Les entreprises qui inspirent confiance aux Français… et les autres

Actu express: le baromètre Trust Edelman StrategyOne*2010 mesure la cote de confiance et de défiance de 40 grandes entreprises auprès de la population française.

L’édition 2010 met « Google au pinacle, et France Télécom au pilori« , selon la formule de L’Expansion qui en restitue les résultats pour la France.

Logique, lorsqu’on considère les critères que les Français prennent le plus en compte pour accorder leur confiance à une entreprise  :  sur un indice 100, la qualité de ses produits et/ou services (87), la façon dont elle traite ses salariés (67), la transparence de l’information qu’elle donne à ses clients (40), son engagement en faveur de l’environnement (25), ses résultats financiers (17).

Désastreux pour France Télécom, surtout lorsqu’on songe au formidable capital de confiance que détenait la marque, et qui constituait même l’un de ses atouts maître pour le développement de nouveaux services, tout particulièrement des services à même de contrer la domination de plus en plus préoccupante de Google pour tout ce qui touche au respect de la vie privée des utilisateurs… Alors même que le géant américain est régulièrement fustigé sur ce thème dans la presse spécialisée, on voit ici que le consommateur final a une toute autre vision du monde, et une totale méconnaissance de cette problématique, pourtant réelle.

Comme quoi le respect des personnels de l’entreprise, thème sur lequel Google est en revanche unanimement salué, y compris par les spécialistes des technologies de l’information, et même… des syndicalistes, a un réel impact sur la valeur d’une marque, comme d’ailleurs sur sa capacité d’innovation (et il y a certainement un lien entre les deux, même si certains « courants » de management peinent encore à le reconnaître).

Stéphane Richard, actuel numéro 2 de France Télécom, pourrait bien l’avoir compris. Dans France Soir, il commente :

« les Français ont des attentes importantes à l’égard de leurs entreprises, qui vont bien au-delà de la compétitivité ».

Une leçon à méditer par toutes les entreprises, alors que le thème de la souffrance au travail cesse de devenir un tabou pour devenir une vraie préoccupation à l’échelle de la société civile.

A lire aussi :

De l’Etat-providence à l’Etat manager

Le Monde Diplomatique de décembre consacre tout un dossier au thème « Comment vendre à la découpe le service public » .

Particulièrement éclairant sur les stratégies adoptées par l’idéologie libérale pour démanteler toutes les activités qui appartiennent au patrimoine national, et font partie des services indispensables à la vie quotidienne des citoyens. L’éditorial de Serge Halimi « Une dette providentielle… » permet de bien comprendre comment se boucle le discours idéologique pour rendre le processus « incontournable ».

Les auteurs de ce dossier étaient les invités de l’émission radio de Daniel Mermet « Là bas si j’y suis », le 8 décembre, dont on peut écouter le podcast.

En complément, on peut aussi relire sur le site du Diplo, l’article de la sociologue Danièle Linhart : « Comment l’entreprise usurpe les valeurs du service public« .

A lire d’urgence pour ne pas se laisser abuser par la « pensée unique » !

Réforme des services publics: dogmatisme et laboratoire de changement du statut des salariés

Engageant une réflexion sur l’évolution du statut de La Poste, Mediapart livre une analyse très intéressante, tant sur le dogmatisme de la privatisation des services publics…

Alors que l’argent public a servi ces derniers mois à soutenir, pour le « Bien commun », les banques privées en difficulté, il est désormais nécessaire de privatiser les services publics qui ne l’ont pas encore été, c’est-à-dire de créer les conditions juridiques et économiques de l’appropriation des biens publics. Comme si la crise et les « solutions » qui lui sont apportées n’avaient pas suffi à démontrer les insuffisances, les contradictions et les dangers de l’administration privée des biens communs – son incapacité, en l’état, à œuvrer à long terme dans l’intérêt général – elle sert aujourd’hui de prétexte pour s’attaquer à l’un des bastions de la fonction publique française.

… que sur les conséquences en matière de conditions de travail dans l’ensemble des entreprises françaises. Après une analyse des effets de l’introduction de nouvelles « méthodes de travail » à La Poste et chez France Télécom, l’article conclut de manière inusitée sur l’évolution du statut du salariat en France, qui appelle à une extrême vigilance:

La réforme de La Poste offre de nombreux points de comparaison (dont l’analyse doit être approfondie) avec celle de France Telecom et avec les réformes en cours dans l’ensemble de la fonction publique. Avec ces réformes, l’introduction des « méthodes de management » et de « gestion des ressources humaines » semble dépasser, par leurs effets sur les salariés, ce qui avait été observé jusqu’alors dans le secteur privé d’où elles viennent. Il se pourrait même que certaines de ces transformations, notamment la « mobilité » des fonctionnaires, soient expérimentées dans la fonction publique, laboratoire des conditions de travail de demain. Cette « mobilité », ce flou des statuts rappellent en effet la flexibilité des travailleurs tant invoquée, souhaitée et appelée à se développer ces dernières années. Elles entrent en écho avec l’adoption récente d’un projet de loi qui donne la possibilité aux entreprises de prêter leurs « ressources humaines » – une pratique qui avait été interdite en France en même temps que l’esclavage il y a presque 200 ans. Ces transformations imposent de se demander si les conditions de vie et la liberté des salariés sont un bien commun inaliénable ou non. Avec ces réformes, les citoyens sont placés face à un choix profond de société qui engage leur responsabilité les uns par rapport aux autres.

Un article à lire in extenso et sans modération sur Mediapart.

Le quizz de l’été

Qui a dit :

L’échéance est juridiquement inéluctable ! Cependant, il faut bien avoir conscience qu’elle n’est, par beaucoup d’aspects, que la conséquence d’une évolution technologique irrésistible qui produit les mêmes effets partout dans le monde et qui répond à de puissantes raisons économiques.

Si la bourrasque commerciale doit régénérer l’entreprise, elle ne doit pas tout emporter sur son passage. Toutes les prestations […] n’ont pas vocation à être soumises aux lois du marché. […] Le service public ne doit pas être affecté par la disparition du monopole.

[La transformation en SA] ne saurait s’envisager qu’avec l’Etat comme actionnaire majoritaire : l’entreprise doit rester une entreprise publique.

Maintien solennel du statut de fonctionnaire des personnels. […] Ceci devra figurer en termes parfaitement clairs dans le texte de la loi que le Parlement aura à élaborer.

Si vous pensez qu’il s’agit de Luc Chatel lors de la présentation du projet de loi transformant La Poste en société anonyme, vous pouvez cliquer sur les citations, qui vous conduiront vers le texte original dont elles sont extraites :  le rapport du sénateur Larcher (1995), qui a servi de base à l’élaboration de la loi de privatisation de France Télécom.

Étonnant, non?

Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur les différents effets de cette privatisation de France Télécom. Vous pouvez d’ores et déjà consulter notre analyse de l’évolution des emplois :