Salariés et sortie de crise : une étude TNS Sofres

TNS Sofres vient de publier une étude sur la relation des employés avec leurs entreprises et le système économique. L’analyse globale de TNS est édifiante. Extraits :

L’étude révèle en tout premier lieu une remise en cause massive du système actuel par les salariés français :

* Les ¾ estiment que la crise a prouvé qu’il apportait plus de problème que de solution
* La même proportion estime que les intérêts des entreprises (ou de leurs dirigeants) et des salariés ne vont pas dans le même sens
* La quasi-totalité se dit choquée par au moins une des caractéristiques du système
* Les termes de profit, de mondialisation, de capitalisme sont massivement associés à des évocations négatives
* L’effet « le système va mal mais dans mon entreprise / administration ça se passe beaucoup mieux » semble moins fort que par le passé

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Renseignements téléphoniques: plus de concurrence, plus cher, pour moins d’appels

Parmi les dernières statistiques qu’a publiées récemment l’Arcep, on trouve ce passage sur les renseignements téléphoniques: leur revenu «s’élève à 40 millions d’euros au deuxième trimestre 2009 et progresse de 3,7% par rapport à celui du deuxième trimestre 2008. Le nombre des appels vers les services de renseignements (27 millions d’appels) ainsi que le volume des minutes qu’ils génèrent (58 millions de minute) sont en recul d’environ 15% sur un an au deuxième trimestre 2009.»

Beau paradoxe apparent: malgré cette forte baisse des appels, le chiffre d’affaires qu’ils génèrent augmente (cette année – depuis l’ouverture de la concurrence, il a chuté de plus de moitié). C’est une nouvelle réussite du dogme de la concurrence à tout va: la hausse des tarifs compense la baisse de la demande…

20091115_renseignements_telephoniques_2Les demoiselles du téléphone, image Wikipédia sous licence CC by-sa

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Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée

Pour protester contre le plan de 4.000 suppressions d’emploi en Europe chez Alcatel Lucent, les salariés de tout le continent se sont mobilisés mardi 10 novembre. Des rassemblements ont eu lieu dans neuf pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Roumanie, Belgique, Pays-Bas, Autriche et Irlande).

Téléphones Alcatel
Téléphones Alcatel

Image CesarCardoso (Flickr) sous licence CC by

En France, trois manifestations ont eu lieu: une devant la Maison de l’Europe à Rennes, une autre à Paris devant le siège de l’Arcep et une troisième devant le Parlement européen. Cette mobilisation a eu lieu à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT). Son tract (PDF) explique les raisons d’interpeller l’Arcep. Continue reading « Mobilisation des salariés d’Alcatel: l’Arcep interpellée »

4ème licence mobile : une régulation socialement irresponsable

Comme on pouvait s’y attendre, Free sera finalement le seul candidat à la 4ème licence mobile, et l’Arcep rendra sa décision avant Noël, ou tout début 2010. Si chef de l’État s’est montré « réservé » sur le dossier, Monsieur Silicani, actuel président de l’Arcep, revendique haut et fort l’indépendance du régulateur français dans sa validation ou non du dossier d’Iliad/Free.

Il va sans dire que cette décision sera analysée à la loupe par l’ensemble des observateurs.

Leyla Insane
Leyla Insane

image: Katey (Flickr) sous licence CC by – nc – nd

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Capgemini emploie désormais plus d’Indiens que de Français

Actu express: la SSII Capgemini a maintenant plus d’employés en Inde qu’en France. C’est un scoop des Échos, qui révèle que l’entreprise compte plus de 20.100 salariés indiens, une centaine de plus qu’en France. Alors que dans son pays d’origine, Capgemini a gelé ses effectifs, bloquant ici les embauches et «restructurant» là, souligne le quotidien économique, en Inde les recrutements se poursuivent.

Un éditorialiste des Échos estime que «l’Inde n’a rien détruit en France mais elle a capté une nette part de la croissance du marché». Et il relève que «même si l’Inde restera encore longtemps compétitive, les salaires y sont d’ores et déjà orientés à la hausse. En Inde, on s’inquiète d’ailleurs déjà de la délocalisation vers les Philippines.»

La tendance est systémique: chez Atos Origin, où le PDG Thierry Breton annonçait récemment les chiffres du troisième trimestre 2009, l’effectif global poursuit sa décroissance alors qu’en Inde l’entreprise maintient ses recrutements.

Le groupe annonce qu’au 30 septembre 2009 il compte 48.884 personnes contre 50.975 fin décembre 2008. Atos Origin précise que «la politique de gel des recrutements a été maintenue durant le troisième trimestre sauf d’une part pour les ingénieurs jeunes diplômés dans toutes les entités opérationnelles, et d’autre part dans les pays offshore / nearshore en particulier en Inde.»

«En conséquence, le volume de recrutements effectués durant le troisième trimestre de l’année a été de l’ordre d’un millier de collaborateurs dont plus de deux cents en Inde.»

France Télécom: un cas d’école dans un système mortifère

Sur Mediapart, le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval reviennent à travers l’affaire France Télécom sur la fabrique du «sujet néolibéral» et ses effets.

Quelques extraits pour vous mettre l’eau à la bouche :

Périodiquement on redécouvre, pour l’oublier bien vite, que quelque chose « ne tourne pas rond » dans le monde du travail. Les suicides en série au Technopôle de Renault ne sont pourtant pas si lointains.. Sociologues et psychanalystes ont longuement décrit et analysé les diverses formes prises par la « crise du travail ». Mais « la souffrance au travail » dont on parle beaucoup aujourd’hui ne tombe pas du ciel, elle ne relève pas seulement d’un traitement thérapeutique en forme d’ « accompagnement psy », elle résulte avant tout de pratiques et de dispositifs qui ont profondément modifié l’organisation des entreprises et les relations professionnelles.

A cet égard, le cas de France Télécom – qui s’appellera bientôt Orange pour faire oublier son ancrage national- est tragiquement exemplaire. Voici une entité qui est passée en quelques années de l’univers du monopole de service public à celui de la multinationale de plain-pied dans le capitalisme mondialisé et financiarisé. Cela s’est fait à coup de changements de statut, d’ouvertures du capital  et de privatisations menés par tous les gouvernements de droite comme de gauche depuis 1990. L’histoire de France Télécom, c’est en réduction et en caricature,  l’histoire du déploiement implacable d’une logique de concurrence généralisée qui fait se rejoindre les horizons les plus lointains des marchés globalisés et les subjectivités les plus intimes des salariés. France Télécom  c’est donc notre histoire collective qui se lit dans l’histoire d’une entreprise et de ses salariés. Pour tout dire, on a là affaire à un cas d’école de l’expérimentation néolibérale.

Une analyse remarquable et bien argumentée, à lire en intégralité sur Mediapart.

France Télécom: vers un nouveau «contrat social»?

Chronologie des événements et rappel des premières mesures annoncées suite à la vague de suicides chez l’opérateur. Nous les commenterons davantage dans un prochain article.

Le jeudi 10 septembre, s’est tenue une réunion exceptionnelle du CNSHSCT (Comité National Santé Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail) de France Télécom Orange sur les risques psycho-sociaux dans l’entreprise (communiqué).

Le PDG, Didier Lombard, a annoncé mandater la direction des ressources humaines du groupe « pour faire des propositions concrètes et précises pour répondre aux attentes des salariés ».

Rencontre Xavier Darcos - Didier Lombard
Rencontre Xavier Darcos - Didier Lombard

Il a notamment été décidé de suspendre jusqu’au 31 octobre « toutes les mobilités des personnes concernées par des projets de réorganisation afin de réexaminer les conditions de leur mise en œuvre », d’ouvrir, dès le 18 septembre, « une négociation avec les partenaires sociaux afin de décliner dans le Groupe France Télécom l’accord national interprofessionnel sur le stress ». Continue reading « France Télécom: vers un nouveau «contrat social»? »

« Orange stressé » vient de paraître aux éditions La Découverte

Pour comprendre la réalité du management par le stress, Yvan du Roy a mené l’enquête auprès de salariés, de syndicalistes, de médecins et d’experts de la santé au travail.

Relatant le vécu quotidien des salariés de France Télécom, il retrace l’historique de l’opérateur depuis sa privatisation, et montre comment l’entreprise a basculé dans la course au profit financier de court terme, où le personnel est considéré comme une charge, et, notamment sur les plateaux d’appels, littéralement comme une « armée de robots » pilotés par des applications informatiques qui ne leur laissent aucun répit.

Recherche de la productivité maximale, mais aussi volonté à peine voilée de pousser les salariés vers la sortie,  au travers de fermetures de sites et de réorganisations permanente dont l’efficacité opérationnelle reste à démontrer. Les salariés sont contraints à des reconversions brutales, souvent déqualifiantes, et à des déplacements quotidiens de plus en plus lourds pour rejoindre les locaux de l’entreprise, qui se concentrent dans les grandes agglomérations.

Le journaliste s’est notamment appuyé sur les travaux de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom, une association mise en place en 2007 par la CFE-CGC/UNSA et SUD pour comprendre et agir contre les causes du stress dans l’entreprise.  Pierre Morville (CFE-CGC/UNSA) et Patrick Ackermann (SUD) ont postfacé l’ouvrage.

Yvan du Roy présente son livre dans une interview vidéo réalisée par Bachchich :


Plan social suspendu chez Teleperformance

Actu express: le projet de « restructuration » de l’entreprise de centres d’appel Teleperformance, qui porterait selon le CE et les syndicats sur 700 postes, est suspendu par le tribunal de grande instance de Paris, apprend-on aujourd’hui (Challenges).

Ce plan social au sein de la filiale Teleperformance Centre-Est comprend selon la direction 157 suppressions de postes, et une « mobilité » de 318 postes d’Ile-de-France vers Orléans et dans le Nord.

Le tribunal indique que cette suspension est valable « jusqu’à ce qu’intervienne l’un des deux événements suivants: la décision sur le fond (du TGI) et/ou la reprise intégrale de la procédure de consultation du comité d’établissement de Teleperformance Centre-Est après organisation de la consultation des CHSCT à l’initiative de l’employeur et l’achèvement de cette nouvelle procédure ».

Le tribunal fixe une astreinte de 5.000 euros par salarié dont le contrat de travail serait modifié ou qui serait licencié pendant la suspension.

En 2008, Teleperformance avait achevé de délocaliser entièrement en Tunisie la hotline de SRF Cegetel, dont il est prestataire, supprimant ainsi 32 emplois à Lyon.

Teleperformance: le tribunal de Paris ordonne la suspension du plan social

PARIS, 22 sept 2009 (AFP) – Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris, saisi en référé par le comité d’entreprise et des syndicats, a ordonné mardi la suspension du plan social de Teleperformance Centre-Est, filiale concernée par une vaste restructuration dans cette société de centres d’appels.
Selon les syndicats et le CE, le projet de restructuration concerne quelque 700 postes en incluant des mobilités au sein de l’Ile-de-France. La direction a évoqué le chiffre de 157 suppressions de postes, et une « mobilité » de 318 postes d’Ile-de-France vers Orléans et Villeneuve-d’Ascq (Nord).
La juge des référés qui avait examiné le cas le 8 septembre a ordonné « la suspension du projet de redéploiement du dispositif de production (…), ainsi que du projet de plan d’aide à la mobilité des salariés et de sauvegarde de l’emploi » (PSE ou plan social), selon une copie de l’ordonnance obtenue par l’AFP.
Le plan est suspendu, est-il précisé, « jusqu’à ce qu’intervienne l’un des deux événements suivants: la décision sur le fond (du TGI) et/ou la reprise intégrale de la procédure de consultation du comité d’établissement de Teleperformance Centre-Est après organisation de la consultation des CHSCT à l’initiative de l’employeur et l’achèvement de cette nouvelle procédure ».
Il est fixé une astreinte de 5.000 euros par salarié qui verrait son contrat de travail modifié ou se ferait licencier pendant le délai de la suspension.
Dans un communiqué, la CGT s’est félicitée que « le passage en force de Teleperformance » soit « freiné » par ce jugement, qui n’est « qu’une étape dans la lutte des salariés pour leurs conditions de travail et leur dignité ».
Selon le syndicat, « les pressions sont de plus en plus fortes », « les entretiens disciplinaires et les licenciements pour faute se multiplient », « les managers se voient imposer de plus en plus de tâches », « les horaires sont modifiés en permanence », notamment.
Le CE de Teleperformance Centre-Est (la seule des cinq filiales concernées par la restructuration), les fédérations Sud, CGT, CFTC, et le syndicat FO ont aussi assigné la direction devant le TGI pour obtenir l’annulation du plan social.
Une action en référé avait également été intentée pour faire suspendre « en urgence » le plan social car l’audience sur le fond n’a été fixée qu’au 1er décembre.
Les salariés s’appuient notamment sur un procès-verbal de la direction départementale du travail des Yvelines qui a souligné en juillet le caractère « insuffisant » du plan social.
mad-reb/vdr/fj
AFP

Interview à PC Inpact de Sébastien Crozier

Actu express: dans PC INpact d’hier lundi, une interview de Sébastien Crozier, du syndicat CFE-CGC/UNSA Télécoms d’Orange, autour de la quatrième licence de téléphonie mobile. Quelques extraits:

« Plusieurs rapports récents démontrent que la présence de 4 opérateurs mobiles ou plus, demandée par la Commission Européenne dans les grands pays d’Europe, n’est pas forcément viable économiquement. Le récent projet de fusion entre T-Mobile et Orange en Angleterre illustre parfaitement le phénomène, et l’idéologie de « la main invisible du marché » montre clairement ses limites. »

« On peut aussi imaginer que Free – comme Bouygues – ne restera pas longtemps encore indépendant : ils peuvent agir pour le compte d’opérateurs comme Telefonica ou T-mobile. »

« Il faut noter en particulier que les comparaisons tarifaires de l’OCDE excluent de leur comparatifs tarifaires les numéros d’appel offerts dans le cadre des forfaits (par exemple les 3 numéros que vous appelez le plus souvent, et qui représentent 40 % de vos communications), ou encore les forfaits de SMS illimités, et les tarifs des cartes pré-payées… qui sont souvent les plus bas, notamment pour ceux qui appellent peu. »

« La concurrence favorise aussi l’innovation. Mais l’innovation n‘est pas le monopole des opérateurs. L’iPhone a sans doute fait plus pour l’Internet mobile en 18 mois que les 3 opérateurs en 10 ans. »

Derrière le malaise à France Télécom, délocalisations et stress

Actu express: au journal télévisé de Public Sénat hier, sur l’épidémie de suicides à France Télécom, étaient interrogés en plateau Sébastien Crozier, élu CFE-CGC UNSA France Télécom Orange, et Patrick Légeron, psychiatre et coauteur d’un rapport sur le stress au travail (rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail) en mars 2008.

Derrière la situation actuelle, pointe Sébastien Crozier, la crise de confiance dans l’entreprise d’hommes et de femmes qui ont vu les délocalisations déferler alors que le secteur est florissant: chez l’opérateur, 30.000 emplois supprimés en cinq ans, et lorsque a été créé par deux syndicats l’Observatoire du stress, la première réaction de la direction de FT a été de bloquer l’accès à son site web pour les salariés de l’entreprise.


JT de 22 h du 14 septembre (les deux intervenants en plateau: à partir de 20 minutes).

Sur le blog

La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique?

Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail. Par Philippe Nasse et Patrick Légeron

La litanie des suicides à France Télécom: à quand la remise en cause d’une politique toxique?

Une vingtaine de suicides en un an et demi, des arrêts maladie en hausse de 50% depuis cinq ans, +30% en un an de visites chez des médecins du travail, dont plusieurs ont démissionné devant leurs propres conditions de travail inacceptables…

Terrible série que ces suicides d’agents France Télécom égrenés jour après jour dans la presse: à Lannion fin août, à Besançon le 11 août, à Marseille le 13 juillet, où dans sa lettre d’adieu celui qui allait mettre fin à ses jours dénonçait «l’urgence permanente» et «la surcharge de travail». Sans parler des tentatives de suicide, plus nombreuses (12,5 fois plus de tentatives que d’actes réussis en France) et non médiatisées elles, à l’exception du geste spectaculaire d’un technicien de Troyes qui s’est poignardé le 9 septembre.

Une vingtaine de suicides depuis février 2008, et il aura fallu celui, sur son lieu de travail vendredi 11 septembre, d’une salariée à Paris, pour que les pouvoirs publics s’émeuvent des conséquences toxiques d’une politique de ressources humaines. Rappelons que dans notre pays, depuis quinze ans le suicide tue plus que l’accident automobile.

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Pied de nez à l’idéologie libérale en Angleterre: fusion entre Orange et T-Mobile

France Télécom et Deutsche Telekom viennent d’annoncer leurs négociations exclusives pour signer d’ici la fin octobre la fusion en Grande-Bretagne de leurs filiales Orange UK et T-Mobile UK. L’ensemble réunissant les numéros trois et quatre de la téléphonie mobile deviendrait ainsi numéro un outre-Manche. La future marque unique Orange, achetée 50 milliards d’euros en 2000 par France Télécom, comptera ainsi 28,4 millions de clients, soit 37% du marché anglais du mobile, devant l’actuel leader O2 (27,7%) et Vodafone (24,7%), indique l’AFP.

Cabines dominos
Cabines dominos

Image doug88888 (Flickr) sous licence CC by

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Alcatel-Lucent, des milliers de suppressions d’emploi et un bénéfice symbolique

Après neuf trimestres de suite de pertes depuis la création par fusion de l’entreprise, pour la première fois, Alcatel-Lucent a annoncé un bénéfice pour le deuxième trimestre 2009, de 14 millions d’euros – lié à des éléments exceptionnels et donc surtout symbolique. D’autant plus que le chiffre d’affaires reste en recul, de 4,8%, à 3,9 milliards d’euros.

Alcatel
Alcatel

Image Wikimedia sous licence GFDL

C’est une mince consolation pour ce qui restera un des plus grands exemples de gâchis du tout-financier. À Alcatel-Lucent, on totalise à ce jour 18.500 suppressions d’emploi engagées. Le cas d’Alcatel montre que même des fleurons (Gérard Larcher en 1995, dans son rapport sur « L’avenir de France Télécom: un défi national« , relevait qu’Alcatel occupait « les premiers rangs mondiaux »), des géants de l’industrie ne sont pas à l’abri: même les industries les plus modernes, à valeur ajoutée et créatrices de nouveaux métiers, sont en crise.

Pour plus d’informations sur l’entreprise et ses enjeux, voir le site du syndicat CFE-CGC d’Alcatel-Lucent.

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Réforme des services publics: dogmatisme et laboratoire de changement du statut des salariés

Engageant une réflexion sur l’évolution du statut de La Poste, Mediapart livre une analyse très intéressante, tant sur le dogmatisme de la privatisation des services publics…

Alors que l’argent public a servi ces derniers mois à soutenir, pour le « Bien commun », les banques privées en difficulté, il est désormais nécessaire de privatiser les services publics qui ne l’ont pas encore été, c’est-à-dire de créer les conditions juridiques et économiques de l’appropriation des biens publics. Comme si la crise et les « solutions » qui lui sont apportées n’avaient pas suffi à démontrer les insuffisances, les contradictions et les dangers de l’administration privée des biens communs – son incapacité, en l’état, à œuvrer à long terme dans l’intérêt général – elle sert aujourd’hui de prétexte pour s’attaquer à l’un des bastions de la fonction publique française.

… que sur les conséquences en matière de conditions de travail dans l’ensemble des entreprises françaises. Après une analyse des effets de l’introduction de nouvelles « méthodes de travail » à La Poste et chez France Télécom, l’article conclut de manière inusitée sur l’évolution du statut du salariat en France, qui appelle à une extrême vigilance:

La réforme de La Poste offre de nombreux points de comparaison (dont l’analyse doit être approfondie) avec celle de France Telecom et avec les réformes en cours dans l’ensemble de la fonction publique. Avec ces réformes, l’introduction des « méthodes de management » et de « gestion des ressources humaines » semble dépasser, par leurs effets sur les salariés, ce qui avait été observé jusqu’alors dans le secteur privé d’où elles viennent. Il se pourrait même que certaines de ces transformations, notamment la « mobilité » des fonctionnaires, soient expérimentées dans la fonction publique, laboratoire des conditions de travail de demain. Cette « mobilité », ce flou des statuts rappellent en effet la flexibilité des travailleurs tant invoquée, souhaitée et appelée à se développer ces dernières années. Elles entrent en écho avec l’adoption récente d’un projet de loi qui donne la possibilité aux entreprises de prêter leurs « ressources humaines » – une pratique qui avait été interdite en France en même temps que l’esclavage il y a presque 200 ans. Ces transformations imposent de se demander si les conditions de vie et la liberté des salariés sont un bien commun inaliénable ou non. Avec ces réformes, les citoyens sont placés face à un choix profond de société qui engage leur responsabilité les uns par rapport aux autres.

Un article à lire in extenso et sans modération sur Mediapart.