Free Mobile, le jeu de massacre continue

Avec 5,2 millions de clients, le quatrième opérateur a réussi sa percée au-delà des espérances. Mais son objectif est de conquérir 15 % de part de marché. Ce qui va forcément l’amener à prendre d’autres initiatives.

Les points à retenir

Loin d’avoir épuisé l’effet de surprise lié à son irruption sur le marché du mobile en janvier 2012, Free a porté un nouveau coup à ses concurrents en boostant son forfait à 2 euros par mois.
Le « petit » opérateur se prépare à attaquer le marché des forfaits haut de gamme, ce qui ouvrirait un nouveau front face à ses trois rivaux.
Free a intérêt à marquer des points très vite contre la concurrence, car la donne a changé : comme les autres, il va devoir lourdement investir pour se doter de son propre réseau.

L’article complet dans Les Echos

Une analyse peu optimiste, malheureusement très réaliste, et qui aura des conséquences sur l’emploi dans le secteur des télécoms, et aussi donc sur le pouvoir d’achat (revoir la vidéo Xerfi d’hier).

Le hard-discount casse… le pouvoir d’achat

Les casseurs de prix sont les sauveurs du pouvoir d’achat. Cela a tout l’air d’une évidence. C’est pourtant totalement faux…

Les analystes de Xerfi ne sont pas précisément des militants gauchistes, plutôt des consultants sérieux qui analysent l’économie et conseillent les entreprises.
En moins de 4 minutes, cette vidéo explique très clairement les mécanismes globaux du « low-cost »… relevant exactement les phénomènes que nous observons sur le marché des télécoms depuis l’arrivée de Free Mobile, mais que nos régulateurs nationaux et européens n’ont pas l’air de comprendre !

Pour compléter cette limpide analyse, rappelons que les entreprises ne sont pas des associations philanthropiques. Même lorsqu’elles baissent les prix, elles s’attachent à conserver leur rentabilité, afin notamment de servir aux actionnaires les dividendes qu’ils réclament.
La masse salariale est donc une variable d’ajustement : on commence par la compression des rémunérations, et si ça ne suffit pas, on supprime des emplois (on peut le constater très concrètement dans les comptes de France Télécom 2012, voir notre communiqué d’analyse)

A voir et à faire circuler le plus largement possible : il est temps de muscler notre culture en macro-économie si nous voulons redresser la barre !

Enjeux du travail en France : une analyse intéressante de Danièle Linhart

14 minutes à écouter absolument !

Invités des Matins de France Culture le 20 février dernier :

Danièle Linhart
Sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS Université Paris Ouest Nanterre La Défense
et membre de l’Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées (NDLR)

Pascal Chabot au téléphone en deuxième partie
Titulaire à l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) (Bruxelles)


Les matins – La société est –elle menacée par… par franceculture

Le choc Free, un mal ou un bien pour l’emploi ?

L’un voit dans l’arrivée du quatrième opérateur mobile un stimulant pour l’économie tout entière. L’autre s’inquiète de son potentiel destructeur pour les acteurs en place. Un an après l’arrivée du quatrième opérateur mobile, les économistes David Thesmar et Bruno Deffains analysent pour « Les Echos » l’impact de la « révolution Free » dans le mobile.

L’arrivée de Free sur le marché du mobile il y a un an a provoqué un choc économique. Tous deux chercheurs, vous avez réalisé des travaux sur l’impact de ce choc. Bruno Deffains, vous estimez qu’il devrait se traduire dans le scénario le plus probable par la suppression de près de 55.000 emplois. David Thesmar, vous estimez au contraire, avec votre collègue Augustin Landier, qu’il est susceptible d’entraîner la création de 60.000 emplois. Pourquoi une telle divergence ?

Lire la suite sur le site des Echos

Nos commentaires sur l’étude de Messieurs Thesmar & Landier

L’étude publiée à la demande de Free tente de faire croire que l’arrivée du 4ème opérateur mobile sur le marché français pourrait générer la création de 16 à 30 000 emplois en France… (et pas 60 000 d’ailleurs comme l’évoque le questionnement des journalistes des Échos) malheureusement pas dans la filière des télécoms, comme c’est d’ailleurs précisé page 40 du rapport.

Nous laisserons aux vrais experts la critique détaillée de cette « étude » macro-économique, qui se dit basée sur les théories de Keynes… tout en en oubliant quelques règles majeures. A titre d’unique exemple, si les ménages augmentent de 0,1% leur taux d’épargne, tous les résultats de l’étude s’effondrent, et aucun emploi n’est crée. Or, les analyses keynésiennes montrent qu’en temps de crise, les ménages augmentent leur épargne de précaution, au détriment du budget alloué à la consommation. En outre, le rapport table sur un taux d’épargne des Français de 14%… alors que celui-ci est déjà à 16%, et que les chiffres tombés fin 2012 montrent une augmentation record de la collecte sur le Livret A et le Livret de développement durable.

Pour notre part, nous nous bornerons à noter une erreur grossière page 41, dans l’analyse de la croissance en emplois 2009 et 2011 dans le secteur des télécoms. Intéressons nous spécifiquement aux emplois directs chez les opérateurs de télécommunications, selon la source Arcep, également utilisée dans l’étude et dans nos analyses récurrentes. Entre 2009 et 2011, les effectifs des opérateurs sont passés de 124 000 à 127 500, ce qui fait 3 500 emplois, soit 2,8% de croissance. L’étude attribue cette croissance au lancement des offres triple-play de Bouygues Telecom, qui auraient été génératrices d’emplois dans les équipes commerciales, techniques et dans les centres d’appels. Malheureusement, sur cette période, c’est … France Télécom-Orange qui, à elle seule, a alimenté la croissance en emplois chez les opérateurs sur cette période. L’ensemble des opérateurs alternatifs en détruisaient près de 1 700, tandis que France Télécom en recréait 5 200. Quant à la source de cette reprise de l’emploi chez l’opérateur historique, c’est l’effet direct des 10 000 embauches, prévues sur la période 2010-2012, négociées par les organisations syndicales avec la nouvelle Direction de l’entreprise après la crise sociale de 2009.

Comme quoi, pour parler de l’emploi dans la filière des télécoms, il vaut mieux être un spécialiste du secteur !

 

Free Mobile : un bilan globalement négatif … pour la collectivité

Un an tout juste après le lancement de Free Mobile, deux économistes livrent leur analyse de l’arrivée d’un nouvel entrant, selon l’approche coûts-bénéfices. A leurs yeux, l’idée que 4 opérateurs est nécessairement mieux que 3 est un peu courte.

A priori l’affaire paraissait simple. En autorisant, en 2011, l’introduction d’un quatrième opérateur de communications mobiles (Free) aux côtés d’Orange, SFR et Bouygues, l’autorité de régulation du secteur, l’ARCEP, faisait le bon choix. Plus de compétiteurs rimait avec plus de concurrence. La concurrence devait faire baisser les prix et les consommateurs de se réjouir. Et pourtant !

D’un côté, Bruno Deffains, professeur à la Sorbonne (Les Echos, 11.06.2012), montre que l’introduction de Free s’accompagnerait de la destruction de 50.000 emplois. Corinne Erhel dans un « Avis parlementaire » affirme que « la crise [du secteur des communications électroniques est] en partie due aux conditions d’entrée d’un 4ème opérateur sur le marché mobile ». De l’autre côté, les universitaires David Thesmar et Augustin Landier répliquent avec une étude commandée par Free, indiquant que l’impact net sur l’emploi est positif, à hauteur de 16.000 à 30.000 emplois. Pour essayer d’y voir plus clair, nous avons conduit une analyse coûts-bénéfices qui ne s’intéresse pas seulement à l’emploi, mais qui évalue l’ensemble des effets socio-économiques de l’entrée de Free sur le marché (consultable ici).

Lire la suite sur le site de La Tribune

Télécharger l’étude complète

« Envoyé spécial » crucifie Free Mobile

France 2 a testé la qualité du réseau du nouvel opérateur. Le constat est sans appel : les clients de Free sont moins bien servis que ceux d’Orange.

Lire la suite sur le site du Point…

… et surtout, voir le reportage d’Envoyé Spécial

Pierre Louette, interrogé par Envoyé Spécial

 

Les opérateurs télécoms en 5 graphiques : intégration des données 2011

Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France. Vous pouvez également retrouver nos analyses des données 2010 et 2008

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms, les chiffres étant tirés des séries annuelles depuis 1998, dont nous intégrons les actualisations rétroactives dans nos graphiques.Nous les complétons par l’analyse des données présentées par France Télécom dans son document de référence 2011.

Ils ne concernent que les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière, et le marché français.

Pour la première fois en 2011,
les revenus globaux des opérateurs baissent

Précisons que les usages et le nombre d’abonnés continuent de croître : la baisse des revenus est donc bien liée à une baisse des prix.  Si jusqu’alors le modèle d’évolution des tarifs était plutôt « plus de services pour la même valeur faciale »‘, on bascule désormais vers « autant ou plus de service pour moins cher ». Le mouvement s’est bien sûr accentué début 2012 avec l’arrivée de Free sur le marché des mobiles.

Cette baisse de valeur n’est pas sans conséquences sur l’emploi, quoiqu’en croient encore certains.

Seul France Télécom alimente une légère croissance des emplois…

S’il a été le plus gros destructeur d’emplois de la filière (52 700 emplois supprimés en 12 ans, à compter de la libéralisation du marché des télécoms), France Télécom est désormais le seul à alimenter la reprise des embauches… sous la pression des organisations syndicales qui les ont négociées dans la cadre du « nouveau contrat social » mis en place par la nouvelle Direction de l’entreprise après la crise sociale et le départ de Didier Lombard, désormais mis en examen suite à la mise en œuvre d’une politique délétère pour les personnels.

Les opérateurs représentent un peu moins de la moitié des emplois du secteur, qui pèse entre 300 et 345 000 emplois au total, lorsqu’on y inclut l’ensemble des emplois induits, chez les équipementiers (équipements de réseaux et terminaux), les sous-traitants (prestations de conseil aux opérateurs, d’assistance clients – call-centers ou interventions chez les clients – , installation et maintenance des réseaux…), et les distributeurs indépendants. (vcir l’étude de la Fédération Française des Télécoms, et celle de Bruno Deffains, économiste). Ces trois dernières années, les équipementiers ont fait des coupes sombres dans leurs effectifs en France et en Europe.

… tandis que les opérateurs alternatifs ont détruit près de 1700 emplois en 2011.

Il est bon au passage de rappeler que les destructions d’emplois ne passent pas forcément par des plans sociaux ou des plans de départs volontaires. Le non remplacement des personnels en fin de contrat pour diverses raisons est aussi une destruction d’emplois, certes moins douloureuse en première approche, mais qui contribue à l’augmentation du chômage en France. Les discours « politiquement corrects » sur le sujet ces dernières années tendent à le faire oublier, alors que nous sommes entrés dans une ère de chômage de masse qui pèse sur l’ensemble de la société française, à la fois sur le plan économique (il faut bien payer les cotisations chômage, et cela pèse sur la compétitivité du travail en France, ou que les familles prennent en charge leurs membres sans emploi, ce qui réduit d’autant leur capacité à consommer par ailleurs), mais également sur le plan sociétal (développement des exclusions et des inégalités, qui génèrent également de l’insécurité).

 Les investissements reprennent, mais parfois en trompe-l’oeil…

Tous les investissements ne sont pas affectés au déploiement de nouveaux réseaux : outre la maintenance des réseaux existants, France Télécom inclut dans ses CAPEX le renouvellement des Livebox de ses clients.

Nos commentaires

Alors que le nouveau gouvernement s’inquiète des nouvelles suppressions d’emplois qui s’annoncent chez les opérateurs de télécommunications, ces quelques rappels permettent de remettre les idées en place quant à l’évolution de ce secteur d’activité, et, nous l’espérons, de repenser la régulation du secteur. Sous l’impulsion d’une idéologie libérale, également poussée par Bruxelles, qui ne jure que par les bénéfices de la concurrence pour le consommateur, l’État et le régulateur ont ces dernières années totalement négligé le volet « emploi », pourtant explicitement mentionné dans le code des Postes et Télécommunications comme sous leur responsabilité conjointe.  Il est plus que temps de revoir la copie, et de se poser la question de manière plus globale.Y compris d’ailleurs au niveau du citoyen-consommateur : vaut-il mieux payer quelques euros de plus chaque mois sur sa facture de téléphone, ou financer des cotisations sociales, non seulement chômage, mais aussi couverture sociale et retraites, tout chômeur constituant en la matière un manque à gagner pour les comptes sociaux de la nation ?

Sortir des visions de court terme et trop individualistes ne pourra qu’être bénéfique, à moyen terme, pour chaque citoyen.

Free : quand l’idéologie de la concurrence dessert l’économie

La tribune de Bruno Deffains, dans Le Cercle Les Échos, rappelle les conclusions de l’étude qu’il a présentée mardi matin 3 juillet à l’Université d’été de la CFE-CGC/UNSA 

La concurrence est une notion ambivalente. Sa face éclairée est économique : un moyen d’améliorer le bien-être social. Sa face obscure est politique, voire idéologique : la concurrence comme fin en soi. Nombre de cas récents de « libéralisation » semblent guidés par une conception de la concurrence idéologique plutôt qu’économique.

Le dernier concerne la téléphonie mobile, puisque l’arrivée du quatrième opérateur résulte d’une décision réglementaire et politique : reformatage de la licence et de son prix notamment pour « forcer » l’entrée d’un acteur désigné a priori. S’ensuit une double rupture en termes de prix et de commercialisation. Ce modèle qualifié de low cost a rencontré une forte adhésion initiale des consommateurs contraignant les opérateurs en place à réagir.
Et des chiffres de perte d’emplois ont été cités sans pour autant être expliqués. L’étude d’impact que nous avons menée quantifie ce choc au niveau de l’emploi « interne » chez les opérateurs, de l’emploi direct auprès des partenaires de 1 er rang (fournisseurs, distributeurs et administration en aval), et enfin l’emploi ainsi induit sur la chaîne des partenaires.

Lire la suite dans Les Échos

Nos commentaires

Quelles que soit les arguties que l’on met en face pour nier la validité de cette étude, il faut malheureusement constater que des suppressions d’emploi sont simultanément annoncées ce même jour par trois opérateurs. Alors que SFR et Bouygues Telecom annoncent des plans de départ volontaires,  Stéphane Richard indiquait pour sa part, lors de la même Université d’été, que France Télécom-Orange ne pourra procéder au remplacement de tous les départs en retraite dans les 3 prochaines années.

Et si, comme le souligne l’Expansion, nous avons ici même alerté depuis plusieurs années déjà sur la tendance baissière de l’emploi chez les opérateurs, nous restons plus que dubitatifs sur l’opportunité d’introduire un quatrième opérateur mobile sur le marché français au moment où, dans les principaux pays européens,  le marché se restructurait, pour revenir justement  à ce que le marché peut réalistement accueillir dans des conditions économiques viables, c’est à dire … 3 opérateurs mobiles par pays.

Plusieurs dizaines de milliers d’emplois ayant été détruits alors que le secteur était en croissance (en CA global des opérateurs), il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que l’introduction d’une offre plus agressive sur le plan tarifaire ferait des dégâts plus importants encore. La valeur détruite ne se retrouvera pas de sitôt, si elle se retrouve un jour, et cette pression supplémentaire sur les marges obère en outre les capacités d’investissement dans les nouveaux réseaux, qui pouvaient encore constituer une voie de sortie par le haut, car, d’autres études le démontrent, l’innovation dans les télécommunications est bénéfique pour l’ensemble de l’économie, nous aurons l’occasion d’y revenir.

Le sempiternel rappel d’anciennes ententes tarifaires, si elles sont en effet condamnables, ne peuvent suffire à justifier la véritable « purge » aujourd’hui infligée au secteur des télécoms dans son entier. Rappelons que les amendes ont été payées, que, comme les individus, les entreprises ont le droit d’être réhabilitées lorsqu’elles ont purgé leur peine, et surtout que la défense des emplois n’est pas une simple défense d’intérêt corporatistes, mais une véritable urgence nationale, alors que la crise économique se durcit dans toute l’Europe, et que le chemin de sortie ne s’annonce pas particulièrement simple à trouver. Vaut-il mieux financer des cotisations chômage… ou payer quelques euros de plus sur sa facture de téléphone ?

Il est temps de sortir des contestations purement idéologiques, et de se retrousser les manches pour tenter d’endiguer l’hémorragie des emplois, que personne ne saurait aujourd’hui nier ! C’est ce à quoi nous appelons tous les acteurs, à commencer par ceux qui ont un pouvoir de régulation…

Les débats de l‘Université d’été de la CFE-CGC/UNSA se poursuivent le 4 juillet, pour continuer d’éclairer le contexte, et d’identifier des voies possibles pour sortir de la crise.

La filière télécoms en France #1 : l’emploi menacé dans un secteur stratégique

En cette période d’élection présidentielle, les TIC sont, ou devraient être considérés comme un secteur clef de l’économie. Différents lobbies tentent de capter l’intérêt des candidats, avec plus ou mois de succès, comme on peut le lire dans l’analyse détaillée d’Olivier Ezratty, présentée en 6 épisodes sur son blog, sous le titre « Les clivages de la présidentielle sur le numérique »  (le dernier référence tous les autres, mais bien sûr il vaut mieux commencer par le premier).

A la suite de nos travaux d’analyse sur l’emploi chez les opérateurs, que nous mettrons à jour dès que les données annuelles de l’Arcep seront publiées, nous avons voulu aller un peu plus loin et présenter nos propres constats et propositions. Ce premier épisode est consacré aux constats. Le second sera consacré aux leviers d’action que nous avons identifiés. N’hésitez pas à commenter !

Soulignons tout d’abord que la Fédération Française des Télécoms (syndicat professionnel des opérateurs) s’est également cette année livrée à un constat chiffré, réalisé avec le concours d’Arthur D.Little dont voici une synthèse des chiffres clefs du marché.

Les chiffres des emplois induits dans la filière proviennent de l’INSEE, et mériteraient une petite analyse, qualitative (identification et segmentation des codes activités sélectionnés) et historique, que nous n’avons pas eu le temps de réaliser. Mais on voit que la part des équipementiers est extrêmement « light » par rapport à celle des opérateurs.

Les équipementiers européens sont en danger de mort

Les équipementiers français et européens (équipements de réseaux pour les opérateurs télécoms et terminaux pour le grand public) ne cessent de perdre du terrain au profit d’acteurs essentiellement asiatiques, et d’Apple concernant les terminaux grand public innovants (voir par exemple les derniers chiffres publiés par le cabinet IDC sur ce dernier point), et conséquemment des emplois : pas un mois sans qu’on annonce des compressions de personnel chez Alcatel-Lucent, Sagem, Nokia, etc.

La filière télécoms, qui fut florissante en France dans les années 70/80 (peut-être au prix d’un protectionnisme exagéré) est en voie de disparition. A l’époque, l’opérateur historique France Télécom, et auparavant les PTT, s’imposaient de faire les développements technologiques en partenariat avec les équipementiers français, et autour des travaux du CNET, qui a depuis été démantelé, jugé « non rentable » sous la gouvernance de Didier Lombard à France Télécom, et il n’existe plus de pôle de R&D performant pour faire de la recherche prospective dans le domaine des télécommunications en France. Rappelons que la technologie ADSL, diffusée dans le monde entier, était un pur produit des ingénieurs du CNET…

Les opérateurs français délocalisent de plus en plus d’emplois

Délocalisations massives des centres d’appels…

Extrait de notre article Dogme de l’hyper concurrence + consumérisme = délocalisations et décroissance.

L’Allemagne, qui emploie 600 000 téléconseillers sur son territoire, est « naturellement » protégée par la barrière linguistique. L’usage de la langue française dans de nombreux pays à faible coût salarial explique que la France n’en aie que 250 000 sur son sol national.

L’Angleterre quant à elle a 700 000 salariés dans cette activité. Il conviendrait d’aller regarder de plus près ce qui a été fait dans ce pays, pourtant très « libéral » pour préserver les emplois.

Les opérateurs de télécommunications sont les premiers employeurs et/ou donneurs d’ordre dans le domaine des centres d’appels. On estime qu’ils délocalisent au moins 30 000 emplois dans ce métier spécifique. Le gouvernement s’était engagé à agir, mais n’a absolument rien fait malgré ses promesses (plus aucun article sur les tags « centres d’appels » ou « délocalisations » sur le site gouvernemental depuis les promesses de 2010 et nous confirmons qu’aucun plan d’action concret n’a été engagé depuis)

…mais aussi de la R&D

Aucun chiffre officiel sur le sujet, et pour cause, le débat est trop honteux ! Mais, de l’intérieur de France Télécom, nous savons qu’une part de plus en plus importante de la R&D est délocalisée, via des filiales ou des sous-traitants, particulièrement en Inde et en Europe de l’Est (pour des raisons de coûts de main d’œuvre) et au Caire (deal au moment de l’implantation d’Orange en Égypte).

Ni le gouvernement, ni le régulateur
n’assument leurs missions de préservation de l’emploi en France

Ces deux acteurs ignorent superbement cette mission, pourtant inscrite dans le Code des Télécommunications français.

Modalités d’attribution de la licence 4G : aucune contrainte sur l’emploi dans le cahier des charges d’attribution de la licence mobile

Extrait de notre Communiqué CFE-CGC & UNSA Telecoms – licence 4G – 9 juin 2011

L’article L32-1 alinéa I paragraphe 3 du Code des postes et communications Électroniques précise « La fonction de régulation du secteur des communications électroniques est indépendante de l’exploitation des réseaux et de la fourniture des services de communications électroniques. Elle est exercée au nom de l’État par le ministre chargé des communications électroniques et par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. »

Et de poursuive dans son alinéa II : « Dans le cadre de leurs attributions respectives, le ministre chargé des communications électroniques et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes prennent, dans des conditions objectives et transparentes, des mesures raisonnables et proportionnées aux objectifs poursuivis et veillent :

1° A la fourniture et au financement de l’ensemble des composantes du service public des communications électroniques ;

2° A l’exercice au bénéfice des utilisateurs d’une concurrence effective et loyale entre les exploitants de réseau et les fournisseurs de services de communications électroniques ;

3° Au développement de l’emploi, de l’investissement efficace dans les infrastructures, de l’innovation et de la compétitivité dans le secteur des communications électroniques… »

Or dans le projet de décision de l’Arcep il est successivement indiqué :

« Le nombre de lauréats, ainsi que leur quantité de fréquences et leur positionnement, seront définis de façon endogène par la procédure, sur la base des offres que formuleront les candidats au regard des trois critères de sélection (valorisation des fréquences, engagement d’accueil des MVNO, engagement renforcé de couverture départementale). »

« le candidat doit s’assurer qu’il indique pour chacune de ses offres :

– un montant financier exprimé en euros ;

– s’il souscrit ou non à l’engagement d’accueil des MVNO ;

– s’il souscrit ou non à l’engagement lié à l’aménagement du territoire. »

Si le projet de décret est signé en l’état, un constat simple s’impose : aucune obligation sur l’emploi…

Le Ministre méconnait à la fois les dispositions législatives (évoquées ci-dessus) mais aussi l’article 5 du préambule de la Constitution de 19463, qui fait partie du bloc de constitutionnalité et qui dispose que  « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. ».

Opération « tablette à 1 euro » pour les étudiants :
le ministère écarte délibérément Archos, le seul fabricant français de tablettes

Voir la chronique de Sébastien Crozier : Tablette à 1 euro : Monsieur Wauquiez, fermez-la…

Ne parlons pas de l’État actionnaire…

Premier actionnaire de France Télécom-Orange avec 27% du capital (réparti par moitiés entre l’Agence des Participations de l’État et le Fonds d’Investissement Stratégique), l’État, dont les représentants siègent au Conseil d’administration de l’entreprise, ne fait rien pour dynamiser la stratégie de développement des télécommunications en France, qu’il s’agisse de l’investissement dans les nouveaux réseaux ou dans la R&D (quasiment plus de « R », juste des développements avec un ROI court terme). Le seul objectif de l’État semble être de siphonner les résultats de l’entreprise via un dividende exorbitant, dont il touche près d’un milliard d’euros par an.

En 2009, les dividendes ont été supérieurs au résultat net consolidé du Groupe…

Extrait de notre blog dédié à l’actionnariat des personnels du Groupe France Télécom-Orange : Des dividendes trop élevés sont dangereux pour l’entreprise et pour ses personnels.

Le retour du dividende à 0,50 € demandé par l’ADEAS permettrait de revenir au ratio de distribution de 2004, qui apparaissait beaucoup plus raisonnable.

… et en 2010, s’ils n’en représentent que 76%, ils restent supérieurs au bénéfice net courant

Extrait de notre Lettre de l’Épargne et de l’Actionnariat Salariés – juillet 2011

À 1,40 euros par action, le dividende représente pour 2010 76% du résultat net consolidé, et 3 fois le bénéfice net des comptes sociaux (résultat net de l’exercice : 1 067 millions d’euros, dividendes distribués sur l’exercice : 3 708 millions d’euros). Le dividende est payé par le report à nouveau, c’est-à-dire par les bénéfices d’exercices antérieurs, qui devraient être consacrés à l’investissement actuel ou futur.

… ni de l’État fiscal

Extrait de notre lettre ouverte à Christine Lagarde en mars 2011, qui résume l’essentiel de nos critiques sur le rôle de l’Etat vis-à-vis de France Télécom-Orange

17 taxes et 9 redevances pèsent sur les opérateurs de télécommunications, et plus particulièrement l’opérateur historique. Pour le moment, France Télécom paie seul la totalité de l’IFER (Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseaux, mise en place pour remplacer la taxe professionnelle) pour le secteur des télécommunications9.

Free Mobile : quelques enseignements intéressants en matière de « community management »

Pour changer un peu des polémiques sur Free Mobile, intéressons-nous à la riposte des autres opérateurs, et plus particulièrement à la manière dont Bouygues Telecom a géré le dialogue avec ses clients dans les réseaux sociaux, dans un moment de crise tout à fait particulier, le discours de Xavier Niel ayant littéralement incité les consommateurs à la violence vis à vis des opérateurs mobiles « historiques ».

10 minutes d’interview vidéo du « Community Manager » de BT, et 10 enseignements synthétisés par le rédacteur de l’article.  Prêts ? c’est sur Le blog de Greg

Free mobile : Xavier Niel prend-il tous les Français pour des c… ?

Selon une étude du cabinet GFK, et sur la base de l’offre décrite par Xavier Niel devant les médias, 8 Français sur 10 ont l’intention, à court ou moyen terme, de souscrire à l’offre de téléphonie mobile de Free.

Mais comment s’y prend Free pour monter son offre illimitée à 19,99 € / mois (15,99 € pour les abonnés ADSL Free) et son forfait 60 minutes / 60 SMS pour 2 € / mois (0 pour les abonnés ADSL Free) ?

Quelles seront les incidences cette nouvelle offre sur le marché des télécommunications en France ? Et que se passera-t-il si les Français interrogés confirment par des actes leurs intentions de basculer chez Free mobile ?

Les Français et le nouveau monde numérique

TNS Sofres vient de réaliser une étude pour l’INRIA sur la perception du numérique par les Français. Cette étude sera suivie régulièrement, pour constituer une base de travail pour l’INRIA, organisme public de recherche dédié aux sciences et technologies du numérique.

On trouve notamment dans cette étude une « classification » des Français en 6 « typologies » d’utilisateurs, comme aiment à les construire les organismes d’études, même si cette approche reste assez réductrice.

Pour en savoir plus, on peut réécouter l’émission de France Inter « Quels « homo-numericus » sommes nous ? « .

Ce qu’on peut en retenir, brièvement, c’est qu’il reste beaucoup de confusion dans les esprits, y compris dans les catégories définies par cette étude, et que l’urgence est de former les jeunes Français, d’une part à la connaissance des technologies numériques, et d’autre part à la manière d’appréhender l’information, dont la diffusion est totalement bouleversée par Internet, à la fois en tant qu’utilisateur et contributeur. C’est un enjeu majeur, tant de l’économie du savoir que de la démocratie.

Les résultats de l’étude sur :

 

Steve Jobs a-t-il enterré le Web ?

Tout le monde a salué l’industriel de génie qui a su développer des produits qui ont contribué à changer notre quotidien.

Pour autant, reste une question qu’il est permis de poser : « Steve jobs a-t-il enterré le Web ? »

Rappelons que lors du lancement de la 3G, la norme en vigueur pour la data mobile était le Wap… une sorte de Web light. Avec l’avènement de l’IPhone, Steve Jobs a non seulement bousculé l’univers de la téléphonie mais aussi remis en cause le modèle dominant du Web.

Tout utilisateur d’un iPhone, mais aussi aujourd’hui d’un téléphone sous Android peut certes surfer sur Internet mais utilise avant tout des applications téléchargées. Et les principaux éditeurs en ont désormais une sur chacune des principales plates-formes.

C’est le retour de la technologie client-serveur où seules les données essentielles sont transmises sur le réseau puisque l’utilisateur a préalablement installé sur son terminal un logiciel gérant l’interface de navigation…

Ce modèle très en vogue dans les années 90 lorsque les réseaux étaient peu développé avait fortement régressé notamment sur le marché des entreprises par rapport à ce qu’on appelle les applications full web, ou chaque page web est rechargée après chaque action majeure.

Sur les smartphones d’aujourd’hui, il est toujours possible de passer d’une application téléchargée vers le Web. Tout le monde aura constaté la rapidité d’accès à l’information via ces applications, largement supérieure à celle d’un accès via le web. C’est d’ailleurs ce qui a fortement contribué à la réussite de l’IPhone.

Les opérateurs apprécient particulièrement ce modèle car en diminuant le volume des données transmis, il diminue l’engorgement des réseaux mobiles.

L’écosystème mis en place par Apple,  s’il constitue une véritable innovation dans le domaine de la data mobile, n’est pas nouveau.

Il faut se rappeler de la préhistoire de l’Internet, avec les services en ligne tel que AOL (America On line), Compuserve, ou même le premier service MSN de Microsoft, qui proposait aux utilisateurs un environnement propriétaire ou chaque éditeur devait utiliser les outils maisons pour que leurs services soient accessibles.

Ce modèle avait disparu devant l’universalité du Web et du langage HTML… les éditeurs préférant un environnement unique pour développer un seul service.

Les fréquences hertziennes sont des ressources rares, les opérateurs mobiles y sont en situation d’oligopole. C’est leur rigidité qui a empêché le développement de la data mobile. Il aura fallu l’arrivée d’un nouvel  acteur pour que la data mobile se développe vraiment.

Les opérateurs y ont d’ailleurs perdu une part de légitimé mais aussi de la valeur puisque c’est Apple ou Google qui facture directement leur client.

Apple vient de rentrer dans le club très fermé des entreprises réalisant plus de 100 milliards de dollars annuel de chiffre d’affaires.

Assurément, Steve Jobs a remis cause la primauté du Web, mais va-t-il pour autant l’enterrer ?

L’Histoire, et en particulier celle des nouvelles technologies, est un éternel recommencement…

 

L’Orange et la Pomme

Le dépeçage d’Orange continue. Le directeur financier de France Télécom a annoncé la vente prochaine d’Orange Suisse pour un montant d’un milliard et demi à 2 milliards…

Cela fait suite à la fusion ratée avec l’opérateur Sunrise. En effet en 2010, la Commission de la concurrence suisse avait refusé d’avaliser l’opération de concentration et la direction de France Télécom avait pris la décision de partir de Suisse.

Plusieurs investisseurs, avant tout des fonds de pensions, ont déjà fait part de leur intérêt pour la reprise d’Orange Suisse…

En 2004, Orange avait déjà vendu ses activités au Danemark à Teliasonera, en 2007 au Pays-Bas à Deutsche Telekom, et renoncé à l’exploitation d’une licence mobile 3 G en Suède au début des années 2000…

Avec le désengagement annoncé en Autriche où France Télécom n’est actionnaire d’Orange Austria qu’à hauteur du tiers de la société, on assiste à un retrait continu d’Europe occidentale.

Les enjeux de cette opération exclusivement financière sont simples : maintenir un niveau de bénéfices permettant le versement des dividendes extravagants à l’Etat, premier actionnaire à 27%.

L’endettement de France Télécom reste à un niveau élevé, de près de 30 milliards.

La Direction d’Orange avait même envisagé le cas échéant de verser un dividende exceptionnel issu de la vente d’Orange Suisse, mais les prévisions alarmantes de baisse des bénéfices la font hésiter…

Une fois de plus, la marque Orange voit son territoire se réduire… Toute ambition d’en faire une marque globale et mondiale semble abandonnée.

L’entreprise semble plus embarquée dans une stratégie dictée par de simples considérations financières court-termistes et cantonnée à participer à un mauvais un jeu de Monopoly.

Peut-on raisonnablement imaginer que le rachat de l’opérateur Congo China Télécom viendra compenser la vente d’Orange Suisse.

Est-ce dans ces pays que la marque Orange déploiera les services innovants de demain ?

Le fondateur de la pomme la plus célèbre du monde est mort ces jours-ci.

Avait-il renoncé à se développer sur des marchés pourtant préemptés par ses concurrents comme par exemple en Corée par Samsung ? Non, jamais…

Il est vrai que celui refusait depuis 15 ans de verser le moindre dividende à ses actionnaires.

Aujourd’hui, Apple dispose sur son compte en banque de quoi croquer  Orange sans faire appel au moindre emprunt…

 

Les plus grands consommateurs de biens culturels sont… les pirates

Plusieurs études démontrent que les pirates sont également les meilleurs clients de produits culturels. A l’heure où Hadopi sévit, elles remettent en cause l’efficacité des mesures répressives.

« La piratage nuit à la création artistique ». C’est du moins ce que sont obligés de mentionner les fournisseurs d’accès à Internet dans leurs publicités. En réalité, c’est l’inverse, selon plusieurs études – toujours plus nombreuses – en France comme à l’étranger.

Parmi elles, celle menée par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), chargée de la lutte contre le piratage sur Internet, qui montre que les pirates sont ceux qui achètent le plus de biens culturels.

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L’étude menée par Hadopi

Rien de très nouveau en effet, hors le fait que l’étude menée par l’Hadopi elle-même le confirme…

Mais en France, le ridicule ne tue pas… en l’occurrence, malheureusement, car il y a fort à parier que rien ne soit remis en cause dans la politique de contrôle des internautes. De là à penser que la défense des droits d’auteur n’était pas le but essentiel… A suivre !