Orange vers une banque 100% mobile avec le concours de Groupama Banque

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Voilà 10 jours qu’Orange et Groupama Banque ont annoncé être entrés en négociations exclusives pour nouer un partenariat, qui devrait déboucher sur l’acquisition par l’opérateur de 65% de la filiale bancaire de l’assureur et aboutir à la création d’une banque 100% mobile, baptisée « Orange Banque ». Le lancement de cette dernière est prévu pour début 2017 en France, avant d’autres marchés européens comme l’Espagne ou la Belgique. Ses services couvriront les activités de banque au quotidien, l’épargne, ainsi que les crédits et l’assurance. 100% mobile, l’offre sera cependant soutenue par le réseau de proximité des 850 boutiques de l’opérateur et par les 3 000 agences des réseaux Groupama et Gan.

Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une volonté de diversification des activités d’Orange qui figure parmi les points-clés du plan stratégique Essentiels2020. Au moment de la présenter, Stéphane Richard estime qu’ « Orange bénéficie d’une combinaison d’atouts essentiels et uniques pour réussir le lancement d’une banque innovante 100% mobile : une marque forte incarnant des valeurs clés comme la sécurité et la fiabilité, un solide réseau de distribution, et surtout la confiance de 28 millions de clients. Cette légitimité dans l’univers des services financiers s’est déjà concrétisée avec le succès de Orange Money sur la zone Afrique Moyen-Orient, et plus récemment avec le lancement réussi de Orange Finanse en Pologne ». C’est d’ailleurs en ayant à l’esprit les bons résultats enregistrés par sa filiale bancaire en modèle low-cost lancée en Pologne fin 2014 que le PDG d’Orange affirme : « Si j’osais le mot, je dirais que nous voulons être le Free de la banque en se situant volontairement moins cher que ce qui existe aujourd’hui et aussi transparent sur les conditions de tarification ».

Depuis une semaine, de nombreux articles d’analyse ont été écrits sur le sujet :

Au-delà d’une stratégie qui paraît a priori pertinente, il faut maintenant voir comment cette opération sera mise en œuvre concrètement. Ainsi, le volet emploi de cette opération n’a, semble-t-il, pas vraiment été évoqué pour l’instant. Désormais avertis de l’impact assez désastreux du digital sur les emplois du secteur bancaire (600 000 licenciements au niveau mondial depuis 2008), nous ne manquerons pas de suivre cela de près.

Aurélien Duthoit, Michael Porter à l’ère numérique : la mise à jour 2.0 –

Source : Aurélien Duthoit, Michael Porter à l’ère numérique : la mise à jour 2.0 – Precepta stratégiques – xerfi-precepta-strategiques-tv.com

Ce vendredi, Xerfi Canal nous propose un numéro spécial « stratégies dans l’économie numériques » qui éclaire le sujet sous différents angles (cette vidéo n’en est qu’un exemple), pour mieux comprendre ce que peut ou ne peut pas faire le numérique.

A visionner sans modération !

Big Data : le nouveau couteau suisse des entreprises et des administrations

Au-delà de ses nombreuses applications en matière de marketing et de relation client, présentées dans un précédent article, le Big Data propose bien d’autres cas d’usage, mis en œuvre par les entreprises et les administrations. Tous les secteurs sont touchés, comme nous le rappelle l’infographie ci-dessous, tirée d’une présentation de Business & Decision.

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Le Big Data transforme toutes les fonctions de l’entreprises… jusqu’aux RH

Gartner nous rappelle que l’optimisation des process opérationnels d’une entreprise, tout particulièrement dans le pilotage de son activité, est un des principaux leviers à l’adoption des technologies Big Data. Ces dernières lui permettent d’accroître son efficacité et de réduire ses coûts et ses pertes liées au matériel et/ou à la production. En s’appuyant notamment sur les technologies, désormais matures, de machine-to-machine, les entreprises sont mieux outillées pour gérer les problématiques relatives à leurs équipements de production, ainsi que les nombreux éléments de leur chaîne logistique.

Mais l’exemple d’utilisation le plus émergent du Big Data en entreprise concerne le management de l’humain, à travers son adoption croissante par les services de Ressources Humaines, dont il redessine les outils et méthodes. Il devient possible de « matcher » par analyse sémantique les offres d’emploi existantes avec les profils des candidats potentiels identifiés via les réseaux sociaux, ou de s’appuyer sur des modèles statistiques pour identifier les profils qui présentent les meilleures chances de réussite sur un poste. Il restera à vérifier à moyen terme l’efficacité de méthodes aussi terrifiantes : souvenons-nous que chez France Télécom, la Direction des ressources humaines était très fière d’afficher la mise en place des « e-RH », censées résoudre tous les problèmes tout en faisant des économies… jusqu’à la crise sociale de 2009, qui a démontré l’impérieuse nécessité de renforcer sérieusement les équipes RH… par de bons vieux humains ! Même dans une société technologique, l’informatique n’est pas toujours « magique ».

A chaque métier, ses applications Big Data

A chaque problématique métier est associée une ou plusieurs applications faisant appel au Big Data.

Le domaine de la santé est déjà très avancé en la matière. Ainsi, les objets connectés de monitoring permettent le maintien à domicile de certains malades longue durée, dont les données sont analysées en temps réel pour un traitement adapté en fonction de l’évolution de leurs pathologies. Au-delà des cas individuels, un service comme Google Flu Trends s’avère précieux pour le suivi et les prévisions liés à l’évolution d’une épidémie. Enfin, l’avènement du Big Data fait également progresser la recherche. Ainsi, on a pu diviser par 10 000 le temps et le coût nécessaires à la modélisation du génome d’une personne – qui permet de découvrir ses prédispositions génétiques au développement d’une maladie, pour mieux la prévenir.

Le secteur financier a recours au Big Data pour optimiser la gestion des risques et prévenir la fraude. Ainsi, les compagnies d’assurance sont désormais susceptibles d’évaluer de plus en plus précisément le risque relatif à chacun de leurs assurés, pour leur proposer les produits les plus adaptés… quitte à remettre en cause le principe de mutualisation des risques qui régit la profession, brisant ainsi la solidarité entre les assurés. Egalement concernés par la gestion des risques, les banques et organismes de paiement luttent aussi contre la fraude, notamment le scam, technique d’extorsion de fonds en ligne, à l’image de Western Union, qui passe les transferts de fonds douteux au microscope du Big Data.

Pour les grands acteurs de l’énergie, le Big Data permet de répondre à plusieurs problématiques et de rendre leur activité plus « intelligente » et écologique : le « smart grid » a déjà donné naissance aux compteurs intelligents, en attendant, bientôt, des réseaux électriques capables d’optimiser la production et la répartition de l’énergie en fonction des besoins instantanés. Une entreprise comme Veolia s’attache, pour sa part, à la réduction du gaspillage d’eau, au travers de technologies permettant de détecter les fuites, limiter les débordements d’égouts, gérer les pressions et réduire la consommation d’eau.
Le Big Data se met également au service de l’écologie dans le secteur du transport, qui s’attache à réduire son empreinte écologique, tandis que l’analyse avancée de données permet au secteur agricole de mettre en place une agriculture « de précision » visant à limiter la consommation d’eau et l’utilisation d’engrais ou de pesticides.

Bref, le Big Data s’introduit dans tous les secteurs, même les plus improbables, par exemple en prédisant quels films vont s’imposer au box office, ou encore en aidant l’Allemagne à remporter la dernière Coupe du Monde de football (mais où est la « glorieuse incertitude du sport » ?).

La « Smart Administration », forcément « big datée »

Dans la « Smart City », infrastructures, usagers et administrations sont connectées et communiquent entre eux, les informations étant ensuite regroupées et traitées, via les technologies du Big Data, pour permettre à la ville de devenir intelligente, à court ou à long terme : les gestionnaires de la ville, administrations ou sociétés privés, sont à même d’améliorer le quotidien en temps réel, en optimisant le trafic, les dépenses énergétiques, l’accès aux services administratifs, l’allocation des ressources médicales… mais aussi de dégager des prévisions qui permettent aux pouvoirs publics de dessiner la ville de demain, avec de nouvelles infrastructures. De leur côté, les usagers participent au développement de leur ville à la fois en partageant des informations (détection de dysfonctionnements, remontée d’informations concernant le trafic) et en modifiant leurs comportements, en termes de déplacements, de gestion des déchets, ou de consommation énergétique.
Si les projets de « Smart City » sont nombreux, la plupart restent encore flous et, surtout, rarement globaux. En France, la ville la plus avancée est Nice, qui figure même dans le Top 5 mondial.

Enfin, récemment mis sous le feu des projecteurs par la très controversée Loi Renseignement, l’usage du Big Data dans le cadre de la lutte contre la criminalité est évidemment bien plus développé en Amérique du Nord. Il permet notamment de fournir en temps réel des informations pertinentes aux équipes de terrain, d’aider à la résolution des enquêtes et même de prévenir les crimes, dans un remake de Minority Report qui fait tout de même froid dans le dos.

Nous voilà donc désormais au fait des nombreux usages du Big Data. Ce dernier constitue-t-il une chance à saisir pour l’économie française ou sera-t-il la chasse réservée des seuls mastodontes américains du Web ? La suite au prochain numéro…

Big Data : quel impact sur le marketing et la relation client ?

Depuis des décennies, les marketeurs analysent les données clients à leur disposition, avec l’objectif de vendre plus et, éventuellement, mieux, c’est-à-dire pendant plus longtemps dans une logique de fidélisation. L’émergence récente du Big Data est venue décupler leur capacité d’analyse et, partant, leurs possibilités de réaction, voire d’anticipation des comportements de leurs clients. De fait, à l’instar de celle de Gartner, la plupart des études estiment qu’entre 50% et 60% des projets Big Data sont liés à l’expérience client au sens large.
Ainsi, en collectant des données lorsque ses clients sont exposés à ses campagnes de communication, achètent ses produits ou souscrivent à ses services, naviguent sur ses sites Web ou interagissent avec elle, une entreprise est à même de mieux les connaître. Elle peut ainsi adapter son offre, sa stratégie et ses outils de vente et de relation client, afin de faire vivre à ses clients une expérience en adéquation avec leurs attentes.
Une fois mise en place la fameuse vision à 360° de ses clients, l’entreprise est susceptible d’obtenir de « nombreux bénéfices marketing », « utiles pour les consommateurs » et « générant de la valeur », comme le montre l’infographie de l’agence Camp de Bases.

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Selon notre analyse, reposant sur une étude Markess, trois grands types d’objectifs président aux actions des directions marketing en matière de Big Data:

  • Vendre plus, notamment en ligne, en personnalisant le parcours digital des clients, de leur navigation sur les sites aux messages publicitaires qui leur sont présentés, pour leur proposer les offres les plus adaptées grâce à une segmentation et à un ciblage plus fins ;
  • Vendre mieux en simplifiant la relation client, grâce à une stratégie adaptée à chaque canal d’interaction (téléphone, e-mail, SMS, Web, réseaux sociaux) et à une optimisation des parcours inter canaux ;
  • Anticiper, en analysant tendances lourdes et signaux faibles pour se préparer aux évolutions comportementales des clients, de façon collective avec, par exemple, de nouveaux produits ou services, ou de façon individualisée, avec notamment la prévention des risques de rupture de la relation client.

A des degrés divers, la majeure partie des secteurs d’activités sont susceptibles de recourir au Big Data pour améliorer l’expérience de leurs clients, mais les plus avancés restent le e-commerce et la grande distribution, les opérateurs de services et le secteur financier.

Amazon, premier de la classe en Big Data

Les entreprises nord-américaines, et en particulier les pure players du Web, ont indéniablement une bonne longueur d’avance en matière d’exploitation commerciale du Big Data. Amazon s’est très tôt positionné en pionnier, avec son service de recommandations personnalisées, système de frappes chirurgicales qui vient se substituer avec succès au bazooka du couponing massif. Le géant du e-commerce peut s’appuyer sur une base de plus de 250 millions de clients, dont il cerne les goûts de plus en plus précisément en compilant des données structurées (déclaratif et navigation) et non structurées (contenus qu’ils stockent dans ses services de cloud). Amazon est ainsi capable de fournir à ses clients, en ligne ou via des campagnes d’e-mailing, des conseils personnalisés en temps réel susceptibles de se transformer en autant de commandes. La firme de Jeff Bezos a d’ailleurs une telle confiance dans la qualité de sa connaissance client qu’elle a déposé, début 2014, un brevet pour un nouveau système de livraison fondé sur l’anticipation des achats ! Ce dernier repose sur un algorithme, élaboré d’après les achats précédents du client, sa liste de souhaits, sa navigation sur le site et les produits qu’il a mis dans son panier sans les acheter.

Par ailleurs, non content de s’appuyer sur sa connaissance client pour accroître ses ventes, Amazon réfléchit désormais à la meilleure façon de monétiser de façon directe la mine d’or que représente ses données très qualifiées. Annoncé à l’été 2014, le service de publicité en ligne Amazon Sponsored Links n’a pas encore officiellement vu le jour, mais il ne devrait pas tarder à venir concurrencer Google Adsense.

En France, on a des idées… mais on peine encore à les concrétiser

Si 81% des dirigeants marketing interrogés dans le cadre de l’étude menée en France fin 2014 par Fullsix et Limelight sont « convaincus de la grande importance » du Big Data, seuls 18% ont déjà lancé des projets et 6% les ont vus aboutir…

Toutefois, si les entreprises françaises ne versent pas dans une stratégie tout-Big Data à la Amazon, elles ne négligent pas ses apports pour répondre à des problématiques plus ponctuelles.

La grande distribution s’affiche en pionnière, avec des enseignes qui cherchent à collecter autant d’informations que possible concernant leurs clients, en magasin avec la fameuse « digitalisation » du point de vente, mais aussi sur le Web et en mobilité. On retrouve l’idée du « vendre plus » dans la stratégie de la Fnac, qui optimise le ciblage de ses campagnes d’e-mailing en s’appuyant sur un modèle prédictif mettant à profit les informations recueillies concernant ses 20 millions de clients. Mais la dimension de l’anticipation est également au cœur de l’action des distributeurs, à l’image d’Auchan, qui s’est doté d’une solution d’analyse sémantique décortiquant en temps réel les verbatim clients déposés sur ses sites Web et ses comptes Facebook et Twitter. En traitant ce volume important de données non structurées, le distributeur extrait rapidement des informations stratégiques pour y répondre par des actions opérationnelles ciblées.

Voyages-SNCF mise sur le « vendre mieux », notamment avec des applications mobiles qui permettent de personnaliser l’expérience des usagers en facilitant leurs voyages. En fonction de leurs profils, ils se voient relayer en temps réel des informations importantes et proposer des services sur mesure.

Les opérateurs télécoms investissent tout particulièrement dans l’analyse prédictive des données, pour faire baisser leurs taux de churn. Ainsi, en surveillant la navigation des internautes sur ses sites Web, SFR réussirait, selon des chiffres récemment dévoilés, à repérer plus de 80% des candidats au départ, les contactant avant qu’ils aient pris leur décision… semble-t-il avec succès, puisque l’opérateur réussirait à en convaincre 3/4 de lui rester fidèle.

Enfin, le Big Data a également beaucoup à apporter aux entreprises du secteur financier. En permettant aux banques d’analyser en quelques minutes des masses de données qui nécessitaient auparavant plusieurs jours de décryptage, les technologies Big Data leur ouvrent la perspective d’une relation client plus immédiate et plus personnalisée. Le secteur de l’assurance peut s’appuyer sur les modèles prédictifs associés au Big Data, pour anticiper les risques (notamment liés au climat), ou encore développer de nouveaux business models, en matière d’assurance santé ou d’assurance automobile, à l’instar des offres « pay-as-you-drive » notamment mises en place par Direct Assurance.

Mais, les usages du Big Data ne sont pas tous liés au marketing et à la relation client… La suite au prochain numéro.

Administrateurs salariés et gouvernance de l’entreprise

Le témoignage de Pierre Alanche, administrateur salarié chez Renault, est particulièrement intéressant : il met l’accent sur quelques points clefs qui sont en résonance avec nos propres réflexions sur le rôle des administrateurs salariés, et le fonctionnement des Conseils d’Administration.

On peut notamment en retenir ces quelques éléments :

  • l’administrateur salarié ne doit pas abandonner ses habits de syndicaliste
  • il doit non seulement défendre l’intérêt des personnels, mais aussi leur rendre compte
  • les salariés sont des parties prenantes de l’entreprise, mais ne sont pas forcément pris en compte dans les CA
  • les « administrateurs indépendants », qui sont souvent des PDG d’autres entreprises, statuent facilement sur les questions financières, mais peu sur la stratégie, qui est laissée à la main des Directions Générales

A méditer, notamment pour ceux d’entre nous qui sont susceptibles de siéger dans cette instance particulière de l’entreprise…

Alcatel-Lucent : Matignon « ne comprend pas bien la stratégie »

L’intersyndicale de l’équipementier télécoms indique que le gouvernement s’est donné jusqu’à la fin du mois pour trouver une autre solution que le prêt garanti sur actifs et brevets auprès de Goldman Sachs et Credit Suisse. Le FSI pourrait participer au rachat de la filiale de câbles optiques.

Il y a urgence. Alcatel-Lucent doit finaliser avant la fin du mois l’accord d’engagements annoncé mi-décembre avec Goldman Sachs et Credit Suisse portant sur des facilités de crédit de 1,6 milliard d’euros. Problème : ce prêt est garanti sur les actifs du groupe, en particulier les précieux brevets des Bell Labs (29.000). Ce prêt, dont « le gouvernement a été informé au dernier moment » était au cœur des discussions, mercredi soir à Matignon entre l’intersyndicale de l’équipementier télécoms et la direction du cabinet du Premier ministre, selon le communiqué des syndicats. « Le gouvernement se donne jusqu’à la fin du mois pour trouver une autre solution » et a confirmé « qu’il cherche des pistes financières alternatives au prêt Goldman Sachs » affirme l’intersyndicale. Le gouvernement « ne comprend pas bien la stratégie d’Alcatel-Lucent en Europe et en France » rapportent les syndicats CFDT, CFE-CGC et CGT, qui ont rappelé « les risques de démantèlement liés au contrat de prêt (cessions d’actifs, brevets, contrôle trimestriel, taux d’intérêts et frais financiers très élevés). »

Lire la suite sur le site de La Tribune

Un appel à l’État pour sauver Alcatel

Dans une lettre commune, les fédérations CGC, CGT et CFDT de la métallurgie demandent au premier ministre une intervention urgente pour éviter un démantèlement du groupe.

[…]

Si les syndicats ont immédiatement dénoncé les conséquences sociales dramatiques du plan, mais aussi la stratégie de la direction consistant à se désengager partiellement du marché européen pour se concentrer sur le marché américain, plus rentable, leur inquiétude a fait un bond, mi-décembre, lorsque le groupe a annoncé avoir obtenu un prêt de 1,6 milliard auprès des banques Goldman Sachs et Crédit suisse. En difficulté de liquidités, et devant faire face au remboursement de 2 milliards d’euros de dettes sur 2013-2015, le groupe a dû contracter cet emprunt au taux de 9 %, ce qui, selon la CFDT, représente 150 millions d’euros d’intérêts à payer chaque année. Mais surtout, l’accord prévoit que le prêt est gagé, entre autres, sur son portefeuille de 29 000 brevets, d’une valeur estimée à 5 milliards d’euros. Autrement dit, en cas de défaut de paiement des échéances, les banques pourraient se servir dans les actifs et les brevets du groupe, qui subirait ainsi une vente à la découpe.

[…]

Pour les trois fédérations de métallos, l’État doit « sécuriser le financement du groupe par des montages financiers qui empêcheraient de tirer la ligne de crédit », et cette intervention passe par « une entrée significative de l’État dans le capital du groupe », qui permettrait la présence de représentants au conseil d’administration, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, avec 3,8 % du capital contrôlé par l’État. Plus largement, elles attendent un « plan global sur les télécoms et le numérique », pour lequel elles proposent des pistes destinées à soutenir le groupe Alcatel-Lucent face à la concurrence. Il s’agirait de conditionner les aides publiques accordées aux opérateurs de téléphonie, à l’engagement de recourir à des fournisseurs ne pratiquant ni le dumping social ni dumping financier, d’attribuer les futures fréquences en téléphonie mobile en fonction de contreparties sur l’emploi, d’agir sur « l’accès équitable au marché européen, pour contrer les équipementiers chinois pratiquant une concurrence déloyale basée sur le dumping », enfin, de tenir compte, comme les États-Unis, de critères de sécurité et de « cyberdéfense » pour sélectionner les fournisseurs.

Lire l’article complet sur le site de l’Huma

Alcatel-Lucent France: les syndicats craignent un « démantèlement du groupe »

Les syndicats d’Alcatel-Lucent France ont exprimé jeudi la crainte d’un « démantèlement du groupe par des rapaces » alors que le groupe de télécoms a obtenu un prêt de 1,6 milliard d’euros garanti par des actifs.

[…]

L’intersyndicale a tenu une assemblée générale, en marge d’un comité central d’entreprise extraordinaire (CCE), devant l’entrée du siège d’Alcatel-Lucent France à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), devant une centaine de salariés rassemblés autour d’un feu de palettes.

Le CCE portait sur le droit d’alerte déclenché par les syndicats suite à l’obtention par le groupe d’un prêt de 1,615 milliard d’euros auprès des banques Goldman Sachs et Crédit Suisse, garantis entre autres, par son portefeuille de propriété intellectuelle, soit plus de 29.000 brevets actifs à ce jour.

Le groupe, qui a engagé un nouveau plan de restructuration prévoyant près de 5.500 suppressions de postes dans le monde dont 934 à Alcatel-Lucent France, a en effet essuyé un déficit de 146 millions d’euros de juillet à septembre, alors qu’il avait été bénéficiaire de 94 millions un an auparavant.

Selon les syndicats, le groupe emprunterait à un taux de 9%, ce qui l’amènerait à rembourser 150 millions d’euros d’intérêts par an.

Le montage financier prévoirait, selon Frédéric Aussedat, élu CFE-CGC au CCE, des « critères de réussite intermédiaires. Si le groupe ne les atteint pas, Goldman Sachs ne va pas attendre 6 ans pour se faire rembourser. Elle se servira dans les brevets et les actions des filiales. Ce sera de la vente à la découpe« , assure le syndicaliste.

Mercredi, le vice-président exécutif d’Alcatel Lucent, Philippe Keryer, a affirmé devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale qu’il n’avait pas « l’intention de céder telle ou telle partie nantie, en particulier les brevets, puisqu’ils sont clairement l’avenir du groupe« .

L’article en texte intégral dans L’Entreprise

Facebook – Google, deux géants du Net se battent pour la première place

Facebook lance un service de messagerie «multi-canaux» qui concurrence Gmail, Google bloque l’importation de contacts vers Facebook, qui contourne ce blocage, Google augmente tous les salaires de ses employés pour freiner les départs chez son concurrent…

Deux entreprises américaines combattent pour la première place sur Internet: Google et Facebook ne cachent plus leur affrontement direct. Ainsi lundi 15 novembre, Facebook a-t-il dévoilé un service, Messages, clairement destiné à dépasser le Gmail de Google, ainsi que le Hotmail de Microsoft et Yahoo Mail (selon Comscore, Hotmail est en tête avec 361,7 millions d’utilisateurs en septembre, devant Yahoo, 273,1 millions, et Gmail, 193,3 millions).

Messages joue un rôle d’aiguillage entre mails, SMS, chat ou message Facebook, en faisant une ambitieuse plaque tournante de la communication en ligne.

Image jmerelo (Flickr ) sous licence CC by-sa

Le 4 novembre, Google avait annoncé bloquer l’exportation des données contacts des utilisateurs de Gmail vers Facebook, pour protester contre l’absence de réciprocité de la part du réseau social. Ce dernier a répondu par un pied-de-nez en contournant ce blocage: Facebook propose à ses nouveaux membres de télécharger leurs contacts Gmail sur leur ordinateur, puis de transférer le fichier dans Facebook.

S’ils se font concurrence dans les services, les deux géants chassent aussi des ressources humaines communes: Google a annoncé le 9 novembre augmenter de 10% ses 23.000 salariés. Objectif, éviter leur débauchage par Facebook, rapporte le Wall Stet Journal, qui indique que Facebook compte maintenant 1.700 employés contre 1.000 un an plus tôt, dont 137 viennent de Google.

Google valorisé presque cinq fois plus que Facebook

A travers ses innovations, Facebook cherche à garder dans son écosystème les internautes, une «tentation hégémonique» (telle que la décrit cet article de ZDNet). Mais Google a encore de forts atouts, outre son énorme domination du marché de la recherche en ligne:

le moteur de recherhe a aussi une forte avance financière sur Facebook (qui lui-même a supplanté des sites comme MySpace, naguère  en tête des sites «sociaux»): Google est coté en Bourse et pèse 190 milliards de dollars, tandis que Facebook, non coté, est valorisé 41 milliards sur Secondmarket, plate-forme où s’échangent les actions de ses salariés.En octobre 2007, Facebook n’ était encore valorisé « que » 15 milliards de dollars, lorsque Microsoft a investi 240 millions pour 1,6% de son capital.

Facebook pourrait gagner en recettes publicitaires 1,3 milliard de dollars en 2010,  la moitié des bénéfices de Google sur le seul troisième trimestre, souligne Lexpansion.com.

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France Télécom: Didier Lombard abandonne la direction à Stéphane Richard

Actu express: à la veille d’une interview dans Le Figaro de ce mardi dans laquelle Didier Lombard annonçait céder la direction exécutive de France Télécom à Stéphane Richard, la nouvelle a été donnée en ligne par le quotidien et officialisée par un court communiqué de l’entreprise, sous le titre « Evolution de la gouvernance du groupe ».

Le conseil d’administration de France Télécom, le 24 février, devrait donc entériner la dissociation des fonctions de président et de directeur général à compter du 1er mars, et voir Stéphane Richard prendre la la gestion opérationnelle du groupe. La rumeur de ce changement au sommet, un an plus tôt qu’initialement prévu, avait couru dès le 20 janvier, lancée par Capital.fr qui revient longuement ce mardi sur le sujet (« France Télécom : comment Stéphane Richard a évincé Didier Lombard« ).

En attendant ses futurs discours de patron de France Télécom, nul doute que les récents propos de Stéphane Richard, généraux comme dans une interview au Figaro le 10 décembre ou sur les contenus il y a quelques jours, seront scrutés attentivement.

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Les six erreurs de la direction de France Télécom

Sur e24,  Marie Muzard, spécialiste de la gestion de crise analyse la manière dont France Télécom a traité la question des suicides. Extraits :

le management n’a pas su identifier la crise. Certes, toutes les entreprises sont confrontées au suicide. Plus l’effectif est élevé plus ce risque augmente. C’est ce constat qui a probablement conduit le management de France Télécom à sous estimer la crise et à considérer que les suicides faisaient partie des « pépins » d’une entreprise. […] Pourtant tous les signaux habituels de la crise étaient là : problème qui relève de la santé (c’est déjà un signe très fort annonciateur de crise); terrain de fond miné (le malaise social était perceptible dans les études internes, dénoncé par les syndicats); le choc de culture de l’entreprise (en 10 ans l’entreprise a révolutionné sa culture, tous n’y étaient pas préparés […]); et la multiplication des suicides. Le taux de suicide est rapidement devenu anormalement élevé, même pour un grand groupe. […]

Comment une direction peut elle rester crédible alors que ses décisions sont prises sous la pression et donc totalement subies? La direction doit très vite reprendre l’initiative en montrant qu’elle assume enfin ses responsabilités.

L’article complet sur e24

Notre commentaire

Au delà des éléments de communication pointés à juste titre dans cette analyse, il faut ajouter qu’à ce jour, la direction de l’entreprise ne semble pas avoir pris conscience des causes profondes du malaise, et n’annonce aucun changement de cap en matière de projet industriel. Pour redonner du sens au travail, il faut en effet dégager l’entreprise de l’emprise des marchés boursiers, restreindre les dividendes, et consacrer le cash à la mise en oeuvre d’un vrai projet d’investissement pour le long terme, au sein duquel les personnels pourront retrouver toute leur place.

C’est certainement le bon moment, alors qu’il va falloir déployer les réseaux de fibre optique. Espérons que la direction de l’entreprise saura saisir cette opportunité.