Les trois quarts des Français considèrent que l’accès à Internet devrait être un droit fondamental

D’après une étude internationale menée par Globescan pour la BBC, les Français apparaissent convaincus de l’utilité d’Internet, et plus de la moitié ne pourraient plus s’en passer. Ils semblent cependant relativement lucides quand aux apports de ce nouveau média.

Gigabit Internet Cafe
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Image Lee Jordan (via Flickr) sous licence CC by-sa

Sans surprise, les services les plus appréciés sont la recherche d’informations de toutes sortes (44%) et la communication (32%), très largement avant les contenus distractifs (13%), l’achat en ligne (7%) ou la création de contenus (4%).

Selon le commentaire de Globescan, ils se montrent plus circonspects que les autres Européens sur le fait qu’Internet augmente leur liberté, et moins d’un tiers pensent que c’est un un lieu sûr pour exprimer leurs opinions. Seuls les Allemands et les Sud Coréens se montrent plus réticents sur ces points.

Plus de la moitié sont favorable à une régulation d’Internet par l’État, comme les autres Européens interrogés.

Ils sont partagés, à peu près en trois tiers, sur les principaux problèmes posés par Internet. Les contenus pornographiques et violents arrivent en tête, la fraude en second, et les atteintes à la vie privée en troisième position avec 26%.

Pour relancer l’économie : et si on fermait la Bourse ?

Le Monde Diplomatique, jamais en retard d’une fine analyse, livrait dans son numéro de février un excellent papier de Frédéric Lordon, économiste et auteur de La Crise de trop. Reconstruction d’un monde failli. Excellent, argumenté, avec une pointe d’humour caustique tout à fait plaisante, il sera bientôt en ligne dans son intégralité.

Le papier s’ouvre sur une évocation de France Télécom :

Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail.

Pour illustrer les « extravagantes demandes du capitalisme » (dixit), il aurait pu aussi parler des dividendes versés aux actionnaires de France Télécom pour l’exercice 2009,  supérieurs aux bénéfices de l’entreprise ! Sa démonstration en tous cas ne fait que conforter nos analyses, que vous pouvez retrouver sur ce blog et celui de l’ADEAS, Association pour la Défense de l’Epargne et de  l’Actionnariat des Salariés de France Télécom-Orange.

Pour notre part, nous répondons trois fois « oui » aux suggestions de Frédéric Lordon. Qui au pouvoir aura le courage de s’en emparer ?

A lire:

Petit traité contre le sexisme ordinaire

Vu sur le  site de la CFE-CGC : un livre à lire, et un débat, le 4 mars prochain, avec Brigitte Grésy, inspectrice générale des Affaires sociales et auteure du « Petit traité contre le sexisme ordinaire ».

Entreprises : la foire aux vanités

Actu express: Le Nouvel Obs, tout comme nous, se demande si c’est de l’humour… de parfait mauvais goût au demeurant :

Ce n’est pas une blague. France Télécom a reçu en 2009 un prix récompensant les entreprises «qui proposent à leurs salariés les meilleures pratiques RH, leur permettant de s’épanouir personnellement et professionnellement au travail». Elle faisait partie des 20 lauréats 2009 du palmarès Top Employeurs France décerné par un cabinet néerlandais, l’Institut CRF A la rubrique «conditions de travail», l’entreprise, plutôt citée ces temps-ci pour les suicides de ses salariés, a même obtenu cinq étoiles ! C’est ce que rapportait le mensuel «Liaisons sociales» en décembre dernier relatant la frénésie d’autoglorification des entreprises en matière sociale.

France Télécom: Didier Lombard abandonne la direction à Stéphane Richard

Actu express: à la veille d’une interview dans Le Figaro de ce mardi dans laquelle Didier Lombard annonçait céder la direction exécutive de France Télécom à Stéphane Richard, la nouvelle a été donnée en ligne par le quotidien et officialisée par un court communiqué de l’entreprise, sous le titre « Evolution de la gouvernance du groupe ».

Le conseil d’administration de France Télécom, le 24 février, devrait donc entériner la dissociation des fonctions de président et de directeur général à compter du 1er mars, et voir Stéphane Richard prendre la la gestion opérationnelle du groupe. La rumeur de ce changement au sommet, un an plus tôt qu’initialement prévu, avait couru dès le 20 janvier, lancée par Capital.fr qui revient longuement ce mardi sur le sujet (« France Télécom : comment Stéphane Richard a évincé Didier Lombard« ).

En attendant ses futurs discours de patron de France Télécom, nul doute que les récents propos de Stéphane Richard, généraux comme dans une interview au Figaro le 10 décembre ou sur les contenus il y a quelques jours, seront scrutés attentivement.

A lire aussi

L’ Esprit de Philadelphie : la justice sociale face au marché total

Alain Supiot, Directeur de l’IEA de Nantes, Professeur de Droit et membre de l’Institut Universitaire de France, vient de publier cet ouvrage aux éditions du Seuil, qui, selon Mediapart :

apporte un éclairage saisissant sur les causes les plus profondes des dysfonctionnements et de la crise de nos sociétés actuelles. Cela peut se résumer en une formule, que suggère le titre de l’ouvrage: nos sociétés ont rompu avec «l’esprit de Philadelphie». […] A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les vainqueurs ont dessiné des règles financières et monétaires, pour assurer la stabilité du monde et le développement économique, notamment au travers des accords de Bretton Woods, contresignés le 22 juillet 1944 par les délégués représentant l’ensemble des 44 nations alliées. Ces accords furent précédés, le 10 mai 1944, d’une déclaration adoptée par l’Organisation internationale du travail et connue sous le nom de Déclaration de Philadelphie. Elle est, en quelque sorte, le pendant social des accords financiers de Bretton Woods.

On peut consulter le texte intégral de la Déclaration de Philadelphie sur le site de l’aidh (l’éducation aux droits de l’homme en français).

Nous vous proposons, avant d’ajouter cet ouvrage à votre bibliothèque, d’écouter les entretiens de Mediapart avec Alain Supiot, via Dailymotion, en deux parties :

Comment vendre à la découpe le service public

Le Monde Diplomatique a publié en décembre dernier un excellent dossier d’analyse sur l’idéologie et les méthodes qui président à la suppression progressive des services publics en Europe. Illustré par différents exemples de privatisation de services, il pose d’excellentes questions sur les missions de l’État.

Le dossier est désormais en ligne sur le site du Monde Diplomatique. A lire d’urgence…

« Bobines sociales », 7ème édition du festival

Le festival de films documentaires « Bobines sociales » débute aujourd’hui sa 7ème édition, centrée sur les thématiques « Agriculture, travail, et psychiatrie : points de frictions et lieux de résistances ».

Pour les parisiens, le programme des projections et débats est disponible sur le site du festival.

On pourra notamment y voir 3 documentaires particulièrement intéressants,  également disponibles sur Internet en vidéo à la demande (VOD) :

Croissance du nombre de chaînes et de plates-formes de télévision européennes malgré la crise

Actu express: La Commission européenne publie les chiffres de son Observatoire européen de l’audiovisuel.

– Plus de 245 nouvelles chaînes de télévision ont été lancées en Europe en 2009 ; ce qui mène à la fin de l’année 2009 à un total de 7 200 chaînes de télévision européennes.
– La TNT est lancée dans 24 pays sur 29 (UE 27 + deux pays candidats, Croatie et Turquie), et plus de 730 chaînes sont désormais transmises par voie terrestre en Europe.
– Le marché du câble se consolide alors que le nombre d’opérateurs sur les marchés de l’IPTV, de la télévision par satellite et de la télévision mobile continue d’augmenter.

Du côté des contenus, les chaines sont majoritairement implantées en Grande Bretagne, même si elles émettent ailleurs, et centrées sur la fiction, le sport et le divertissement.

Les entreprises commencent à adopter massivement les nouveaux usages du Web 2.0

Actu express: Si les entreprises ont longtemps été le moteur d’adoption des nouveaux terminaux et services de télécommunications,  la tendance s’est nettement renversée depuis une bonne décennie. Depuis la démocratisation du téléphone mobile, et plus encore depuis la naissance des outils collaboratifs sur Internet, ce qu’on appelle communément Web 2.0, c’est le grand public qui tire les usages et finit par les imposer en entreprise.

Si cela bouleverse la vision et le métier des responsables de systèmes d’informations, c’est vital pour ces nouveaux services de s’implanter en entreprises : c’est en effet bien souvent l’exploitation dans ces dernières qui permet de trouver des modèles économiques viables pour les pérenniser.

C’est ce que souligne l’IDC, qui publie un bilan d’adoption des applications du Web 2.0 en entreprise :

Selon les dernières enquêtes réalisées par IdC en France comme dans d’autres pays européens, les nouveaux usages d’Internet, liés à l’avènement du Web 2.0, tendent à se répandre de plus en plus dans les entreprises. Ils contribuent largement à soutenir la croissance du marché mondial des applications collaboratives, estimé à 7,7 milliards de dollars en 2009 (+ 12 %) et qui devrait dépasser les 10 milliards à l’horizon 2012.

Subventions à la presse en ligne: qui touche combien?

Actu express: un débat vif s’est engagé entre blogueurs « purs » et presse en ligne (les seconds ayant droit à des subventions gouvernementales dans le cadre du Fonds d’aide au développement des services de presse en ligne) sur le fait de recevoir, et d’accepter, des aides publiques.

Mais outre les pure players (Mediapart, Rue89, Slate etc.), la presse traditionnelle a également droit à ces fonds pour ses propres activités en ligne… tout en ne tenant guère à la transparence sur le sujet. Aussi est-ce un travail très intéressant qu’a réalisé le journaliste Philippe Couve, qui sur le site Samsa.fr expose après avoir épluché les documents officiels et trouvé un compte-rendu doctobre 2008: « Presse en ligne: qui touche les subventions?« .

Montant des subventions des dernières années, pourcentage de subvention et nature des travaux qu’elles cofinancent, en presse régionale comme nationale, c’est un document qui nourrira le débat. On lit par exemple que Le Monde en 2004 a bénéficié de 1.361.200 euros pour la « mise à jour technologique du site Internet », avec un taux de subvention de 40%.

Philippe Couve a également mis en perspective, pour la période 1999-2003, les données du rapport de la commission de contrôle du fonds d’aide à la modernisation de la presse quotidienne. Et indique les subventions pour des projets devant « améliorer la productivité de l’entreprise », « améliorer et diversifier la forme rédactionnelle des publications » et « développer des moyens modernes de diffusion des publications ».

A lire aussi

Taxer les FAI pour financer la presse, une mauvaise réponse à une vraie question, 17 juin 2009


2004 Le Monde Mise à jour technologique du site Internet 1 361 200 40,00 %

L’Hadopi a-t-elle (déjà) un problème de police?

Le NouvelObs signale une information qui mériterait la création d’une catégorie « juste pour rire » :

Le logo de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, présenté vendredi, utiliserait une police protégée par le droit d’auteurs, propriété de France Télécom.

La police « Bienvenue » fut en effet créée en 2000 pour l’usage exclusif de l’opérateur, dans ses documents de communication. On notera également que les couleurs et les modalités d’encadrement évoquent l’ancien logo de Wanadoo. Pas très créative, l’agence de l’Hadopi…

La typographie du logo a été modifiée dans la foulée, mais pas son aspect général.

Travailler plus, c’est mortifère

On ne présente plus Gérard Filoche, Inspecteur du travail bien connu pour ses positions très « carrées ». Dans un billet du 8 janvier, il relie à juste titre les suicides au travail chez France Télécom, et le « déshabillage » progressif du Code du Travail de ces dernières années dans une indifférence quasi générale, qui se matérialise notamment par le fait qu’on lui a reproché, en 2008, d’assister à une journée de travail organisée par l’Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées à France Télécom-Orange, mis en œuvre par Sud et la CFE-CGC/Unsa.

Depuis, un coin du voile a été levé sur le tabou des suicides au travail. Mais il faudra encore du temps pour que les liens avec l’évolution du droit et surtout les pratiques concrètes des entreprises en matière d’organisation du travail soient admis par tous, et permettent de déboucher sur de vrais changement dans la vie des salariés. C’est l’un des aspects rappelés par les sociologues du travail qui se sont exprimés lors du débat public organisé ce même 8 janvier par l’Observatoire au Conseil Régional d’Ile de France.

En attendant, il appartient à ceux qui sont directement impactés, et aux experts du domaine, qu’ils soient chercheurs, inspecteurs du travail ou syndicalistes, de continuer à démontrer et dénoncer la langue de bois qui prévaut encore trop souvent sur ces questions…

A lire sur Miroir Social, « France Télécom Orange : le grand guignol des prix et labels »

Sur le site Miroir Social, Sébastien Crozier vient de publier un article. En voici le début:

« En avril 2009, Ernst & Young auditait les Centres d’Appels de France Télécom et l’ALRS (Association pour la promotion et le développement du Label Responsabilité Sociale).

La crise sociale à France Télécom est loin d’être terminée. En dépit de la communication de l’entreprise, les négociations sur le stress et les conditions de travail piétinent, ne débouchant au mieux que sur une tardive mise en conformité des pratiques de l’entreprise avec le droit du travail. Les personnels sont toujours dans l’attente de mesures fortes, répondant à leur désarroi en éradiquant les méthodes managériales déficientes, dénoncées par l’audit Technologia et les inspecteurs du travail.

Pendant ce temps, France Télécom et ses principaux dirigeants continuent imperturbablement d’être récompensés par des prix, labels et nominations plus incongrus les uns que les autres. Grand guignol ou camouflet pour les salariés qui souffrent ?
Petit rappel historique (…)

L’article complet

20100107_medaillesImage Jorge-11 (Flickr) sous licence CC by

Grève à Yahoo! pour protester contre la fermeture de la R&D en France

Actu Express:  lu sur Miroir Social :

La raison invoquée par la direction de Yahoo! pour ce deuxième PSE de l’année est la « consolidation de ses plateformes engineering, aujourd’hui dispersées dans 19 pays et 42 sites différents, en 4 principaux centres dans le monde (Sunnyvale en Californie, Londres, Taïwan et Bangalore en Inde) ».

Rien de nouveau malheureusement sous le soleil. Sans usines, mais aussi sans chercheurs, on se demande quel est l’avenir de la France, alors que les emplois fondent à vue d’oeil dans le secteur pourtant en croissance de l’économie numérique. L’Europe n’a vu naître aucun grand leader dans les activités de « pure player » Internet, qui sont essentiellement états-uniens dans le monde occidental. Et cela sera de plus en plus difficile d’en faire émerger un si les salariés qualifiés pour innover dans ce domaine se retrouvent tous au chômage.

Y aura-t-il des opportunités via le « grand emprunt », qui doit profiter au numérique français? Affaire à suivre, nous y reviendrons dans les prochains jours…