Culture estivale : le monde du travail

En ce 1er août, le blog de la CFE-CGC à Canal+ revient sur une intéressante étude de TNS/Sofres qui montre que « les salariés souhaitent le retour du collectif« , qu’il met en perspective dans l’entreprise Canal+.

Pour prolonger cette lecture, nous vous proposons une compilation d’études et sondages de TNS/Sofres sur le monde du travail, propres à inspirer notre action syndicale. Pour les plus anciennes d’entre-elles, vous devrez vous inscrire (gratuitement) sur le site pour accéder aux résultats. 

Le prochain épisode de « culture estivale » sera consacré à la question des retraites, suite logique de la vie au travail.

Bonne lecture. N’hésitez pas à ouvrir le débat dans les commentaires de ce billet.

« Travail. La Révolution nécessaire » et « Cadres, classes moyennes : vers l’éclatement ? »

La CFE-CGC organise un débat autour de la notion du travail, jeudi 30 juin 2011, de 17h30 à 20h00, à la Maison de la CFE-CGC, 59 rue du Rocher, dans le 8ème à Paris, autour des livres :

  • « Travail. La Révolution nécessaire », avec Dominique Méda, directrice de recherche au Centre d’Études de l’Emploi et auteure du livre
    fiche de présentation du livre
  • « Cadres, classes moyennes : vers l’éclatement ? », avec Charles Gadea, professeur de sociologie à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, et Sophie Pochic, chargée de recherche CNRS au Centre Maurice Halbwachs, auteurs du livre
    fiche de présentation du livre

Cette rencontre est animée par Carole Couvert, secrétaire générale de la CFE-CGC, en présence de Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC

Selon les auteurs de « Cadres, classes moyennes : vers l’éclatement ? », « les classes moyennes se paupérisent. Le malaise des cadres s’exacerbe, coincés entre ouvriers et employés, d’une part, et les classes dirigeantes de l’autre. La société française se cabre ! Une vision pluraliste et nuancée, étayée sur des recherches empiriquement fondées, était nécessaire. En faisant appel à des comparaisons internationales et à des experts étrangers, les auteurs, spécialistes reconnus, dressent un bilan fondé pour participer au débat social et politique actuel sur la mobilité sociale, l’ascenseur social en panne ».

N’hésitez pas à vous inscrire dès maintenant.

Cinéma à Saint-Denis, « La comédie du travail », du 2 au 8 février

Les Journées cinématographiques dionysiennes « Est-ce ainsi que les hommes vivent? » tiennent leur 11ème édition du 2 au 8 février, à Saint-Denis (93).

Ces Journées portent cette année le titre de « La comédie du travail », qui donne sa thématique à l’édition 2011. C’est aussi une reprise du titre d’un film de 1987 du cinéaste Luc Moullet, sous le patronage duquel est placée cette édition.

Elle propose de dresser le panorama d’un siècle d’évolution des mentalités autour des enjeux, des valeurs et des perspectives du monde du travail, en déclinant une programmation de films et de rencontres.

Au programme, près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux, longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières. De La sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet, pour chercher quels sont les enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment.

Avec une trentaine de personnalités invitées, dont Luc Moullet, Aki Kaurismäki, Jean-Claude Brisseau, Benoît Delépine, Yolande Moreau, Rabah Ameur-Zaïmeche, Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, Marcel Hanoun, Cécile Decugis, Marcel Trillat…

Infos pratiques

Calendrier

nous
montrerons, à travers près de 80 films – fictions, documentaires, films expérimentaux,
longs et courts métrages, films du patrimoine, inédits et avant-premières ; de la Sortie
d’usine (1895) des frères Lumière à Toujours moins (2010) de Luc Moullet – quels sont les
enjeux, les valeurs et les perspectives du monde du travail et comment les cinéastes
s’en inspirent, en témoignent, le dénoncent ou le subliment…

« France Télécom, malade à en mourir » sur Arte

Actu express: Arte a programmé hier une soirée « Télécoms, fiascos et réussites« . Elle se composait de deux documentaires, dont le premier, « France Télécom, malade à en mourir« , rend compte des méthodes inhumaines qui ont conduit à l’épidémie de suicides.

Ce film donne la parole à plusieurs salariés ou anciens salariés de l’opérateur historique. Ils ont témoigné de ce qui les amené à la dépression voire à la tentation d’en finir: déménagement forcé, mise au placard pendant des années, situation kafkaïenne d’un salarié abandonné dans un bureau vidé de tout équipement et des autres employés…

page web d'Arte sur la soirée télécoms

Leurs témoignages, ainsi que plusieurs analyses, comme celui d’une psychiatre et du spécialiste du harcèlement au travail Christophe Dejours, aident à comprendre comment la décision d’une poignée de technocrates a abîmé des milliers de vies et poussé certains à la mort.

Faire partir 22.000 personnes en quelques années n’a pas été indolore, loin de là. On a pu revoir le tristement fameux propos sur « la mode du suicide » de Didier Lombard, alors à la tête de l’opérateur historique.

La seconde partie de soirée sur la chaîne, « Télécoms, le grand chambardement« , montrait plus largement l’évolution vers la privatisation et la concurrence en France, en Allemagne et en Espagne. Le documentaire rappelait qu’avant la Commission européenne de Jacques Delors, ce mouvement a été enclenché en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher.

Il montre aussi que la gestion de la libéralisation n’a pas connu en Espagne et en Allemagne la brutalité qu’ont vécu les salariés de l’opérateur historique français.

Ces deux documentaires sont visibles gratuitement pour une semaine sur le site d’Arte, puis seront accessibles en téléchargement payant.

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3e assises nationales de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, les 9 et 10 décembre 2010

L’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom-Orange, copiloté par la CFE-CGC/UNSA et SUD, vous invitent à leurs 3èmes assises nationales, les 9 et 10 décembre 2010, à la Bourse du Travail de Saint-Denis.

Plus d’un an après l’éclatement de la crise de l’été 2009, le sentiment général qui prévaut parmi les salarié-es de France Télécom – Orange, c’est que les choses n’ont pas véritablement changé dans l’entreprise. Ces nouvelles assises nationales composées d’ateliers et de tables rondes permettront de faire le point sur la situation dans le groupe France Télécom – Orange.

Elles seront aussi un moment fort pour élargir le débat aux autres entreprises du secteur des télécommunications, à la fonction publique et à l’ensemble du champ interprofessionnel.

Enfin, l’Observatoire souhaite faire avancer un sujet décisif : la reconnaissance des suicides en accident de service pour les fonctionnaires.

Les assises sont ouvertes à tous. Venez nombreux !

Rentrée littéraire : les difficultés de la vie d’entreprise en vedette

L’article du Nouvel Obs « Voici le roman d’entreprise » met en avant trois ouvrages qui mettent sous les projecteurs la vie du salarié en entreprise.

Les deux romans, Retour aux mots sauvages, par Thierry Beinstingel, et L’Enquête, par Philippe Claudel, s’inspirent directement de France Télécom, devenue entreprise emblématique d’un mode de (dys)fonctionnement qui malheureusement s’étend bien au-delà de l’opérateur téléphonique.

Nous étions des êtres vivants, par Nathalie Kuperman constitue un témoignage direct de l’expérience vécue lors du rachat de Fleurus Presse. On pourrait y ajouter le roman d’Isabelle Desesquelles, Fahrenheit 2010, chroniqué par Pierre Assouline, qui s’inspire directement du rachat de la Librairie Privat à Toulouse – dont Isabelle Desesquelles était la directrice – par l’enseigne Chapitre. Ces derniers témoignages montrent que, jusque chez les « passeurs du sens » que constituent les journalistes et les libraires, on veut aussi détruire le sens au travail et le sens du travail.

L’art est toujours le reflet du monde dans lequel il s’inscrit, et de la manière dont les hommes le perçoivent. A l’ère contemporaine, les artistes sont de plus en plus des « lanceurs d’alertes » qu’il convient d’écouter avec attention, parce qu’ils font partie des derniers citoyens dont la parole est libre. Souhaitons que ceux-là soient entendus, et que leurs mots contribuent à faire changer le monde de l’entreprise, comme nous souhaitons aussi le faire en en décryptant les enjeux.

Censure: l’Observatoire du stress enfin accessible chez France Télécom

La censure d’Internet existe en Chine et dans d’autres pays, mais à petite échelle on la trouve aussi dans des entreprises, y compris françaises, qui veulent bannir des écrans des salariés les sites qui déplaisent à leur direction.

Il y a neuf ans, ce fut le cas chez Technip, qui retira les liens de son espace syndical en intranet; chez Dassault Systèmes un site sur l’informatique, Padawan.info, a été bloqué en 2004. Limiter l’expression sur les intranets est une pratique qui se retrouve entre autres à SFR (Miroir social).

Mais un cas emblématique de cette vision cubaine ou nord-coréenne du dialogue social et la liberté d’information a duré des années et portait sur un contenu particulièrement sensible, à propos d’une grande entreprise éprouvée par des suicides de salariés. Il s’agissait du blocage du site de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, interdit aux salariés de France Télécom.

CensureImage de Nicolo Paternoster (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

La CFE-CGC/Unsa, à l’origine de l’Observatoire avec Sud, annonce (communiqué en PDF) qu’elle « note avec une grande satisfaction la fin de la censure interne qui interdisait depuis 2007 aux salariés du groupe, l’accès du site de l’Observatoire ».

Elle relève que « la nouvelle direction s’était engagée à rompre avec cette forme de déni. Elle a respecté sa parole. »

Alors que cette politique de déni qui s’en prenait au thermomètre et non à la fièvre a enfin cessé, le syndicat relève aussi « avec soulagement la nette diminution, cet été, du nombre de suicides chez les salariés. Rien dans le domaine des troubles psycho-sociaux n’est jamais acquis. Mais il est important que le personnel reprenne confiance. »

Par une certaine ironie de l’histoire, c’est dans la même période qu’Orange s’associe à Reporters sans frontières (RSF) et propose pour les journalistes mal vus par leurs gouvernements un kit pour surfer anonymement. C’eut été un comble que le filtrage d’un site dérangeant perdure parallèlement dans la même entreprise…

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La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique? – 13 septembre 2009

Liens externes

Fiches pratiques salariés – Forum des droits sur l’Internet

Surfer au travail sans fâcher son patron – 01men, 12 juin 2007

Les sénateurs ouvrent un blog sur le mal-être au travail

Actu express: le Sénat a créé fin novembre, dans le cadre de sa commission des Affaires sociales, une mission sur le mal-être au travail, à la suite en particulier de l’épidémie de suicides à France Télécom.

Cette mission, qui doit rendre en juin ses préconisations, a ouvert récemment un blog sur le sujet: il permet de voir et de commenter les vidéos d’auditions par la mission.

Blog de la mission mal-être au travail du Sénat

Rappelons qu’un forum sur le stress, «Réagir ensemble», a été créé par deux syndicats de France Télécom-Orange, et que comme pour l‘Observatoire du stress, son accès est censuré depuis les connexions Internet internes chez France Télécom.

A lire aussi

Les entreprises qui inspirent confiance aux Français… et les autres

Actu express: le baromètre Trust Edelman StrategyOne*2010 mesure la cote de confiance et de défiance de 40 grandes entreprises auprès de la population française.

L’édition 2010 met « Google au pinacle, et France Télécom au pilori« , selon la formule de L’Expansion qui en restitue les résultats pour la France.

Logique, lorsqu’on considère les critères que les Français prennent le plus en compte pour accorder leur confiance à une entreprise  :  sur un indice 100, la qualité de ses produits et/ou services (87), la façon dont elle traite ses salariés (67), la transparence de l’information qu’elle donne à ses clients (40), son engagement en faveur de l’environnement (25), ses résultats financiers (17).

Désastreux pour France Télécom, surtout lorsqu’on songe au formidable capital de confiance que détenait la marque, et qui constituait même l’un de ses atouts maître pour le développement de nouveaux services, tout particulièrement des services à même de contrer la domination de plus en plus préoccupante de Google pour tout ce qui touche au respect de la vie privée des utilisateurs… Alors même que le géant américain est régulièrement fustigé sur ce thème dans la presse spécialisée, on voit ici que le consommateur final a une toute autre vision du monde, et une totale méconnaissance de cette problématique, pourtant réelle.

Comme quoi le respect des personnels de l’entreprise, thème sur lequel Google est en revanche unanimement salué, y compris par les spécialistes des technologies de l’information, et même… des syndicalistes, a un réel impact sur la valeur d’une marque, comme d’ailleurs sur sa capacité d’innovation (et il y a certainement un lien entre les deux, même si certains « courants » de management peinent encore à le reconnaître).

Stéphane Richard, actuel numéro 2 de France Télécom, pourrait bien l’avoir compris. Dans France Soir, il commente :

« les Français ont des attentes importantes à l’égard de leurs entreprises, qui vont bien au-delà de la compétitivité ».

Une leçon à méditer par toutes les entreprises, alors que le thème de la souffrance au travail cesse de devenir un tabou pour devenir une vraie préoccupation à l’échelle de la société civile.

A lire aussi :

« Bobines sociales », 7ème édition du festival

Le festival de films documentaires « Bobines sociales » débute aujourd’hui sa 7ème édition, centrée sur les thématiques « Agriculture, travail, et psychiatrie : points de frictions et lieux de résistances ».

Pour les parisiens, le programme des projections et débats est disponible sur le site du festival.

On pourra notamment y voir 3 documentaires particulièrement intéressants,  également disponibles sur Internet en vidéo à la demande (VOD) :

Travailler plus, c’est mortifère

On ne présente plus Gérard Filoche, Inspecteur du travail bien connu pour ses positions très « carrées ». Dans un billet du 8 janvier, il relie à juste titre les suicides au travail chez France Télécom, et le « déshabillage » progressif du Code du Travail de ces dernières années dans une indifférence quasi générale, qui se matérialise notamment par le fait qu’on lui a reproché, en 2008, d’assister à une journée de travail organisée par l’Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées à France Télécom-Orange, mis en œuvre par Sud et la CFE-CGC/Unsa.

Depuis, un coin du voile a été levé sur le tabou des suicides au travail. Mais il faudra encore du temps pour que les liens avec l’évolution du droit et surtout les pratiques concrètes des entreprises en matière d’organisation du travail soient admis par tous, et permettent de déboucher sur de vrais changement dans la vie des salariés. C’est l’un des aspects rappelés par les sociologues du travail qui se sont exprimés lors du débat public organisé ce même 8 janvier par l’Observatoire au Conseil Régional d’Ile de France.

En attendant, il appartient à ceux qui sont directement impactés, et aux experts du domaine, qu’ils soient chercheurs, inspecteurs du travail ou syndicalistes, de continuer à démontrer et dénoncer la langue de bois qui prévaut encore trop souvent sur ces questions…

Salariés et sortie de crise : une étude TNS Sofres

TNS Sofres vient de publier une étude sur la relation des employés avec leurs entreprises et le système économique. L’analyse globale de TNS est édifiante. Extraits :

L’étude révèle en tout premier lieu une remise en cause massive du système actuel par les salariés français :

* Les ¾ estiment que la crise a prouvé qu’il apportait plus de problème que de solution
* La même proportion estime que les intérêts des entreprises (ou de leurs dirigeants) et des salariés ne vont pas dans le même sens
* La quasi-totalité se dit choquée par au moins une des caractéristiques du système
* Les termes de profit, de mondialisation, de capitalisme sont massivement associés à des évocations négatives
* L’effet « le système va mal mais dans mon entreprise / administration ça se passe beaucoup mieux » semble moins fort que par le passé

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Image hey mr glen (Flickr) sous licence CC by-nc

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«Les Impactés», la crise de France Télécom

Mediapart propose sur son site un documentaire vidéo retraçant la mise en oeuvre d’une pièce de théâtre « Les Impactés« , créée en 2007 par la compagnie NAJE à l’initiative des élus du CE de la Direction Territoriale Ile de France de France Télécom.

Caricature ? Non, simple mise en évidence d’une réalité vécue, basée sur une enquête terrain et des témoignages de salariés. La démarche de « théâtre forum », qui invite en fin de spectacle les spectateurs à monter sur scène pour remplacer les comédiens et faire évoluer le scénario est particulièrement intéressante et révélatrice.

A voir sur le site de Mediapart.

Stress au travail : traiter les causes, et pas seulement les symptômes!

L’avis d’expert publié le 17 novembre dans LeJournalDuNet sur la prévention du stress et les obligations de l’employeur remet en perspective le cadre législatif européen, transposé dans l’accord national de 2008, qui constitue la base de travail sur laquelle le Ministre Xavier Darcos souhaite pousser les entreprises à négocier.

Le point de vue de Sophie Augier, psychologue du travail, éclaire de manière intéressante et cohérente avec les observations que nous pouvons faire sur le terrain les facteurs et les manifestations du stress.

La conclusion de la tribune en revanche ne laisse pas d’inquiéter :

Le plan d’urgence annoncé par le gouvernement incite les grandes entreprises à lancer des négociations sur la prévention du stress au travail. Si l’identification des facteurs de stress et l’élaboration de mesures de prévention ad hoc doivent être mises en place, en concertation avec les différents acteurs de l’entreprise, il convient de veiller à ce que les méthodes de management ne deviennent pas elles-mêmes objet de négociation. En effet, à défaut de pouvoir circonscrire précisément la notion de stress, l’attention risque de se porter sur les causes, et principalement sur le management. Les employeurs doivent veiller à rester sur le terrain de la santé et de la sécurité des salariés et à ne pas accepter de limiter leur pouvoir décisionnel en matière de techniques de management.

On voit, une fois de plus, qu’une crise, même brutale et incontestable, ne permet pas de déboucher sur le véritable traitement des causes. On en reste une fois de plus au traitement symptomatique du stress, sans s’attaquer aux facteurs qui le génèrent. Alors même que les méthodes de management par le stress ont été abandonnées par les pays anglo-saxons dont elles nous viennent, car elles s’avèrent non seulement dangereuses, mais également contre-productives sur le moyen terme, en France, il ne serait pas possible de les remettre en question.

De nombreuses analyses permettent d’identifier clairement le triptyque meurtrier, non seulement pour les salariés, mais à moyen terme pour les entreprises, et pour la société toute entière :

  • capitalisme financier exigeant à court terme une rentabilité incompatible avec le rythme de la croissance mondiale,
  • concurrence effrénée, poussée par une législation au consumérisme démagogique,
  • globalisation basée sur l’exploitation des différentiels de revenus dans les différentes régions du monde.

Ces trois règles, appliquées par les multinationales cotées en bourse, débouchent sur un management tayloriste, poussé dans des extrêmes jamais vus jusqu’ici, qui génèrent un malaise sans précédent pour les salariés. Sans même parler de suicides, les troubles engendrés – parfaitement identifiés dans l’article – coûtent cher, non seulement aux salariés, mais à la collectivité toute entière.

Tant qu’on n’aura pas traité les causes, les effets délétères subsisteront. Donc, oui, il faut remettre en question les méthodes managériales qui traitent les salariés comme des robots et retirent tout sens au travail. Répétons-le, le stress n’est pas un facteur de productivité, contrairement à ce qu’une certaine idéologie voudrait nous laisser croire. Qui pourrait prétendre que le malaise actuel, perceptible par tous, est un projet de société qu’il faudrait continuer à défendre ? Il convient dès lors de ne pas se cantonner à un simple traitement des effets, mais bien de remettre en question un modèle d’économie qui est à bout de souffle.

La responsabilité sociale de France Télécom

Dans La Tribune de ce jour, Jean-Marc Le Gall, professeur associé au Celsa et conseil en stratégies sociales, fait quelques constats que la CFE-CGC/UNSA a mis en évidence depuis de (trop) longs mois. Extraits :

« Le groupe s’engage à agir en permanence comme un employeur responsable », peut-on lire dans le Rapport responsabilité d’entreprise et développement durable 2008 de France Télécom-Orange publié en juin dernier. Engagement attendu dans un tel rapport, puisque la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est l’intégration volontaire par l’entreprise de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes, dont font partie ses salariés. Pourtant, confronté à la dramatique actualité sociale de cette entreprise, il est difficile de prendre cet engagement au sérieux.

Risquons une hypothèse : si le bilan économique du président de France Télécom était aussi mauvais que son bilan social, il aurait quitté l’entreprise comme Michel Bon en 2002, ou il aurait été remercié par son actionnaire principal. Sans aucun doute, il y a encore loin de la responsabilité économique à la responsabilité sociale. Des dirigeants d’entreprise s’efforcent pourtant de rapprocher ces deux dimensions, comme Frank Riboud qui a décidé que le bonus des dirigeants de Danone devait porter pour moitié à la fois sur des réalisations tenant à cette RSE et sur les résultats économiques. Responsabilité oblige.

L’article mentionne également le livre d’Yvan du Roy, Orange Stressé, et nous ne pouvons qu’adhérer à l’analyse de Monsieur Le Gall.

En tant que salariés de l’entreprise et en tant que syndicalistes, nous espérons que les réalités enfin dévoilées, et surtout prises au sérieux par une part de plus en plus large de la société française, vont conduire à de réels changements dans le pilotage des entreprises. Pour une fois, il n’est pas exagéré de dire que c’est… vital!

Lire l’article dans son intégralité sur le site de La Tribune.