement chez les opérateurs ou dans le domaine des services numériques…).

Les données publiées par la Fédération Française des Télécoms (enquête Arthur D.Little publiée en 2014 et en 2015), qui n’agglomèrent que les 5 premiers acteurs des activités suivantes : opérateurs télécoms, équipementiers réseaux, fabricants de terminaux (qui n’engendrent que très peu d’emplois directs), fournisseurs de contenus et acteurs internet OTT, montrent cependant une très nette baisse de l’emploi :

  • 2012 : 170 000 emplois
  • 2013 : 159 000 emplois
  • 2014 : 156 000 emplois

14 000 emplois perdus en 3 ans sur ce périmètre, dont la moitié chez les opérateurs de réseaux, et sans compter tous les autres sous-traitants du secteur, dont certains ne font plus parler d’eux… ayant purement et simplement disparu du paysage, c’est énorme pour un secteur unanimement reconnu comme l’un des principaux vecteurs de croissance pour l’économie occidentale.

Alors que « l’uberisation » constitue la nouvelle perspective de l’économie numérique (ou portée par le numérique), et sachant quels dégâts elle produit sur la création de valeur et d’emplois stables, il est plus que temps que nos dirigeants se retroussent les manches pour créer les conditions d’une croissance riche en emplois de qualité !

L’accord sur le commerce des services (TISA) : l’autre traité que l’Union européenne négocie en secret avec les Etats-Unis / France Inter

Source : L’accord sur le commerce des services (TISA) : l’autre traité que l’Union européenne négocie en secret avec les Etats-Unis / France Inter

Avec :

  • Viviane Reding – Ancienne commissaire européenne, et députée PPE.
    Yannick Jadot – Député EELV, et vice-président de la commission du commerce international.
    Patrick Le Hyaric – Député européen de la Gauche Unitaire Européenne.

A réécouter ici  :

A lire aussi sur le blog Les Décodeurs du Monde : TiSA : un accord géant de libre-échange en discrètes négociations

Le PDG d’Orange prône l’instauration d’un contrat unique

Interrogé en marge du Sommet de l’économie organisé par Challenges, Stéphane Richard estime que le syndicalisme français ne s’occupe que de ceux qui ont un emploi.

Source : Le PDG d’Orange prône l’instauration d’un contrat unique

Une voix de plus à la rescousse du Medef, et une pierre dans le jardin des syndicalistes…

Alcatel : le méga-bonus de Michel Combes ramené à 7,9 millions d’euros

Un conseil d’administration de l’équipementier télécoms s’est tenu jeudi soi et devait revoir en présence de l’ancien directeur général d’Alcatel-Lucent les conditions d’attribution de ses primes, dont le montant avait été fixé initialement à 14 millions d’euros.

Source : Alcatel : le méga-bonus de Michel Combes ramené à 7,9 millions d’euros

Suite du feuilleton démarré la semaine dernière.

Michel Combes, l’homme de la semaine ?

Depuis l’annonce du parachute doré de Michel Combes (près de 14 millions d’euros) alors qu’il quitte Alcatel-Lucent pour entrer chez Altice et prendre la direction de SFR-Numericable, « tout le monde s’étrangle », comme le titrait assez justement Le Point ce mardi :

  • Des journalistes dénoncent « 1 000 ans de SMIC (il faudrait avoir travaillé depuis le Moyen-Age pour avoir accumulé pareille somme) pour 10 000 emplois supprimés en deux ans ».
  • Le Medef s’est dit « choqué » (mais à part « étudier le dossier », n’a spontanément prévu aucune mesure particulière…).
  • Les décodeurs ont quant à eux calculé que la prime représente 218 années de salaire moyen chez Alcatel Lucent (lequel salaire moyen est donc à peu près 5 fois le SMIC si tout le monde suit bien).
  • Si l’intéressé a défendu son bilan dans Le Monde pour justifier sa prime, FranceTVinfo a interrogé un spécialiste des rétributions de dirigeants, qui se montre moins convaincu sur la pertinence d’un pareil montant, et des conditions dans lesquelles il lui est attribué.
  • La CFE-CGC Alcatel-Lucent dénonce que le redressement de l’entreprise « s’est fait au prix d’un plan social d’une violence sans précédent ».

  • Emmanuel Macron, qui en mai félicitait Michel Combes pour son nouveau poste chez Altice (selon Challenges), a finalement « souhaité que le Haut Comité sur le gouvernement d’entreprise (HCGE) et l’Autorité des marchés financiers rendent des avis sur les conditions de son départ et qu’Alcatel-Lucent puisse en tirer les conséquences » et « a manifesté son mécontentement à propos de la décision de Michel Combes de quitter Alcatel-Lucent avant même la finalisation du rapprochement du groupe avec le finlandais Nokia » (propos recueillis auprès de l’entourage du Ministre dans une dépêche Reuters).

Globalement, tout le monde s’accorde sur le fait que l’attribution de ce parachute doré est quelque peu tirée par les cheveux, qu’il s’agisse du montant, de la pertinence, des modalités de calcul, ou du timing d’amendement des clauses de l’indemnité de départ de Michel Combes, qui quitte Alcatel-Lucent de son plein gré rappelons-le.

Pour le moment, tout le monde s’insurge, mais nul ne sait comment se finira l’histoire…

Faut-il ajouter un peu d’huile sur le feu ?

Chez France Télécom-Orange, on connaît aussi Michel Combes, qui fut notamment Directeur financier sous la présidence de Thierry Breton, avant d’être remercié par Didier Lombard en 2006.

Et si son parcours dans les télécoms retracé par Le Figaro rapporte le témoignage positif d’un ancien collaborateur : «Michel Combes a laissé un très bon souvenir à tous ceux qui ont travaillé avec lui, chez France Telecom», une petite plongée dans les archives de BFM Business révèle un portrait moins flatteur.

Partout où il est passé pour « redresser » les entreprises, il l’a fait avec une grande brutalité en matière de suppressions de postes, avec pour préoccupation essentielle le redressement financier à court terme par la réduction des coûts ou des « ficelles » financières qui améliorent certains ratios mais entravent la capacité d’investissement de l’entreprise, comme le rachat d’actions. Si une telle politique peut en effet satisfaire les actionnaires, pour lesquels le rendement financier s’améliore quasi instantanément, et faire remonter le cours de l’action, l’efficacité économique de long terme (pérennisation et développement de l’entreprise, de son CA et de ses positions sur le marché,  préservation et développement de l’emploi…) est nettement plus douteuse.

Pour sa part, la CFE-CGC Orange s’interroge sur le bénéfice collectif de ces politiques financières d’écrémage qui permettent à une poignée de dirigeants et d’investisseurs de capter la richesse, tandis que le chômage continue de croître et que l’ancienne belle place mondiale des acteurs français de la filière des télécoms n’est plus qu’un lointain souvenir…

(à mettre en lien avec les propos de Joseph Stiglitz, cité dans notre précédent billet…)

Stiglitz: « L’économie américaine est malade des inégalités »

La croissance américaine n’est qu’un feu de paille, estime le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, dans une interview à La Tribune. L’immense majorité des américains, dont les revenus stagnent, ne peuvent éternellement consommer à crédit. Le risque existe de tensions sociales grandissantes. Contre les inégalités, il faudrait limiter le pouvoir de la finance et redonner une capacité de négociation aux syndicats. Tout en revoyant un système fiscal qui encourage la spéculation

Source : Stiglitz: « L’économie américaine est malade des inégalités »

NDLR : les analyses de Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien économiste du FMI, sont toujours très intéressantes pour pondérer la rumeur des marchés comme les analyses économiques qui se prétendent techniquement neutres, mais qui ont intégré dans leur ADN l’idéologie libérale… A lire donc pour prendre du recul.