Salariés et sortie de crise : une étude TNS Sofres

TNS Sofres vient de publier une étude sur la relation des employés avec leurs entreprises et le système économique. L’analyse globale de TNS est édifiante. Extraits :

L’étude révèle en tout premier lieu une remise en cause massive du système actuel par les salariés français :

* Les ¾ estiment que la crise a prouvé qu’il apportait plus de problème que de solution
* La même proportion estime que les intérêts des entreprises (ou de leurs dirigeants) et des salariés ne vont pas dans le même sens
* La quasi-totalité se dit choquée par au moins une des caractéristiques du système
* Les termes de profit, de mondialisation, de capitalisme sont massivement associés à des évocations négatives
* L’effet « le système va mal mais dans mon entreprise / administration ça se passe beaucoup mieux » semble moins fort que par le passé

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Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée

Pour protester contre le plan de 4.000 suppressions d’emploi en Europe chez Alcatel Lucent, les salariés de tout le continent se sont mobilisés mardi 10 novembre. Des rassemblements ont eu lieu dans neuf pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Roumanie, Belgique, Pays-Bas, Autriche et Irlande).

Téléphones Alcatel
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En France, trois manifestations ont eu lieu: une devant la Maison de l’Europe à Rennes, une autre à Paris devant le siège de l’Arcep et une troisième devant le Parlement européen. Cette mobilisation a eu lieu à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT). Son tract (PDF) explique les raisons d’interpeller l’Arcep. Continue reading « Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée »

Les six erreurs de la direction de France Télécom

Sur e24,  Marie Muzard, spécialiste de la gestion de crise analyse la manière dont France Télécom a traité la question des suicides. Extraits :

le management n’a pas su identifier la crise. Certes, toutes les entreprises sont confrontées au suicide. Plus l’effectif est élevé plus ce risque augmente. C’est ce constat qui a probablement conduit le management de France Télécom à sous estimer la crise et à considérer que les suicides faisaient partie des « pépins » d’une entreprise. […] Pourtant tous les signaux habituels de la crise étaient là : problème qui relève de la santé (c’est déjà un signe très fort annonciateur de crise); terrain de fond miné (le malaise social était perceptible dans les études internes, dénoncé par les syndicats); le choc de culture de l’entreprise (en 10 ans l’entreprise a révolutionné sa culture, tous n’y étaient pas préparés […]); et la multiplication des suicides. Le taux de suicide est rapidement devenu anormalement élevé, même pour un grand groupe. […]

Comment une direction peut elle rester crédible alors que ses décisions sont prises sous la pression et donc totalement subies? La direction doit très vite reprendre l’initiative en montrant qu’elle assume enfin ses responsabilités.

L’article complet sur e24

Notre commentaire

Au delà des éléments de communication pointés à juste titre dans cette analyse, il faut ajouter qu’à ce jour, la direction de l’entreprise ne semble pas avoir pris conscience des causes profondes du malaise, et n’annonce aucun changement de cap en matière de projet industriel. Pour redonner du sens au travail, il faut en effet dégager l’entreprise de l’emprise des marchés boursiers, restreindre les dividendes, et consacrer le cash à la mise en oeuvre d’un vrai projet d’investissement pour le long terme, au sein duquel les personnels pourront retrouver toute leur place.

C’est certainement le bon moment, alors qu’il va falloir déployer les réseaux de fibre optique. Espérons que la direction de l’entreprise saura saisir cette opportunité.

France Télécom: vers un nouveau «contrat social»?

Chronologie des événements et rappel des premières mesures annoncées suite à la vague de suicides chez l’opérateur. Nous les commenterons davantage dans un prochain article.

Le jeudi 10 septembre, s’est tenue une réunion exceptionnelle du CNSHSCT (Comité National Santé Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail) de France Télécom Orange sur les risques psycho-sociaux dans l’entreprise (communiqué).

Le PDG, Didier Lombard, a annoncé mandater la direction des ressources humaines du groupe « pour faire des propositions concrètes et précises pour répondre aux attentes des salariés ».

Rencontre Xavier Darcos - Didier Lombard
Rencontre Xavier Darcos - Didier Lombard

Il a notamment été décidé de suspendre jusqu’au 31 octobre « toutes les mobilités des personnes concernées par des projets de réorganisation afin de réexaminer les conditions de leur mise en œuvre », d’ouvrir, dès le 18 septembre, « une négociation avec les partenaires sociaux afin de décliner dans le Groupe France Télécom l’accord national interprofessionnel sur le stress ». Continue reading « France Télécom: vers un nouveau «contrat social»? »

L’observatoire du stress censuré sur l’intranet de France Télécom

Actu express: Eco89 / Rue89 le signale dans un article titré « Le stress censuré sur l’intranet de France Télécom », le site de l’observatoire du stress et des mobilités forcées France Télécom est bloqué en accès interne pour les salariés de l’opérateur depuis sa création en 2007.

Un renvoi aux poubelles du Net au même titre que la pornographie, justifié par la direction auprès du journaliste de Rue89 par la « méthodologie discutable » selon elle des études de l’observatoire. Pour la « méthodologie » du dialogue et de l’auto-examen chez certains managers, on en reparlera…

Sur ce blog

« Orange stressé » vient de paraître aux éditions La Découverte (24 septembre 2009)

Derrière le malaise à France Télécom, délocalisations et stress (15 septembre 2009)

La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique? (13 septembre 2009)

La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique?

Une vingtaine de suicides en un an et demi, des arrêts maladie en hausse de 50% depuis cinq ans, +30% en un an de visites chez des médecins du travail, dont plusieurs ont démissionné devant leurs propres conditions de travail inacceptables…

Terrible série que ces suicides d’agents France Télécom égrenés jour après jour dans la presse: à Lannion fin août, à Besançon le 11 août, à Marseille le 13 juillet, où dans sa lettre d’adieu celui qui allait mettre fin à ses jours dénonçait «l’urgence permanente» et «la surcharge de travail». Sans parler des tentatives de suicide, plus nombreuses (12,5 fois plus de tentatives que d’actes réussis en France) et non médiatisées elles, à l’exception du geste spectaculaire d’un technicien de Troyes qui s’est poignardé le 9 septembre.

Une vingtaine de suicides depuis février 2008, et il aura fallu celui, sur son lieu de travail vendredi 11 septembre, d’une salariée à Paris, pour que les pouvoirs publics s’émeuvent des conséquences toxiques d’une politique de ressources humaines. Rappelons que dans notre pays, depuis quinze ans le suicide tue plus que l’accident automobile.

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Série sur la presse écrite mondiale dans Les Echos

Secouée dans le monde entier par la crise et par la montée d’Internet et de nouveaux modes de consommation de l’information, la presse écrite est en quête de renouveau. C’est ce qu’expose Les Echos dans une série d’articles intitulée « Quand la presse écrite mondiale tente de se réinventer », parue du 11 au 20 août dans le quotidien et (gratuitement) toujours en ligne sur son site.

Projets de passage au payant sur le Net du groupe Murdoch, supports de lecture numérique comme ceux d’Amazon ou d’Apple, réussite d’El Confidencial, site espagnol bénéficiaire depuis cinq ans, presse allemande très lue mais qui se bat contre la baisse des tirages et des revenus… pas de solution miracle en vue, mais un panorama plein d’informations à dévorer.

Sur le même sujet

Taxer les FAI pour financer la presse, une mauvaise réponse à une vraie question, le 17 juin 2009

Licenciements: quand la violence sociale amène des ripostes désespérées

La montée des licenciements, et surtout l’absence d’avenir social qui pèse sur les futurs licenciés, s’accompagne de plus en plus régulièrement de menaces de destruction – on n’en est cependant pas au degré de violence physique récemment observé en Chine, où un cadre a été lynché à mort par les ouvriers de l’usine sidérurgique auxquels il annonçait une vague de licenciements.

Bonbonnes de gaz
Bonbonnes de gaz

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Menaces de faire exploser une usine: la moitié des Français comprennent sans approuver

Le 31 juillet, les salariés de l’équipementier automobile New Fabris ont accepté la prime de départ de 12.000 euros qui leur était proposée, et ont abandonné leur menace de faire exploser leur entreprise, à Châtellerault (Vienne). Quelques jours plus tôt, leur stratégie « de la bonbonne de gaz » avait été reprise par des salariés de Nortel, à Châteaufort (Yvelines), qui y ont trouvé de guerre lasse le moyen de capter enfin l’attention des médias et du ministre de l’Industrie Christian Estrosi, alors que leur grève depuis le 6 juillet passait inaperçue.

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Ma jolie entreprise ne connaît pas la crise… mais ses salariés, si!

Les résultats du second semestre tombent les uns après les autres, affichant pour la plupart des bénéfices supérieurs aux attentes des analystes, en dépit de chiffres d’affaires en baisse sur fond de crise économique.

L’Expansion nous explique ce petit miracle :

Mais c’est surtout par des mesures d’économies drastiques – arrêt des investissements et suppressions de postes – que les entreprises peuvent afficher des taux de marge nette étonnamment élevés, au vu de la conjoncture. « A l’inverse des crises précédentes, les entreprises se sont plus rapidement adaptées à la récession, via un ajustement de leur production, de leur base de coûts, mais aussi grâce à d’importants efforts de restructuration », explique Benoit Peloille. Ces efforts étant plus faciles à mettre en oeuvre aux Etats-Unis, les entreprises américaines ont d’ailleurs publié des résultats meilleurs que les entreprises européennes.

C’est le cas des banques, qui outre-Atlantique ont largement tiré profit de l’évolution boursière de ces derniers mois, mais aussi des 260.000 suppressions de postes du secteur financier. Ou encore des centaines d’entreprises qui ont supprimé des milliers de postes et réduit de manière drastique la main-d’oeuvre externalisée. Les exemples, dans ce sens sont multiples, l’américain 3M, le constructeur Ford, le portail internet Yahoo!, le fabricant d’engins de chantier Caterpillar, ou encore l’équipementier Continental, ont tous affiché un bénéfice supérieur aux attentes…

Ce n’est pas une surprise, et les nombreuses victimes des suppressions de postes depuis le début de l’année le savent bien. En dépit des rodomontades de différents responsables politiques, les règles impitoyables du capitalisme financier continuent de s’appliquer : les entreprises privilégient le bénéfice par actions à court terme, au détriment des emplois et de l’investissement nécessaire au maintien d’une activité pérenne.

La « crise » est d’abord une crise de confiance généralisée

Le Monde relate les points clefs des XXIVes Rencontres de Pétrarque, centrées cette année sur le thème « Après la crise, quelle(s) révolution(s) ? ».

Les conclusions ne sont pas très optimistes, et ne débouchent pas sur une voie toute tracée, d’autant moins que le vocabulaire semble devoir être ré-étalonné, et qu’il n’y a pas de projet motivant en perspective. Citation :

Si la guerre est apparue comme une perspective vraisemblable, il n’en fut pas de même de la révolution. A partir de prémices opposées, Alain Krivine, cofondateur du Nouveau Parti anticapitaliste, et l’historien Alain-Gérard Slama, sont parvenus à une conclusion semblable : la crise suscite une colère profonde, mais pour que celle-ci débouche sur un soulèvement, il faut une alternative. Or il n’existe plus aucune « promesse de bonheur collectif », a dit M. Slama ; partout le « chacun pour soi » l’emporte sur le « tous ensemble », a complété M. Krivine.

Si vous avez le coeur bien accroché et ne souhaitez pas « bronzer idiot », vous pouvez écouter Les Rencontres de Pétrarque : elles seront diffusées sur France Culture du 10 au 14 août, de 20 h 30 à 22 heures.