Didier Lombard recruté par STMicroelectronics

Lu dans ChannelNews du 4 mai 2011 :

Depuis son départ définitif de France Télécom au mois de mars on pensait que Didier Lombard (69 ans révolus) songeait enfin à prendre sa retraite. Il n’en est rien puisqu’on vient d’ apprendre que l’ancien PDG de

l’opérateur historique a été nommé président du conseil de surveillance, pour une période de 3 ans, de ST Microelectronics. Une nomination qui n’avait pas été annoncée initialement par le fabricant franco-italien de semi-conducteurs ainsi que le reconnaît un de ses portes-parole.

Après une vague de suicides sans précédent chez France Télécom, Didier Lombard avait été forcé de céder ses fonctions opérationnelles à Stéphane Richard en mars 2010, conservant toutefois la présidence du groupe jusqu’en février 2011….

…On notera tout de même que l’Etat est actionnaire de STMicroelectronics qui vient donc de recruter l’ancien polytechnicien.

Réaction de la CFE-CGC/UNSA à la nomination de Didier Lombard à la tête de ST Microeletronics :

« Pour la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange, la nomination de Didier Lombard à la Présidence du Conseil de Surveillance dont le FSI et le CEA sont les actionnaires de référence (27% dont 10,9% chacun via l’intermédiaire d’un holding conjointe avec le Trésor italien), est une insulte pour les 100 000 personnels de France Télécom, en particulier à la veille de l’enterrement de l’un des leurs. »

C’est une honte pour la France que le gouvernement de notre République ait choisi Didier Lombard comme représentant d’un des fleurons de notre Industrie, alors que celui est responsable de la plus violente crise sociale et de la destruction de 30 000 emplois pendant son passage à France Télécom. »

Didier Lombard cumule les honneurs et les euros

Extrait de l’article de Libération du 5 mai 2011 :

L’ex-patron de France Télécom prend la tête du conseil de surveillance de STMicroelectronics.

Didier Lombard méritait-il une telle récompense ? Moins de deux mois après avoir quitté la présidence de France Télécom, carbonisé par la vague de suicides, il a été nommé mardi soir, président du conseil de surveillance du fabricant de puces STMicroelectronics. Cette nomination intervenue la veille de l’enterrement du salarié de FT qui s’est immolé par le feu à Mérignac (Gironde), scandalise les syndicats. « Du foutage de gueule », s’indigne-t-on chez Sud.  » C’est une insulte aux salariés (…) et une honte pour la République » , ajoute Sébastien Crozier, de la CGC-Unsa…

…Les syndicats sont d’autant plus furieux que STMicro est contrôlé par les Etats italiens et français…

…Le gouvernement s’était pourtant indigné, ainsi que le Medef et les syndicats, du fait que Lombard réactive son contrat de travail en mars, après avoir quitté la présidence de FT. Avant de démissionner, vu l’ampleur du scandale. L’affaire avait révélé l’avidité de l’ancien patron, qui avait pu conserver ses 280 000 stock-options….

….il touchait déjà 520 000 € par an. Auxquels vont s’ajouter 61 000 € grâce à sa promotion à la présidence du conseil de STMicro.

Crise: des marchés numériques en « recul historique » en 2009

L’Idate a publié son DigiWorld, «état du monde numérique», qui montre un recul de 1,5% des marchés analysés, parallèle à la baisse du PIB mondial. Seules les services télécoms se sont maintenus, grâce aux pays émergents.

La dixième édition du DigiWorld Yearbook, rapport sur les marchés télécoms-Internet-médias dans le monde, vient d’être publiée par l’Idate. L’année 2009 a été marquée par «un recul historique en valeur, de -1,5%», indique  Didier Pouillot responsable du projet DigiWorld Yearbook.

Parmi les six segments qui composent le « DigiWorld », un seul, celui des services de télécommunications, a connu une légère croissance, de 1,8%. Cela grâce aux pays émergents, la plupart des pays avancés ayant connu un recul marqué dans ce secteur aussi.

DigiWorld tableaux - source IdateSource: Idate

2009, chute brutale dans les équipements et l’informatique

La baisse d’ensemble de 1,5% est à nuancer selon les domaines et les régions. Pour les équipements télécoms, la baisse mondiale a été de 4,5%, et même de  10% en Europe. Côté géographique, l’Amérique du Nord et l’Europe baissent (-3,7% et -3,3%). L’Asie-Pacifique par contre est en hausse de 1,1%, et l’ensemble Amérique latine, Afrique et Moyen-Orient de +3,8%.

Cependant, observe l’Idate,  le développement des accès et des usages s’est poursuivi, et 2009 a «à nouveau constitué une année très faste pour l’augmentation des parcs mobile (550 millions de nouveaux clients dans le monde) et même une année record pour les accès haut débit (66 millions de nouveaux abonnés)».

Décuplement des téléphones portables en 10 ans

Dixième édition du  DigiWorld, ce rapport revient sur la décennie et note:
– un décuplement du parc mobile mondial, passé de 477 millions de téléphones fin 1999 à près de 4,5 milliards à fin 2009,
– le déploiement à très large échelle du haut débit, qui, tout juste naissant il y a 10 ans, raccorde aujourd’hui plus de 450 millions de foyers dans le monde,
– le basculement d’un parc TV encore quasi exclusivement analogique à la fin des années 1990 vers un parc numérique pour près de 50% des foyers TV aujourd’hui.

Le DG de l’Idate, Yves Gassot, souligne trois tendances de 2009 «particulièrement structurantes pour les mois à venir»:

1. Les premières congestions sur les réseaux cellulaires sous l’effet du poids croissant des smartphones et des dongles pour PC et netbooks.
2. La croissance des flux vidéo joue un rôle prépondérant dans l’essor du trafic sur l’Internet (+40 à +60% par an selon les estimations).
3. Le poids croissant des réseaux sociaux dans le temps passé sur le Net, dans l’évolution des pratiques et dans leur pouvoir de prescription avec un modèle économique de plus en plus dominé par des stratégies de plateformes.

Les équipementiers occidentaux contre le protectionnisme chinois

Revue de presse: dans Les Echos de vendredi dernier (12 février),  un article titré « Les équipementiers occidentaux vent debout contre les chinois » (article payant) annonce qu' »une nouvelle réglementation chinoise protectionniste pourrait nuire à Ericsson, Nokia Siemens Networks et Alcatel-Lucent. Ces derniers demandent aux pouvoirs publics européens de leur permettre de jouer ‘à égalité’. »

Alors que des équipementiers chinois remportent des contrats en Europe, comme Huawei, sélectionné fin 2009 « par SFR et Bouygues Telecom pour étendre leur couverture 3G, et par Telenor et Tele2 en Suède, en 4G », une nouvelle réglementation chinoise, dévoilée en novembre, « crée un catalogue de produits informatiques et de télécommunications que l’administration est autorisée à acheter. Seuls y sont admis les équipements dont les marques et brevets ont été déposés initialement en Chine et sont détenus par une entité chinoise. »

« ‘Il faudrait que nous puissions jouer avec les mêmes règles pour tout le monde’, a expliqué hier Rajeev Suri, le patron de NSN. Il n’envisage pas de porter plainte, mais soutient la pétition envoyée au début de l’année par la Fédération européenne des métallurgistes et les comités d’entreprise européens de fournisseurs de matériel téléphonique: ‘La Commission européenne devrait soutenir l’existence d’une R&D européenne. Nous n’aimerions pas devoir restructurer en Europe pour créer des centres de R&D « low cost » ailleurs’, a-t-il menacé. »

« Corriger les conditions dissymétriques de marché »

Les Echos observent que « dans leur pétition, les syndicalistes mettent le doigt sur les questions qui fâchent. L’année dernière, Alcatel-Lucent a supprimé 3.000 emplois en Europe; Ericsson 950; NSN de 5.000 à 6.000 dans le monde. Alors même que Huawei n’a pas encore réussi à pénétrer aux Etats-Unis (sa tentative de rachat de 3Com avait été bloquée au plus haut niveau), ils jugent le Vieux Continent démuni: ‘L’Europe est le seul marché de télécoms ouvert dans le monde. […] De plus le gouvernement chinois soutient ses champions nationaux par la mise en oeuvre de normes techniques et grâce au pouvoir d’achat des opérateurs contrôlés par l’Etat.’

(…) Ils demandent donc que les 18 millions d’euros alloués fin 2009 à la R&D dans le haut débit mobile aillent en priorité aux entreprises qui recrutent en Europe. Ils réclament des normes européennes sur le haut débit sans fil, la télévision sur mobile ou les technologies du Web 2.0, et un objectif de couverture haut débit de l’Union à 100%. Bruxelles doit instaurer des règles permettant de «corriger les conditions dissymétriques de marché quand les lois internationales ne s’appliquent pas», par exemple le droit du travail. Dans une Europe qui n’a rien d’une forteresse, seule la ‘vertu’ sociale et écologique pourra servir de rempart aux industriels. »

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Thomson ouvre une procédure de sauvegarde

Actu express: Thomson a annoncé cette semaine ouvrir une procédure de sauvegarde, pour conclure la restructuration de sa dette d’ici février 2010. L’entreprise convoquera ses créanciers les 21 et 22 décembre pour voter un plan de restructuration de sa dette.

Une assemblée générale sera réunie le 27 janvier 2010 pour voter le plan de restructuration et le changement de nom de la société.

La dette financière nette estimée s’établissait à 2.170 millions d’euros au 30 septembre. Thomson a enregistré une chute de 19,4% du chiffre d’affaires de ses activités poursuivies au troisième trimestre à taux de change constants à 803 millions d’euros, donnant un recul de 15,4% sur le nouveau périmètre du groupe.

Conclusion sur l’avenir du groupe, autrefois géant du téléviseur, par Philippe Escande des Echos: « Que restera-t-il de Thomson ? Rien si l’opération rate. Le tout sera dispersé d’autant plus facilement qu’il s’agit de filiales indépendantes et que 90% des employés sont à l’étranger. Si le nouveau patron réussit, l’entreprise gardera ses brevets, peut-être ses décodeurs et surtout une activité de services aux grands groupes de télévision ou de cinéma où tout restera à construire. Y compris un nouveau nom. Thomson, qui fut brièvement le numéro un mondial du téléviseur, c’est de toute façon bientôt fini. »

Ajoutons que cette descente aux enfers qui n’en finit pas en évoque d’autres, comme celle d’Alcatel entre autres. Et souhaitons aux membres du conseil d’administration de Thomson, même s’ils ne manquent pas d’autres occupations, comme Didier Lombard (France Télécom est d’ailleurs client de Thomson), de parvenir à tirer d’affaire l’entreprise.

Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée

Pour protester contre le plan de 4.000 suppressions d’emploi en Europe chez Alcatel Lucent, les salariés de tout le continent se sont mobilisés mardi 10 novembre. Des rassemblements ont eu lieu dans neuf pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Roumanie, Belgique, Pays-Bas, Autriche et Irlande).

Téléphones Alcatel
Téléphones Alcatel

Image CesarCardoso (Flickr) sous licence CC by

En France, trois manifestations ont eu lieu: une devant la Maison de l’Europe à Rennes, une autre à Paris devant le siège de l’Arcep et une troisième devant le Parlement européen. Cette mobilisation a eu lieu à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT). Son tract (PDF) explique les raisons d’interpeller l’Arcep. Continue reading « Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée »

Alcatel-Lucent, des milliers de suppressions d’emploi et un bénéfice symbolique

Après neuf trimestres de suite de pertes depuis la création par fusion de l’entreprise, pour la première fois, Alcatel-Lucent a annoncé un bénéfice pour le deuxième trimestre 2009, de 14 millions d’euros – lié à des éléments exceptionnels et donc surtout symbolique. D’autant plus que le chiffre d’affaires reste en recul, de 4,8%, à 3,9 milliards d’euros.

Alcatel
Alcatel

Image Wikimedia sous licence GFDL

C’est une mince consolation pour ce qui restera un des plus grands exemples de gâchis du tout-financier. À Alcatel-Lucent, on totalise à ce jour 18.500 suppressions d’emploi engagées. Le cas d’Alcatel montre que même des fleurons (Gérard Larcher en 1995, dans son rapport sur « L’avenir de France Télécom: un défi national« , relevait qu’Alcatel occupait « les premiers rangs mondiaux »), des géants de l’industrie ne sont pas à l’abri: même les industries les plus modernes, à valeur ajoutée et créatrices de nouveaux métiers, sont en crise.

Pour plus d’informations sur l’entreprise et ses enjeux, voir le site du syndicat CFE-CGC d’Alcatel-Lucent.

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Les équipementiers aussi peuvent mourir

Le groupe canadien Nortel Networks vient d‘annoncer la vente, pour 650 millions de dollars, de sa branche réseaux mobiles à Nokia Siemens Networks. L’équipementier finlandais se félicite de son côté de cette acquisition qui le positionnera parmi les premiers fournisseurs d’infrastructures sans fil en Amérique du Nord.

Nokia Siemens reprend ainsi à Nortel la technologie CDMA, très employée en Asie et en Amérique du Nord, et la technologie LTE, destinée à la prochaine génération de téléphonie mobile.

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Image craig1black (Flickr) sous licence CC by-nc

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