Les opérateurs s’alarment de l’explosion des arnaques aux smartphones

Lu dans Les Échos du 2 octobre 2012 :

Les opérateurs sont confrontés à la fraude consistant à acheter un smartphone subventionné chez un opérateur, à le quitter sans payer ses factures puis à opter pour une offre low cost. Elle concernerait plus de 100.000 cas depuis janvier.

C’est la dernière arnaque à la mode dans la téléphonie mobile. Une fraude qui fait déjà des émules, et qui ennuie beaucoup les opérateurs. Elle consiste à acheter à moindre coût un smartphone haut de gamme subventionné par un opérateur contre la promesse d’un engagement de 24 mois… avant de partir illico presto chez un autre pour y souscrire une offre SIM-only bien moins chère. Pour un iPhone 5 à 679 euros sans subvention, qui passe à 199 euros avec un engagement de deux ans à 69 euros, l’arnaque peut valoir la chandelle !
Le procédé est bien sûr illégal : certains mentent sur leur identité ou ferment leur compte bancaire après avoir reçu leur terminal, déverrouillé au bout de trois mois.

[…]

L’arnaque est rendue possible par plusieurs nouveautés sur le marché français. D’abord le développement des offres low cost sans engagement, qui jouent un rôle important puisque les consommateurs ont désormais une alternative aux forfaits onéreux. La banalisation des prises de commande sur Internet, où les contrôles sont moins aisés, facilite aussi le phénomène. Ensuite, le prix des smartphones devient très élevé alors même que la crise économique fait rage. Et puis, Free ne fait pas encore partie de Preventel, un groupement d’intérêt économique (GIE) qui rassemble une dizaine d’opérateurs et gère une immense base de données, celle des impayés. Si le client d’un opérateur n’honore plus ses factures, il est fiché et ne peut plus aller chez un concurrent… à condition évidemment que celui-ci soit adhérent de Preventel. Free est en pourparlers avec le GIE pour en faire partie.
Mais neuf mois après l’arrivée de Free dans le mobile, et alors que les Français sont habitués à payer leurs mobiles peu cher depuis quinze ans, l’explosion de cette fraude pose surtout le problème de la cohabitation entre deux modèles : celui du forfait avec engagement assorti d’un téléphone subventionné et celui de la carte SIM seule, à bas coût.

Lire le texte intégral de l’article dans Les Échos

Effet Free Mobile : 5 à 7.000 emplois menacés dans les centres d’appels

Lu dans La Tribune du 3 octobre 2012 :

Selon le syndicat professionnel des centres de contacts, le secteur, qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires avec les opérateurs télécoms, pourrait pour la première fois supprimer des emplois dans les deux ans à venir du fait des bouleversements provoqués par l’arrivée du nouvel opérateur et de la « digitalisation » accélérée du métier.

Comment se portent les centres d’appels, neuf mois après l’arrivée de Free Mobile ? Le secteur, qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires avec les opérateurs télécoms, devrait être encore en croissance en 2012, selon Laurent Uberti, le président du syndicat professionnel des centres de contacts (SP2C). Mais « 2012 est une année de rupture et 2013 va être très compliquée, avec le contexte économique et la crise des télécoms depuis l’arrivée de Free. Il y aura une baisse des volumes de commandes des télécoms et probablement des fermetures de sites », a-t-il confié mercredi lors de la présentation du baromètre des centres de contacts externes réalisé par le cabinet BearingPoint.

Ce secteur, qui emploie environ 100.000 téléconseillers, situés à 61 % en France (le reste en « offshore » principalement au Maghreb), a généré 2,24 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011, en croissance de 9,8 %. Cependant, le patron du syndicat de la profession, qui est également président de la société Acticall, redoute que « entre 5 et 7.000 emplois du secteur disparaissent dans les deux ans qui viennent ». Ce serait une première pour ce secteur dynamique, qui cherche à corriger son image d’employeur aux petits jobs précaires : 84 % des contrats sont des CDI, 92 % sont à temps plein.

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Atos : chez Thierry Breton, 20% des salariés doivent être mauvais

Un article édifiant paru dans Rue89. Voici le début :

Lors d’une conférence dont Rue89 s’est procuré l’enregistrement, Atos propose d’attribuer des mauvaises notes à plus de salariés. Pour les pousser à partir ?

Chez le « leader européen des technologies de l’information » [PDF], c’est un peu comme à l’école. Lors de l’entretien individuel d’évaluation, chaque année, une note est attribuée au salarié en fonction de sa performance. S’il a largement dépassé les objectifs qui lui avaient été fixés, il décroche un 5, la note maximale.
Cette année, les directeurs d’Atos se retrouvent dans une situation inédite. Ils estiment que trop de bonnes notes ont été distribuées. Et qu’il va falloir rectifier le tir.
Ce ne sont pas d’éventuelles demandes d’augmentations pléthoriques qui inquiètent dans la société dirigée par l’ancien ministre de l’Economie, Thierry Breton. C’est autre chose, comme le révèlent les bandes-son de conférences téléphoniques organisées avec les managers et mises en ligne par la direction sur l’Intranet de l’entreprise à l’attention de ceux qui n’ont pas pu y participer. Rue89 se les est procurées.

On pourra utilement (re)lire l’article mis en lien de bas de page sur le même support : « Après France Télécom, Thierry Breton passe Atos à l’essoreuse« .

Peut-être est-il urgent que les syndicalistes d’Atos mettent en place un « Observatoire du Stress » comme à France Télécom ?

Emploi : le gouvernement rencontre syndicats et direction d’Alcatel-Lucent

En plus de la rencontre déjà prévue avec la direction d’Alcatel-Lucent, Fleur Pellerin s’entretiendra mardi 4 septembre avec les organisations syndicales de l’équipementier. Au cœur des discussions : les très probables suppressions d’emplois en France.

L’équipementier franco-américain n’en finit plus de se restructurer. En juillet, Alcatel-Lucent a ainsi annoncé 5.000 suppressions d’emplois d’ici fin 2013 ? Combien concerneront l’Europe et plus précisément encore la France ?

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Note de la rédactrice

N’y aurait-il pas moyen pour le gouvernement de s’appuyer sur le rapport du sénateur Bockel pour légiférer et exclure définitivement les matériels chinois des réseaux des opérateurs français ? On pourrait ainsi faire d’une pierre deux coups : améliorer la sécurité de nos réseaux de télécommunications, et retrouver de l’emploi chez les équipementiers européens, actuellement en fâcheuse posture.  Trois coups même : si les commandes reviennent, les acteurs pourront à nouveau investir dans la R&D, afin que l’Europe ne devienne pas un de ces jours complètement exclue de la compétition technologique mondiale.

Certes, les anciennes pratiques de la commande d’État lorsque France Télécom était un monopole piloté par un Ministère ont eu mauvaise presse ces dernières années (tout ce qui n’allait pas dans le sens de la pensée néo-libérale pur sucre étant juste bon pour le mépris)… mais de mémoire, il me semble que nous n’étions pas complètement ringards en matière de télécommunications, et que la France eut même pendant quelques années le plus beau réseau du monde. Nos équipementiers étaient alors tellement performants que les États-Unis ont édicté des règles pour protéger leur marché et leurs industriels. Certes, au pays de la concurrence pure et parfaite, ce n’est pas bien du tout. Mais il est sans doute plus qu’urgent non seulement de sortir de cette pensée unique, et d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde, qui est d’abord une vaste guerre commerciale à l’échelle de la planète. On y meurt plus lentement que sous les bombes, mais non moins sûrement. Alors, protégeons nous !

Motorola supprime 4 000 emplois et réoriente sa stratégie

Racheté par Google, Motorola a annoncé la suppression de 4000 postes, principalement hors des États-Unis. Le groupe a indiqué vouloir se concentrer sur quelques modèles haut-de-gamme.

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Le rachat de l’équipementier par Google n’aura donc pas permis de préserver les emplois chez Motorola. Il a en revanche permis à Google de mettre la main sur pas moins de 17 000 brevets… et de maîtriser la fabrication de mobiles tournant sous Androïd. L’équipementier va désormais se concentrer sur une gamme courte de terminaux haut de gamme.

L’objectif de Google est bien évidemment de maîtriser les éléments de l’écosystème lui permettant de concurrencer efficacement Apple, qui semble avoir pris une longueur d’avance avec l’iPhone et l’Ipad, et les nombreuses applications et contenus disponibles via l’Apple Store.

Les géants américains se livrent une guerre sans merci, où les rachats comme les partenariats ne constituent pas des garanties de protection des emplois.

Nokia, qui rappelons le a abandonné Symbian au profit de Windows Mobile et d’un partenariat avec Microsoft, 3ème larron américain en embuscade, annonce de son côté une nouvelle stratégie de partenariats exclusifs avec les opérateurs de télécoms pour le lancement de ses terminaux sous Windows Phone 8, comme l’avait fait Apple au démarrage de l’iPhone.  En France, cela s’était assez rapidement terminé, suite à une plainte de SFR et Bouygues Telecom auprès de l’Autorité de la Concurrence, et la mise en œuvre d’une telle stratégie dans l’hexagone semble donc compromise.

On ne peut en tous cas qu’espérer le redressement du dernier constructeur de mobile en Europe, pour préserver bien sûr les emplois qui restent dans ce secteur, et pour conserver en Europe des savoir-faire  en matière de téléphonie mobile, alors que le leadership en la matière s’est déplacé d’une part Outre-Atlantique, et d’autre part en Asie.

Télécoms : Neelie Kroes allège la pression sur les opérateurs historiques

Dans La Tribune du 12 juillet :

Des vacances réglementaires. Les opérateurs historiques, France Télécom en tête, en rêvaient tout haut, dénonçant le positionnement consumériste de la régulation de la Commission européenne, Neelie Kroes l’a fait. La Commissaire au Numérique a dévoilé jeudi des projets de recommandation qui vont dans le sens d’un allègement de la pression sur les ex-monopoles des télécoms. Après une décennie centrée sur la concurrence, la nouvelle priorité est l’investissement dans les réseaux de nouvelle génération. Ainsi, la vice-présidente de la Commission prévoit de ne pas abaisser le prix du dégroupage, payé par les opérateurs alternatifs qui utilisent la traditionnelle paire de cuivre du réseau téléphonique pour offrir l’accès Internet sur ADSL, et ce « au moins jusqu’en 2020 ». Les tarifs du dégroupage se situent autour de 9 euros par mois par abonné en moyenne en Europe, comme en France.

Lire le texte intégral dans La Tribune

Notre organisation s’est trop souvent plainte d’une régulation hyper-consumériste pour ne pas saluer les nouvelles orientations de la politique européenne dans le secteur des télécoms.  En parallèle, les soupçons d’entente entre les principaux opérateurs historiques européens semblent s’éteindre, et  donc l’étau se desserrer un peu pour les opérateurs historiques, confrontés à la nécessité de déployer les réseaux de nouvelle génération pour faire face à une demande croissante en volume, mais stagnante ou en repli en valeur.

L’ECTA, qui représente les opérateurs alternatifs européens, s’indigne. Notons cependant que lesdits opérateurs ne seront soumis à aucune ponction financière supplémentaire. Ce qui est annoncé, c’est simplement l’arrêt de la baisse des tarifs de dégroupage, et donc un statu-quo.

Il est assez piquant de constater que ceux qui défendent le plus vivement l’économie libérale et la fameuse « concurrence pure et parfaite » attendent du régulateur qu’il abaisse, pour eux seulement, le coût des facteurs… La « main invisible » ne ferait-elle pas son job ?

Technicolor : Vector préféré à JPMorgan comme nouvel actionnaire de référence

Les actionnaires de Technicolor, groupe technologique français en difficulté, ont tranché mercredi 20 juin pour l’offre de recapitalisation présentée par la société d’investissement américaine Vector Capital, la préférant à celle de sa compatriote JPMorgan Chase. Cette dernière était pourtant favorite.
Les deux investisseurs, qui s’étaient affrontés par voie de presse dans les semaines précédant l’assemblée générale, ont été invités à préciser les modalités de leur offre lors de l’assemblée générale, qui s’est étirée sur cinq heures. C’est au final une proposition amendée de Vector Capital – précisant que les actions unitaires seront émises à un prix unitaire de 2 euros – qui a été adoptée à 91,61 % par les actionnaires du groupe français.
Fin mai, le conseil d’administration avait annoncé qu’il comptait recommander la première offre de JPMorgan, qui permettait de lever 158 millions d’euros, aux actionnaires lors de l’assemblée générale. Le conseil avait toutefois accepté d’inscrire également à l’ordre du jour de l’assemblée générale les résolutions proposées par Vector Capital.

Lire la suite dans Le Monde du 20 juin 2012

L’usine Technicolor d’Angers placée en redressement judiciaire

L’usine, qui emploie 351 salariés, bénéficie d’une période d’observation de six mois à l’issue de laquelle le tribunal se prononcera à nouveau sur sa survie.

L’usine Technicolor d’Angers (ex-Thomson), qui emploie 351 salariés, a été placée vendredi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre, avec une période d’observation de six mois, a-t-on appris de source judiciaire. Le tribunal a arrêté au 15 avril la date de cessation de paiement et fixé la consignation devant être acquittée par Technicolor à deux millions d’euros pour financer la période d’observation.

Afin d’examiner le bilan économique de l’usine, une nouvelle audience est prévue le 28 juin à 9H00. La direction de Technicolor avait annoncé vendredi dernier le dépôt de bilan de son usine d’Angers, spécialisée dans la production de décodeurs numériques, qui est aussi son dernier site de production en Europe. L’usine de fabrication de décodeurs numériques, lourdement endettée, n’a pas réussi à résister à la concurrence asiatique qui a incité Technicolor à se tourner, pour l’avenir, vers des pays à bas coûts comme la Chine et l’Indonésie.

[…]

Pour les salariés, « c’est Technicolor qui envoie son activité au Vietnam et en Chine, c’est à Technicolor d’assumer ses actes », avait affirmé Mme Coquereau (secrétaire du CE). Une quinzaine de salariés étaient présents jeudi devant le tribunal, derrière une banderole proclamant « non à la faillite programmée ». […]

Mardi, l’intersyndicale de Technicolor avait été reçue par Fleur Pellerin, ministre déléguée auprès du ministre du Redressement productif.

Article complet à lire dans l’Expansion

 

Technicolor : la défaite du « produire français »

Pour Montebourg et Bayrou, Technicolor est devenu le symbole de la désinstrualisation. L’entreprise, qui fabrique des « box » ADSL, va fermer son usine d’Angers, sa dernière usine en France. Les fournisseurs d’accès Internet, même Orange, préfèrent faire fabriquer leurs modems à l’étranger.

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Orange n’y est pas épargné… et nous avons nous-mêmes été choqués que notre entreprise abandonne les dernières Livebox réellement « made in France »… A suivre.

 

La Commission contre l’Europe ?

Alternatives Économiques nous a ouvert ses colonnes pour une tribune qui reprend les propos que nous avions publié en communiqué de presse, et que nous reprenons ici in extenso.

Cinq opérateurs téléphoniques – France Télécom, Deutsche Telekom, Telecom Italia, Telefonica et Vodafone – se réunissent régulièrement (sous le nom d’Euro 5) pour réfléchir à la normalisation technique des réseaux mobiles de 4e génération (4G). Le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, s’est mis en tête que ces réunions constituaient les prémices d’un cartel. L’établissement de normes communes est pourtant absolument indispensable au bon fonctionnement des télécoms : ceux qui ont eu la mauvaise surprise de ne pas pouvoir utiliser leur téléphone portable aux Etats-Unis en raison de normes différentes outre-Atlantique en savent quelque chose.

De plus, tous les analystes et chercheurs s’accordent pour constater que, dans le domaine des réseaux, la coopération entre opérateurs et équipementiers en vue de définir des normes communes est un élément clé pour innover et s’implanter sur les marchés mondialisés. Dans le passé, les acteurs européens de la téléphonie mobile avaient réussi, en se regroupant, à mettre en place un standard commun – le GSM, puis le 3 GSM – qui a conquis le marché mondial : en 2007, 85 % des abonnés dans le monde utilisaient un téléphone basé sur ce standard et Nokia était encore leader mondial des terminaux mobiles.

Curieusement, la Commission européenne, jusqu’alors favorable à ces comités de normalisation, a fait volte-face. Elle enquête donc sur ces réunions de l’Euro 5, alors même que celles-ci se tiennent en présence d’un avocat et font l’objet de comptes rendus complets à la Commission européenne ! Elle a aussi adressé un questionnaire à la GSMA (évolution du groupement GSM), qui réunit aujourd’hui 800 opérateurs mobiles mondiaux et plus de 200 autres industriels du secteur, fabricants de terminaux, équipementiers, fournisseurs de logiciels et de services, afin de définir des normes pour les réseaux mobiles de quatrième génération.

Ces dernières années, la concurrence  » pure et parfaite  » est devenue l’obsession de la Commission européenne. Cette action est supposée faire baisser les tarifs et profiter ainsi aux consommateurs. Mais ceux-ci seront bientôt virtuels si le chômage continue ses ravages en Europe.

Quel est en effet le résultat de cette obsession concurrentielle dans le domaine des télécoms ? La liquidation de Siemens, Nokia, Ericsson et Alcatel au profit des constructeurs chinois. 32 000 emplois perdus en France chez les opérateurs télécoms depuis 1998, auxquels il faudra ajouter 10 000 délocalisations probables suite à l’arrivée de Free Mobile sur le marché français, toujours au nom de la sacro-sainte concurrence. Tandis que les acteurs américains, tels Google ou Facebook, font désormais la course en tête dans les services de télécommunications. Nous serions pourtant en droit d’attendre de Bruxelles qu’elle défende l’industrie européenne des télécommunications, un secteur stratégique pour nos économies. Mais sa forte croissance à l’échelle mondiale ne profite pour l’instant ni aux entreprises ni aux emplois sur le Vieux Continent.

Depuis, nous avons découvert que l’enquête mandatée par la Commission à été demandée par Apple et Google, comme nous l’avons noté dans cet article de Marianne sur la gestion de la liquidation de Nortel.

Technicolor pourrait avoir trouvé un investisseur

Le groupe français de technologies en difficultés a demandé la suspension de sa cotation, afin d’étudier dans l’après-midi la proposition d’un investisseur qui souhaite acquérir une part minoritaire.

[…]

L’intersyndicale du groupe doit par ailleurs être reçue mercredi par le ministre de l’Industrie Eric Besson, au sujet de la stratégie du groupe. Technicolor (ex-Thomson) a lancé fin 2011 un plan de réduction de ses effectifs en Europe avec 600 suppressions de postes dont 125 en France (44 à Rennes, le reste à Issy-les-Moulineaux).

Le groupe souhaite également se séparer de son dernier site de production français, situé à Angers (330 salariés), et qui fabrique des décodeurs. L’arrêt de cette activité d’ici à juillet a été acté par le groupe et confirmé par son PDG, Frédéric Rose. Technicolor a été le premier fabricant français de téléviseurs dans les années 1990, avant de se réorienter vers les services créateurs de contenu pour le cinéma et la télévision.
La société compte 17.000 salariés dans le monde, dont environ 1.900 en France où elle disposait d’une dizaine de sites de production au début des années 2000.

A lire en texte intégral sur L’Expansion.

Nortel : les fonds se goinfrent de brevets, le gouvernement laisse faire

La liquidation de la filiale française de l’équipementier télécom a laissé 467 salariés sur le carreau. Elle met en lumière la passivité de nos technocrates qui ont appliqué de nouvelles circulaires européennes sur le droit des faillites contradictoires avec notre tradition juridique. Elle souligne aussi l’absence de politique industrielle sur le continent, puisque ce sont également plusieurs milliers de brevets qui échappent à la France. Un enjeu de taille, alors que les géants américains de l’internet se préparent à une guerre économique avec les opérateurs télécoms historiques.

Lire la suite sur Marianne

L’article, très précis et argumenté, est tout à fait édifiant sur le risque que nous fait courir l’impéritie réglementaire en Europe, et illustre très concrètement la nécessité de mobiliser rapidement nos décideurs sur les enjeux de la filière télécom en France et en Europe, que nous soulevions dans notre billet d’hier.

On y apprend aussi, avec stupeur, que l’enquête de la Commission européenne soupçonnant un cartel d’opérateurs sur la normalisation de la 4G, a été lancée sur la demande conjointe  d’Apple et de Google !

[…] mais la cécité des pouvoirs publics français comme européens qui n’ont su ou voulu appréhender les enjeux pour le tissu économique du continent d’une telle législation, ne s’arrête pas là.
La bataille entre les opérateurs historiques de téléphonie du continent (Deutsche Telekom, France Télécom, Vodafone, Telefonica et Telecom Italia), et les géants de l’internet américain s’annonce sanglante. Mais qu’importe. A la demande d’Apple et de Google, pour une fois unis, la Commission européenne a ouvert une information sur une éventuelle entente des opérateurs européens concernant la normalisation des futurs services mobiles. Elle n’a en revanche jamais bronché sur les refus multiples d’Apple de placer des applications Orange sur sa plateforme Applestore sur lequel la marque à la pomme à le monopole.

L’enjeu est immense: ensemble, ces cinq opérateurs européens emploient des centaines de milliers de personnes sur le continent. Que ces entreprises perdent leurs abonnés au profit des réseaux sociaux et autres interfaces en contact direct avec les consommateurs et Apple, Google, Facebook dicteront leur loi et leur prix. Laissant ainsi la valeur ajouté à d’autres, les opérateurs risquent de se transformer en simples fournisseurs de tuyaux avec au bout une casse sociale de grande ampleur.
Le combat des ex-salariés de Nortel est, malheureusement une nouvelle démonstration de l’absence de politique industrielle tant nationale qu’européenne. Les candidats en parlent, mais loin de leurs tréteaux, l’insouscience industrielle des élites au cours de ces dernières années continue de faire des ravages…

Pire que nous l’imaginions : au lieu de défendre nos industries européennes, la Commission se fait le bras armé de nos concurrents les plus dangereux ! On aura beau jeu ensuite de parler « d’anti-européanisme primaire » des Français : la Commission fait vraiment tout ce qu’il faut pour cela !

Angers, mobilisation chez Technicolor le 24 avril

Dépêche AFP du 10 avril, à lire in extenso sur le site de France 3 :

Les syndicats de Technicolor appellent à la mobilisation le 24 avril

L’intersyndicale de Technicolor a appelé mardi à une nouvelle mobilisation des salariés le 24 avril à Rennes pour défendre l’emploi dans le groupe, qui ne cesse de réduire ses effectifs en France, et notamment sur le site d’Angers où l’avenir de quelque 330 salariés est incertain.

[…]

Un marché stagnant
Michel Vaquin, responsable de Technicolor France, a invoqué plusieurs raisons à cette « décision d’arrêter la fabrication de décodeurs dans l’usine d’Angers », notamment « la suppression du droit de douanes de 14% qui protège la fabrication de décodeurs sur le marché européen ».

« Il y a aussi la stagnation du marché européen aggravée par la décision de France Télécom, en septembre, de mettre fin à un gros contrat » de fourniture de décodeurs, a-t-il expliqué.

La reconversion de l’usine
Avec l’arrivée de Free sur le marché mobile, les opérateurs subissent « une pression très forte sur leurs marges », selon M. Vaquin, et « cherchent pour tout achat d’équipements des prix plus compétitifs, en se tournant vers des pays low cost ». D’où la décision de Technicolor de se concentrer exclusivement sur l’usine de fabrication de décodeurs de Manaus au Brésil, où le marché est « en plein développement et la protection douanière importante », a ajouté M. Vaquin. « On va préparer la reconversion de l’usine avec comme objectif de pérenniser le maximum d’emplois sur les 330 actuels dans le bassin d’emploi d’Angers », a-t-il assuré.

[…]

« Dans les jours qui viennent, nous allons lancer avec des syndicalistes de tout le secteur des télécoms un appel en faveur de l’organisation d’assises de la filière télécoms, qui voit partir ses cols bleus mais aussi désormais ses cols blancs « , indique Guillaume Trichard.

Technicolor a lancé fin 2011 un plan de réduction de ses effectifs en Europe avec 600 suppressions de postes, dont 125 en France: 44 à Rennes et le reste à Issy-les Moulineaux.

De Thomson à Technicolor
« Nous avons entamé des discussions sur un plan de départs volontaires », a expliqué le porte-parole de l’intersyndicale. Technicolor France (ex-Thomson) emploie aujourd’hui quelque 1.900 salariés. Angers est le dernier site de production situé dans l’Hexagone contre une dizaine au début des années 2000.

Premier fabricant français de téléviseurs dans les années 1990, la société, qui compte 17.000 salariés dans le monde, s’est réorientée vers les services créateurs de contenu pour le cinéma et la télévision, autour de la marque Technicolor rachetée fin 2000.

Nous aurons l’occasion de vous reparler de ces assises des télécoms, auxquelles bien sûr la CFE-CGC et l’UNSA Télécoms, opérateurs et équipementiers, participeront activement.

Il est en effet plus qu’urgent de mobiliser l’ensemble des décideurs, industriels et politiques, sur la place des entreprises françaises et européennes dans la filière des télécommunications. Les pages de ce blog sont une longue litanie d’emplois perdus et de compétences délocalisées, alors que les télécommunications sont à la fois :

  • un secteur globalement en croissance dans le monde,
  • un domaine dans lesquels les entreprises françaises ont pendant de longues années développé des compétences de haut niveau et tiré l’innovation, ce qui est forcément bon pour la balance commerciale et pour les emplois, mais aussi pour la compétitivité interne de notre économie,
  • une activité stratégique, aussi essentielle (voire davantage) que les réseaux de transport pour l’ensemble de l’économie française et européenne.

Peut-on raisonnablement envisager de laisser partir tout le savoir faire hors d’Europe, et se retrouver, financièrement et technologiquement, voire sur le plan même de notre sécurité, pieds et poings liés avec des fournisseurs chinois ou brésiliens ? Devons nous baisser les bras et considérer que nous ne pouvons plus être compétitifs dans un secteur porteur d’innovation ?

L’idée nous semble tout simplement inacceptable. Cependant, les dangers ne semblent pas être perçus par ceux qui dirigent (ou le prétendent) les politiques économiques françaises et européennes. Peut-être parce que l’information sur les délocalisations et les licenciements est délivrée de manière morcelée, et que la catastrophe n’est pas visible pour ceux qui se borne à regarder le chiffre d’affaires global du secteur, sans s’interroger sur les bénéficiaires de la valeur ajoutée.

Les assises des télécommunications constitueront l’occasion non seulement de faire un point global sur l’état de la filière, mais aussi d’ouvrir des pistes concrètes pour endiguer l’hémorragie, et refaire de ce secteur d’activité le fleuron qu’il fut dans les années 80/90… hum, juste avant l’ouverture des marchés à la concurrence « pure et parfaite ». Il est clair aujourd’hui que la concurrence non ou mal régulée n’est ni pure, ni parfaite. Et lorsqu’il s’agit d’activités stratégiques pour l’ensemble d’une économie, on ne peut en aucun cas se satisfaire d’une régulation par les seuls prix… qui est pourtant la réalité d’aujourd’hui, et qui fait les ravages que l’on voit.

Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas seulement (même si c’est très important pour les familles qui en vivent et pour lutter contre le chômage qui nous gangrène), de défendre les emplois de la filière. Il s’agit aussi de défendre notre autonomie en matière de télécommunications, vitales pour maîtriser la circulation et la protection des données qui circulent sur ces réseaux et dans les terminaux. Il en va à la fois du respect des lois françaises (qu’on voit déjà régulièrement battues en brèche par des acteurs tels Google ou Facebook), de nos intérêts stratégiques, et de notre capacité à développer des offres innovantes répondant aux attentes de nos concitoyens.

La Commission Européenne remet en cause le tarif de la terminaison d’appel accordé à Free Mobile

Une information intéressante publiée par Univers Freebox, dont voici, en morceau choisi, l’opinion de la Commission sur une asymétrie tarifaire que nous avons dénoncée dès janvier :

Pour Mme Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, «les consommateurs français sont sur le point de bénéficier de la décision de l’ARCEP qui consiste à imposer aux opérateurs mobiles existants des tarifs de terminaison d’appel mobile basés sur les coûts. L’arrivée de nouveaux opérateurs garantit que le marché français de la téléphonie mobile est concurrentiel et dynamique étant donné qu’il offre un choix plus large aux consommateurs. Toutefois, imposer des tarifs de terminaison d’appel mobile plus élevés aux nouveaux entrants n’a de sens que si les coûts sont réellement plus importants».

Enfin un peu de raison dans la gestion du nouvel entrant ? Cela au demeurant rendra le business model de Free beaucoup plus périlleux…

 

Après le big-bang ! Les déçus de Free mobile recomposent le marché

Deux mois après la sortie de l’offre de Free Mobile, le monde de la téléphonie a connu de profondes mutations, dont une baisse de tous les prix. Mais ce que n’avaient pas prévu les opérateurs, c’est la volatilité nouvelle des clients… Selon les estimations du Parisien, 2 000 déçus quitteraient Free chaque jour.

[…]

L’effet de surprise et la primeur des offres proposées par Xavier Niel commencent à s’essouffler, d’autant plus que deux paramètres sont à prendre en compte.

Le premier concerne les offres Quadruple Play qui vous permettent de regrouper votre abonnement internet, la téléphonie fixe, la télévision et la téléphonie mobile. Les clients sont-ils prêts à résilier tous leurs abonnements chez les opérateurs historiques pour filer chez Free ? Rien n’est moins sûr. De ce côté, Orange et notamment Bouygues Telecom réalisent des efforts notables pour endiguer la fuite de leurs clients.

Le second est relatif à la fiabilité du réseau. Même si Xavier Niel himself a montré les crocs face aux attaques répétées et parfois acerbes de ses concurrents, c’est décidé, il portera plainte pour chaque nouveau pic.
Toutefois, force est de constater que de nombreux clients de chez Free Mobile ont très récemment subi quelques désagréments. Entre des coupures intempestives et des SMS qui ne s’envoient pas, les limites de la location du réseau Orange semblent poindre. Au-delà de la guerre des prix, ce hic est à suivre de près, d’autant plus que les fréquences allouées à Free Mobile pouvant résoudre ce problème ne seront actives qu’au cours du premier trimestre 2013. Enfin, le quatrième opérateur souhaite lancer une offre de carte prépayée. Cela maximise d’autant plus le regroupement des offres. N’oublions pas non plus que la 4G sera en test dans les prochaines semaines chez Orange (à Marseille) et chez Bouygues Telecom (à Lyon), alors que Free Mobile semble avoir du mal à faire fonctionner son réseau classique…

Extrait d’une intéressante analyse de Fabien Grenier sur Atlantico.

Une petite réflexion personnelle complémentaire, alors que l’Arcep confirme (malheureusement) nos hypothèses quant au risque de suppressions d’emplois dans le secteur des télécoms suite à l’arrivée du 4ème opérateur mobile :  les consommateurs ne doivent-ils pas s’interroger aussi sur la responsabilité sociale de l’entreprise avant de choisir leur opérateur ?

Notre tribune « Dogme de l’hyper concurrence + consumérisme = délocalisations et décroissance » a choqué de nombreux freenautes lors de sa publication, la protection de leur porte monnaie apparaissant dans leurs propos comme une motivation prioritaire sur tout le reste, et notamment la protection des emplois en France.

Pourtant,  choisir un produit « commerce équitable » qui préserve un revenu décent pour les producteurs des pays en voie de développement ou un produit « bio » préservant la qualité environnementale semble bien entrer peu à peu dans les mœurs, certes d’abord pour les consommateurs qui ont encore les moyens d’opérer un tel choix.

Mais à quel niveau de chômage faudra-t-il arriver pour que chacun se pose la question de l’emploi, en quantité et en qualité, induit par ses comportements d’achats ? Certes, les opérateurs « historiques » ne sont pas forcément exemplaires en la matière, nous sommes bien placés pour le savoir. Mais si cela devient un critère discriminant pour les consommateurs, nul doute que cela les obligera à s’améliorer !

Que tous ceux qui se plaignent de ne pas être entendus par la classe dirigeante s’interrogent : font-ils tout ce qu’il faut pour l’être ? Prennent-ils toutes leurs responsabilités dans leur vie quotidienne pour que notre monde change ? Leurs actes économiques sont-ils en adéquation avec les idées qu’ils énoncent, la société dans laquelle ils ont envie de vivre ? Donner un contenu « citoyen » à sa consommation devient certainement de plus en plus urgent, alors même que les chiffres de l’économie pèsent plus lourd que les idées humanistes dans la plupart des décisions politiques…