Le modèle social à l’épreuve de la crise : baromètre de la cohésion sociale 2014

Le CREDOC vient de publier son baromètre de la cohésion sociale pour 2014.

Les conclusions sont inquiétantes :

Stressés par la crise, n’ayant plus confiance dans les institutions et leur capacité d’infléchir le réel, inquiets des risques de déresponsabilisation du modèle social, et valorisant la liberté et l’autonomie individuelle, les Français tendent, en ce début 2014, à s’affranchir du collectif pour ne compter que sur eux-mêmes. Les doutes par rapport à l’efficacité du système de protection sociale se font davantage entendre. Les  inquiétudes par rapport aux « profiteurs » du système surpassent la perception du non-recours aux aides et droits, qui touche pourtant un Français sur cinq. Dans le même temps, la population semble appeler de ses vœux une forme d’extension du principe de laïcité à la française, censé limiter les tensions entre groupes religieux, qui inquiètent une part importante de nos concitoyens.

 

Texte intégral de l’étude en pdf à télécharger gratuitement sur le site du CREDOC

Manifeste pour sortir du mal être au travail, de Vincent de Gaulejac & Antoine Mercier

Vincent de Gaulejac était notre invité en avril dernier, et vous pouvez revoir la vidéo intégrale de son intervention :

Le livre qu’il a co-écrit avec Antoine Mercier a trois originalités :

  • il synthétise très bien l’analyse du mal-être au travail, qu’il étudie depuis plusieurs années,
  • il permet de faire un « auto-diagnostic » pour évaluer si l’on est soi-même en danger,
  • et surtout il donne des pistes concrètes pour agir, avec quelques règles à s’appliquer individuellement, et surtout des pistes d’action collective pour éradiquer une plaie, que nous sommes si nombreux à connaître qu’il ne peut plus s’agir d’un hasard, et qu’il devient urgent d’agir.

Les analyses et les perspectives qu’il propose se recoupent avec les excellents travaux de Gabriel Colletis, et permettent de comprendre ce qui nous arrive, pourquoi, et comment en sortir.

A lire absolument pour cesser d’être un « pion » dans une société malade de la gestion, et reprendre notre destin en main !

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Lectures de rentrée

L’horizon de la crise économique ne semble pas s’être éclairci avec l’été. Mais plutôt que de rentrer dans la morosité, lisons plutôt quelques ouvrages qui proposent de vraies solutions à la crise structurelle que nous connaissons actuellement.

Tous s’accordent à dire qu’en sortir est l’affaire de tous et de chacun… et nous voyons bien qu’aucune solution « miracle » ne nous est proposée par ceux qui nous dirigent. Comprendre ce qui nous arrive et comment changer notre sort est donc de plus en plus déterminant.  Quelques auteurs éclairent notre chemin.

Colletis

Gabriel ColletisL’urgence industrielle – Le Bord de l’eau – 2012
Ce professeur d’économie sera l’invité de la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange le 30 septembre prochain. Outre son analyse très pertinente des causes et des méfaits de la désindustrialisation française, il trace la voie d’un changement de cap, et place  « le travail comme articulation du progrès social, de la démocratie et du développement. »

Un changement de perspective concernant le travail, la reconnaissance des compétences des travailleurs, le développement de productions socialement utiles et préservant la nature, et l’ancrage des activités dans les territoires constituent les voies principales du renouveau industriel »

Un manifeste que nous aurions pu écrire nous-mêmes, tant les analyses de ce chercheur recoupent ce que nous avons pu constater au sein de notre entreprise, et les valeurs que nous souhaitons défendre.

Avant le débat, vous pouvez bien sûr lire son livre, mais aussi découvrir son blog sur Mediapart, lire une petite interview, ou encore regarder une vidéo sur Xerfi Canal :

Thomas PikettyLe Capital au XXIe siècle – Le Seuil – 2013
Comme l’a fait Joseph Stiglitz l’an dernier dans « Le prix de l’inégalité » (voir une interview), Thomas Piketty pointe la montée explosive des inégalités, détruisant au passage le mythe de la « méritocratie » censée fonder notre société contemporaine, et propose des pistes pour y remédier.

Un avant-goût du livre dans une interview et une vidéo de présentation par l’auteur :

5 raisons de ne pas désespérer

Un petit rayon de soleil avant de partir en vacances ?

Récession, chômage au plus haut, tissu productif sinistré, moral des français au plus bas… La France vit des heures sombres. C’est pourtant dans ce contexte que Guillaume Duval signe un article pour Alternatives Economique s’intitulant  » 5 bonnes raisons de ne pas désespérer « . En compagnie de Laurent Faibis, président de Xerfi, il nous explique cette note d’optimisme.

Cinéma à Saint-Denis, « La comédie du travail », du 2 au 8 février

Les Journées cinématographiques dionysiennes « Est-ce ainsi que les hommes vivent? » tiennent leur 11ème édition du 2 au 8 février, à Saint-Denis (93).

Ces Journées portent cette année le titre de « La comédie du travail », qui donne sa thématique à l’édition 2011. C’est aussi une reprise du titre d’un film de 1987 du cinéaste Luc Moullet, sous le patronage duquel est placée cette édition.

Elle propose de dresser le panorama d’un siècle d’évolution des mentalités autour des enjeux, des valeurs et des perspectives du monde du travail, en déclinant une programmation de films et de rencontres.

Au programme, près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux, longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières. De La sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet, pour chercher quels sont les enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment.

Avec une trentaine de personnalités invitées, dont Luc Moullet, Aki Kaurismäki, Jean-Claude Brisseau, Benoît Delépine, Yolande Moreau, Rabah Ameur-Zaïmeche, Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, Marcel Hanoun, Cécile Decugis, Marcel Trillat…

Infos pratiques

Calendrier

nous
montrerons, à travers près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux,
longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières ; de la Sortie
d’usine (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet – quels sont les
enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes
s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment…

Rapport 2010 de l’OIT sur le Travail dans le Monde

L’OIT pointe une détérioration sociale dans de nombreux pays, en raison de la crise persistante. Extraits du communiqué :

Certes, la nouvelle étude, intitulée «Rapport 2010 sur le travail dans le monde – d’une crise à l’autre?», reconnaît qu’après plus de deux ans de crise, l’économie mondiale a renoué avec la croissance; certains pays sont témoins de signes encourageants de reprise de l’emploi – essentiellement les économies émergentes d’Asie et d’Amérique latine.

Cependant, le rapport rédigé par l’Institut international d’études sociales du BIT avertit également que «malgré ces progrès réels … de nouveaux nuages s’amoncellent à l’horizon de l’emploi et les prévisions se sont considérablement détériorées dans de nombreux pays».

Si les mesures appliquées restent en l’état, l’étude du BIT estime que le rétablissement de la situation de l’emploi à son niveau d’avant la crise serait reporté jusqu’à 2015 pour les économies avancées, au lieu de 2013 comme cela était envisagé il y a un an.

«Plus la récession du marché du travail persiste, plus les demandeurs d’emploi ont du mal à trouver un nouveau travail», affirme le rapport du BIT. «Dans 35 pays où les statistiques sont disponibles, près de 40 pour cent des demandeurs d’emploi sont sans travail depuis plus d’un an et courent donc un risque important de démoralisation, de perte de l’estime de soi et de problèmes psychologiques. Il est important de constater que les jeunes sont proportionnellement plus gravement touchés par le chômage que les autres catégories.»

«L’équité doit être la boussole pour nous sortir de cette crise», déclare Juan Somavia, Directeur général du BIT. «Les gens sont prêts à comprendre et à accepter des choix difficiles, s’ils estiment que chacun prend sa part du fardeau. Les gouvernements ne devraient pas avoir à choisir entre les exigences des marchés financiers et les besoins de leurs citoyens. La stabilité financière et la stabilité sociale doivent aller de pair. Sinon, ce n’est pas seulement l’économie mondiale mais aussi la cohésion sociale qui seront en péril.»

Accéder au rapport complet sur le site de l’OIT

Université d’été de la CFE-CGC/UNSA les 5 et 6 juillet prochains

Chaque année, la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange organise une université d’été, ouverte aux salariés du Groupe France Télécom, et des branches « communication et médias ».

C’est l’occasion de faire le point sur une sélection de sujets clefs dans le domaine de l’économie, et plus particulièrement de l’économie numérique, avec une approche sociétale qui permet aux participants de prendre du recul par rapport à leur pratique professionnelle ou syndicale, au travers d’interventions et de débats avec des experts.

La manifestation se déroule à Paris. Il reste encore 2 jours pour s’inscrire. Le programme et les modalités d’inscription sont disponibles sur le site de la CFE-CGC/UNSA.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, vous pouvez lire sur Alternatives Économiques une petite note de lecture à propos du livre « La trahison des économistes » de Jean-Luc Gréau, économiste, qui interviendra le 5 juillet à l’Université d’été.

Bâle III : ce qui fait vraiment peur aux banquiers

Un excellent papier ce matin dans Les Echos.

Un rappel pédagogique des pratiques qui ont amené à la crise financière, qu’après avoir payée en tant que contribuables, puisqu’il a fallu renflouer les banques avec des fonds publics, nous payons maintenant sur le front de l’économie, et notamment de l’emploi, qui se porte très mal.

Mais surtout, un arrachage de masque  dans les règles, comme on peut en juger à la conclusion de l’article :

Dernière critique émise par les professionnels, la création de « coussins contracycliques », ces réserves de fonds propres que les banques devront constituer en haut de cycle pour faire face aux crises, en réduisant la distribution aux actionnaires. En relevant le niveau général des fonds propres, ces coussins viendraient grever là encore la distribution du crédit. Pourtant, une étude de la Banque d’Angleterre montre que si les banques britanniques avaient réduit de 20 % la distribution du résultat à leurs actionnaires entre 2000 et 2008, elles auraient eu suffisamment de fonds propres pour traverser la crise sans avoir recours aux injections de l’Etat.

La réalité, c’est aussi que, pour les banques, l’enjeu n’est pas celui du financement de l’économie, mais bien celui de la rentabilité. Le premier effet des nouvelles normes, c’est de réduire mécaniquement le rendement des fonds propres des banques, le sacro-saint « RoE ». Mais, c’est là encore une des leçons de la crise, on ne peut pas durablement afficher une rentabilité de 15 % quand la croissance mondiale est de 3 %. La rentabilité des banques doit baisser.

La prospérité du vice

Daniel Cohen est économiste, professeur à l’École Normale Supérieure et éditorialiste associé au journal « Le Monde ». Son dernier ouvrage, La prospérité du vice, est sous-titré « Une introduction (inquiète) à l’économie ».

Relativement court (280 pages) et facile à lire, cet ouvrage n’apporte pas de « solution miracle » pour sortir de la crise dans laquelle nous sommes actuellement. Et c’est certainement l’un de ses grands mérites. L’autre, c’est qu’il retrace, depuis les origines de l’humanité, les différents systèmes économiques, les analyses qui en ont été faites, et les théories fondatrices des grands courants de la pensée économique. La mise en perspective historique et géopolitique permet d’identifier les éléments – innovation, nouvelle contrainte, ambition ou décision politique – qui permettent à un système économique de se mettre en place,  mais aussi comment les différentes théories économiques se sont articulées au fil du temps. Pour finir, il retrace efficacement et très intelligiblement le déclenchement de la crise financière, et les nouvelles contraintes auxquelles l’humanité contemporaine doit faire face pour mettre en place un système qui lui permette, ni plus ni moins, de se survivre à elle-même.

Il pose ainsi un cadre très concret, documenté et argumenté, pour comprendre le monde dans lequel nous vivons, évacuant au passage quelques idées toutes faites qui perdurent malgré leur inadéquation dans certains discours. Il permet aux plus audacieux de réfléchir à la manière de construire le monde de demain, et à tout un chacun d’évaluer, pour l’immédiat et le futur proche, la validité des solutions qui sont, ou pas, proposées à l’appréciation des citoyens du monde que nous sommes, économie mondialisée oblige, tous devenus.

Pour se convaincre de l’intérêt du livre, on peut consulter l’interview donnée par l’auteur à La Tribune.

Les sénateurs ouvrent un blog sur le mal-être au travail

Actu express: le Sénat a créé fin novembre, dans le cadre de sa commission des Affaires sociales, une mission sur le mal-être au travail, à la suite en particulier de l’épidémie de suicides à France Télécom.

Cette mission, qui doit rendre en juin ses préconisations, a ouvert récemment un blog sur le sujet: il permet de voir et de commenter les vidéos d’auditions par la mission.

Blog de la mission mal-être au travail du Sénat

Rappelons qu’un forum sur le stress, «Réagir ensemble», a été créé par deux syndicats de France Télécom-Orange, et que comme pour l‘Observatoire du stress, son accès est censuré depuis les connexions Internet internes chez France Télécom.

A lire aussi

Entreprises : la foire aux vanités

Actu express: Le Nouvel Obs, tout comme nous, se demande si c’est de l’humour… de parfait mauvais goût au demeurant :

Ce n’est pas une blague. France Télécom a reçu en 2009 un prix récompensant les entreprises «qui proposent à leurs salariés les meilleures pratiques RH, leur permettant de s’épanouir personnellement et professionnellement au travail». Elle faisait partie des 20 lauréats 2009 du palmarès Top Employeurs France décerné par un cabinet néerlandais, l’Institut CRF A la rubrique «conditions de travail», l’entreprise, plutôt citée ces temps-ci pour les suicides de ses salariés, a même obtenu cinq étoiles ! C’est ce que rapportait le mensuel «Liaisons sociales» en décembre dernier relatant la frénésie d’autoglorification des entreprises en matière sociale.

L’ Esprit de Philadelphie : la justice sociale face au marché total

Alain Supiot, Directeur de l’IEA de Nantes, Professeur de Droit et membre de l’Institut Universitaire de France, vient de publier cet ouvrage aux éditions du Seuil, qui, selon Mediapart :

apporte un éclairage saisissant sur les causes les plus profondes des dysfonctionnements et de la crise de nos sociétés actuelles. Cela peut se résumer en une formule, que suggère le titre de l’ouvrage: nos sociétés ont rompu avec «l’esprit de Philadelphie». […] A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les vainqueurs ont dessiné des règles financières et monétaires, pour assurer la stabilité du monde et le développement économique, notamment au travers des accords de Bretton Woods, contresignés le 22 juillet 1944 par les délégués représentant l’ensemble des 44 nations alliées. Ces accords furent précédés, le 10 mai 1944, d’une déclaration adoptée par l’Organisation internationale du travail et connue sous le nom de Déclaration de Philadelphie. Elle est, en quelque sorte, le pendant social des accords financiers de Bretton Woods.

On peut consulter le texte intégral de la Déclaration de Philadelphie sur le site de l’aidh (l’éducation aux droits de l’homme en français).

Nous vous proposons, avant d’ajouter cet ouvrage à votre bibliothèque, d’écouter les entretiens de Mediapart avec Alain Supiot, via Dailymotion, en deux parties :

A lire sur Miroir Social, « France Télécom Orange : le grand guignol des prix et labels »

Sur le site Miroir Social, Sébastien Crozier vient de publier un article. En voici le début:

« En avril 2009, Ernst & Young auditait les Centres d’Appels de France Télécom et l’ALRS (Association pour la promotion et le développement du Label Responsabilité Sociale).

La crise sociale à France Télécom est loin d’être terminée. En dépit de la communication de l’entreprise, les négociations sur le stress et les conditions de travail piétinent, ne débouchant au mieux que sur une tardive mise en conformité des pratiques de l’entreprise avec le droit du travail. Les personnels sont toujours dans l’attente de mesures fortes, répondant à leur désarroi en éradiquant les méthodes managériales déficientes, dénoncées par l’audit Technologia et les inspecteurs du travail.

Pendant ce temps, France Télécom et ses principaux dirigeants continuent imperturbablement d’être récompensés par des prix, labels et nominations plus incongrus les uns que les autres. Grand guignol ou camouflet pour les salariés qui souffrent ?
Petit rappel historique (…)

L’article complet

20100107_medaillesImage Jorge-11 (Flickr) sous licence CC by

Thomson ouvre une procédure de sauvegarde

Actu express: Thomson a annoncé cette semaine ouvrir une procédure de sauvegarde, pour conclure la restructuration de sa dette d’ici février 2010. L’entreprise convoquera ses créanciers les 21 et 22 décembre pour voter un plan de restructuration de sa dette.

Une assemblée générale sera réunie le 27 janvier 2010 pour voter le plan de restructuration et le changement de nom de la société.

La dette financière nette estimée s’établissait à 2.170 millions d’euros au 30 septembre. Thomson a enregistré une chute de 19,4% du chiffre d’affaires de ses activités poursuivies au troisième trimestre à taux de change constants à 803 millions d’euros, donnant un recul de 15,4% sur le nouveau périmètre du groupe.

Conclusion sur l’avenir du groupe, autrefois géant du téléviseur, par Philippe Escande des Echos: « Que restera-t-il de Thomson ? Rien si l’opération rate. Le tout sera dispersé d’autant plus facilement qu’il s’agit de filiales indépendantes et que 90% des employés sont à l’étranger. Si le nouveau patron réussit, l’entreprise gardera ses brevets, peut-être ses décodeurs et surtout une activité de services aux grands groupes de télévision ou de cinéma où tout restera à construire. Y compris un nouveau nom. Thomson, qui fut brièvement le numéro un mondial du téléviseur, c’est de toute façon bientôt fini. »

Ajoutons que cette descente aux enfers qui n’en finit pas en évoque d’autres, comme celle d’Alcatel entre autres. Et souhaitons aux membres du conseil d’administration de Thomson, même s’ils ne manquent pas d’autres occupations, comme Didier Lombard (France Télécom est d’ailleurs client de Thomson), de parvenir à tirer d’affaire l’entreprise.