Revenus des dirigeants Internet français: Lombard, Lombardini, Niel et quelques autres

Actu express: le Journal du Net a épluché des rapports annuels et en a extrait les revenus l’an dernier de 26 dirigeants de l’Internet français dont les sociétés sont cotées en Bourse.

Image Will Spaetzel (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

La première place est occupée par Didier Lombard, alors PDG de France Télécom, avec un revenu 2009 de 1.587.992 euros. Son salaire a légèrement diminué en 2009 (-0,7 million): si la part fixe de son salaire (900.000 euros) est restée stable, son variable a baissé de 9,1%. Ajoutons que ses fonctions d’administrateur cumulard dans plusieurs sociétés ont dû arrondir ses fins de mois.

Maxime Lombardini, le directeur général d’Iliad (Free), arrive en sixième place avec 372.000 euros en 2009. Le JDNet précise que «pour sa deuxième année au poste de directeur général d’Iliad, Maxime Lombardini a bénéficié d’un salaire fixe en hausse de 8,8 %. Comme tous les managers d’Iliad, sa part fixe est équivalente à son salaire global puisqu’il ne touche ni primes, ni avantages en nature.»

Le fondateur d’Iliad, Xavier Niel, arrive pour sa part en 15ème place, avec 173.040 euros. Le JDNet indique qu’il est le seul dirigeant de la société qui n’a pas été augmenté l’an dernier. Cependant, ses dividendes comme actionnaire principal (65,58%) d’Iliad ne sont pas intégrés dans cette somme.

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Facebook – Google, deux géants du Net se battent pour la première place

Facebook lance un service de messagerie «multi-canaux» qui concurrence Gmail, Google bloque l’importation de contacts vers Facebook, qui contourne ce blocage, Google augmente tous les salaires de ses employés pour freiner les départs chez son concurrent…

Deux entreprises américaines combattent pour la première place sur Internet: Google et Facebook ne cachent plus leur affrontement direct. Ainsi lundi 15 novembre, Facebook a-t-il dévoilé un service, Messages, clairement destiné à dépasser le Gmail de Google, ainsi que le Hotmail de Microsoft et Yahoo Mail (selon Comscore, Hotmail est en tête avec 361,7 millions d’utilisateurs en septembre, devant Yahoo, 273,1 millions, et Gmail, 193,3 millions).

Messages joue un rôle d’aiguillage entre mails, SMS, chat ou message Facebook, en faisant une ambitieuse plaque tournante de la communication en ligne.

Image jmerelo (Flickr ) sous licence CC by-sa

Le 4 novembre, Google avait annoncé bloquer l’exportation des données contacts des utilisateurs de Gmail vers Facebook, pour protester contre l’absence de réciprocité de la part du réseau social. Ce dernier a répondu par un pied-de-nez en contournant ce blocage: Facebook propose à ses nouveaux membres de télécharger leurs contacts Gmail sur leur ordinateur, puis de transférer le fichier dans Facebook.

S’ils se font concurrence dans les services, les deux géants chassent aussi des ressources humaines communes: Google a annoncé le 9 novembre augmenter de 10% ses 23.000 salariés. Objectif, éviter leur débauchage par Facebook, rapporte le Wall Stet Journal, qui indique que Facebook compte maintenant 1.700 employés contre 1.000 un an plus tôt, dont 137 viennent de Google.

Google valorisé presque cinq fois plus que Facebook

A travers ses innovations, Facebook cherche à garder dans son écosystème les internautes, une «tentation hégémonique» (telle que la décrit cet article de ZDNet). Mais Google a encore de forts atouts, outre son énorme domination du marché de la recherche en ligne:

le moteur de recherhe a aussi une forte avance financière sur Facebook (qui lui-même a supplanté des sites comme MySpace, naguère  en tête des sites «sociaux»): Google est coté en Bourse et pèse 190 milliards de dollars, tandis que Facebook, non coté, est valorisé 41 milliards sur Secondmarket, plate-forme où s’échangent les actions de ses salariés.En octobre 2007, Facebook n’ était encore valorisé « que » 15 milliards de dollars, lorsque Microsoft a investi 240 millions pour 1,6% de son capital.

Facebook pourrait gagner en recettes publicitaires 1,3 milliard de dollars en 2010,  la moitié des bénéfices de Google sur le seul troisième trimestre, souligne Lexpansion.com.

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Revue de presse: France Télécom, « un dividende à contresens » et un « diktat »

Dans Les Echos de jeudi, l’éditorialiste Gilles Coville traite sous ce titre, « France Télécom: un dividende à contresens », de la politique de dividende de France Télécom. Il relève que ce dividende, qui au total s’est élevé pour 2009 à 3,7 milliards d’euros, « n’est pas le plus gros du CAC 40, Total et GDF Suez font mieux. Mais c’est l’un des plus généreux, à 125 % du bénéfice, et le plus rémunérateur, à près de 9 % de rendement aux cours actuels. »

« Ce dividende occupe surtout dans le statut boursier de France Télécom, sa communication et jusqu’au cœur de son fonctionnement, une place sans équivalent dans une société française de cette taille. Il repose sur l’engagement pris en 2006 par Didier Lombard, un an après son arrivée à la présidence, de « distribuer à ses actionnaires de 40 à 45 % de son cash-flow organique annuel ». Une formulation d’emblée étrange, car une politique de dividende s’exprime en proportion des bénéfices récurrents. Cette référence au flux de trésorerie se voulait au départ une preuve tangible du retour à la normale d’un opérateur qui avait failli mourir écrasé sous le poids de ses dettes. Faute de lui avoir substitué une alternative convaincante, elle est petit à petit devenue un dogme pour l’extérieur, un diktat pour l’intérieur. » [c’est nous qui soulignons certains passages]

L’éditorialiste des Echos relève notamment que « le fameux dividende remplit très mal son rôle défensif. Avec un cours à 4 % de son plus bas sur cinq ans et en recul de 29 % sur trois ans, France Télécom fait beaucoup moins bien que des sociétés plus exposées à la crise et tout aussi attentives à leurs actionnaires. »

« Le parcours décevant du titre France Télécom, et de la plupart de ses concurrents européens, tient aussi à l’impasse dans laquelle les enferme une pression excessive sur leurs coûts d’exploitation et leurs budgets d’investissement. Dans une étude récente sur le secteur, les analystes de Groupama Asset Management détaillent à la fois la rupture du contrat social et l’insatisfaction des clients. Façon de suggérer en creux que ceux qui séduiront leurs clients en réinvestissant dans le capital humain pourraient être mieux compris de leurs actionnaires. »

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L’aide d’Etat de 2002 à France Télécom légale, juge le tribunal de l’Union européenne

Les juges ont annulé une décision de 2004 de la Commission européenne.

Revers pour la Commission européenne et succès pour France Télécom: le tribunal de l’Union européenne, saisi par France Télécom contre une décision de 2004 de la Commission européenne, vient d’annuler celle-ci.

Le tribunal a jugé le 21 mai que la proposition de prêt à l’entreprise de 9 milliards d’euros en 2002 par l’Etat français n’était pas une aide publique illégale (contrairement à ce qu’avait estimé la Commission européenne, sans cependant prononcer d’amende). Ce prêt, une ligne de crédit qui n’a pas été utilisée par France Télécom, a amélioré sa notation de crédit et donc constitué un avantage financier, selon les juges.

Cour européenne de justice à LuxembourgLa Cour européenne de justice, à Luxembourg (image de gwenael.piaser (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Mais il n’y a pas eu de transfert de ressources d’État, déclare le tribunal, car «en raison de leur caractère ouvert, imprécis et conditionnel (…), les déclarations depuis juillet 2002 ne peuvent être assimilées à une garantie étatique ou être interprétées comme dévoilant un engagement irrévocable à apporter un concours financier précis au profit de France Télécom».

Après ce revers, la Commission européenne a fait savoir qu’elle étudie la décision du tribunal et qu’elle n’a pas encore décidé si elle ferait appel devant la Cour européenne de Justice.

Bâle III : ce qui fait vraiment peur aux banquiers

Un excellent papier ce matin dans Les Echos.

Un rappel pédagogique des pratiques qui ont amené à la crise financière, qu’après avoir payée en tant que contribuables, puisqu’il a fallu renflouer les banques avec des fonds publics, nous payons maintenant sur le front de l’économie, et notamment de l’emploi, qui se porte très mal.

Mais surtout, un arrachage de masque  dans les règles, comme on peut en juger à la conclusion de l’article :

Dernière critique émise par les professionnels, la création de « coussins contracycliques », ces réserves de fonds propres que les banques devront constituer en haut de cycle pour faire face aux crises, en réduisant la distribution aux actionnaires. En relevant le niveau général des fonds propres, ces coussins viendraient grever là encore la distribution du crédit. Pourtant, une étude de la Banque d’Angleterre montre que si les banques britanniques avaient réduit de 20 % la distribution du résultat à leurs actionnaires entre 2000 et 2008, elles auraient eu suffisamment de fonds propres pour traverser la crise sans avoir recours aux injections de l’Etat.

La réalité, c’est aussi que, pour les banques, l’enjeu n’est pas celui du financement de l’économie, mais bien celui de la rentabilité. Le premier effet des nouvelles normes, c’est de réduire mécaniquement le rendement des fonds propres des banques, le sacro-saint « RoE ». Mais, c’est là encore une des leçons de la crise, on ne peut pas durablement afficher une rentabilité de 15 % quand la croissance mondiale est de 3 %. La rentabilité des banques doit baisser.

Carlos Slim, propriétaire du quatrième opérateur mobile mondial et homme le plus riche du monde

Actu express: Bill Gates, fondateur de Microsoft, était classé par le magazine américain Forbes comme l’homme le plus riche du monde. Cette année, il n’est «que» deuxième, après le Mexicain Carlos Slim, à la troisième place l’an dernier et maintenant classé première fortune mondiale – avec 500 millions de dollars d’avance – par Forbes.

Carlos Slim
Carlos Slim (octobre 2007), photo Agência Brasil sous licence CC by Brésil

Carlos Slim, 70 ans, est à la tête d’une fortune estimée à 53,5 milliards de dollars. Il possède de nombreuses entreprises, mais son coup le plus important fut son rachat en 1990, avec des associés, de la compagnie publique mexicaine de téléphone Telmex (Telefonos de Mexico) pour 1,7 milliard de dollars. Il la développe par acquisitions et l’a scindé entre Telmex et América Movil (téléphone mobile).

Ce dernier serait le quatrième opérateur mondial de téléphonie mobile, avec 194,3 millions d’abonnés mobiles (PDF) en septembre 2009.

Pour relancer l’économie : et si on fermait la Bourse ?

Le Monde Diplomatique, jamais en retard d’une fine analyse, livrait dans son numéro de février un excellent papier de Frédéric Lordon, économiste et auteur de La Crise de trop. Reconstruction d’un monde failli. Excellent, argumenté, avec une pointe d’humour caustique tout à fait plaisante, il sera bientôt en ligne dans son intégralité.

Le papier s’ouvre sur une évocation de France Télécom :

Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail.

Pour illustrer les « extravagantes demandes du capitalisme » (dixit), il aurait pu aussi parler des dividendes versés aux actionnaires de France Télécom pour l’exercice 2009,  supérieurs aux bénéfices de l’entreprise ! Sa démonstration en tous cas ne fait que conforter nos analyses, que vous pouvez retrouver sur ce blog et celui de l’ADEAS, Association pour la Défense de l’Epargne et de  l’Actionnariat des Salariés de France Télécom-Orange.

Pour notre part, nous répondons trois fois « oui » aux suggestions de Frédéric Lordon. Qui au pouvoir aura le courage de s’en emparer ?

A lire:

France Télécom: un dividende aux actionnaires… supérieur au bénéfice

France Télécom vient de présenter ses résultats 2009. On y remarque un chiffre d’affaires en baisse de 3,7 %, (à 45,94 milliards d’euros) et un résultat net également en baisse, avec un décalage criant entre deux chiffres (relevé dans un communiqué du syndicat CFE-CGC/Unsa de France Télécom-Orange – PDF):

la direction prévoit un dividende de 1,40 euro par action pour 2009, soit un versement de 3,65 milliards d’euros aux actionnaires. Cela alors que le résultat net part du groupe en données publiées est de 2,997 milliards contre 4,069 milliards en 2008 (-.26,3%).

Porte-monnaieImage _SoFie (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Cette politique financière se fera donc au détriment soit de l’endettement, aggravé, soit de l’investissement. La CFE-CGC/UNSA demande au conseil d’administration et aux actionnaires la baisse immédiate du niveau des dividendes (à 0,5 euro au lieu de 1,40). Cette baisse permettrait une réduction des frais financiers de 150 millions d’euros par an. Soit le coût annuel de 3 000 emplois sauvés, tout en maintenant le même niveau de bénéfice.

A noter: si d’autres grandes entreprises comme BNP ou Axa augmentent leur dividende aux actionnaires, elles ont, elles, accru – et dans une plus grande proportion que leur dividende – leur bénéfice en 2009: BNP Paribas augmente son dividende de 50% et a presque doublé son bénéfice net, Axa accroît de 37,5% son dividende et a quadruplé son bénéfice net l’an dernier.

A lire aussi

France Télécom: Didier Lombard abandonne la direction à Stéphane Richard – 2 février 2010

Le petit monde consanguin des «grands patrons» – 30 janvier 2010

Licenciements: quand la violence sociale amène des ripostes désespérées

La montée des licenciements, et surtout l’absence d’avenir social qui pèse sur les futurs licenciés, s’accompagne de plus en plus régulièrement de menaces de destruction – on n’en est cependant pas au degré de violence physique récemment observé en Chine, où un cadre a été lynché à mort par les ouvriers de l’usine sidérurgique auxquels il annonçait une vague de licenciements.

Bonbonnes de gaz
Bonbonnes de gaz

Image _boris (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Menaces de faire exploser une usine: la moitié des Français comprennent sans approuver

Le 31 juillet, les salariés de l’équipementier automobile New Fabris ont accepté la prime de départ de 12.000 euros qui leur était proposée, et ont abandonné leur menace de faire exploser leur entreprise, à Châtellerault (Vienne). Quelques jours plus tôt, leur stratégie « de la bonbonne de gaz » avait été reprise par des salariés de Nortel, à Châteaufort (Yvelines), qui y ont trouvé de guerre lasse le moyen de capter enfin l’attention des médias et du ministre de l’Industrie Christian Estrosi, alors que leur grève depuis le 6 juillet passait inaperçue.

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France Télécom s’implante enfin au Maghreb… mais à quel prix!

Le 29 juin dernier, la presse annonçait que le consortium Orange / Divona Télécom remportait la 3ème licence de téléphonie fixe et mobile 2G/3G en Tunisie.

C’est plutôt une bonne nouvelle pour France Télécom, qui avait échoué en 2006 à entrer au capital de l’opérateur historique Tunisie Télécom, et qui n’avait jusqu’ici aucune implantation au Maghreb. La présence d’une importante diaspora tunisienne en France constitue en effet un atout supplémentaire pour l’opérateur, déjà fortement présent par ailleurs en Afrique, et pourrait même lui permettre de développer des offres innovantes en France pour mieux relier les deux pays.

Land for Sale. It's in Gabes, Tunisia, and the numbers is not the price but the phone number to call...
Land for Sale. It's in Gabes, Tunisia, and the numbers is not the price but the phone number to call...

Image DeCyner (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

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L’INA ouvre une chaîne « spécial pub ». C’est cruel…

L’INA permet désormais de revoir les publicités télévisées des quatre dernières décennies sur une chaîne dédiée de son nouveau site. Lorsqu’on tape « France Télécom » dans le moteur de recherche, voici la première publicité qui s’affiche.

Pas sûr qu’elle fasse rire les actionnaires de l’opérateur…

(Si le lecteur vidéo ne s’affiche pas dans votre navigateur IE connecté depuis l’intranet de votre entreprise, c’est peut-être que les contenus vidéo sont filtrés. Dans ce cas, essayer avec un autre navigateur – Firefox par exemple, ou consulter ce billet depuis un ordinateur connecté directement à Internet)

Taxer les FAI pour financer la presse, une mauvaise réponse à une vraie question

La crise que traverse la presse écrite ne fait aucun doute: chute des revenus publicitaires, baisse des achats en kiosque et des abonnements, et plans sociaux jusque dans des titres aussi connus que Le Monde ou Le Figaro.

Face à cette crise, une idée lumineuse vient de germer chez les dirigeants de Libération, Nathalie Collin, coprésidente du directoire du quotidien d’Édouard de Rothschild, qui l’a exposé au Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) le 2 juin, et Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération.

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Image EleART (Flickr) sous licence CC paternité

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