A travers ce document de travail, Gilles Saint-Paul, économiste français spécialisé dans l’étude du marché du travail, fait entendre sa voix sur l’une des questions les plus débattues du moment. En voici le résumé :
L’histoire économique nous enseigne que si le progrès technique ne profite pas à tous les travailleurs lorsqu’il apparaît, à long terme il est le facteur principal de la hausse extraordinaire des salaires et du niveau de vie que l’économie mondiale a connue depuis la révolution industrielle. Pourtant, les progrès de la robotique pourraient bien remettre en question cet optimisme et donner raison aux cassandre qui prophétisaient la fin du travail. En effet, le champ de ces technologies ne cesse de progresser, au point où la totalité des tâches effectuées par les humains seraient robotisables. Si c’est le cas, l’économie et la société en seraient profondément transformés. On considère cinq scénarios. Dans trois d’entre eux, une classe humaine quasi-oisive se maintient grâce à destransferts prélevés sur la production effectuée par les robots. Ces transferts peuvent s’effectuer à travers l’Etat-Providence, le clientélisme d’une oligarchie possédant les robots, ou le maintien néo-fordiste d’emplois tertiaires dont la fonction essentielle serait le versement d’un salaire qui permettrait le maintien du pouvoir d’achat. En l’absence de mécanismes redistributifs, on envisage deux autres scénarios. Selon le scénario malthusien, le salaire tombe au niveau du salaire de subsistance et la population humaine diminue, ne laissant subsister qu’une classe de rentiers vivant de la possession de robots. Selon le scénario virtuel, le salaire de subsistance lui-même baisse considérablement sous l’effet des nouvelles technologies : la population se maintient en dépit des baisses de salaire.
Source : Robots : vers la fin du travail ?