Les groupes mondiaux d’Internet

Les groupes mondiaux d’Internet from Xerfi Canal TV on Vimeo.

Cette courte vidéo résume bien les principaux enjeux des gros acteurs de l’Internet. Et même si ce n’est pas très directement exprimé dedans, c’est aussi en lien avec notre questionnement sur le Big Data et le respect de la vie privée : en effet, les caractéristiques de la publicité changent avec Internet. S’il s’agissait au départ d’affiner le profil des utilisateurs pour, comme dans le ciblage classique de la publicité média, présenter les publicités aux cibles les plus en adéquation avec les produits et services vantés, on glisse progressivement, mais de plus en plus vite, vers un ciblage personnalisé à l’extrême, où il s’agit de croiser de multiples données sur les consommateurs pour mieux manipuler leurs actes d’achat.

Ce glissement n’est pas toujours perçu par les internautes, qui se préoccupent avant tout du service rendu par les fournisseurs de services et apprécient leur gratuité apparente. Mais il transforme les internautes de citoyens souhaitant s’informer ou communiquer en purs consommateurs qu’il s’agit de canaliser vers différents actes d’achats, de manière de plus en plus sophistiquée et insidieuse, au risque d’y perdre notre libre arbitre.

A suivre dans notre Université d’été, les 22 & 23 juin prochains…

Approuvée par l’Assemblée Nationale, la Loi Renseignement fait toujours l’unanimité… contre elle

Depuis son annonce à la mi-mars jusqu’à son approbation ce 5 mai par l’Assemblée Nationale avec une très large majorité, le projet de loi relatif au renseignement a fait l’objet de nombreux débats entre ses partisans et ses détracteurs.
Pour mémoire, ce projet, né après l’attaque de Charlie Hebdo, entend donner plus de moyens aux services de renseignement : accès direct aux « réseaux des opérateurs » (télécoms, services en ligne, hébergeurs) pour surveiller une personne suspecte, utilisation d’outils comme les « IMSI Catchers » pour intercepter les appels téléphoniques des mobiles, installation de « boîtes noires » chez les acteurs du numérique pour repérer automatiquement les comportements à risque. L’utilisation de ces dispositifs de surveillance sera contrôlée par une autorité indépendante, la Commission nationale de contrôle (CNCTR).

Une telle perspective n’a pas semblé émouvoir plus que ça le grand public. Selon un sondage CSA, près de 2/3 des Français se disaient « favorables à une limitation de leurs libertés individuelles sur Internet au nom de la lutte contre le terrorisme ». Valérie Peugeot, vice-présidente du Conseil national du numérique, explique les raisons de cette apathie par un manque de sensibilisation (« il n’y a rien de plus difficile que de se rebeller contre l’invisible »). D’ailleurs, dans le même sondage CSA, moins de 30% des Français affirmaient connaître le contenu du projet…

En revanche, les acteurs et observateurs du monde numérique en analysent depuis plus d’un mois les tenants et les aboutissants, et leurs avis sont quasi unanimement hostiles à la Loi sur le Renseignement. Une phrase de la tribune libre rédigée par un collectif d’hébergeurs début avril résume l’ensemble de leurs récriminations : « Le projet de loi du gouvernement est non seulement liberticide, mais également anti-économique, et pour l’essentiel, inefficace par rapport à son objectif. »

Un projet liberticide adopté sans débat démocratique

L’argument relatif à la violation des libertés individuelles est le plus soulevé. Dès l’annonce du projet, le Conseil national du numérique s’est inquiété « d’une extension du champ de la surveillance », invitant le gouvernement « à renforcer les garanties et les moyens du contrôle démocratique ». De leur côté, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Nils Muižnieks, et les rapporteurs des Nations Unies sur les droits de l’homme Michel Forst et Ben Emmerson ont cosigné une tribune libre critiquant ce projet, « parce qu’il autorise le recours à des méthodes de surveillance qui font peser une menace sérieuse sur le droit au respect de la vie privée », « parce qu’il permet la mise en œuvre de ces mesures intrusives sans un contrôle préalable indépendant », et « parce qu’il pourrait aggraver les tensions sociales en autorisant un contrôle indiscriminé de personnes qui ne sont pas soupçonnées d’activité terroriste ». Par la voix de sa présidente Isabelle Falque-Pierrotin, la CNIL s’est, pour sa part, déclarée préoccupée par la question du devenir des données collectées.

Le son de cloche est le même du côté des intellectuels. Pour le philosophe et écrivain Eric Sadin, « Cette loi est répréhensible. C’est une faute, c’est une faute politique, c’est une faute sociétale, c’est une faute éthique et c’est une faute juridique, ça fait beaucoup ! ». Antoinette Rouvroy, chercheuse au Fonds de la Recherche Scientifique belge, qualifie ce projet de « fantasme de maîtrise de la potentialité », reposant sur « l’idée que grâce au calcul, grâce à l’analyse des données en quantité massive, grâce au big data, on va pouvoir vivre dans un monde non-dangereux ».

« Etonné et inquiété » par cette loi, l’historien et sociologue Pierre Rosanvallon estime, pour sa part, qu’elle a été « très mal préparée et très mal écrite » et qu’elle n’a « aucune colonne vertébrale ». Enfin, figurant au rang des premiers et des plus farouches opposants à la Loi Renseignement, La Quadrature du Net dénonce, au-delà du contenu du projet en lui-même, la rapidité avec laquelle il est mis en place, et cela sans débat démocratique.

Le recours au big data inadapté à la lutte contre le terrorisme ?

Comme d’autres observateurs, Grégoire Chamayou, chargé de recherche au CNRS, conteste l’efficacité d’un recours au big data à des fins de surveillance : « Contre les attentats de demain, croire que les scénarios de ceux d’hier seront utiles, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, alors que la couleur et la forme de l’aiguille ne cessent de changer. Même à supposer que le terrorisme présente des signatures repérables par data mining – ce qui est pour le moins hasardeux –, pareil système va engendrer pléthore de suspects, dont une écrasante majorité de fausses pistes – et ceci par millions. »

Jean-Marie Delarue, Président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) ne dit pas autre chose, goûtant peu les « techniques évidentes de pêche au chalut » induites par ce projet. Il craint par ailleurs que la CNCTR ne soit qu’un « colosse aux pieds d’argile, un contrôleur dépendant d’un tiers pour accéder aux données qu’il est chargé de contrôler ». Selon lui, plus qu’un renforcement, « il y a donc un affaiblissement très net du contrôle ».

Un risque d’affaiblissement économique des acteurs du numérique français

Concernés au premier chef par la mesure des « boîtes noires », les hébergeurs français y ont vu une menace directe de leurs intérêts : « En tout, 30 à 40 % de notre chiffre d’affaire est réalisé » avec des clients étrangers qui « viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses boîtes noires, il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français ». Les hébergeurs craignent par ailleurs de voir les entreprises françaises les quitter pour l’étranger : « ce sont des milliers d’emplois induits par le cloud computing, le big data, les objets connectés ou la ville intelligente que les start-ups et les grandes entreprises iront créer ailleurs ».

Face à la menace des hébergeurs de « déménager leurs infrastructures, investissements et salariés là où leurs clients voudront travailler avec eux », le gouvernement n’a pas tardé à réagir et à leur proposer l’amendement n°437. Il leur permet de faire eux-mêmes la distinction entre les données de connexion, que les services de renseignement pourront consulter sous réserve d’une validation préalable par la CNCTR, et les contenus, qui resteront privés. Cet amendement semble avoir satisfait les hébergeurs, même si Valentin Lacambre, pionnier de la liberté d’expression sur Internet, a décidé de fermer son service Altern.org, affirmant : « Pour nous, un seul jour sous écoute globale est un jour de trop ».

 

Quoi qu’il en soit, malgré les centaines de signatures des acteurs du numérique sur la Pétition NiPigeonsNiEspions, la Loi Renseignement a désormais été adoptée par l’Assemblée Nationale. Voyons maintenant quel sera l’avis du Conseil Constitutionnel, que François Hollande s’est engagé à saisir.

Big Data ou Big Brother ? la raison du numérique

Une intéressante interview d’Eric Sadin, écrivain et philosophe, auteur de « La vie algorithmique, critique de la raison numérique », en plein dans le thème de notre prochaine Université d’été, les 22 & 23 juin prochains, sur les enjeux de la numérisation de nos vies en termes de vie privée.

(voir la page de l’émission sur le site de France Inter)

La déconnexion des élites

La déconnexion des élites from Xerfi Canal TV on Vimeo.

Outre l’intéressant constat fait par Laure Belot dans son ouvrage, elle présente aussi dans cette vidéo une segmentation de l’utilisation de la masse, nouvelle et conséquente, des données sur les utilisateurs des technologies de l’information.
L’utilisation de ces « big data » est l’un des sujets qui sera abordé lors de la prochaine université d’été de la CFE-CGC Orange, les 22 et 23 juin prochains.

Détecter le risque de burn-out

Détecter le risque de BURN OUT from Xerfi Canal TV on Vimeo.

Un cadrage assez intéressant pour identifier ce qu’est le burn-out, quels en sont les facteurs de risque, et comment l’éviter.
L’analyse de Philippe Zawieja, chercheur associé aux MINES Paris Tech, met en évidence la prédominance du contexte, qui va ensuite affecter plus ou moins les personnes en fonction de leurs caractéristiques personnelles.

A compléter sans doute par la lecture de son ouvrage, « Le burn-out », paru dans la collection Que sais-je ?
ouvrage

En complément : l’émission de France Inter « La tête au carré » du 22 avril « La société du burn out » fait intervenir le même Philippe Zawieja, avec Jean-François Marmion et Marie Pezé.

Marché du travail : la grande fracture

Analysant la polarisation induite par le progrès technologique entre les métiers très qualifiés, d’une part, et les emplois de service, plus précaires et moins bien rémunérés, d’autre part, cette étude interroge les conditions de la création d’emplois dans une économie post-industrielle.

Étude téléchargeable sur le site de l’Institut Montaigne

NDLR : A lire avec précaution : après les sottises édictées par Thesmar & Landier sur la création d’emplois générés par l’arrivée de Free Mobile (ce qui s’est produit est exactement le contraire), je reste circonspecte sur les capacités d’analyse de ces auteurs.
Cependant, la question des inégalités face au marché du travail est une préoccupation réelle, dont il faut se soucier.

e-mails : attention danger !

Décidément, le sujet est à la mode en ce moment 🙂

Yannick Chatelain, professeur associé à Grenoble Ecole de Management, a écrit l’ouvrage « Mes mails m’emm…melent – lire vos mails nuit gravement à ma santé« .

Il aborde avec humour de vraies questions, et évoque le risque psycho-social lié à un usage mal maîtrisé du mail : à regarder ou à lire, en complément de la brochure déjà évoquée hier.

La déconnexion digitale

Plus que les individus, c’est bien notre société qui est connectée, voire ultra-connectée! Certains ressentent alors le besoin de déconnecter, prendre du recul pour ne pas être totalement happés.

Est-ce que l’envie de déconnexion est en train de devenir un phénomène de société, ou est-ce une tendance qui ne concerne qu’une partie de la population?
Le journaliste Pierre-Olivier Labbé a en tout cas tenté l’expérience de déconnecter d’Internet pendant 90 jours, et son expérience est devenu un documentaire, « Digital Detox », diffusé le mercredi 25 février sur Canal+ à 20h50.

Si vous n’avez pas vu le documentaire de Canal+ vous pouvez tout du moins réécouter l’émission de France Inter  « La tête au carré », sur le site de la radio (désolée à nouveau, le player ne fonctionne toujours pas, je ne peux pas vous l’incruster directement dans l’article).

Vous entendrez notamment un extrait sonore évoquant le droit à la déconnexion dans les entreprises. C’est l’occasion de rappeler l’existence d’un excellent guide, publié par l’ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises), qui permet de réfléchir concrètement au sujet dans son environnement professionnel, et de disposer d’exemples de chartes pour inspirer vos comportements… et ceux de vos entreprises : Le bon usage des outils de communication numérique dans les entreprises – édition 2015

Le bonheur au travail

Ce documentaire diffusé sur Arte, et disponible pendant 7 jours en « replay » prend la question « côté face », et démontre qu’il est possible de manager autrement. Le développement durable appliqué aux humains ?
Souhaitons que ce documentaire fasse réfléchir et incite de nombreuses entreprises à réviser leurs idées reçues pour, enfin, « passer à autre chose ».

Comment Internet aide les Français à supporter la crise

Une réflexion intéressante… qui n’apporte pas de réponse chiffrée (de temps en temps, ça fait du bien), mais qui pose une bonne question :

 

Le spectre de la déflation hante la planète. Prix à la consommation en hausse d’à peine 0,3% en un an dans la zone euro, taux d’intérêt à moins de 1% en France ou en Allemagne, prix du pétrole au plus bas depuis cinq ans, pic des recherches du mot « déflation » sur Google…

[…]

Cette déflation-là est bien visible. Et elle est bien nuisible. Elle incite les acheteurs à dépenser plus tard en espérant payer moins cher. Elle accroît le fardeau de la dette pour les particuliers, les entreprises et les Etats qui se sont endettés. Mais il y a aussi sans doute une autre déflation à l’œuvre dans l’économie mondiale. Une déflation invisible mais précieuse, car elle donne de l’air à ceux dont les revenus baissent.
Cette déflation-là vient surtout des technologies de l’information – mais pas seulement. Elle se résume ainsi : on achète à la fois mieux et moins cher.

Un édito de JM. Vittori à lire dans Les Echos (si vous arrivez à passer entre les pubs, de + en + intrusives….)

Rapport sur la transformation numérique

En janvier dernier, une mission gouvernementale sur la transformation numérique de l’économie française était confiée à Philippe Lemoine, Président du Forum d’Action Modernités et Président de la Fondation internet nouvelle génération, par les ministres de Bercy et la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique.
À l’issue de 9 mois de travaux, au cours desquels plus de 500 personnes ont travaillé ensemble sur la question de la transformation numérique de l’économie, le rapport de la mission Lemoine a officiellement été remis vendredi 7 novembre 2014 à Emmanuel Macron, Marylise Lebranchu, Thierry Mandon et Axelle Lemaire à l’occasion d’une présentation publique à Bercy.

Le rapport est consultable en ligne, où il est également possible de commenter les différentes mesures proposées. A vos claviers, et n’hésitez pas à nous faire part, sur ce blog, de vos avis éclairés sur les proposition des rapporteurs.

A voir aussi, sur la question de l’insertion numérique, le travail de l’association « Connexions solidaires« , qui organise ce jour un forum sur le sujet.

Une enfance sous surveillance

Les dispositifs permettant de suivre ses enfants à la trace sont à la mode. Non sans poser de lourdes questions pédagogiques, éthiques et juridiques.

Les parents balisent. Des applications permettaient déjà de scruter, depuis son téléphone portable, celui de ses  enfants. Les objets physiques se multiplient désormais pour les suivre à la trace, sous la forme d’un innocent porte-clef ourson à géolocalisation, d’un manteau connecté lancé par Gemo ou d’un bracelet électronique.

Comment ne pas faire le rapprochement avec le bracelet qui permet aux prisonniers de ne pas être enfermés derrière des barreaux ? Pucer un enfant permet-il de le sortir de l’emprise de parents devenus des geôliers surprotecteurs, comme le souligne Nadia Daam sur Slate ? En le laissant quelques mètres sans une main dans la sienne, mais avec un fil à la patte.

 

Un article à lire en intégralité dans Le Monde Pixels

Et vous ? vous pistez vos enfants / votre conjoint / votre chien ?
Et au fait, savez-vous qui vous piste ?