Les Cnil européennes se rebiffent contre Facebook et ses pratiques «inacceptables»

Les 27 autorités de protection des données privées ont écrit mercredi à 20 réseaux sociaux pour leur rappeler que le partage des informations personnelles par l’internaute doit faire l’objet d’un choix explicite et jamais d’un réglage par défaut. Et elles critiquent particulièrement les méthodes de Facebook.

Un mois et demi après avoir écrit ensemble au PDG de Google, Eric Schmidt, pour lui demander de respecter les lois (notamment à propos de son réseau social Buzz), la Cnil et ses 26 homologues européennes de la protection des données privées ont à nouveau écrit ensemble, pour faire la leçon à 20 réseaux sociaux.

Facebook - vos amis tous à nous appartiennentImage alexbfree (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

(clin d’oeil à une célèbre phrase de jeu vidéo)

Les 27 autorités ont cette fois haussé le ton, puisqu’en s’adressant spécifiquement à Facebook, elles ont stigmatisé ses pratiques «inacceptables», le changement des réglages par défaut au détriment de l’utilisateur (leur communiqué, PDF en anglais).

Le groupe de travail Article 29 sur la protection des données (c’est le nom officiel de cette coordination des 27 Cnil européennes) n’a de plus pas apprécié que Facebook ait procédé à son nouvel assouplissement de l’ouverture des  données de ses membres quelques jours seulement après avoir été entendu par le groupe de travail, en novembre 2009.

Aussi rappelle-t-il dans sa lettre que les utilisateurs doivent donner « librement et sans ambiguïté leur consentement » à la publication de leurs données personnelles. « Il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs. »

Une nomination aux Big Brother Awards

Avec ses 400 millions d’utilisateurs, le réseau social est particulièrement critiqué ces derniers temps pour son peu d’intérêt pour la protection de ses utilisateurs. Facebook a été nominé pour l’édition 2010 des Big Brother Awards (BBA), mention spéciale Internet. Avec dans les commentaires: «Au commencement, Facebook était un réseau social fermé. Mais plus ça va, plus Facebook modifie sa politique de protection de la vie privée pour partager à tout va les données qui y sont postées… avec la collaboration active de ses utilisateurs, principal carburant de Facebook.

Voici ce qu’en disent les internautes qui l’ont nominé : « Il sait tout, on ne sait ce qu’il fait de nos infos, les gens le savent mais ne font rien pour l’en empêcher, et ça va empirer » « Facebook est devenu une conciergerie mondiale, impossible de commenter une photo sans que tous « les amis » et souvent « amis des amis » en soient avisés » « 400 Millions de volontaires pour livrer leurs informations à une société dont le seul business modèle est de les vendre… »

En un mot comme en cent : Facebook est coupable, mais vous, utilisateurs naifs et inconséquents, l’êtes aussi», observent les BBA.

Des réglages d’une complication cauchemardesque

Voir encore ces infographies du New York Times sur la «privacy» dans Facebook: une vision cauchemardesque du réglage des paramètres (50 réglages avec plus de 170 options!), ainsi que l’allongement des textes expliquant à l’internaute ses droits (ou pas) en matière de vie privée: de 1.004 mots en 2005, la «privacy policy» de Facebook est passée maintenant à 5.830 mots – avec pour les plus aventureux une FAQ sur le sujet qui, elle, atteint 45.000 mots…

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Opérateurs télécoms et auteurs pour le maintien d’une TVA réduite sur Internet

La Commission européenne veut abroger la TVA réduite partielle sur les abonnements triple play. Ce que refusent les opérateurs et les auteurs, qui rappellent que cette réduction est déjà une contrepartie au financement des programmes TV et cinéma.

La FFT (Fédération française des télécoms), Free, la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) et le Sevad (Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande) ont exprimé ensemble leur inquiétude face à la mise en demeure récente de la Commission européenne: cette dernière met en cause la TVA à taux réduit (5,5%) appliquée partiellement en France aux offres triple play.

Billets de banqueImage Wikipédia, domaine public

La Commission estime que le taux réduit ne devrait pas être appliqué systématiquement sur la moitié de la facture, la législation européenne ne permettant d’appliquer la TVA réduite qu’aux services de diffusion de télévision. La Tribune, à l’origine de cette « fuite » sur les projets de la Commission, indique que «Bruxelles, qui vient aussi de contester la taxe sur les opérateurs télécoms pour financer France Télévisions, remet cette fois en cause le régime de TVA appliquée aux forfaits « triple play », vendus typiquement 29,90 euros. Deux taux de TVA sont appliqués à ces offres comprenant accès Internet, téléphone et télévision: un taux plein à 19,6 % sur la moitié de la facture, et un taux réduit de 5,5 % sur l’autre moitié. Ce taux réduit est appliqué car c’est celui dont bénéficie la télévision traditionnelle ; les FAI ont demandé à en bénéficier eux aussi lorsqu’ils ont lancé la TV sur ADSL à partir de fin 2003.»

La TVA réduite est une contrepartie à un prélèvement

Yves Le Mouël, DG de la FFT, rappelle que la TVA réduite sur 50% des forfaits a été instaurée en 2007en contrepartie du financement du Cosip (Compte de soutien à l’industrie des programmes). Selon une «source proche du dossier» citée par l’AFP, le secteur de la création audiovisuelle et cinématographique (film, fiction TV, documentaire, spectacle vivant) a perçu entre 60 et 100 millions d’euros en 2009 grâce à ce système.

Le communiqué commun des telcos et auteurs souligne que «dans ce contexte, il apparait souhaitable que le gouvernement clarifie également sa position et confirme qu’il ne mettra pas en œuvre la proposition qui avait été formulée en janvier 2010 dans le rapport Zelnik – Cerrutti – Toubon pour financer la carte musique Jeunes. Visant à diminuer la part du chiffre d’affaires ouvrant droit à un taux réduit de TVA, cette proposition, qui était déjà à rebours des usages et qui niait la part croissante des services audiovisuels dans l’utilisation d’Internet, apparaîtrait inconséquente à l’heure où la Commission européenne s’interroge légitimement sur la compatibilité de ce taux réduit avec le droit européen.» (voir l’écho sur la volonté de l’Elysée de surtaxer les FAI pour financer la carte musique jeunes).

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Les opérateurs télécoms taxés pour financer la musique en ligne?

Publié le 16 avril 2010

E-commerce: un milliard d’euros de manque à gagner pour le fisc français en 2014

La commission des Finances du Sénat a publié cette semaine un rapport d’octobre 2009 du cabinet d’études Greenwich Consulting, intitulé « Evaluer l’impact du développement d’Internet sur les finances de l’Etat » (synthèse du rapport, version complète – 134 pages).

Carte d'EuropeUne carte d’Europe de 1640, par Changhua Coast Conservation Action (Flickr), sous licence CC by-nc-sa

Ce rapport estime que le dumping fiscal entre pays européens pourrait provoquer en 2014 un milliard d’euros de manque à gagner sur l’e-commerce pour le fisc français, dont 400 millions pour les jeux en ligne ouverts maintenant à la concurrence. Le rapport évalue à 400 millions d’euros les sommes qui ont échappé à l’Etat en 2008.

Le Luxembourg, l’Irlande, pays « moins-disants » recherchés

Le sénateur Jean Arthuis souligne dans une interview à L’Expansion que «depuis 2008, le Luxembourg a obtenu de l’Union européenne que le produit de la TVA sur les services immatériels soient affectés au budget de l’Etat où est implantée l’entreprise. Résultat, toutes les entreprises du secteur se sont précipitées vers des pays à la fiscalité plus avantageuse, comme le Luxembourg où la TVA n’est que de 15% contre 19,6% en France. Pour le fisc français, ce sont des centaines de millions d’euros qui sont perdus chaque année en raison de cette exception luxembourgeoise qui n’a aucune justification.»

Les auteurs du rapport notent que «les multinationales, principalement américaines, ont une approche globale du marché européen. Un siège social paneuropéen consolide la majorité du chiffre d’affaire et des bénéfices (ex. : eBay en Suisse, Amazon au Luxembourg, Expedia en Irlande). L’enjeu fiscal repose alors principalement sur la taxation du capital, et notamment l’Impôt sur les Sociétés, optimisé par le jeu des prix de transfert et des établissements stables.

L’exemple d’Amazon: 100 M€ de TVA évadée

Ces mécanismes ne sont pas propres au e-commerce mais leur effet est amplifié par la grande mobilité des fonctions, des biens et des risques (…) Ainsi, aujourd’hui, selon notre analyse, Amazon capte un volume d’affaire de 930 M€ en France, alors que la filiale française ne déclare qu’un chiffre d’affaire de 25 M€, au titre de prestations de services logistiques, rémunérées par la holding luxembourgeoise (soit une perte de recette de TVA de l’ordre de 100 M€).

Un projet d’harmonisation de l’assiette de l’IS (Assiette Commune Consolidée de l’IS – ACCSIS) est sur la table pour consolider au niveau européen les bénéfices et les répartir en fonction du nombre de salariés, des biens, de la masse salariale etc. Le Luxembourg et l’Irlande s’opposent à ce jour à ce projet, bloquant les décisions.»

A partir de 2015, les règles de territorialité sur le e-commerce direct vont changer, puisque ce sera alors la TVA du pays de consommation qui sera appliquée, « réduisant significativement les pratiques déloyales exposées. La mise en application sera l’enjeu fondamental, puisqu’il s’agira de déterminer la localisation du consommateur entre adresse de facturation, adresse de livraison et adresse IP.»



Les trois quarts des Français considèrent que l’accès à Internet devrait être un droit fondamental

D’après une étude internationale menée par Globescan pour la BBC, les Français apparaissent convaincus de l’utilité d’Internet, et plus de la moitié ne pourraient plus s’en passer. Ils semblent cependant relativement lucides quand aux apports de ce nouveau média.

Gigabit Internet Cafe
Gigabit Internet Cafe

Image Lee Jordan (via Flickr) sous licence CC by-sa

Sans surprise, les services les plus appréciés sont la recherche d’informations de toutes sortes (44%) et la communication (32%), très largement avant les contenus distractifs (13%), l’achat en ligne (7%) ou la création de contenus (4%).

Selon le commentaire de Globescan, ils se montrent plus circonspects que les autres Européens sur le fait qu’Internet augmente leur liberté, et moins d’un tiers pensent que c’est un un lieu sûr pour exprimer leurs opinions. Seuls les Allemands et les Sud Coréens se montrent plus réticents sur ces points.

Plus de la moitié sont favorable à une régulation d’Internet par l’État, comme les autres Européens interrogés.

Ils sont partagés, à peu près en trois tiers, sur les principaux problèmes posés par Internet. Les contenus pornographiques et violents arrivent en tête, la fraude en second, et les atteintes à la vie privée en troisième position avec 26%.

Les équipementiers occidentaux contre le protectionnisme chinois

Revue de presse: dans Les Echos de vendredi dernier (12 février),  un article titré « Les équipementiers occidentaux vent debout contre les chinois » (article payant) annonce qu' »une nouvelle réglementation chinoise protectionniste pourrait nuire à Ericsson, Nokia Siemens Networks et Alcatel-Lucent. Ces derniers demandent aux pouvoirs publics européens de leur permettre de jouer ‘à égalité’. »

Alors que des équipementiers chinois remportent des contrats en Europe, comme Huawei, sélectionné fin 2009 « par SFR et Bouygues Telecom pour étendre leur couverture 3G, et par Telenor et Tele2 en Suède, en 4G », une nouvelle réglementation chinoise, dévoilée en novembre, « crée un catalogue de produits informatiques et de télécommunications que l’administration est autorisée à acheter. Seuls y sont admis les équipements dont les marques et brevets ont été déposés initialement en Chine et sont détenus par une entité chinoise. »

« ‘Il faudrait que nous puissions jouer avec les mêmes règles pour tout le monde’, a expliqué hier Rajeev Suri, le patron de NSN. Il n’envisage pas de porter plainte, mais soutient la pétition envoyée au début de l’année par la Fédération européenne des métallurgistes et les comités d’entreprise européens de fournisseurs de matériel téléphonique: ‘La Commission européenne devrait soutenir l’existence d’une R&D européenne. Nous n’aimerions pas devoir restructurer en Europe pour créer des centres de R&D « low cost » ailleurs’, a-t-il menacé. »

« Corriger les conditions dissymétriques de marché »

Les Echos observent que « dans leur pétition, les syndicalistes mettent le doigt sur les questions qui fâchent. L’année dernière, Alcatel-Lucent a supprimé 3.000 emplois en Europe; Ericsson 950; NSN de 5.000 à 6.000 dans le monde. Alors même que Huawei n’a pas encore réussi à pénétrer aux Etats-Unis (sa tentative de rachat de 3Com avait été bloquée au plus haut niveau), ils jugent le Vieux Continent démuni: ‘L’Europe est le seul marché de télécoms ouvert dans le monde. […] De plus le gouvernement chinois soutient ses champions nationaux par la mise en oeuvre de normes techniques et grâce au pouvoir d’achat des opérateurs contrôlés par l’Etat.’

(…) Ils demandent donc que les 18 millions d’euros alloués fin 2009 à la R&D dans le haut débit mobile aillent en priorité aux entreprises qui recrutent en Europe. Ils réclament des normes européennes sur le haut débit sans fil, la télévision sur mobile ou les technologies du Web 2.0, et un objectif de couverture haut débit de l’Union à 100%. Bruxelles doit instaurer des règles permettant de «corriger les conditions dissymétriques de marché quand les lois internationales ne s’appliquent pas», par exemple le droit du travail. Dans une Europe qui n’a rien d’une forteresse, seule la ‘vertu’ sociale et écologique pourra servir de rempart aux industriels. »

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Taxe télécoms pour l’audiovisuel public: quelle taxe pour compenser quelle publicité?

Il y a deux ans, Nicolas Sarkozy créait la surprise en annonçant la prochaine suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques*. Le 5 janvier 2009, elle entrait partiellement en vigueur avant même d’être votée au Parlement (la loi a été promulguée le 5 mars 2009), le président de France Télévisions, Patrick de Carolis, suivant obligeamment la demande en ce sens de la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel.

PublicitésImage itslefty (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Depuis, la publicité n’est diffusée sur France 2, France 3, France 4 et France 5 que dans la journée, une taxe sur les opérateurs de télécoms et les chaînes privées alimente les caisses de l’Etat pour compenser en partie les recettes perdues, la régie publicitaire France Télévisions Publicité est à vendre et la suppression de la publicité de jour est prévue… ou faut-il écrire « était »? En effet, tout l’édifice vacille fortement ces derniers temps:

« Charge administrative incompatible avec le droit européen »

La Commission européenne n’a en effet pas du tout apprécié la taxe créée sur les opérateurs de télécoms pour compenser les recettes perdues de l’audiovisuel public. Elle y voit « une charge administrative incompatible avec le droit européen » et a ouvert une procédure d’infraction contre la France – entamant un processus qui risque de durer, si l’on va vers un procès devant la Cour de justice européenne, jusqu’à trois ans.

Tout cela « grâce » à une directive européenne du 7 mars 2002, dont l’article 12 limite les taxes administratives pouvant être imposées aux opérateurs télécoms, et n’y inclut pas l’audiovisuel public. La Commission européenne vient d’ailleurs d’entamer une enquête sur l’adoption en Espagne d’une suppression de la publicité sur les chaînes publiques, qui a copié la réforme française en taxant elle aussi les télécoms.

Question: si cette taxe est supprimée, comment seront compensés dans le budget de l’Etat les 300 à 350 millions d’euros qu’elle devait rapporter?

La vente de France Télévisions Publicité pas faite, « loin s’en faut »

Au passage, le Conseil d’Etat, saisi contre la décision de France Télévisions de supprimer la publicité en soirée sans attendre le vote de la loi, pourrait bien juger cette décision illégale – c’est en ce sens en tout cas que l’invite à conclure le rapporteur public.

Alors qu’il y a quelques jours, France Télévisions annonçait entrer en négociations exclusives pour céder 70% du capital de France Télévisions Publicité (qui gère aussi la publicité sur Internet des chaînes, ainsi que celle d’autres chaînes hors secteur public français) à l’alliance formée par Publicis et l’homme d’affaires et de télévisions Stéphane Courbit (voir son interview, au côté de Maurice Lévy, président de Publicis, dans Le Figaro), on vient d’entendre un bémol:

Patrick de Carolis, interrogé par le Journal du Dimanche, souligne que « la vente n’est pas faite. Loin s’en faut. » Et il précise que « la vente s’inscrit dans le cadre actuel de la loi qui prévoit la fin totale de la publicité en novembre 2011. Cela étant, j’ai demandé par écrit à l’Etat actionnaire de France Télévisions de me confirmer que ce cadre n’était pas appelé à évoluer. Si la publicité était maintenue avant 20 heures, la privatisation à hauteur de 70% ne se justifierait plus. Tout le processus serait à revoir. »

On l’aura compris: la suppression de la publicité de jour n’est pour le moins pas pour tout de suite…

* « Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu profondément, et que l’on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques, qui pourraient être financées par une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées, et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d’affaires de nouveaux moyens de communication, comme l’accès à l’Internet ou la téléphonie mobile. » (conférence de presse du président de la République à l’Elysée, 8 janvier 2008)

Comment vendre à la découpe le service public

Le Monde Diplomatique a publié en décembre dernier un excellent dossier d’analyse sur l’idéologie et les méthodes qui président à la suppression progressive des services publics en Europe. Illustré par différents exemples de privatisation de services, il pose d’excellentes questions sur les missions de l’État.

Le dossier est désormais en ligne sur le site du Monde Diplomatique. A lire d’urgence…

Croissance du nombre de chaînes et de plates-formes de télévision européennes malgré la crise

Actu express: La Commission européenne publie les chiffres de son Observatoire européen de l’audiovisuel.

– Plus de 245 nouvelles chaînes de télévision ont été lancées en Europe en 2009 ; ce qui mène à la fin de l’année 2009 à un total de 7 200 chaînes de télévision européennes.
– La TNT est lancée dans 24 pays sur 29 (UE 27 + deux pays candidats, Croatie et Turquie), et plus de 730 chaînes sont désormais transmises par voie terrestre en Europe.
– Le marché du câble se consolide alors que le nombre d’opérateurs sur les marchés de l’IPTV, de la télévision par satellite et de la télévision mobile continue d’augmenter.

Du côté des contenus, les chaines sont majoritairement implantées en Grande Bretagne, même si elles émettent ailleurs, et centrées sur la fiction, le sport et le divertissement.

AOL aura perdu les trois quarts de ses effectifs mondiaux en 4 ans!

Actu express: L’Express et Le Monde nous informent qu’AOL ferme définitivement ses portes en France, mais aussi ses bureaux en Espagne et en Suède, en attendant un probable retrait définitif de l’Europe, pendant que l’entreprise licencie également aux États-Unis.

Pionnier du développement du web, […] AOL, qui comptait encore 19 000 employés en 2006, n’en aura plus que 4 400 à l’issue de cette restructuration, qui doit lui permettre de se concentrer sur l’activité de site Internet d’information et de programmes développés en propre. L’entreprise a peu a peu revendu toutes ses activités de fournisseur d’accès à Internet, espérant se recentrer sur la vente de publicités sur ses portails. La mauvaise conjoncture publicitaire en 2009 a cependant plombé encore un peu plus les résultats du groupe. L’action a gagné 1,13 % lundi à la Bourse de New York, à 25,97 dollars.

L’entreprise aura donc perdu les trois quarts de son effectif en à peine 4 ans. C’est malheureusement devenu un lieu commun de dire que travailler dans une activité de pointe ne protège pas du chômage… et sans doute aussi que la publicité, a fortiori en temps de crise et de réflexion sur le développement durable, ne constitue pas forcément l’eldorado que certains avaient cru découvrir pour financer le développement d’activités sur Internet.

Il n’en reste pas moins vrai qu’il devient urgent d’identifier les métiers et les modèles économiques qui permettront à cet outil devenu incontournable dans nos vies quotidiennes de tenir ses promesses en matière de création de richesses et d’emplois.

De l’Etat-providence à l’Etat manager

Le Monde Diplomatique de décembre consacre tout un dossier au thème « Comment vendre à la découpe le service public » .

Particulièrement éclairant sur les stratégies adoptées par l’idéologie libérale pour démanteler toutes les activités qui appartiennent au patrimoine national, et font partie des services indispensables à la vie quotidienne des citoyens. L’éditorial de Serge Halimi « Une dette providentielle… » permet de bien comprendre comment se boucle le discours idéologique pour rendre le processus « incontournable ».

Les auteurs de ce dossier étaient les invités de l’émission radio de Daniel Mermet « Là bas si j’y suis », le 8 décembre, dont on peut écouter le podcast.

En complément, on peut aussi relire sur le site du Diplo, l’article de la sociologue Danièle Linhart : « Comment l’entreprise usurpe les valeurs du service public« .

A lire d’urgence pour ne pas se laisser abuser par la « pensée unique » !

En Europe, une personne sur deux utilise Internet quotidiennement

Actu Express: L’usage d’Internet fait maintenant partie du quotidien pour la moitié des Européens : c’est ce que souligne le portail européen de la Société de l’Information, sur la base d’une analyse spécifique des dernières statistiques d’Eurostat.

En France, comme dans la moyenne européenne :

  • les plus jeunes sont les plus utilisateurs : 69 % des 15-24 ans utilisent Internet quotidiennement ou presque, pour 50% dans la population globale (15-74 ans).
  • les hommes (46%) achètent davantage que les femmes (43%) sur Internet.

La synthèse en Français avec les tableaux de chiffres comparatifs est disponible en pdf ou en .doc sur le site Europa.

L’accès Internet haut débit progresse en Europe

A l’occasion de la parution de son dernier benchmark sur le haut débit, la Commission européenne se félicite de la poursuite de la croissance en dépit de la crise économique. Son communiqué mentionne :

  • 11 millions de nouvelles lignes fixes en 1 an,
  • 24% des Européens connectés en haut débit en juillet 2009, contre 21,6% un an auparavant
  • 54% de croissance pour le haut débit mobile, qui n’atteint cependant que 4,2% de pénétration globale
  • 80% des accès haut débit à 2 Mbps et plus, en croissance de 5% sur un an.

L’examen du rapport montre que la France reste bien positionnée sur le haut débit fixe…

  • 29,2% de la population équipée, en 7ème position sur ce critère, et au dessus de la moyenne européenne. La grande majorité des lignes est en DSL.
Source : Commission européenne - Novembre 2009
Source : Commission européenne - Novembre 2009
  • 3,1% de croissance annuelle des équipement, en 8ème position ex-aequo avec l’Allemagne et loin devant le UK (1,5%), ce qui est très honorable compte tenu du taux de pénétration déjà atteint.
  • en nombre de lignes haut débit, la France reste seconde avec près de 19 millions de lignes, derrière l’Allemagne, plus peuplée, qui en compte 24 millions.

…moins bien sur le haut débit mobile :

  • 1,9% de pénétration, en dessous de la moyenne européenne,
  • 1,2  million de cartes ou clefs dédiées aux services de données.

L’Autriche, la Suède et le Portugal dépassent 10% de pénétration. On peut noter que la Suède, déjà dans le peloton de tête du haut débit fixe, poursuit la course en tête sur le mobile.

Les opérateurs historiques perdent du terrain

Globalement, le dégroupage, et en particulier le dégroupage total, continue de progresser dans l’ensemble de l’Europe, les opérateurs historiques ne détenant plus que 45,2% de parts de marché, contre 45,7% en juillet 2008.

France Télécom fait un peu mieux avec 46,2%, en dépit d’une concurrence très active (rappelons que Free est considéré comme l’acteur le plus agressif, qui a imposé le tarif de référence de 29,99 € / mois), et d’une réglementation pénalisante, qui lui interdit d’utiliser ses bases de clients mobiles pour se renforcer dans l’ADSL, contrairement à SFR et Bouygues Telecom.

Le rapport de la Commission montre d’ailleurs que sur 1,9 millions de nouvelles lignes haut débit, les opérateurs alternatifs français en réalisent 1,1 million, soit 58%. C’est inquiétant pour l’avenir, et justifie pleinement la démarche de l’opérateur auprès de l’Arcep et du Conseil de la Concurrence pour bénéficier des mêmes droits que ses concurrents.

En effet, si la concurrence, qui constitue aujourd’hui l’alpha et l’omega de toutes les instances de régulation en Europe, a sans aucun doute des effets positifs pour le consommateur, encore faut-il qu’elle soit régulée de manière équitable.
Et qu’elle ne se développe pas au détriment des emplois. Mais ceci est un autre débat, que nous avons déjà abordé, et sur lequel nous aurons certainement l’occasion de revenir.

Les maires et les communes utiliseraient largement Internet

Actu express: 84% des maires français utilisent régulièrement Internet dans le cadre de leurs fonctions et 84% des communes ont un site web, indique un sondage BVA publié hier, intitulé « Internet et ses usages vus par les maires et les citoyens ».

68% des maires interrogés disent consulter le Net plusieurs fois par jour et 16% plusieurs fois par semaine. 8% l’utilisent moins régulièrement, 8% ne le consultent jamais. Dans les communes de plus de 10.000 habitants, tous se connectent quotidiennement.

84% des communes ont un site web, 99% pour les villes de plus de 10.000 habitants (on s’interroge sur les 1% restants…). 71% des Français se rendent sur le site web de leur commune. Parmi eux, 29% au moins une fois par mois. Excepté au Royaume-uni (22%), c’est le plus faible score observé par le sondage en Europe,: les Polonais sont 62% à se rendre sur le site de leur commune au moins une fois par mois, les Espagnols 45%, les Italiens 43%, les Grecs 38%, les Portugais 37%, les Allemands 31%.

(Sondage BVA réalisé pour Orange et le Journal des maires, par téléphone du 19 au 31 octobre auprès d’un échantillon de 400 maires et en parallèle par internet auprès d’un échantillon représentatif d’habitants de 15 à 65 ans, dans huit pays européens, selon la méthode des quotas (sexe, âge et CSP))

Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée

Pour protester contre le plan de 4.000 suppressions d’emploi en Europe chez Alcatel Lucent, les salariés de tout le continent se sont mobilisés mardi 10 novembre. Des rassemblements ont eu lieu dans neuf pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Roumanie, Belgique, Pays-Bas, Autriche et Irlande).

Téléphones Alcatel
Téléphones Alcatel

Image CesarCardoso (Flickr) sous licence CC by

En France, trois manifestations ont eu lieu: une devant la Maison de l’Europe à Rennes, une autre à Paris devant le siège de l’Arcep et une troisième devant le Parlement européen. Cette mobilisation a eu lieu à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT). Son tract (PDF) explique les raisons d’interpeller l’Arcep. Continue reading « Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée »

La France deuxième pays le moins cher d’Europe en téléphonie mobile

Actu express: la France n’est pas un pays cher pour la téléphonie mobile. C’est ce qu’indique une étude de l’Idate révélée par Les Echos. Elle a étudié les cinq premières puissances économiques européennes – Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni -, estimant que « des disparités importantes existent entre les 27 pays membres de l’Union européenne en matière de niveau de vie et que  les comparaisons tarifaires entre ces pays n’ont pas beaucoup de sens, sauf à les corriger par les parités de pouvoir d’achat « .

Cette étude conclut que la France est en deuxième place sur les cinq des tarifs les moins élevés en matière de communications mobiles, après l’Angleterre. Cela aussi bien pour la dépense moyenne d’un abonné « moyen » que pour le prix moyen à la minute.

De plus, « les Français sont avantagés par deux spécificités propres à leur marché: la facturation à la seconde dès la première seconde et la subvention des téléphones par les opérateurs téléphoniques (les offres spéciales d’abonnement). »