Monopoly: la fusion Comcast–NBC Universal sur les rails

Si Numericable ou Free rachetait TF1, cela donnerait une idée à notre échelle française de l’énorme fusion en cours aux Etats-Unis, où le câblo-opérateur et fournisseur d’accès Internet Comcast s’apprête à fusionner avec le groupe audiovisuel NBC Universal (NBCU), un des quatre grands «networks» américains.

Image Steve Garfield (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

L’autorité des télécoms et de l’audiovisuel, la FCC (Federal Communications Commission) et le ministère de la Justice ont annoncé cette semaine leur accord sous conditions à cette fusion qui donnera naissance à un ensemble valorisé à 30 milliards de dollars, moyennant plusieurs engagements.

NBC continuera à être diffusé aussi sur d’autres réseaux que celui de Comcast, lequel de son côté diffusera toujours des programmes venus de concurrents de NBCU. Parallèlement, Comcast devra continuer à diffuser des programmes n’émanant pas de NBC Universal.

Engagements variés

Comcast s’est en outre engagé sur d’autres points, comme fournir du Net à prix réduit (10 dollars par mois) pour 2,5 millions de foyers pauvres, développer des chaînes pour les minorités, donner de l’accès haut débit à des écoles, etc.

GE (General Electric), qui possède actuellement 80% de NBCU, formera d’abord une coentreprise autour du groupe audiovisuel, dont il aura 49% et Comcast 51%, avant de monter dans les sept ans à la propriété complète de NBCU. Vivendi, qui détenait 20% de NBCU et en a cédé une partie, en vendra le reste d’ici peu.

Cette fusion prochaine a reçu une pluie de critiques, y compris chez les parlementaires, qui ont organisé des auditions au Congrès. À la FCC, quatre des commissaires ont voté pour la fusion et un cinquième contre: Michael Copps s’est inquiété du risque de péages, de priorités à certains contenus et de coup contre la production de contenus indépendants.

Crainte d’un « grand essorage »

Libération cite Susan Crawford, ancienne conseillère de Barack Obama pour les questions technologiques, qui dénonce la fusion dans un livre à venir, «The Big Squeeze» («le Grand Essorage»):

«Comcast va devenir un géant qui pourra extorquer toujours plus d’argent aux téléspectateurs et de concessions au gouvernement. Pour faire autoriser cette fusion, Comcast avait employé pas moins d’une centaine de lobbyistes et dépensé quelque 100 millions de dollars [74 millions d’euros, ndlr], souligne cette experte. Et ce n’est qu’un début, cet accord va donner à Comcast un pouvoir sans équivalent.»

Monopoly: la fusion Comcast – NBC Universal sur les rails

Si Numericable ou Free rachetait TF1, cela donnerait une idée de l’énorme fusion en cours aux Etats-Unis, où le câblo-opérateur et fournisseur d’accès Internet Comcast s’apprête à fusionner avec le groupe audiovisuel NBC Universal (NBCU), un des quatre grands « networks » américains.

L’autorité des télécoms et de l’audiovisuel, la FCC (Federal Communications Commission)

http://www.fcc.gov/Daily_Releases/Daily_Business/2011/db0118/DOC-304134A1.pdf

et le service de la concurrence du ministère de la Justice (Department of Justice)

http://www.justice.gov/iso/opa/atr/speeches/2011/at-speech-110118.html

ont annoncé cette semaine leur accord à cette fusion qui donnera naissance à un ensemble valorisé à 30 milliards de dollars, moyennant plusieurs engagements

NBC continuera à être diffusé aussi sur d’autres réseaux que celui de Comcast, lequel de son côté diffusera toujours des programmes venus de concurrents de NBCU.

La nouvelle co-entreprise, contrôlée par Comcast, s’est engagée à ce que les programmes de la chaîne de télévision NBC, l’un des quatre grands réseaux nationaux, continuent à être diffusés par des concurrents de Comcast. Parallèlement, Comcast devra continuer à diffuser des programmes n’émanant pas de NBC Universal.

Comcast s’est en outre engagé sur d’autres points, comme fournir du Net à prix réduit (10 dollars par mois) pour 2,5 millions de foyers pauvres, développer des chaînes pour les minorités, donner de l’accès haut débit à des écoles, etc.

GE (General Electric), qui possède actuellement 80% de NBCU, formera d’abord une coentreprise autour du groupe audiovisuel, dont il aura 49% et Comcast 51%, avant de monter dans les sept ans à la propriété complète de NBCU. Vivendi, qui détenait 20% de NBCU et en a cédé une partie, en vendra le reste d’ici peu.

Cette fusion prochaine a reçu une pluie de critiques, y compris chez les parlementaires, qui ont organisé des auditions au Congrès. À la FCC, quatre des commissaires ont voté pour la fusion et un cinquième contre: Michael Copps

http://www.fcc.gov/Daily_Releases/Daily_Business/2011/db0118/DOC-304134A3.pdf

s’est inquiété publiquement du risque de péages, de priorités à certains contenus et de coup contre la production de contenus indépendants.

Libération

http://www.ecrans.fr/Comcast-NBC-Universal-un-ogre,11804.html

cite Susan Crawford,

http://scrawford.net/blog/date/2011/01/

ancienne conseillère de Barack Obama pour les questions technologiques, qui dénonce la fusion dans un livre à venir, « The Big Squeeze » (« le Grand Essorage »): « Comcast va devenir un géant qui pourra extorquer toujours plus d’argent aux téléspectateurs et de concessions au gouvernement. Pour faire autoriser cette fusion, Comcast avait employé pas moins d’une centaine de lobbyistes et dépensé quelque 100 millions de dollars [74 millions d’euros, ndlr], souligne cette experte. Et ce n’est qu’un début, cet accord va donner à Comcast un pouvoir sans équivalent. »

2010, année faste pour Facebook

Le réseau social a connu une année 2010 remarquablement faste, au point de voir son jeune (26 ans) PDG Mark Zuckerberg faire l’objet d’un film sur sa création de l’entreprise, «The Social Network», et être consacré «homme de l’année» par le journal américain Time Magazine.

Facebook a fini l’année en culminant en audience: selon le cabinet Experian Hitwise, le site a été plus visité entre janvier et novembre 2010 aux Etats-Unis que Google (8,93% et 7,19% des visites respectivement) – en comptant l’ensemble de ses sites (Google ayant aussi les vidéos de YouTube, la messagerie de Gmail, les cartes, les actualités etc.), Google reste cependant leader avec 9,85%, contre 8,93% pour Facebook.

Le petit dernier aux dents (très) longues a néanmoins encore du chemin à faire pour rattraper le moteur de recherche en matière de revenu concret, puisque «le chiffre d’affaires annuel de Facebook est généralement estimé autour du milliard de dollars, contre 21,7 milliards de dollars attendus cette année pour Google, 4,57 milliards attendus pour Yahoo!, en recul, et 62,5 milliards de dollars pour l’exercice 2009-10 de Microsoft» (AFP).

Facebook n’est toujours pas coté en Bourse, contrairement à Google, mais les échanges sur ses titres sont scrutés par le gendarme américain des marchés financiers: la valorisation du réseau social par ses capitaux-risqueurs serait de l’ordre de 42 à 57 milliards de dollars. À ce prix, on comprend que les dirigeants du site, tout à leur «tentation hégémonique» (ZDNet), bâclent parfois des détails aussi secondaires que la vie privée de ses utilisateurs…

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2010, année faste pour Facebook

Le réseau social a connu une année 2010 remarquablement faste, au point de voir son jeune (26 ans) créateur Mark Zuckerberg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mark_Zuckerberg

faire l’objet d’un film sur la fondation de l’entreprise, « The Social Network » et être consacré « homme de l’année » par le magazine américain Time Magazine.

http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2036683_2037183_2037185,00.html

Facebook a fini l’année en culminant en audience: selon le cabinet Experian Hitwise,

http://www.hitwise.com/us/press-center/press-releases/facebook-was-the-top-search-term-in-2010-for-sec/

le site a été plus visité entre janvier et novembre 2010 aux Etats-Unis que Google (8,93% et 7,19% des visites respectivement) – en comptant l’ensemble de ses sites (Google ayant aussi les vidéos de YouTube, la messagerie de Gmail, les cartes, les actualités etc.), Google reste cependant leader avec 9,85%, contre 8,93% pour Facebook.

Le petit dernier aux dents (très) longues a encore du chemin à faire pour rattraper le moteur de recherche en matière de revenu concret, puisque « le chiffre d’affaires annuel de Facebook est généralement estimé autour du milliard de dollars, contre 21,7 milliards de dollars attendus cette année pour Google, 4,57 milliards attendus pour Yahoo!, en recul, et 62,5 milliards de dollars pour l’exercice 2009-10 de Microsoft » (AFP).

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gzLynbMkyMkMX8ybtTliwrf5XPGA?docId=CNG.98d9256ccb1263c62fdc7b681cb2ecd0.131

Facebook n’est toujours pas coté en Bourse, contrairement à Google, mais les échanges sur ses titres sont scrutés par le gendarme américain de la Bourse:

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201036049199.htm

La valorisation du réseau social par ses capitaux-risqueurs serait de l’ordre de 42 à 57 milliards de dollars. À ce prix, on comprend que les dirigeants du site, tout à leur « tentation hégémonique » (ZDNet), bâclent parfois des détails aussi secondaires que la vie privée de ses utilisateurs…

http://www.zdnet.fr/actualites/facebook-ou-la-tentation-hegemonique-39756148.htm

LIEN INTERNE

La taxe Google (provisoirement?) votée par les sénateurs

Les sénateurs, qui examinent ces jours-ci le projet de loi de finances pour 2011, ont voté dans la nuit de lundi à mardi un amendement du député UMP Philippe Marini, instaurant une taxe de 1% sur les dépenses de publicité en ligne.

Image de Mark Knol (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Cette taxe, surnommée «taxe Google», organiserait ainsi à partir du 1er janvier 2011 un prélèvement à la source, dont le produit est estimé entre 10 et 20 millions d’euros. Elle serait «due à tout preneur, établi en France, de services de publicité en ligne et est assise sur le montant, hors taxe sur la valeur ajoutée, des sommes versées».

Pour Philippe Marini, « il faut faire prévaloir l’équité entre les différents supports de publicité. La publicité à la télévision comme dans la presse papier est soumise à taxation. Le statut quo entraînerait une distorsion de concurrence. »

Le ministre craint des contournements

Le ministre du Budget, François Baroin, était « réservé car rien n’indique que la tarification des prestataires sera revue à la baisse ». Il s’est aussi inquiété des parades possibles: «Que se passera-t-il si l’achat de l’espace publicitaire est réalisé par une filiale d’une entreprise française établie hors de France? Il ne faut pas, en outre, pénaliser les petites entreprises. Nous avons besoin de temps et d’expertise.» « D’ici la Commission mixte paritaire, nous pourrons trouver des améliorations mais nous ne pouvons reculer », a répondu le sénateur.

Le vote des sénateurs a déclenché de vives critiques des professionnels du Net français, qui estiment qu’il menace leur équilibre économique et se trompe de cible.

Google imposé à 2,4%

Google est particulièrement mis en cause ces dernières années pour son optimisation fiscale – l’entreprise américaine a son siège européen en Irlande. Selon une récente analyse de Bloomberg (en anglais), l’utilisation des techniques dites du «sandwich hollandais» et du «double irlandais» permet à Google de parvenir à un taux d’imposition de 2,4%.

« Les pratiques de Google sont très semblables à celles d’innombrables autres entreprises mondiales opérant dans un large éventail d’industries », a déclaré à Bloomberg une porte-parole de Google. Bloomberg observe que Google est loin d’être la seule entreprise à recourir à de tels procédés: « Apple, Microsoft, IBM, Oracle et Facebook sont aussi de la partie… Contacté par Nouvelobs.com, Google déclare simplement « se plier à la réglementation fiscale dans tous les pays où il intervient » ».

Un rapport remis au Sénat en octobre 2009 et rendu public en avril 2010, par le cabinet Greenwich Consulting, estimait que le dumping fiscal entre pays européens pourrait provoquer en 2014 un manque à gagner sur le e-commerce, pour le fisc français, d’un milliard d’euros.

Lien externe

Compte-rendu de la séance du Sénat du 22 novembre 2010

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Facebook – Google, deux géants du Net se battent pour la première place

Facebook lance un service de messagerie «multi-canaux» qui concurrence Gmail, Google bloque l’importation de contacts vers Facebook, qui contourne ce blocage, Google augmente tous les salaires de ses employés pour freiner les départs chez son concurrent…

Deux entreprises américaines combattent pour la première place sur Internet: Google et Facebook ne cachent plus leur affrontement direct. Ainsi lundi 15 novembre, Facebook a-t-il dévoilé un service, Messages, clairement destiné à dépasser le Gmail de Google, ainsi que le Hotmail de Microsoft et Yahoo Mail (selon Comscore, Hotmail est en tête avec 361,7 millions d’utilisateurs en septembre, devant Yahoo, 273,1 millions, et Gmail, 193,3 millions).

Messages joue un rôle d’aiguillage entre mails, SMS, chat ou message Facebook, en faisant une ambitieuse plaque tournante de la communication en ligne.

Image jmerelo (Flickr ) sous licence CC by-sa

Le 4 novembre, Google avait annoncé bloquer l’exportation des données contacts des utilisateurs de Gmail vers Facebook, pour protester contre l’absence de réciprocité de la part du réseau social. Ce dernier a répondu par un pied-de-nez en contournant ce blocage: Facebook propose à ses nouveaux membres de télécharger leurs contacts Gmail sur leur ordinateur, puis de transférer le fichier dans Facebook.

S’ils se font concurrence dans les services, les deux géants chassent aussi des ressources humaines communes: Google a annoncé le 9 novembre augmenter de 10% ses 23.000 salariés. Objectif, éviter leur débauchage par Facebook, rapporte le Wall Stet Journal, qui indique que Facebook compte maintenant 1.700 employés contre 1.000 un an plus tôt, dont 137 viennent de Google.

Google valorisé presque cinq fois plus que Facebook

A travers ses innovations, Facebook cherche à garder dans son écosystème les internautes, une «tentation hégémonique» (telle que la décrit cet article de ZDNet). Mais Google a encore de forts atouts, outre son énorme domination du marché de la recherche en ligne:

le moteur de recherhe a aussi une forte avance financière sur Facebook (qui lui-même a supplanté des sites comme MySpace, naguère  en tête des sites «sociaux»): Google est coté en Bourse et pèse 190 milliards de dollars, tandis que Facebook, non coté, est valorisé 41 milliards sur Secondmarket, plate-forme où s’échangent les actions de ses salariés.En octobre 2007, Facebook n’ était encore valorisé « que » 15 milliards de dollars, lorsque Microsoft a investi 240 millions pour 1,6% de son capital.

Facebook pourrait gagner en recettes publicitaires 1,3 milliard de dollars en 2010,  la moitié des bénéfices de Google sur le seul troisième trimestre, souligne Lexpansion.com.

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4e licence de téléphonie mobile à Free: le Conseil d’Etat rejette les recours de SFR et Bouygues Telecom

Actu express: le Conseil d’Etat a validé ce mardi l’attribution de la quatrième licence de téléphonie mobile de troisième génération (3G) à Free Mobile, filiale d’Iliad, a annoncé l’Arcep. Des requêtes en annulation de la procédure avaient été présentées par Bouygues Telecom, Vivendi et SFR devant le Conseil d’Etat.

Conseil d'EtatPhoto rouge et bleu (Flickr) sous licence CC by-nc

Pour le Conseil d’Etat, la redevance fixe due par Free, à 240 millions d’euros, « n’était manifestement pas sous-évaluée » par rapport au montant versé en 2001-2002 pour les trois opérateurs mobiles en place (619 millions d’euros), considérant un spectre attribué plus faible et une arrivée plusieurs années après ses concurrents.

Free a annoncé le lancement de ses offres mobiles pour le début 2012 (AFP).

La décision du Conseil d’Etat (PDF, 13 pages), publiée par l’Arcep

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Les limites de la concurrence dans les télécoms

Le Monde daté du 20 septembre publie un article d’Olivier Voirin (DuVarroy Consulting), qui expose de manière claire des concepts souvent oubliés lorsqu’on ne voit les télécoms que sous l’angle dogmatique de la concurrence. Cette vision dogmatique est également populiste, en ce sens qu’elle donne une vision simpliste des règles de fonctionnement du marché des télécoms, en faisant l’impasse sur l’une des données clefs du métier d’opérateur : le fait qu’il s’agit d’une activité essentiellement basée sur les coûts fixes, avec des niveaux d’investissement élevés, qui nécessitent donc de sécuriser les ressources des opérateurs.

Toute la démonstration est intéressante, l’un des paradoxes soulevés par les conclusions du papier est particulièrement croustillant… ou déplorable, selon le point de vue qu’on adopte :

Aucun des nouveaux acteurs du fixe n’a investi de façon significative dans la partie terminale du réseau, considérant que le prix du dégroupage de la ligne cuivre offrait une opportunité bien plus intéressante. La conséquence de cette situation est qu’aucun des acteurs actuels ne dispose des ressources pour mettre en place le réseau du futur, la fibre, en remplacement de la paire de cuivre. Ni l’opérateur historique qui ne dispose ni des ressources venant de ses clients résidentiels du fait de la baisse des prix, ni de celles de la vente en gros en raison des prix orientés vers les coûts du dégroupage et des tarifs d’interconnexion, ni ses concurrents qui pour acquérir des parts de marché ont fixé leur niveau de prix (30 euros) au minimum. Le marché s’est ainsi équilibré à un niveau de prix qui ne permet pas la modernisation des réseaux. La conséquence est paradoxale : l’ouverture à la concurrence, avec des contraintes réglementaires asymétriques portant uniquement sur le propriétaire du réseau, d’une activité dynamique, rentable, d’un intérêt social et économique évident, pour laquelle dans les années 1990 la France disposait d’acteurs industriels puissants, a eu comme conséquence de créer une situation dans laquelle aucun des acteurs n’est capable de financer l’infrastructure sur laquelle il peut développer son service sans le secours de la puissance publique, au niveau local ou national.

Selon nous, il manque un élément d’analyse, tout aussi paradoxal : concernant l’opérateur historique, le montant exorbitant du dividende (supérieur au bénéfice consolidé pour l’exercice 2009 rappelons-le, tandis-que l’engagement de maintenir le niveau du dividende pour les 3 prochains exercices, 2010-2012, privera l’entreprise de 11 milliards d’euros de fonds propres) contribue à l’asphyxie de ses capacités d’investissement dans les nouveaux réseaux.  Le niveau aberrant de ce dividende est pour l’essentiel le fait de … l’État, actionnaire principal (27% du capital), et dont on sait qu’il cherche désespérément à renflouer ses caisses, et fait pression sur le Conseil d’Administration de France Télécom pour s’assurer des recettes. Pour financer le déploiement du réseau de fibre ? et redistribuer aux concurrents une partie du CA de l’opérateur historique, lui aussi soumis à la concurrence ?

Étonnant, non ?

A lire :

Clés 3G: la Commission européenne enquête sur un éventuel dumping chinois

A la suite d’une plainte de la société belge Option, la Commission européenne a ouvert fin juin une enquête sur un éventuel dumping sur les clés et modems 3G des fabricants chinois Huawei et ZTE, géants du secteur, avec 50% et 40% environ de parts de marché mondial, ont rapporté récemment Les Echos (article payant).

Clé 3GPhoto par incurable hippie (Flickr), sous licence CC by-nc

«La Chine a exporté en 2009 environ 25 millions de modems sans fil pour un chiffre d’affaires de 1,25  milliard d’euros. Selon Bruxelles, les modems chinois ont représenté 90 % des importations européennes», indique le quotidien économique. Option estime qu’ils sont vendus moins cher à l’international, et parfois même sous leur prix de revient.

«A tel point que la part de marché d’Option en Europe est tombée de plus de 50% en 2006 à moins de 5%. Entre temps, le marché européen a été multiplié par douze.» La Commission a décidé fin juin d’ouvrir une enquête, laquelle pourrait durer 15 mois et aboutir à un relèvement des droits de douane sur les importations concernées pendant au plus cinq ans.

Option, qui a dû réduire ses effectifs de plus de 700 personnes en 2007 à moins de 280, a enregistré en 2009 une perte nette de 53 millions d’euros et est menacé de disparition, soulignent Les Echos. La compagnie belge a déposé dernièrement une seconde plainte, cette fois pour subventions illégales, que Bruxelles examine.

Après Microsoft, Intel, IBM ou encore Apple, la Commission passe ici d’entreprises américaines à deux chinoises, illustrant l’émergence de cet autre géant économique et technologique… lui-même face à d’autres puissances montantes, comme l’Inde, qui en août a levé un blocus de huit mois à l’encontre des équipementiers chinois, ZTE et Huawei, ainsi que de Nokia, auxquels ce pays a demandé notamment l’accès à des codes sources.

E-commerce: un milliard d’euros de manque à gagner pour le fisc français en 2014

La commission des Finances du Sénat a publié cette semaine un rapport d’octobre 2009 du cabinet d’études Greenwich Consulting, intitulé « Evaluer l’impact du développement d’Internet sur les finances de l’Etat » (synthèse du rapport, version complète – 134 pages).

Carte d'EuropeUne carte d’Europe de 1640, par Changhua Coast Conservation Action (Flickr), sous licence CC by-nc-sa

Ce rapport estime que le dumping fiscal entre pays européens pourrait provoquer en 2014 un milliard d’euros de manque à gagner sur l’e-commerce pour le fisc français, dont 400 millions pour les jeux en ligne ouverts maintenant à la concurrence. Le rapport évalue à 400 millions d’euros les sommes qui ont échappé à l’Etat en 2008.

Le Luxembourg, l’Irlande, pays « moins-disants » recherchés

Le sénateur Jean Arthuis souligne dans une interview à L’Expansion que «depuis 2008, le Luxembourg a obtenu de l’Union européenne que le produit de la TVA sur les services immatériels soient affectés au budget de l’Etat où est implantée l’entreprise. Résultat, toutes les entreprises du secteur se sont précipitées vers des pays à la fiscalité plus avantageuse, comme le Luxembourg où la TVA n’est que de 15% contre 19,6% en France. Pour le fisc français, ce sont des centaines de millions d’euros qui sont perdus chaque année en raison de cette exception luxembourgeoise qui n’a aucune justification.»

Les auteurs du rapport notent que «les multinationales, principalement américaines, ont une approche globale du marché européen. Un siège social paneuropéen consolide la majorité du chiffre d’affaire et des bénéfices (ex. : eBay en Suisse, Amazon au Luxembourg, Expedia en Irlande). L’enjeu fiscal repose alors principalement sur la taxation du capital, et notamment l’Impôt sur les Sociétés, optimisé par le jeu des prix de transfert et des établissements stables.

L’exemple d’Amazon: 100 M€ de TVA évadée

Ces mécanismes ne sont pas propres au e-commerce mais leur effet est amplifié par la grande mobilité des fonctions, des biens et des risques (…) Ainsi, aujourd’hui, selon notre analyse, Amazon capte un volume d’affaire de 930 M€ en France, alors que la filiale française ne déclare qu’un chiffre d’affaire de 25 M€, au titre de prestations de services logistiques, rémunérées par la holding luxembourgeoise (soit une perte de recette de TVA de l’ordre de 100 M€).

Un projet d’harmonisation de l’assiette de l’IS (Assiette Commune Consolidée de l’IS – ACCSIS) est sur la table pour consolider au niveau européen les bénéfices et les répartir en fonction du nombre de salariés, des biens, de la masse salariale etc. Le Luxembourg et l’Irlande s’opposent à ce jour à ce projet, bloquant les décisions.»

A partir de 2015, les règles de territorialité sur le e-commerce direct vont changer, puisque ce sera alors la TVA du pays de consommation qui sera appliquée, « réduisant significativement les pratiques déloyales exposées. La mise en application sera l’enjeu fondamental, puisqu’il s’agira de déterminer la localisation du consommateur entre adresse de facturation, adresse de livraison et adresse IP.»



Le régulateur britannique veut obliger BT à partager sa fibre optique avec ses concurrents

Actu express: l’Ofcom (Office of communications), le régulateur britannique des télécoms, a annoncé plusieurs mesures destinées à accroître le développement de la fibre optique outre-Manche. La proposition la plus frappante est que BT (ex-British Telecom, opérateur historique) soit obligé de louer son réseau de fibre optique à ses concurrents comme Sky ou TalkTalk, de la même façon que BT avait dû leur ouvrir son réseau ADSL.

Les poteaux et conduites de l’opérateur devraient également être accessibles aux concurrents.

Triple play, une nouvelle guerre des prix

Alice, une des marques d’Iliad, renchérit sur Numericable en proposant Internet, téléphone et bouquet de chaînes pour 19,99 euros par mois.

Téléphone et Internet
Téléphone et Internet

Image mag3737 (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Escalade des offres: après Numericable, qui en septembre avait annoncé une future offre Internet-téléphone (double play) à 19,90 euros mensuels, Alice (groupe Iliad) vient de proposer pour 19,99 euros une offre triple play: le FAI ajoute à Internet et au téléphone un bouquet de 60 chaînes télé basse définition (son forfait à 29,90 euros en comprend 160). Continue reading « Triple play, une nouvelle guerre des prix »

Orange rachète Sunrise

Actu express : Orange et Sunrise vont fusionner leurs activités fixes et mobiles en Suisse, qui ne comptera donc à terme plus que deux opérateurs : Swisscom, opérateur historique, et le nouvel ensemble, dont la marque n’est pas encore définie.

Coût de l’opération pour France Télécom : 1,5 milliards d’euros, pour 75% du capital. TDC, l’opérateur danois détenant Sunrise en conserve temporairement 25%.

Selon Romandie news, qui s’inquiète par ailleurs des conséquences pour les employés et les clients :

Le nouvel ensemble affiche un chiffre d’affaires cumulé de 3,1 milliards de francs pour 2008, loin derrière les 12 milliards de Swisscom. En revanche, il se pose en concurrent plus solide en termes de clients, contrôlant 38% du marché de la téléphonie mobile avec 3,4 millions d’abonnés et 13% de celui de l’accès à internet et du téléphone fixe avec 1,1 million d’abonnés.

[…]

Les synergies attendues de la fusion sont chiffrées à 3,2 milliards de francs. Au niveau opérationnel, les économies devraient atteindre 200 millions de francs par an, pour des coûts d’intégration cumulés de 140 millions. Les synergies liées aux investissements atteindront 570 millions entre 2010 et 2015. Elles permettront d’économiser 65 millions chaque année.

L’accès Internet haut débit progresse en Europe

A l’occasion de la parution de son dernier benchmark sur le haut débit, la Commission européenne se félicite de la poursuite de la croissance en dépit de la crise économique. Son communiqué mentionne :

  • 11 millions de nouvelles lignes fixes en 1 an,
  • 24% des Européens connectés en haut débit en juillet 2009, contre 21,6% un an auparavant
  • 54% de croissance pour le haut débit mobile, qui n’atteint cependant que 4,2% de pénétration globale
  • 80% des accès haut débit à 2 Mbps et plus, en croissance de 5% sur un an.

L’examen du rapport montre que la France reste bien positionnée sur le haut débit fixe…

  • 29,2% de la population équipée, en 7ème position sur ce critère, et au dessus de la moyenne européenne. La grande majorité des lignes est en DSL.
Source : Commission européenne - Novembre 2009
Source : Commission européenne - Novembre 2009
  • 3,1% de croissance annuelle des équipement, en 8ème position ex-aequo avec l’Allemagne et loin devant le UK (1,5%), ce qui est très honorable compte tenu du taux de pénétration déjà atteint.
  • en nombre de lignes haut débit, la France reste seconde avec près de 19 millions de lignes, derrière l’Allemagne, plus peuplée, qui en compte 24 millions.

…moins bien sur le haut débit mobile :

  • 1,9% de pénétration, en dessous de la moyenne européenne,
  • 1,2  million de cartes ou clefs dédiées aux services de données.

L’Autriche, la Suède et le Portugal dépassent 10% de pénétration. On peut noter que la Suède, déjà dans le peloton de tête du haut débit fixe, poursuit la course en tête sur le mobile.

Les opérateurs historiques perdent du terrain

Globalement, le dégroupage, et en particulier le dégroupage total, continue de progresser dans l’ensemble de l’Europe, les opérateurs historiques ne détenant plus que 45,2% de parts de marché, contre 45,7% en juillet 2008.

France Télécom fait un peu mieux avec 46,2%, en dépit d’une concurrence très active (rappelons que Free est considéré comme l’acteur le plus agressif, qui a imposé le tarif de référence de 29,99 € / mois), et d’une réglementation pénalisante, qui lui interdit d’utiliser ses bases de clients mobiles pour se renforcer dans l’ADSL, contrairement à SFR et Bouygues Telecom.

Le rapport de la Commission montre d’ailleurs que sur 1,9 millions de nouvelles lignes haut débit, les opérateurs alternatifs français en réalisent 1,1 million, soit 58%. C’est inquiétant pour l’avenir, et justifie pleinement la démarche de l’opérateur auprès de l’Arcep et du Conseil de la Concurrence pour bénéficier des mêmes droits que ses concurrents.

En effet, si la concurrence, qui constitue aujourd’hui l’alpha et l’omega de toutes les instances de régulation en Europe, a sans aucun doute des effets positifs pour le consommateur, encore faut-il qu’elle soit régulée de manière équitable.
Et qu’elle ne se développe pas au détriment des emplois. Mais ceci est un autre débat, que nous avons déjà abordé, et sur lequel nous aurons certainement l’occasion de revenir.

Renseignements téléphoniques: plus de concurrence, plus cher, pour moins d’appels

Parmi les dernières statistiques qu’a publiées récemment l’Arcep, on trouve ce passage sur les renseignements téléphoniques: leur revenu «s’élève à 40 millions d’euros au deuxième trimestre 2009 et progresse de 3,7% par rapport à celui du deuxième trimestre 2008. Le nombre des appels vers les services de renseignements (27 millions d’appels) ainsi que le volume des minutes qu’ils génèrent (58 millions de minute) sont en recul d’environ 15% sur un an au deuxième trimestre 2009.»

Beau paradoxe apparent: malgré cette forte baisse des appels, le chiffre d’affaires qu’ils génèrent augmente (cette année – depuis l’ouverture de la concurrence, il a chuté de plus de moitié). C’est une nouvelle réussite du dogme de la concurrence à tout va: la hausse des tarifs compense la baisse de la demande…

20091115_renseignements_telephoniques_2Les demoiselles du téléphone, image Wikipédia sous licence CC by-sa

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La mise à mort du travail

France 3 diffuse ce soir à 20h35 et mercredi soir à 23h05 un documentaire qui semble éclairant sur ce qui est (enfin) en train de devenir un vrai sujet de société. Voici un extrait de la présentation de Telerama :

L’idée des auteurs – le producteur, Christophe Nick, et le réalisateur, Jean-Robert Viallet – n’était pas de faire un énième film sur la souffrance au travail, ni de stigmatiser des patrons voyous ou des salariés réfractaires à toute évolution, mais de montrer ces souffrances (c’est le premier volet) et d’en comprendre les causes (deuxième et troisième volets). Comment ? En analysant à travers le prisme de deux entreprises mondialisées (Carglass et Fenwick) la manière dont l’organisation du travail est surdéterminée par les deux contraintes macroéconomiques que sont l’actionnariat et la libre concurrence. En démontrant comment les logiques de rentabilité pulvérisent les liens sociaux et humains dans l’entreprise et sont en train de tuer le travail lui-même en le réduisant à sa seule composante économique.

Pour en savoir plus, la page web dédié à cette série documentaire par France 3.

Interview à PC Inpact de Sébastien Crozier

Actu express: dans PC INpact d’hier lundi, une interview de Sébastien Crozier, du syndicat CFE-CGC/UNSA Télécoms d’Orange, autour de la quatrième licence de téléphonie mobile. Quelques extraits:

« Plusieurs rapports récents démontrent que la présence de 4 opérateurs mobiles ou plus, demandée par la Commission Européenne dans les grands pays d’Europe, n’est pas forcément viable économiquement. Le récent projet de fusion entre T-Mobile et Orange en Angleterre illustre parfaitement le phénomène, et l’idéologie de « la main invisible du marché » montre clairement ses limites. »

« On peut aussi imaginer que Free – comme Bouygues – ne restera pas longtemps encore indépendant : ils peuvent agir pour le compte d’opérateurs comme Telefonica ou T-mobile. »

« Il faut noter en particulier que les comparaisons tarifaires de l’OCDE excluent de leur comparatifs tarifaires les numéros d’appel offerts dans le cadre des forfaits (par exemple les 3 numéros que vous appelez le plus souvent, et qui représentent 40 % de vos communications), ou encore les forfaits de SMS illimités, et les tarifs des cartes pré-payées… qui sont souvent les plus bas, notamment pour ceux qui appellent peu. »

« La concurrence favorise aussi l’innovation. Mais l’innovation n‘est pas le monopole des opérateurs. L’iPhone a sans doute fait plus pour l’Internet mobile en 18 mois que les 3 opérateurs en 10 ans. »