BT accepte de faire de sa filiale réseau une entreprise juridiquement distincte

Le lobbying des opérateurs alternatifs britanniques et l’intense pression de l’Ofcom, le régulateur local des télécoms, ont fini par payer : BT va transformer Openreach, sa branche dédiée au réseau, en une entreprise juridiquement distincte. Le régulateur britannique estime que cette mesure devrait éliminer les risques de pratiques anticoncurrentielles de l’opérateur historique vis-à-vis de ses concurrents et donner un coup d’accélérateur aux investissements des opérateurs dans la fibre.

Sans atteindre de telles extrémités, le régulateur français adopte depuis plusieurs mois une attitude assez menaçante vis-à-vis d’Orange, pourtant principal investisseur du pays dans le développement des réseaux fibre. Pour notre part, nous répétons, encore une fois, qu’on ne peut pas à la fois prôner la concurrence par les infrastructures et pénaliser celui qui investit le plus, au bénéfice collectif de tous les acteurs économiques du territoire. Au lieu d’un coup d’accélérateur, une telle initiative provoquerait sans doute plutôt un coup de frein brutal sur les investissements et, partant, sur le développement des infrastructures en France.

Source : BT, le « Orange » britannique, va créer une filiale distincte dédiée au réseau

Bernard Stiegler : de l’expérimentation d’un « territoire apprenant contributif » en Seine-Saint-Denis

C’est à Plaine Commune, communauté d’agglomération de Seine-Saint-Denis présidée par Patrick Braouzec, que le philosophe Bernard Stiegler initie un projet d’expérimentation inédit et ambitieux : faire de ce territoire jeune et économiquement très dynamique, mais confronté au chômage de masse et aux défis de la mixité sociale et culturelle, un « territoire apprenant contributif ». Y seront menés des projets de « recherche-action » contributive, incluant donc les habitants, avec l’objectif de mettre en place, à terme, un revenu contributif, pour partager différemment la richesse à l’heure où l’automatisation fait vaciller l’emploi. Une initiative très intéressante, à suivre.

Source : Conversation avec Bernard Stiegler : « Faire de Plaine Commune en Seine-Saint-Denis le premier territoire contributif de France »

Et maintenant, le Big Data va sauver le monde !

Il y a quelques jours, le journal Les Echos offrait une tribune libre à Jeffrey Sachs, intitulée « Les données, une nouvelle arme contre la pauvreté ». L’économiste américain, directeur de l’Institut de la Terre de l’Université de Columbia et consultant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon, commence fort en affirmant :

Avec de faibles investissements, cette massification des données pourrait également conduire à une révolution du développement durable. Et accélérer les progrès vers l’éradication de la pauvreté, en favorisant l’intégration sociale et la protection de l’environnement.

Sachs détaille les nombreux bienfaits liés au Big Data, qui « révolutionne déjà » la fourniture et la gestion des prestations de services par les gouvernements et les entreprises, et qui permet « à l’opinion publique d’identifier les problèmes et de tenir les institutions publiques et les entreprises pour responsables ». Il lui attribue enfin un dernier objectif : « permettre à l’opinion publique de savoir si oui ou non un objectif mondial est réellement atteint ». Evoquant les objectifs du programme Millénium de l’ONU, dont il est l’instigateur et le directeur, il évoque le manque de connaissances précises pour savoir s’ils ont été atteints, « en raison de l’absence de données de haute qualité, en temps opportun » et estime que « la révolution des données peut mettre fin à des longs délais et améliorer considérablement la qualité de ces données ».

De façon peu surprenante, Jeffrey Sachs nous offre ici une vision complètement angélique du Big Data. De fait, il prêche pour sa paroisse. En fait, il semble que la majeure partie des objectifs fixés dans le cadre du programme Millénium ne soient pas mesurables. Ainsi, cité dans le Financial Times, un rapport de l’ONU estime que moins de 60% des données permettant cette évaluation sont disponibles dans les pays émergeants (cf. graphe ci-dessous), et ce malgré « d’énormes investissements ». Mieux encore, seulement la moitié de ces données est fournie par les pays eux-mêmes, l’autre moitié étant estimée. Difficile, dans ces conditions, de justifier de la réussite d’un programme dont même le Secrétaire Général de l’ONU reconnaît l’insuffisance des avancées.

Big Data_déceloppement_imageCe n’est évidemment pas la première fois qu’est évoqué le recours au Big Data pour les problématiques liées au développement – l’ONU y a même dédié un programme, Global Pulse. Mais il est étonnant que le très sérieux journal Les Echos n’ait pas apporté de contrepoint à la vision de Jeffrey Sachs. Ils auraient, par exemple, pu faire appel au statisticien français Emmanuel Letouzé, fondateur du think tank Data-Pop Alliance. Sa très intéressante interview pour le site KDnuggets montre notamment que s’il promeut le Big Data en tant qu’outil statistique pour l’évaluation des politiques de développement, il n’oublie pas de questionner ses aspects politiques et éthiques (protection de la vie privée, accès aux données, anonymisation) ainsi que la validité des données recueillies : selon lui, la production de ces dernières par une certaine catégorie de personnes seulement, par exemple celles qui ont accès à Internet, introduit un biais dont les modèles prédictifs doivent impérativement tenir compte.

Au final, Les Echos passent sous silence le risque important à laisser croire que le Big Data est la solution à tous les problèmes.

Retrouvez ci-dessous notre série d’articles portant sur le Big Data, problématique qui sera au centre de l’Université d’été de la CFE-CGC Orange, qui aura lieu les 22 et 23 juin.

Deux milliards d’internautes d’ici la fin de l’année

En cinq ans, la population mondiale ayant accès à Internet aura doublé: d’ici la fin de l’année 2010, on comptera deux milliards d’internautes dans le monde, deux fois plus qu’en 2005. Ces données viennent d’être publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT, ou ITU en anglais).

Internautes dans le mondeImage Septem Trionis (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

La répartition est, comme dans d’autres domaines, très inégale: fin 2010 ce sera 71% de la population qui sera en ligne dans les pays développés, contre 21% dans les pays en développement. Et si 65% des habitants ont un accès Internet à domicile dans les pays développés, ils ne sont que 13,5% dans les pays en développement, «où l’accès Internet dans les écoles, sur les lieux de travail et dans les lieux publics est d’autant plus crucial», souligne l’UIT.

La téléphonie mobile est largement plus répandue, 90% de la population mondiale y ayant accès: 5,3 milliards d’abonnements à la fin de l’année), dont 3,8 milliards dans les pays en développement.  Sa croissance passe par les pays pauvres: dans les pays développés, la hausse entre 2009 et 2010 est de 1,6%, et avec 116 abonnements pour 100 habitants, le marché approche de la saturation.

Lien externe

UIT : Selon les estimations de l’UIT, deux milliards de personnes seront en ligne fin 2010. Plus de 90% de la population mondiale a accès à des réseaux mobiles et 143 pays offrent des services 3G

Cinq milliards d’abonnements au téléphone mobile

Nous serons sept milliards d’humains en 2011 (12 ans après le cap des six milliards en 1999), mais nous venons en ce mois de juillet de franchir un autre palier en milliards, celui des cinq milliards d’abonnements au téléphone mobile, selon une estimation que vient de publier Ericsson.

Le constructeur de réseaux de téléphonie mobile évalue le rythme à deux millions d’abonnements mobiles supplémentaires par jour, et estime que sur ces cinq milliards d’abonnements, plus de 500 millions (soit 10%) sont des abonnements 3G.

Foule avec téléphones mobilesPhoto de megadem (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Cette croissance rapide du marché de la téléphonie mobile tient largement à des marchés émergents comme l’Inde et la Chine, indique Ericsson. En 2000, on comptait 720 millions d’abonnements mobiles dans le monde, soit moins que le nombre que l’on compte maintenant dans la seule Chine – le pays compterait près de 800 millions d’abonnés mobiles et 380 millions d’internautes.

Les abonnements Internet par téléphone portable croissent à la même vitesse, et devraient atteindre 3,4 milliards d’ici 2015, selon Ericsson, contre 360 millions en 2009.

Les abonnements mobiles sont une nécessité pour certains, estime le constructeur, qui cite les gens qui n’ont pas accès à une banque pour transférer de l’argent, les pêcheurs et les fermiers pour être alertés d’un changement météo brusque, les villageois pour avoir des soins médicaux…

Dans les pays développés, « les appareils connectés, plus que les personnes, mènent l’augmentation du trafic réseau ». Le constructeur rappelle qu’en décembre 2009, un autre tournant majeur a été atteint, lorsque le trafic données a dépassé le trafic voix. La montée des communications M2M, Machine-to-Machine, sera une composante clé de la future croissance de l’industrie des télécoms mobiles, prévoit Ericsson.

Un rapport de l’Onu prévoit une énorme croissance des déchets électroniques

Actu express: chaque année, nous produisons 40 millions de tonnes supplémentaires de déchets électroniques, provenant des téléphones, téléviseurs, ordinateurs et appareils divers. L’Onu vient de publier un rapport, portant sur 11 pays, qui prévoit que cette marée d’e-déchets va fortement progresser: +500% en Inde entre 2007 et 2020, +200 à 400% en Chine et en Afrique du Sud.

Déchets électroniques à GuiyuDéchets électroniques à Guiyu, en Chine, qui passe pour le plus grand site mondial de stockage d’e-déchets. Image Bert van Dijk (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

La téléphonie mobile devrait produire sept fois plus de déchets en 2020 qu’en 2007 en Chine, dix-huit fois plus en Inde. En outre, la proportion de déchets de téléviseurs devrait doubler dans ces deux pays et celle des réfrigérateurs pourrait tripler en Inde.

L’étude invite en urgence à mettre en place des recyclages pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et récupérer d’importantes quantités de métaux, comme l’argent, l’or, le palladium, le cuivre ou l’indium. « Le Brésil, la Colombie, le Mexique, le Maroc et l’Afrique du Sud ont le plus grand potentiel pour établir des technologies de pointe en matière de recyclage », selon le rapport.

Communiqué du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE): Il faut préparer les pays en développement à gérer l’explosion des déchets électroniques

Communiqué en anglais (avec lien sur le rapport)

Rapport Recycling – from E – Waste to Resources (PDF, 120 pages)

Le ministre de l’Aménagement du territoire souhaite un milliard d’euros pour le très haut débit

Actu express: Michel Mercier, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, a proposé ce mardi au Premier ministre François Fillon qu’au moins un milliard d’euros du futur grand emprunt soit consacré au déploiement du très haut débit fixe et mobile en France. Ce montant serait le début d’un « Fonds national d’aménagement numérique du territoire » pour soutenir des projets locaux non rentables pour les opérateurs, selon le communiqué du ministre.

Le 23 octobre, le même ministre ainsi que Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à la Prospective et au Développement de l’économie numérique, ont annoncé le lancement d’un appel à projet pour la couverture haut débit des zones rurales. Il est doté de 30 millions d’euros de fonds européens (FEADER) dans le cadre du plan de relance européen au profit de la couverture haut débit des zones rurales.

A voir aussi

230.000 abonnés au très haut débit fixe en France – 29 septembre 2009

Séminaire «Numérique: investir aujourd’hui pour la croissance de demain» – 16 septembre 2009

Fibre: et pourquoi pas un service universel? – 16 juillet 2009

secrétaire d’État à la prospective et au développement de l’économie numérique

Séminaire « Numérique: investir aujourd’hui pour la croissance de demain »

Actu express: jeudi dernier s’est tenu le séminaire « Numérique: investir aujourd’hui pour la croissance de demain », présidé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique (« NKM » a d’ailleurs écrit sur Twitter – « tweeté » – en direct du séminaire, rapporte Rue89).

Le Monde informatique: L’économie numérique française plaide sa cause devant les arbitres du Grand emprunt

Dépêches AFP:

Le numérique a les faveurs de Fillon pour bénéficier du grand emprunt

Grand emprunt: « le numérique a toutes ses chances », selon Alain Juppé

Les discours et synthèses de cette journée du 10 septembre sont publiés sur strategie.gouv.fr.

Grand emprunt: « le numérique a toutes ses chances », selon Alain Juppé

Internet et téléphone mobile, outils du développement

La Banque mondiale publie son deuxième rapport où elle compare les résultats de 150 pays quant aux technologies de l’information et de la communication (TIC), mis en perspective avec des indicateurs sociaux et technologiques.

Publicité pour un téléphone mobile à Kampala, Ouganda
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Photo futureatlas (Flickr) sous licence CC by

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