Les plus grands consommateurs de biens culturels sont… les pirates

Plusieurs études démontrent que les pirates sont également les meilleurs clients de produits culturels. A l’heure où Hadopi sévit, elles remettent en cause l’efficacité des mesures répressives.

« La piratage nuit à la création artistique ». C’est du moins ce que sont obligés de mentionner les fournisseurs d’accès à Internet dans leurs publicités. En réalité, c’est l’inverse, selon plusieurs études – toujours plus nombreuses – en France comme à l’étranger.

Parmi elles, celle menée par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), chargée de la lutte contre le piratage sur Internet, qui montre que les pirates sont ceux qui achètent le plus de biens culturels.

Lire la suite sur le site de La Tribune

L’étude menée par Hadopi

Rien de très nouveau en effet, hors le fait que l’étude menée par l’Hadopi elle-même le confirme…

Mais en France, le ridicule ne tue pas… en l’occurrence, malheureusement, car il y a fort à parier que rien ne soit remis en cause dans la politique de contrôle des internautes. De là à penser que la défense des droits d’auteur n’était pas le but essentiel… A suivre !

Culture estivale : questions d’image, enjeux « corporate »

Poursuite de notre compilation d’études de TNS/Sofres.

Pour terminer cette série, voici quelques points de repère sur l’image des entreprises et des personnels qui y travaillent. Cette question de l’image et de la communication corporate est un levier d’action pour les syndicalistes : les consommateurs sont de plus en plus sensibles au comportement des entreprises, et les enjeux d’image ne sont plus seulement liés à l’action commerciale des marques, mais aussi à la responsabilité sociale qu’elles assument plus ou moins bien dans une société en pleine mutation.

Bonne lecture. N’hésitez pas à ouvrir le débat dans les commentaires de ce billet.

C’était le dernier volet de cette compilation d’études. Si vous souhaitez voir traités d’autres sujet sur le même mode, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire.

Culture estivale : la retraite

Poursuite de notre compilation d’études de TNS/Sofres. La question des retraites, qui suscite de fortes inquiétudes et un vrai débat de société, est ici abordée sous le double angle de la perception de la réforme, mais aussi des moyens de préparer sa retraite.

Le prochain épisode de « culture estivale » sera consacré à la vie digitale des Français.

Bonne lecture. N’hésitez pas à ouvrir le débat dans les commentaires de ce billet.

Cinéma à Saint-Denis, « La comédie du travail », du 2 au 8 février

Les Journées cinématographiques dionysiennes « Est-ce ainsi que les hommes vivent? » tiennent leur 11ème édition du 2 au 8 février, à Saint-Denis (93).

Ces Journées portent cette année le titre de « La comédie du travail », qui donne sa thématique à l’édition 2011. C’est aussi une reprise du titre d’un film de 1987 du cinéaste Luc Moullet, sous le patronage duquel est placée cette édition.

Elle propose de dresser le panorama d’un siècle d’évolution des mentalités autour des enjeux, des valeurs et des perspectives du monde du travail, en déclinant une programmation de films et de rencontres.

Au programme, près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux, longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières. De La sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet, pour chercher quels sont les enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment.

Avec une trentaine de personnalités invitées, dont Luc Moullet, Aki Kaurismäki, Jean-Claude Brisseau, Benoît Delépine, Yolande Moreau, Rabah Ameur-Zaïmeche, Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, Marcel Hanoun, Cécile Decugis, Marcel Trillat…

Infos pratiques

Calendrier

nous
montrerons, à travers près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux,
longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières ; de la Sortie
d’usine (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet – quels sont les
enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes
s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment…

« France Télécom, malade à en mourir » sur Arte

Actu express: Arte a programmé hier une soirée « Télécoms, fiascos et réussites« . Elle se composait de deux documentaires, dont le premier, « France Télécom, malade à en mourir« , rend compte des méthodes inhumaines qui ont conduit à l’épidémie de suicides.

Ce film donne la parole à plusieurs salariés ou anciens salariés de l’opérateur historique. Ils ont témoigné de ce qui les amené à la dépression voire à la tentation d’en finir: déménagement forcé, mise au placard pendant des années, situation kafkaïenne d’un salarié abandonné dans un bureau vidé de tout équipement et des autres employés…

page web d'Arte sur la soirée télécoms

Leurs témoignages, ainsi que plusieurs analyses, comme celui d’une psychiatre et du spécialiste du harcèlement au travail Christophe Dejours, aident à comprendre comment la décision d’une poignée de technocrates a abîmé des milliers de vies et poussé certains à la mort.

Faire partir 22.000 personnes en quelques années n’a pas été indolore, loin de là. On a pu revoir le tristement fameux propos sur « la mode du suicide » de Didier Lombard, alors à la tête de l’opérateur historique.

La seconde partie de soirée sur la chaîne, « Télécoms, le grand chambardement« , montrait plus largement l’évolution vers la privatisation et la concurrence en France, en Allemagne et en Espagne. Le documentaire rappelait qu’avant la Commission européenne de Jacques Delors, ce mouvement a été enclenché en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher.

Il montre aussi que la gestion de la libéralisation n’a pas connu en Espagne et en Allemagne la brutalité qu’ont vécu les salariés de l’opérateur historique français.

Ces deux documentaires sont visibles gratuitement pour une semaine sur le site d’Arte, puis seront accessibles en téléchargement payant.

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3e assises nationales de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, les 9 et 10 décembre 2010

L’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom-Orange, copiloté par la CFE-CGC/UNSA et SUD, vous invitent à leurs 3èmes assises nationales, les 9 et 10 décembre 2010, à la Bourse du Travail de Saint-Denis.

Plus d’un an après l’éclatement de la crise de l’été 2009, le sentiment général qui prévaut parmi les salarié-es de France Télécom – Orange, c’est que les choses n’ont pas véritablement changé dans l’entreprise. Ces nouvelles assises nationales composées d’ateliers et de tables rondes permettront de faire le point sur la situation dans le groupe France Télécom – Orange.

Elles seront aussi un moment fort pour élargir le débat aux autres entreprises du secteur des télécommunications, à la fonction publique et à l’ensemble du champ interprofessionnel.

Enfin, l’Observatoire souhaite faire avancer un sujet décisif : la reconnaissance des suicides en accident de service pour les fonctionnaires.

Les assises sont ouvertes à tous. Venez nombreux !

Art, réalisme ou provocation: le plein-emploi parodié en vidéo

Vu dans la check-list du Monde :

Denis Podalydès dépasse les bornes ! Avec un collectif de comédiens, l’acteur de la Comédie-Française (également auteur et cinéaste) s’est amusé à parodier les offres de travail proposées par les agences du Pôle emploi. Sur ce site drolatique intitulé La Borne, l’internaute-chômeur a rendez-vous pour un entretien d’embauche dans une agence au décor futuriste et automatisé. Le demandeur est invité à répondre à un questionnaire absurde, conduit par une voix off robotique. Après résultat des tests, des propositions d’emploi adaptées aux compétences de chacun se veulent des plus étranges : dénigrateur, vaseman, briseur de rêves, gratteur de nez… Dans la rubrique « chômeur du mois », le lauréat n’est autre que l’acteur vedette qui se met en scène dans une vidéo de chômeur irrésistible. Le site est agrémenté de nombreuses vidéos satyriques – certaines en 3D. Cet ovni à l’humour corrosif est notamment soutenu – contre toute attente – par le ministère de la culture et de la communication.

Insolite, et finalement étonnamment réaliste !

LOPPSI 2 : un projet de loi nuisible et inutile

Sécurité... illusoireImage : B. Tal (Flickr) sous licence CC by-nc

Des hommes et femmes politiques de tout bord accusant Internet de tous les maux (Internet «envahi par toutes les mafias du monde» selon une formule célèbre), c’est un grand classique. Mais le projet de loi Loppsi 2, actuellement examiné au Sénat, est un festival d’incompétence, où au nom du tout-sécuritaire ce texte fourre-tout met à mal des principes fondamentaux, notamment en matière d’Internet, avec le blocage annoncé des sites au nom de la lutte contre la pédo-pornographie.

La censure est-elle digne d’une démocratie?

Filtrer le Web? L’Australie l’a fait. Résultat : des milliers de sites en aucune façon pédophiles ont été abusivement rangés dans les listes noires et rendus inaccessibles.

Techniquement, c’est parfaitement possible: l’exemple sans état d’âme de la Chine le démontre. La France veut-elle s’en inspirer? C’est ce que pointent certains médias: «Les dictateurs en ont rêvé», pendant que la CNIL s’inquiète de nouvelles collectes de données personnelles à l’insu des utilisateurs, sans maîtrise de leur détention et de leur exploitation, ni utilité avérée en terme de lutte contre la criminalité.

Dans un pays qui se réclame des droits de l’Homme, on peut à juste titre s’inquiéter d’une dérive policière, qui considèrerait la confidentialité des échanges privés et la liberté d’expression comme accessoires, et le contrôle de la légalité par un juge indépendant comme une sornette. Ces deux principes ne constituent-ils pas les fondements même de la démocratie?

Filtrer le Web: une mesure contre-productive qui protègerait surtout… les délinquants

Dangereuse sur le principe, la volonté de filtrage d’Internet de la Loppsi 2 pose en outre un réel problème d’efficacité en particulier face à la pédo-pornographie, souvent mise en avant pour justifier le blocage a priori des sites. Loppsi.fr, un site qui suit l’évolution du projet de loi depuis ses débuts s’interroge « Les professionnels du Net s’accordent à dire qu’il n’y a pas de sites ou de photos pédophiles sur le Web […] Alors à quoi bon faire une liste noire des sites pédophiles? Pour protéger qui? ». Des experts légaux et des gendarmes ont démontré que le filtrage était une mauvaise réponse contre la pornographie enfantine.

Changements d’adresse express, reroutages, les contournements sont monnaie courante pour déménager rapidement des contenus illégaux. Filtrer les sites, c’est inefficace. La Loppsi ne vise-t-elle qu’un effet d’affichage? Bloquer un site ne l’empêche pas d’exister (il restera accessible depuis d’autres pays par exemple), alors qu’une action concertée de police pourrait y mettre fin définitivement. Pourquoi ne regarde-t-on pas, plutôt que vers la Chine ou l’Australie, du côté de l’Allemagne, où la lutte à la source semble autrement efficace?

Une charge financière supplémentaire pour les fournisseurs d’accès

Vue des opérateurs, auxquels l’État demandera de bloquer des sites, l’opération suppose des dispositifs techniques, des ressources humaines et du temps, donc de l’argent. Or, on l’a déjà vu avec Hadopi (70 millions d’euros par an pour les FAI), qui n’a rien réglé pour l’indemnisation des FAI. Xavier Niel, le fondateur de Free, a critiqué à juste titre Hadopi, qui transfère aux opérateurs Internet des missions et des coûts qui ne sont pas de leur périmètre légitime d’intervention.

Inefficace contre la cyber-criminalité, la Loppsi 2 serait en revanche d’une toxicité avérée contre la démocratie et le libre fonctionnement d’Internet, tout en créant de dangereux précédents vers une société de surveillance des citoyens. La presse internationale s’est émue depuis plusieurs mois des aspects liberticides du projet de loi français.

C’est pourquoi la CFE-CGC & l’UNSA Télécoms appellent les parlementaires qui examinent la Loppsi 2 à en refuser les dispositions inutilement liberticides, et l’ensemble des citoyens à être particulièrement vigilants. La cyber-criminalité se combat à sa source. Sa réelle disparition du Web ne peut provenir que de sa destruction à la racine. En l’état, voter la Loppsi2, c’est comme jeter une couverture sur un brasier: une illusion temporaire.

Rentrée littéraire : les difficultés de la vie d’entreprise en vedette

L’article du Nouvel Obs « Voici le roman d’entreprise » met en avant trois ouvrages qui mettent sous les projecteurs la vie du salarié en entreprise.

Les deux romans, Retour aux mots sauvages, par Thierry Beinstingel, et L’Enquête, par Philippe Claudel, s’inspirent directement de France Télécom, devenue entreprise emblématique d’un mode de (dys)fonctionnement qui malheureusement s’étend bien au-delà de l’opérateur téléphonique.

Nous étions des êtres vivants, par Nathalie Kuperman constitue un témoignage direct de l’expérience vécue lors du rachat de Fleurus Presse. On pourrait y ajouter le roman d’Isabelle Desesquelles, Fahrenheit 2010, chroniqué par Pierre Assouline, qui s’inspire directement du rachat de la Librairie Privat à Toulouse – dont Isabelle Desesquelles était la directrice – par l’enseigne Chapitre. Ces derniers témoignages montrent que, jusque chez les « passeurs du sens » que constituent les journalistes et les libraires, on veut aussi détruire le sens au travail et le sens du travail.

L’art est toujours le reflet du monde dans lequel il s’inscrit, et de la manière dont les hommes le perçoivent. A l’ère contemporaine, les artistes sont de plus en plus des « lanceurs d’alertes » qu’il convient d’écouter avec attention, parce qu’ils font partie des derniers citoyens dont la parole est libre. Souhaitons que ceux-là soient entendus, et que leurs mots contribuent à faire changer le monde de l’entreprise, comme nous souhaitons aussi le faire en en décryptant les enjeux.

Censure: l’Observatoire du stress enfin accessible chez France Télécom

La censure d’Internet existe en Chine et dans d’autres pays, mais à petite échelle on la trouve aussi dans des entreprises, y compris françaises, qui veulent bannir des écrans des salariés les sites qui déplaisent à leur direction.

Il y a neuf ans, ce fut le cas chez Technip, qui retira les liens de son espace syndical en intranet; chez Dassault Systèmes un site sur l’informatique, Padawan.info, a été bloqué en 2004. Limiter l’expression sur les intranets est une pratique qui se retrouve entre autres à SFR (Miroir social).

Mais un cas emblématique de cette vision cubaine ou nord-coréenne du dialogue social et la liberté d’information a duré des années et portait sur un contenu particulièrement sensible, à propos d’une grande entreprise éprouvée par des suicides de salariés. Il s’agissait du blocage du site de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, interdit aux salariés de France Télécom.

CensureImage de Nicolo Paternoster (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

La CFE-CGC/Unsa, à l’origine de l’Observatoire avec Sud, annonce (communiqué en PDF) qu’elle « note avec une grande satisfaction la fin de la censure interne qui interdisait depuis 2007 aux salariés du groupe, l’accès du site de l’Observatoire ».

Elle relève que « la nouvelle direction s’était engagée à rompre avec cette forme de déni. Elle a respecté sa parole. »

Alors que cette politique de déni qui s’en prenait au thermomètre et non à la fièvre a enfin cessé, le syndicat relève aussi « avec soulagement la nette diminution, cet été, du nombre de suicides chez les salariés. Rien dans le domaine des troubles psycho-sociaux n’est jamais acquis. Mais il est important que le personnel reprenne confiance. »

Par une certaine ironie de l’histoire, c’est dans la même période qu’Orange s’associe à Reporters sans frontières (RSF) et propose pour les journalistes mal vus par leurs gouvernements un kit pour surfer anonymement. C’eut été un comble que le filtrage d’un site dérangeant perdure parallèlement dans la même entreprise…

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La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique? – 13 septembre 2009

Liens externes

Fiches pratiques salariés – Forum des droits sur l’Internet

Surfer au travail sans fâcher son patron – 01men, 12 juin 2007

Les dérives des nouveaux modes de management

L’émission de France Culture « Du grain à moudre » a organisé le 13 juillet dernier un débat en direct intitulé « Les dérives des nouveaux modes de management« , avec :

Michel Yahiel, président de la ANDRH, Ancien DRH de la ville de Paris
Danielle Linhart, sociologue Directrice de recherches au CNRS
Jean Marc Daniel, directeur de la revue Sociétal, Professeur d’économie
Gérard Doublet, conseiller en ressources humaines et management des organisations

On y parle (évidemment ?) de France Télécom, et les participants à la dernière Université d’été de la CFE-CGC/UNSA auront reconnu

Vous pouvez écouter l’émission via le site « tous les podcasts« .

Université d’été de la CFE-CGC/UNSA : J-18

Dernier jour pour vous inscrire (le programme et les modalités d’inscription sont disponible sur le site de la CFE-CGC/UNSA).

En attendant le jour J, vous pouvez écouter l’exposé de Caroline Miltgen au colloque « Reconnaissance et Marketing », publiée sur le blog du MOI (Marketing Opérationnel International). Caroline Miltgen, maître de Conférences à l’Université d’Angers,  interviendra aussi à notre Université d’été sur le thème de la « privacy », ou « respect de la vie privée », dont elle est une spécialiste. Ses travaux montrent que  les pratiques des consommateurs en la matière relèvent du paradoxe.

Les Cnil européennes se rebiffent contre Facebook et ses pratiques «inacceptables»

Les 27 autorités de protection des données privées ont écrit mercredi à 20 réseaux sociaux pour leur rappeler que le partage des informations personnelles par l’internaute doit faire l’objet d’un choix explicite et jamais d’un réglage par défaut. Et elles critiquent particulièrement les méthodes de Facebook.

Un mois et demi après avoir écrit ensemble au PDG de Google, Eric Schmidt, pour lui demander de respecter les lois (notamment à propos de son réseau social Buzz), la Cnil et ses 26 homologues européennes de la protection des données privées ont à nouveau écrit ensemble, pour faire la leçon à 20 réseaux sociaux.

Facebook - vos amis tous à nous appartiennentImage alexbfree (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

(clin d’oeil à une célèbre phrase de jeu vidéo)

Les 27 autorités ont cette fois haussé le ton, puisqu’en s’adressant spécifiquement à Facebook, elles ont stigmatisé ses pratiques «inacceptables», le changement des réglages par défaut au détriment de l’utilisateur (leur communiqué, PDF en anglais).

Le groupe de travail Article 29 sur la protection des données (c’est le nom officiel de cette coordination des 27 Cnil européennes) n’a de plus pas apprécié que Facebook ait procédé à son nouvel assouplissement de l’ouverture des  données de ses membres quelques jours seulement après avoir été entendu par le groupe de travail, en novembre 2009.

Aussi rappelle-t-il dans sa lettre que les utilisateurs doivent donner « librement et sans ambiguïté leur consentement » à la publication de leurs données personnelles. « Il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs. »

Une nomination aux Big Brother Awards

Avec ses 400 millions d’utilisateurs, le réseau social est particulièrement critiqué ces derniers temps pour son peu d’intérêt pour la protection de ses utilisateurs. Facebook a été nominé pour l’édition 2010 des Big Brother Awards (BBA), mention spéciale Internet. Avec dans les commentaires: «Au commencement, Facebook était un réseau social fermé. Mais plus ça va, plus Facebook modifie sa politique de protection de la vie privée pour partager à tout va les données qui y sont postées… avec la collaboration active de ses utilisateurs, principal carburant de Facebook.

Voici ce qu’en disent les internautes qui l’ont nominé : « Il sait tout, on ne sait ce qu’il fait de nos infos, les gens le savent mais ne font rien pour l’en empêcher, et ça va empirer » « Facebook est devenu une conciergerie mondiale, impossible de commenter une photo sans que tous « les amis » et souvent « amis des amis » en soient avisés » « 400 Millions de volontaires pour livrer leurs informations à une société dont le seul business modèle est de les vendre… »

En un mot comme en cent : Facebook est coupable, mais vous, utilisateurs naifs et inconséquents, l’êtes aussi», observent les BBA.

Des réglages d’une complication cauchemardesque

Voir encore ces infographies du New York Times sur la «privacy» dans Facebook: une vision cauchemardesque du réglage des paramètres (50 réglages avec plus de 170 options!), ainsi que l’allongement des textes expliquant à l’internaute ses droits (ou pas) en matière de vie privée: de 1.004 mots en 2005, la «privacy policy» de Facebook est passée maintenant à 5.830 mots – avec pour les plus aventureux une FAQ sur le sujet qui, elle, atteint 45.000 mots…

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Informatique, libertés, identité

InternetActu nous informe de la parution de ce nouvel ouvrage, qui ne manquera pas d’intéresser tous ceux qui se préoccupent d’identité numérique et de protection de la vie privée :

A l’issu du programme “Identités actives” de la Fing, nous publions sous la signature de Daniel Kaplan un ouvrage intitulé “Informatique, libertés, identités” (Fyp Editions). Cet article en présente la philosophie, que l’on peut résumer en une phrase : “La valeur de la vie privée, c’est de nous permettre d’avoir une vie publique !”

Suite de l’article sur le site d’InternetActu

Les trois quarts des Français considèrent que l’accès à Internet devrait être un droit fondamental

D’après une étude internationale menée par Globescan pour la BBC, les Français apparaissent convaincus de l’utilité d’Internet, et plus de la moitié ne pourraient plus s’en passer. Ils semblent cependant relativement lucides quand aux apports de ce nouveau média.

Gigabit Internet Cafe
Gigabit Internet Cafe

Image Lee Jordan (via Flickr) sous licence CC by-sa

Sans surprise, les services les plus appréciés sont la recherche d’informations de toutes sortes (44%) et la communication (32%), très largement avant les contenus distractifs (13%), l’achat en ligne (7%) ou la création de contenus (4%).

Selon le commentaire de Globescan, ils se montrent plus circonspects que les autres Européens sur le fait qu’Internet augmente leur liberté, et moins d’un tiers pensent que c’est un un lieu sûr pour exprimer leurs opinions. Seuls les Allemands et les Sud Coréens se montrent plus réticents sur ces points.

Plus de la moitié sont favorable à une régulation d’Internet par l’État, comme les autres Européens interrogés.

Ils sont partagés, à peu près en trois tiers, sur les principaux problèmes posés par Internet. Les contenus pornographiques et violents arrivent en tête, la fraude en second, et les atteintes à la vie privée en troisième position avec 26%.