Clés 3G: la Commission européenne enquête sur un éventuel dumping chinois

A la suite d’une plainte de la société belge Option, la Commission européenne a ouvert fin juin une enquête sur un éventuel dumping sur les clés et modems 3G des fabricants chinois Huawei et ZTE, géants du secteur, avec 50% et 40% environ de parts de marché mondial, ont rapporté récemment Les Echos (article payant).

Clé 3GPhoto par incurable hippie (Flickr), sous licence CC by-nc

«La Chine a exporté en 2009 environ 25 millions de modems sans fil pour un chiffre d’affaires de 1,25  milliard d’euros. Selon Bruxelles, les modems chinois ont représenté 90 % des importations européennes», indique le quotidien économique. Option estime qu’ils sont vendus moins cher à l’international, et parfois même sous leur prix de revient.

«A tel point que la part de marché d’Option en Europe est tombée de plus de 50% en 2006 à moins de 5%. Entre temps, le marché européen a été multiplié par douze.» La Commission a décidé fin juin d’ouvrir une enquête, laquelle pourrait durer 15 mois et aboutir à un relèvement des droits de douane sur les importations concernées pendant au plus cinq ans.

Option, qui a dû réduire ses effectifs de plus de 700 personnes en 2007 à moins de 280, a enregistré en 2009 une perte nette de 53 millions d’euros et est menacé de disparition, soulignent Les Echos. La compagnie belge a déposé dernièrement une seconde plainte, cette fois pour subventions illégales, que Bruxelles examine.

Après Microsoft, Intel, IBM ou encore Apple, la Commission passe ici d’entreprises américaines à deux chinoises, illustrant l’émergence de cet autre géant économique et technologique… lui-même face à d’autres puissances montantes, comme l’Inde, qui en août a levé un blocus de huit mois à l’encontre des équipementiers chinois, ZTE et Huawei, ainsi que de Nokia, auxquels ce pays a demandé notamment l’accès à des codes sources.

L’opérateur mobile indien Bharti va reprendre les activités en Afrique de Zain

Le numéro un indien de la téléphonie mobile, Bharti Airtel, avait manqué l’an dernier sa fusion avec le sud-africain MTN, mais son entrée en Afrique n’aura été que remise: Bharti et le groupe koweïtien Zain ont annoncé leur entrée en négociations exclusives pour les activités en Afrique du second (une quinzaine de pays, hors du Maroc et du Soudan qui sont exclus de la transaction).

Téléphonie mobile en AfriqueImage frerieke (Flickr) sous licence CC by

Et ce dimanche, le quotidien koweïtien Al Raï a annoncé la prochaine signature par Zain d’une lettre d’intention avec Bharti Airtel pour une cession à neuf milliards de dollars (6,6 milliards d’euros).

Bharti, leader sur son marché natal, s’apprête ainsi à réussir une grosse opération internationale qui l’amène sur un continent dont France Télécom avait fait son pré carré: l’opérateur français n’est pas en Inde, mais c’est un nouveau rival de poids qui au contraire entre sur son terrain de prédilection.

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Capgemini emploie désormais plus d’Indiens que de Français

Actu express: la SSII Capgemini a maintenant plus d’employés en Inde qu’en France. C’est un scoop des Échos, qui révèle que l’entreprise compte plus de 20.100 salariés indiens, une centaine de plus qu’en France. Alors que dans son pays d’origine, Capgemini a gelé ses effectifs, bloquant ici les embauches et «restructurant» là, souligne le quotidien économique, en Inde les recrutements se poursuivent.

Un éditorialiste des Échos estime que «l’Inde n’a rien détruit en France mais elle a capté une nette part de la croissance du marché». Et il relève que «même si l’Inde restera encore longtemps compétitive, les salaires y sont d’ores et déjà orientés à la hausse. En Inde, on s’inquiète d’ailleurs déjà de la délocalisation vers les Philippines.»

La tendance est systémique: chez Atos Origin, où le PDG Thierry Breton annonçait récemment les chiffres du troisième trimestre 2009, l’effectif global poursuit sa décroissance alors qu’en Inde l’entreprise maintient ses recrutements.

Le groupe annonce qu’au 30 septembre 2009 il compte 48.884 personnes contre 50.975 fin décembre 2008. Atos Origin précise que «la politique de gel des recrutements a été maintenue durant le troisième trimestre sauf d’une part pour les ingénieurs jeunes diplômés dans toutes les entités opérationnelles, et d’autre part dans les pays offshore / nearshore en particulier en Inde.»

«En conséquence, le volume de recrutements effectués durant le troisième trimestre de l’année a été de l’ordre d’un millier de collaborateurs dont plus de deux cents en Inde.»

La fusion géante Bharti – MTN n’aura pas lieu

Les deux géants indien et sud-africain ont à nouveau échoué dans leurs négociations. Le troisième opérateur mondial qu’aurait créé leur fusion ne verra pas le jour.

Des mois de négociations se sont terminés par un communiqué début octobre: les deux grandes entreprises ont annoncé mettre fin à leurs pourparlers en vue d’un rapprochement. Le sud-africain MTN a indiqué que « les actionnaires sont informés que MTN et Bharti n’ont pas réussi à conclure une transaction dans le cadre économique, légal et réglementaire au sein duquel opèrent les deux compagnies ».

Bharti Airtel explique de son côté que le gouvernement sud-africain n’était pas en mesure d’accepter le projet dans sa forme actuelle. Et que Bharti continuera à étudier les possibilités de développement à l’international.

Le ministère des finances sud-africain a de son côté déclaré à l’AFP qu’il « n’avait pas à approuver la fusion dans la mesure où les deux firmes étaient d’accord pour ne pas la faire ». Le gouvernement sud-africain possède indirectement 21% du capital de MTN.

Les deux groupes poursuivent leurs développements chacun de son côté: Bharti vient de passer un accord avec Twitter pour permettre aux abonnés du groupe indien d’envoyer leurs messages (« tweets ») par SMS sur Twitter. Tandis que MTN s’associe à l’indien IMImobile pour fournir des contenus comme musique, sports, jeux, actualités etc.

Présentation en français du groupe MTN (fin 2008)

Bharti-MTN: grandes manœuvres Inde-Afrique du Sud dans la téléphonie (27 août 2009)

Bharti-MTN: grandes manœuvres Inde-Afrique du Sud dans la téléphonie

La naissance du troisième groupe mondial de télécoms en nombre de clients est en tractations entre l’indien Bharti Airtel et le sud-africain MTN Group.

Les deux entreprises ont repris leurs discussions sur un rapprochement en mai dernier, et ont annoncé début août les prolonger jusqu’au 31 août. La fusion des deux donnerait un géant de 200 millions de clients en Inde, en Afrique et au Moyen-Orient, troisième mondial derrière China Mobile et Vodafone. En chiffre d’affaires, le nouvel ensemble pèserait 14 milliards d’euros (20 milliards de dollars).

20090827_inde_telephoneImage: Mimi_K (Flickr), sous licence CC by-nc

Mais surtout, cette énorme opération, si elle a lieu (MTN réclame à Bharti, selon le Wall Street Journal, une rallonge d’un milliard de dollars dans l’échange d’actions et de cash sur lequel négocient les deux groupes), avec un montant de l’ordre de 23 milliards de dollars, serait la plus grande jamais menée hors des pays occidentaux.

Une fois de plus, à travers ce grand jeu de Monopoly auquel nous assistons, on ne peut que déplorer que la France ne dispose que d’un opérateur à la taille mondiale déclinante – dont la capacité d’acquisition demeure obérée par la politique de dividendes effrénés à laquelle il est soumis: le free cash-flow de France Télécom n’est plus disponible pour une politique d’expansion sur des acquisitions conséquentes. Tandis que celui de Vivendi, qui en génère organiquement beaucoup, est bloqué par un Vodafone arc-bouté sur ses 48%…

Capgemini et Steria, bientôt plus d’employés en Inde qu’en France

On mesure aussi dans les négociations MTN-Bharti que le poids économique se déplace des économies occidentales vers les économies émergentes. Le paradoxe de l’Inde, pays pauvre mais aussi doté de géants qui ne cessent de prendre du poids sur leur gigantesque marché intérieur comme à l’international, mérite d’être scruté avec attention.

D’autant plus qu’à coups de délocalisations et d’offshore, les entreprises françaises high-tech ne manquent pas de nourrir cette croissance indienne, y compris au détriment des emplois de leur pays d’origine. Les présidents de deux grandes SSII, Capgemini et Steria, indiquaient à l’AFP qu’elles auront bientôt plus d’employés en Inde qu’en France. Rappellons que ces deux entreprises obtiennent régulièrement des contrats publics dont elles ne se privent pas de délocaliser l’exécution.