Manifeste pour l’industrie de Gabriel Colletis et Pierre Grou

Malheureusement, Le Monde ne publie pas la version intégrale de ce manifeste en accès public. Certains de nos membres faisant partie des signataires, nous nous permettons d’en retranscrire le texte intégral :

Aucun pays ne peut se développer ou même rester un pays avancé sans base productive. C’est pour l’avoir ignoré que certains pays s’enfoncent dans le chaos et que d’autres sont sur la pente du déclin.
Les pertes d’emplois et la disparition de pans entiers de l’industrie ne concernent pas seulement certains secteurs ou bassins d’emploi. Elles ont des effets dévastateurs sur toute l’économie, hypothéquant son avenir et celui des générations futures. Elles mettent ainsi en péril la démocratie.

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Oui, les syndicats sont utiles !

Ce n’est pas nous qui le disons, mais un consultant en responsabilité sociale des entreprises, qui propose sur son blog une réponse très argumentée au récent article de l’Express. Voici son introduction et sa conclusion :

« Pourquoi les syndicats sont nuls » : ce titre barre la couverture de « L’Express » (25 septembre 2013) et ouvre un dossier dont, comme souvent, le contenu est moins outrancier. De l’hebdomadaire fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, on pouvait attendre un jugement plus subtil et surtout plus étayé.

La crise que nous connaissons n’est rien d’autre qu’une crise des contre-pouvoirs. La réponse efficace consiste donc, au contraire, à renforcer le seul contrepoids qui représente efficacement une partie essentielle au fonctionnement des entreprises, les salariés. Louis Gallois l’a parfaitement montré dans son rapport et ses interventions : « il apparaît indispensable que se créent les conditions d’un nouveau pacte social. (…) Pour cela, nous avons besoin de partenaires sociaux forts : des syndicats forts, des organisations patronales capables de s’engager dans des négociations. Et nous avons besoin de syndicats capables, non seulement de revendiquer et de s’opposer, mais aussi de dialoguer et de négocier des compromis utiles ».

Le plus intéressant est au milieu de l’article, où l’auteur détaille, études à l’appui, comment les syndicats sont utiles, et comment ils peuvent encore s’améliorer. De quoi à la fois se rassurer… et surtout se construire une feuille de route pertinente !

Oui, les syndicats sont utiles , sur le blog Management & RSE

Manifeste pour sortir du mal être au travail, de Vincent de Gaulejac & Antoine Mercier

Vincent de Gaulejac était notre invité en avril dernier, et vous pouvez revoir la vidéo intégrale de son intervention :

Le livre qu’il a co-écrit avec Antoine Mercier a trois originalités :

  • il synthétise très bien l’analyse du mal-être au travail, qu’il étudie depuis plusieurs années,
  • il permet de faire un « auto-diagnostic » pour évaluer si l’on est soi-même en danger,
  • et surtout il donne des pistes concrètes pour agir, avec quelques règles à s’appliquer individuellement, et surtout des pistes d’action collective pour éradiquer une plaie, que nous sommes si nombreux à connaître qu’il ne peut plus s’agir d’un hasard, et qu’il devient urgent d’agir.

Les analyses et les perspectives qu’il propose se recoupent avec les excellents travaux de Gabriel Colletis, et permettent de comprendre ce qui nous arrive, pourquoi, et comment en sortir.

A lire absolument pour cesser d’être un « pion » dans une société malade de la gestion, et reprendre notre destin en main !

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Lectures de rentrée

L’horizon de la crise économique ne semble pas s’être éclairci avec l’été. Mais plutôt que de rentrer dans la morosité, lisons plutôt quelques ouvrages qui proposent de vraies solutions à la crise structurelle que nous connaissons actuellement.

Tous s’accordent à dire qu’en sortir est l’affaire de tous et de chacun… et nous voyons bien qu’aucune solution « miracle » ne nous est proposée par ceux qui nous dirigent. Comprendre ce qui nous arrive et comment changer notre sort est donc de plus en plus déterminant.  Quelques auteurs éclairent notre chemin.

Colletis

Gabriel ColletisL’urgence industrielle – Le Bord de l’eau – 2012
Ce professeur d’économie sera l’invité de la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange le 30 septembre prochain. Outre son analyse très pertinente des causes et des méfaits de la désindustrialisation française, il trace la voie d’un changement de cap, et place  « le travail comme articulation du progrès social, de la démocratie et du développement. »

Un changement de perspective concernant le travail, la reconnaissance des compétences des travailleurs, le développement de productions socialement utiles et préservant la nature, et l’ancrage des activités dans les territoires constituent les voies principales du renouveau industriel »

Un manifeste que nous aurions pu écrire nous-mêmes, tant les analyses de ce chercheur recoupent ce que nous avons pu constater au sein de notre entreprise, et les valeurs que nous souhaitons défendre.

Avant le débat, vous pouvez bien sûr lire son livre, mais aussi découvrir son blog sur Mediapart, lire une petite interview, ou encore regarder une vidéo sur Xerfi Canal :

Thomas PikettyLe Capital au XXIe siècle – Le Seuil – 2013
Comme l’a fait Joseph Stiglitz l’an dernier dans « Le prix de l’inégalité » (voir une interview), Thomas Piketty pointe la montée explosive des inégalités, détruisant au passage le mythe de la « méritocratie » censée fonder notre société contemporaine, et propose des pistes pour y remédier.

Un avant-goût du livre dans une interview et une vidéo de présentation par l’auteur :

Pour qui travaillons-nous ?

Une excellente question, à laquelle le blog de l’OFCE répond avec intelligence, et des arguments concrets, pour se démarquer des imbécillités qu’on entend ici et là sur le fait que la France détiendrait un record de la dépense publique et qu’il faut à toute force faire baisser les impôts.

Pour les pressés qui n’auraient pas le temps de lire tout l’article, voici la conclusion :

Le système français est très redistributif.  La fête nationale, proposée par Friedman, n’aura pas lieu le même jour pour tout le monde.

De nombreux pays européens ont des taux de dépenses publiques supérieurs à 50 % tout en connaissant une croissance satisfaisante : Autriche, Danemark, Finlande, Suède. Leur point commun est que le taux de pauvreté et d’inégalités sociales y sont particulièrement bas.

Ainsi, prétendre que nous travaillons sept mois pour l’Etat n’a-t-il aucun sens. La France a choisi d’être une société mixte, le marché y a sa place, mais une partie importante des dépenses des ménages est socialement assurée, sur la base des besoins de chacun, et non de ses ressources.

 

Une fiction sur le monde du travail : La Cigarette, de Marin Ledun

C’est encore l’été, les vacances pour certains. Vous prendrez bien une petite fiction ?

Dans cette pièce radiophonique proposée en mai dernier par France Culture, Marin Ledun saisit avec acuité les traits saillants de la souffrance au travail.

Rien de très étonnant à cela : c’est un ancien salarié de France Télécom,  co-auteur de l’ouvrage « Pendant qu’ils comptent les morts« , rédigé avec le docteur Brigitte Font Le Bret, membre de l’Observatoire du stress et des mobilité forcées.

Internet : les Français inquiets du pillage de leurs données personnelles

Un sondage OpinionWay pour Le Figaro fait le point sur le degré de conscience et l’opinion des internautes français concernant l’usage de leurs données personnelles. On peut en retenir les points clefs suivants :

  • l’inquiétude sur la protection des données personnelles
  • le développement de la maturité des internautes, qui comprennent désormais que les services gratuits ont une contrepartie… sans forcément la relier à l’exploitation de leurs données personnelles
  • la demande de plus de transparence… et surtout de plus de réglementation en la matière.

Les résultats du sondage

L’article du Figaro

L’initiative de la CNIL pour faire de l’éducation au numérique une « grande cause nationale », en coopération avec 28 partenaires d’horizons variés, du monde de l’éducation aux organisations professionnelles du monde des TIC, en passant par des associations et des intervenants publics.

En complément, un article du Monde sur le même sujet « Sur le Web, le « paradoxe de la vie privée » »

 

 

Danièle Linhart « La responsabilité de la souffrance au travail ne revient pas aux individus »

Vous êtes membre de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom. Qu’avez-vous pu constater ?

Danièle Linhart. Une redéfinition à marche forcée du sens du travail, du service public, des métiers… Le virage commercial du service public entraîne une déstabilisation des salariés, pris dans un tourbillon de réformes, de remises en question diverses, un changement perpétuel de leurs pratiques… À quoi s’ajoute une soumission régulière aux évaluations et à des objectifs à tenir souvent surréalistes, en décalage total avec la réalité de leur métier. Ce sentiment arbitraire de ne pas être à la hauteur conduit à l’épuisement et nie aussi bien l’expérience que la compétence des salariés.

Extrait d’une interview à lire in extenso dans l’Huma

Enjeux du travail en France : une analyse intéressante de Danièle Linhart

14 minutes à écouter absolument !

Invités des Matins de France Culture le 20 février dernier :

Danièle Linhart
Sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS Université Paris Ouest Nanterre La Défense
et membre de l’Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées (NDLR)

Pascal Chabot au téléphone en deuxième partie
Titulaire à l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) (Bruxelles)


Les matins – La société est –elle menacée par… par franceculture

Réputation des entreprises : le rôle des réseaux sociaux

TNS Sofres s’est penché sur la réputation des entreprises : se (dé)fait-elle sur les réseaux sociaux ? Muriel Humbertjean, DGA de TNS Sofres, y dévoile les résultats d’une enquête exclusive portant sur 26 grandes marques -entreprises françaises. Pour chacune d’elles, 1 000 internautes ont été invités à indiquer s’ils s’en étaient fait les avocats ou les détracteurs, au cours des derniers mois, sur Internet et dans « la vraie vie ».

Les résultats de cette étude apportent un éclairage nouveau sur le fonctionnement de « l’advocacy » et son impact sur les marques sous le règne de Twitter et Facebook.

[…]

Les marques dont on parle le plus sont celles des Télécoms, de la grande distribution, des « services du quotidien ». Ainsi les 3 marques-entreprises dont on a le plus parlé ces derniers mois sont Orange, Free et Leclerc. Viennent ensuite dans le Top Ten La Poste, Carrefour, la SNCF, SFR, Renault, EDF, et la Banque Postale.

Lire l’analyse et documents de synthèse sur le site TNS Sofres

Free mobile : une arrivée pas si fracassante que ça ?

Ce qui est intéressant avec l’arrivée de Free Mobile, c’est que le « buzz », plus important que jamais, fournit de la matière à l’analyse du phénomène, en quantité et très rapidement. Aujourd’hui, Boursier.com se fait l’écho des désappointements des consommateurs, déçus par les délais, la qualité (voire l’absence) de service :

Du côté des usagers, la gueule de bois a fait suite à l’euphorie des premiers jours : Absence de portabilité, retard de livraison des cartes SIM, service clientèle débordé, certains utilisateurs crient à l’arnaque, comme ce client  » free adsl depuis 2005″ dont l’inscription est « dans l’impasse depuis le 11 janvier ».  » Inacceptable « , juge-t-il dans message posté sur le Twitter de Xavier Niel.

« Plus de 3 semaines que j’attends ma carte SIM. Pourtant j’avais déjà Free mais cette fois je n’ai pas tout compris ! » , ajoute cet abonné sur la page Facebook de Free Mobile. Sur le réseau social, une utilisatrice toujours dans l’attente, a donc tenté de passer par le « 3244 ». « Certes des tarifs compétitifs, c’est bien mais si le reste suit, c’est beaucoup mieux », prévient-elle. « C’est vraiment de l’amateurisme, comment n’ont-ils pu prévoir un tel engouement ? », s’interroge encore un nouvel abonné sur le réseau social.

Au delà des griefs factuels, et en lien avec nos précédentes positions sut la question, le terme « d’amateurisme » frappe : les consommateurs voudraient que ce soit à la fois, rapide, efficace, impeccablement professionnel, et pas cher, voire gratuit.

Dans le même temps, en tant que syndicalistes nous sommes bien placés pour le savoir, lorsqu’ils sont salariés, ils se plaignent (très souvent à juste titre) d’être de moins en moins nombreux pour assumer une quantité de travail toujours croissante, de moins en moins bien rémunérés, de moins en moins bien formés, et au final de ne pas avoir les moyens de faire « du travail bien fait » qui leur permettrait de se sentir bien dans leur vie professionnelle. L’analyse des suicides en milieu professionnel montre que ce sont les salariés les plus investis, les plus professionnels, qui sont les plus déstabilisés par cette déconstruction du travail.

A bien y regarder, le ressenti du consommateur et du travailleur se font écho, ils sont les deux facettes d’une même réalité, qui interroge sur cette société du toujours plus, toujours plus vite, pour toujours moins cher (mais quand même toujours plus de profits pour certains), qui forcément aboutit à du « toujours plus bâclé », tout aussi frustrant pour le client que pour le salarié…

Est-ce cette vie que nous voulons ? Est-elle satisfaisante ? Ne faut-il pas rechercher un nouvel équilibre ? Des méthodes de travail où l’on se donnerait le temps de bien faire les choses ? Cela s’appelle aussi l’efficience, et c’est souvent au final moins coûteux que de réparer ce qui a été mal fait dans un processus bâclé (mais tout le monde fait semblant de croire que le bâclé est plus rentable, comptant sur le fait que « ça passera » peut-être comme ça, que le client ne le verra pas, ou aura la flemme de réclamer, ou qu’en maniant le bâton un peu plus fort, on parviendra à ce que les personnels fassent « vite et bien »).  Du côté du salarié, ce serait surtout moins frustrant. Heureux au travail, il éprouverait sans doute moins le besoin de consommer sans discernement (et donc de chercher des tarifs toujours plus bas), ou pire, d’insulter les salariés des autres entreprises, pour se défouler de ses propres frustrations…

Pour revenir à Free Mobile, l’article de Boursier.com mentionne que certains clients reviennent chez leur opérateur d’origine, mais aussi que l’ensemble des acteurs a revu ses offres « low cost », pour les alléger davantage, sans doute une fois de plus au détriment de la qualité, ce qui engendrera de nouvelles frustrations, des personnels comme des clients.

Ce qui ne reviendra pas, c’est toute la valeur perdue. Les tarifs ont définitivement pris un coup dans l’aile, sans doute pour le bonheur des consommateurs, mais combien de salariés perdront leur emploi, ou devront travailler toujours plus vite au détriment de leur qualité de vie professionnelle ? Et combien d’heures perdues pour traiter des résiliations puis des réabonnements pour les mêmes clients, alors que pendant ce temps ils auraient pu se consacrer à d’autres tâches plus gratifiantes, et plus porteuses de valeur, tant pour leurs clients que pour leur entreprise ?

La diffusion des TIC dans la société française

Le Credoc publie chaque année un rapport sur la diffusion des Technologies de l’Information et de la Communication dans la société française.

En extrême synthèse, voici les points saillants qu’on peut retenir de l’étude 2011 :

  • la tendance de retour à l’équipement en téléphonie fixe, initiée en 2005, se poursuit
  • les 3/4 des Français disposent conjointement du fixe et du mobile, et la même proportion dispose du haut débit à domicile
  • les TIC se diffusent + rapidement en France qu’en Europe, et c’est la nouvelle technologie qui s’est le plus rapidement diffusée dans l’histoire connue des équipements grand public
  • cette diffusion concerne toutes les couches de la population, mais la « fracture numérique » se situe au niveau du nombre et de la sophistication des terminaux connectés dont on dispose
  • même en période de crise, les arbitrages budgétaires des ménages continuent à préserver les TIC
  • les Français ont du mal à se passer d’Internet + de 3 jours de suite
  • corrélativement à une présence accrue sur les réseaux sociaux (40% des Français sont inscrits ) et à la diversification des usages, le tiers des Français s’inquiète pour la protection de ses données personnelles

L’étude complète est disponible sur le site de l’Arcep, et l’on peut retrouver les archives des années précédentes sur le site du Credoc

Les Français et le nouveau monde numérique

TNS Sofres vient de réaliser une étude pour l’INRIA sur la perception du numérique par les Français. Cette étude sera suivie régulièrement, pour constituer une base de travail pour l’INRIA, organisme public de recherche dédié aux sciences et technologies du numérique.

On trouve notamment dans cette étude une « classification » des Français en 6 « typologies » d’utilisateurs, comme aiment à les construire les organismes d’études, même si cette approche reste assez réductrice.

Pour en savoir plus, on peut réécouter l’émission de France Inter « Quels « homo-numericus » sommes nous ? « .

Ce qu’on peut en retenir, brièvement, c’est qu’il reste beaucoup de confusion dans les esprits, y compris dans les catégories définies par cette étude, et que l’urgence est de former les jeunes Français, d’une part à la connaissance des technologies numériques, et d’autre part à la manière d’appréhender l’information, dont la diffusion est totalement bouleversée par Internet, à la fois en tant qu’utilisateur et contributeur. C’est un enjeu majeur, tant de l’économie du savoir que de la démocratie.

Les résultats de l’étude sur :