Égypte: le gouvernement Moubarak impose aux opérateurs l’envoi de SMS de propagande

L’Égypte fournit un cas d’école du rôle des réseaux de télécommunications. Le gouvernement présidé par Hosni Moubarak a d’abord innové en étant le premier au monde à couper à cette échelle l’accès Internet, ainsi que les réseaux de téléphonie mobile, dans la nuit du 27 au 28 janvier.

Une coupure qui a évidemment eu un impact majeur sur l’activité des entreprises. Chez Orange, les 1.200 salariés en Egypte, pour la plupart téléconseillers, n’ont plus été en mesure de répondre aux demandes des clients.

Des manifestants installent un « camp media » place Tahrir au Caire, pour réunir photos et vidéos (photo de RamyRaoof (Flickr) sous licence CC by)

Nouvelle innovation cette semaine, alors que les manifestations continuent pour demander le départ du président au pouvoir depuis 1981: les opérateurs de téléphonie mobile ont été requis de rétablir leurs réseaux et d’envoyer des SMS de propagande gouvernementale à leurs millions d’abonnés.

Vodafone l’a annoncé par communiqué, indiquant que les opérateurs  Mobinil (filiale locale d’Orange), Etisalat et Vodafone, ont dû envoyer ces SMS depuis le début des manifestations. «Nous n’avons pas le pouvoir de répondre aux autorités quant à leur contenu», indique Vodafone, qui a protesté auprès du gouvernement égyptien: rien n’indique aux destinataires de qui émanent ces messages.

L’armée dans les centraux téléphoniques

«En pratique, rapporte Le Monde, l’armée égyptienne a brutalement investi, mercredi, les principaux centraux téléphoniques de Mobinil et de Vodafone. Les militaires ont invoqué un cas d’urgence prévu dans la loi sur les télécommunications pour passer outre la volonté des opérateurs.

Jeudi, Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, a aussi admis qu’une clause contenue dans la licence de Mobinil permettait aux autorités de fermer le service. « Quand l’armée arrive dans vos bureaux il n’y a rien de plus que vous puissiez faire », a déploré M. Richard. (…)

Certains de ces SMS invitaient notamment les Egyptiens à « démasquer les traîtres et les criminels » parmi les manifestants qui défilent contre le régime de Hosni Moubarak. Surtout, il semble que tous les messages n’ont pas été diffusés en direction des abonnés. Les opérateurs auraient relayé en priorité les appels au calme. « Jeunesse égyptienne méfie toi des rumeurs et écoute la voix de la raison », auraient ainsi reçus des abonnés du réseau Mobinil.»

Une coupure à 65 millions d’euros

«La coupure d’Internet pendant cinq jours par le gouvernement égyptien devrait coûter à l’Égypte 65 millions d’euros, selon une estimation de l’OCDE, rapporte Le Figaro. L’impact sur le long terme pourrait être plus important, car cette mesure radicale pourrait décourager des sociétés d’investir dans le pays. «Ce sera beaucoup plus difficile à l’avenir d’attirer des entreprises étrangères et de leur assurer que les réseaux resteront fiables», alors que «jusqu’ici, attirer ces sociétés a été une stratégie clé du gouvernement» égyptien, estime l’OCDE.»

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