Les salariés de NUMERICABLE-SFR assistent médusés aux parties de poker de Monsieur DRAHI, bien loin des difficultés quotidiennes auxquelles ils font face depuis de longs mois.
Près de 50 milliards de dettes ont désormais été contractées. Cette frénésie d’achats a été rendue possible sans aucun problème pour ALTICE puisque les banques ont suivi les yeux fermés.
Néanmoins, un événement majeur s’est produit fin septembre.
Le marché inquiet de la situation économique mondiale et une note d’analyse de GOLDMAN SACHS sur l’endettement d’ALTICE ont fait peur aux financiers jusqu’alors enthousiastes.
ALTICE a dû proposer dans l’urgence le taux de rémunération incroyable de 11% par an auprès de prêteurs pour que ces derniers acceptent de le suivre dans son dernier achat aux Etats-Unis. A l’époque du rachat de SFR le taux était de 4,5%.
Les actions d’ALTICE et de NUMERICABLE ont chuté lourdement, entrainant une flopée d’articles mettant en doute le devenir du modèle de croissance par endettement, dit LBO.
Mieux encore, c’est la compétence même du management d’ALTICE à digérer en si peu de temps, autant de rachats, qui est désormais en question !
ALTICE, qui jusqu’alors ne parlait que d’achats, s’est opportunément empressé de rassurer ses financiers en jurant qu’il n’y aurait plus de nouvelles acquisitions avant deux ans. ALTICE va désormais se concentrer sur la bonne exécution des synergies
ALORS, RIEN NE VA PLUS ?
L’impact sur NUMERICABLE-SFR a été immédiat. L’agence de notation MOODY’S a réduit le lundi 5 octobre à la catégorie «très spéculative» l’endettement de NUMERICABLE-SFR et presse ALTICE d’accélérer son désendettement par des réductions supplémentaires de coûts. Une chose est certaine, ALTICE a besoin de Cash et SFR sera mis fortement à contribution.
Ce mercredi 15 octobre, vous annonciez d’ailleurs un versement d’un dividende de 2,5 milliards aux actionnaires de NUMERICABLE-SFR soit 90% pour ALTICE, payé à hauteur de 1,6 Milliards par endettement !
Les 900 millions restants seront pris sur la trésorerie du Groupe. La justification avancée à ce dividende extraordinaire est l’exceptionnelle rapidité de la croissance de nos résultats qui ne justifie pas que l’on attende que l’argent soit bien rentré en caisse pour vous le verser !
Face aux 2,5 Milliards de dividendes versés aux actionnaires, qu’avez-vous prévu pour les salariés qui ont largement contribué à ces résultats exceptionnels ?
La CFE-CGC vous suggère fortement un versement exceptionnel de 10.000€ pour les 15.800 salariés du Groupe NUMERICABLE-SFR, soit une enveloppe de 158 Millions. Vous voyez, la fille à Papa sait rester raisonnable…
Emprunter pour payer des dividendes, c’est vrai que c’est de la saine gestion ! Emprunter pour NUMERICABLE-SFR au moment où sa notation crédit est considérée comme très spéculative ne nous permettra pas d’accéder à des taux favorables comme vous l’indiquez. Au contraire, nous devrons payer des taux d’intérêts exorbitants, digne du crédit revolving et vous le savez parfaitement.
Réemprunter alors que notre dette est déjà considérable, est dangereux pour notre avenir.
SFR doit payer au prix fort les emplettes internationales d’ALTICE : qui est la fille et qui est le papa, M. DRAHI ?
Où en est votre engagement d’avril 2014 de ne pas demander de dividendes afin de permettre à SFR de maintenir ses investissements et de rembourser la dette déjà contractée ?
RIEN NE VA PLUS !
Tous ces éléments sont inquiétants pour NUMERICABLE-SFR.
Contrairement à ce qui a été dit, les premiers mois d’expérience chez NUMERICABLE-SFR ne donnent pas vraiment confiance en la réussite de la méthode DRAHI vendue au marché.
Réduire encore de manière massive les coûts chez SFR nous parait dangereux pour l’avenir même de l’Entreprise tant elle casse l’outil de production.
Imposer de manière autiste une « méthode » sans écouter l’expérience des salariés pour la faire évoluer et l’adapter à notre réalité est un exercice voué à l’échec.
A l’heure actuelle, les fameuses « synergies » détruisent de la valeur en interne et ce dans toutes les Directions. Elles touchent tous les salariés mais aussi tous nos clients :
1) Problèmes de management et de budget
– Les budgets réduits au minimum commencent à remettre en cause le service rendu de plusieurs directions opérationnelles. Dans tous les cas nous sommes à des années lumières des moyens nécessaires pour réussir les ambitions affichées : PERDU
– La latitude décisionnelle des salariés et des managers est réduite de jour en jour, « c’est comme ça et pas autrement » : PERDU
– Les achats d’ALTICE ont le dernier mot, et les décisions prises en comité d’investissement peuvent être remises en cause du jour au lendemain : PERDU
De telles décisions, comme d’arrêter des projets, le manque de perspectives, des objectifs individuels et collectifs inatteignables et la pression constante, engendrent une grave dégradation des conditions de travail et une multiplication des démissions. Combien de départ ? Combien d’arrêt de travail ? : PERDU
2) Problèmes d’outils
-Certains outils de reporting hors service empêchent des remontées sur l’état réel des déploiements et des ventes. Le maintien de plusieurs sociétés au sein de NUMERICABLE-SFR, nécessite le maintien de multiples outils informatiques et la mise en place de flux considérables entre les différentes sociétés qui alourdissent le travail opérationnel de beaucoup de salariés : PERDU
3) Problèmes avec nos clients, nos fournisseurs, les autorités gouvernementales :
– Les clients Grand Public ont dit stop aux hausses de prix et au refus de subventionner les mobiles. Près de 1,7 millions d’entre eux nous ont quittés depuis le début d’année et l’image de SFR s’est encore fortement dégradée : PERDU
– Certains fournisseurs demandent désormais des paiements en avance pour toute prestation et livraison à SFR : PERDU
– Le terme « fibre » utilisé par NUMERICABLE-SFR semble remis en cause par l’ARCEP : PERDU
– Les collectivités locales dénoncent le non-respect du déploiement de leur Fibre par NUMERICABLE-SFR : PERDU
La performance financière exceptionnelle des premiers mois risque d’être le miroir aux alouettes. Sur 1,1 Milliards de synergies, une partie est faite en ralentissant les ventes, les achats, les subventions de terminaux et le déploiement du réseau. Ce ne sont pas des économies pérennes mais bien une perte qu’il faudra comptabiliser plus tard.
Quand les autres opérateurs retrouvent la croissance de leur EBITDA en gagnant des clients, NUMERICABLE-SFR le fait en en perdant.
Au final, que de promesses non tenues auprès des salariés, des clients, des instances et des autorités !
C’est le jeu me direz-vous ?
Le jeu de refuser la réalité, de ne pas prendre en compte l’intérêt social, de dénigrer ses forces vives.
La CFE-CGC a souhaité être constructive et a porté une confiance toute relative au projet industriel ambitieux de la construction d’un opérateur convergent haut débit tel que vous nous l’aviez présenté.
La CFE-CGC a un syndicalisme pragmatique, cohérent face aux réalités du marché.
Les salariés nous alertent sur vos méthodes pour cacher la vérité, à nous tous, salariés du Groupe NUMERICABLE-SFR. Oui, nous, les salariés, toujours trop nombreux et toujours trop payés aux yeux de M. DRAHI, comme il se plaît à le répéter à l’envie.
La CFE-CGC comptait sur votre droiture.
Jusqu’à présent vous n’avez pas vraiment joué le jeu, si ce n’est celui de flamber auprès des banques et des marchés financiers. Bien, et maintenant ?
Les salariés sont épuisés et démotivés.
Toutes les directions et le management subissent une pression terrible, sans moyen, et font face jour après jour à de nouvelles difficultés sans voir le bout du tunnel.
Vos engagements auprès des salariés n’ont pas été tenus, vos engagements auprès des autorités réglementaires et du gouvernement risquent de ne plus l’être.
Pour rappel vos 4 engagements forts :
1. Engagement sur le maintien de l’emploi : votre politique vise manifestement à dégoûter les salariés jusqu’à les faire fuir de l’Entreprise.
2. Présidence du Conseil d’Administration par M. DRAHI lui-même : il a déjà été remplacé par Michel COMBES, arrivé dans les conditions qu’on connaît.
3. Taux d’endettement inférieur à 3,5 fois EBITDA: nous risquons d’approcher les 5 si vous continuez à faire de SFR votre nouvelle Banque interne.
4. Cotation du Groupe NUMERICABLE-SFR à Paris : Pour combien de temps encore, quand on voit le déménagement d’urgence opéré pour ALTICE vers les Pays Bas ?
EST CE LA CHRONIQUE D’UNE PERTE ANNONCÉE ?
Vouloir gagner des fortunes en construisant un grand Empire est sans doute un jeu excitant mais il vous donne aussi des responsabilités sociales.
Les salariés, eux, ne sont pas là pour jouer.
Ils attendent tout comme la CFE-CGC une réponse pour ce qui concerne le versement exceptionnel de 10 000 €.