Opérateurs télécoms et auteurs pour le maintien d’une TVA réduite sur Internet

La Commission européenne veut abroger la TVA réduite partielle sur les abonnements triple play. Ce que refusent les opérateurs et les auteurs, qui rappellent que cette réduction est déjà une contrepartie au financement des programmes TV et cinéma.

La FFT (Fédération française des télécoms), Free, la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) et le Sevad (Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande) ont exprimé ensemble leur inquiétude face à la mise en demeure récente de la Commission européenne: cette dernière met en cause la TVA à taux réduit (5,5%) appliquée partiellement en France aux offres triple play.

Billets de banqueImage Wikipédia, domaine public

La Commission estime que le taux réduit ne devrait pas être appliqué systématiquement sur la moitié de la facture, la législation européenne ne permettant d’appliquer la TVA réduite qu’aux services de diffusion de télévision. La Tribune, à l’origine de cette « fuite » sur les projets de la Commission, indique que «Bruxelles, qui vient aussi de contester la taxe sur les opérateurs télécoms pour financer France Télévisions, remet cette fois en cause le régime de TVA appliquée aux forfaits « triple play », vendus typiquement 29,90 euros. Deux taux de TVA sont appliqués à ces offres comprenant accès Internet, téléphone et télévision: un taux plein à 19,6 % sur la moitié de la facture, et un taux réduit de 5,5 % sur l’autre moitié. Ce taux réduit est appliqué car c’est celui dont bénéficie la télévision traditionnelle ; les FAI ont demandé à en bénéficier eux aussi lorsqu’ils ont lancé la TV sur ADSL à partir de fin 2003.»

La TVA réduite est une contrepartie à un prélèvement

Yves Le Mouël, DG de la FFT, rappelle que la TVA réduite sur 50% des forfaits a été instaurée en 2007en contrepartie du financement du Cosip (Compte de soutien à l’industrie des programmes). Selon une «source proche du dossier» citée par l’AFP, le secteur de la création audiovisuelle et cinématographique (film, fiction TV, documentaire, spectacle vivant) a perçu entre 60 et 100 millions d’euros en 2009 grâce à ce système.

Le communiqué commun des telcos et auteurs souligne que «dans ce contexte, il apparait souhaitable que le gouvernement clarifie également sa position et confirme qu’il ne mettra pas en œuvre la proposition qui avait été formulée en janvier 2010 dans le rapport Zelnik – Cerrutti – Toubon pour financer la carte musique Jeunes. Visant à diminuer la part du chiffre d’affaires ouvrant droit à un taux réduit de TVA, cette proposition, qui était déjà à rebours des usages et qui niait la part croissante des services audiovisuels dans l’utilisation d’Internet, apparaîtrait inconséquente à l’heure où la Commission européenne s’interroge légitimement sur la compatibilité de ce taux réduit avec le droit européen.» (voir l’écho sur la volonté de l’Elysée de surtaxer les FAI pour financer la carte musique jeunes).

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Les opérateurs télécoms taxés pour financer la musique en ligne?

Publié le 16 avril 2010

Les opérateurs télécoms taxés pour financer la musique en ligne?

Actu express: toujours plus! Après la taxation des opérateurs télécoms pour compenser l’arrêt de la publicité sur l’audiovisuel public (arrêt qui, comme c’était prévisible, semble de plus en plus compromis comme on l’a vu avec la suspension de la vente de la régie publicitaire de France Télévisions), après les suggestions de les taxer au profit des sites web de la presse écrite (sites pas toujours si mal lotis pourtant), voilà qu’il est question d’une taxe spécifique pour financer la musique en ligne.

L’hypothèse semble plus qu’avancée, puisque selon Les Echos qui l’ont révélée, elle émane de la présidence de la République, où on veut « modifier l’assiette de la TVA sur les fournisseurs d’accès à Internet pour financer la carte musique jeunes. Le taux de TVA supporté par les opérateurs est de 19,6  % sur la moitié de leur chiffre d’affaires. L’idée est que ce taux concerne 55  % des ventes, ce qui rapporterait 60 à 80 millions d’euros par an à l’Etat. »

Cette nouvelle déstabilisation des opérateurs permettrait le lancement le 21 juin, pour la fête de la Musique, de la carte proposée en janvier par le rapport de la commission Zelnik et reprise à son compte par Nicolas Sarkozy. Selon des « sources industrielles » citées par Les Echos, « une réunion s’est tenue à l’Elysée il y a deux semaines entre les ministères concernées (culture, économie, numérique et industrie) puis une seconde a eu lieu le 8 avril à Matignon ».

Lors de la première rencontre, Nicolas Sarkozy « aurait fait part de son souhait de modifier l’assiette de la TVA sur les opérateurs ADSL et non pas de taxer Google comme il a été un temps envisagé ». A suivre…

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Les limites de l’expression sociale sur les intranets de SFR et de France Télécom

Actu Express: Miroir social note avec à propos que les opérateurs, prompts à promouvoir le web participatif auprès de leurs clients,  sont nettement moins enthousiastes lorsqu’il s’agit de le mettre en pratique sur leurs intranets d’entreprise.

On peut aussi rappeler une fois de plus que le forum sur le stress, «Réagir ensemble» et l‘Observatoire du stress créés à l’initiative de la CFE-CGC/UNSA et SUD chez France Télécom-Orange sont également censurés depuis les accès internet de l’entreprise. Les déclarations médiatiques au sujet d’une ouverture vers un meilleur dialogue social n’y ont toujours rien changé…

Carlos Slim, propriétaire du quatrième opérateur mobile mondial et homme le plus riche du monde

Actu express: Bill Gates, fondateur de Microsoft, était classé par le magazine américain Forbes comme l’homme le plus riche du monde. Cette année, il n’est «que» deuxième, après le Mexicain Carlos Slim, à la troisième place l’an dernier et maintenant classé première fortune mondiale – avec 500 millions de dollars d’avance – par Forbes.

Carlos Slim
Carlos Slim (octobre 2007), photo Agência Brasil sous licence CC by Brésil

Carlos Slim, 70 ans, est à la tête d’une fortune estimée à 53,5 milliards de dollars. Il possède de nombreuses entreprises, mais son coup le plus important fut son rachat en 1990, avec des associés, de la compagnie publique mexicaine de téléphone Telmex (Telefonos de Mexico) pour 1,7 milliard de dollars. Il la développe par acquisitions et l’a scindé entre Telmex et América Movil (téléphone mobile).

Ce dernier serait le quatrième opérateur mondial de téléphonie mobile, avec 194,3 millions d’abonnés mobiles (PDF) en septembre 2009.

Triple play, une nouvelle guerre des prix

Alice, une des marques d’Iliad, renchérit sur Numericable en proposant Internet, téléphone et bouquet de chaînes pour 19,99 euros par mois.

Téléphone et Internet
Téléphone et Internet

Image mag3737 (Flickr) sous licence CC by-nc-sa

Escalade des offres: après Numericable, qui en septembre avait annoncé une future offre Internet-téléphone (double play) à 19,90 euros mensuels, Alice (groupe Iliad) vient de proposer pour 19,99 euros une offre triple play: le FAI ajoute à Internet et au téléphone un bouquet de 60 chaînes télé basse définition (son forfait à 29,90 euros en comprend 160). Continue reading « Triple play, une nouvelle guerre des prix »

Observatoire sociétal du téléphone mobile : 5ème édition

Actu express: L’AFOM (Association Française des Opérateurs Mobiles) et TNS Sofres publient le 5ème Observatoire du mobile en France.

AFOM / TNS Sofres
AFOM / TNS Sofres

Quelques points clefs extraits du communiqué de presse de l’AFOM:

  • En 2009, 79% des Français de 12 ans et plus sont équipés d’un téléphone mobile personnel ou
    professionnel (comme en 2008). 10% de Français sont par ailleurs « mobile only » (pas de ligne fixe).
  • Un mobile à chaque âge : 70% des 12-24 ans ont un mobile multifonctions qui leur permet de se divertir alors que les 40 ans et plus adoptent plutôt un téléphone de base. Les 12-24 ans sont la tranche de la population la plus équipée en smartphones (15%).
  • Pour les 12-24 ans, c’est un objet ludique, personnel, doté d’une forte dimension affective et un objet de mode qui peut-être joli. Alors que pour les 40 ans et plus, le mobile est avant tout un objet utilitaire qui assure les fonctions de base de la communication.
  • L’opinion sur la dangerosité des mobiles et des antennes relais fluctue avec le temps et les annonces médiatiques.
    Concernant l’usage du mobile, en novembre 2009, 25% des Français pensent que l’on n’a pas la preuve d’un danger, mais que l’on manque encore de recul – ce qui correspond à la position des autorités sanitaires. 25% pensent que l’on ne sait pas vraiment car les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux.
    A propos des antennes, 32% des Français pensent que l’on ne sait pas vraiment car des scientifiques disent que les antennes-relais sont dangereuses et d’autres disent qu’elles ne le sont pas. 31% des Français pensent que l’on n’a pas aujourd’hui la preuve d’un danger, mais que l’on manque de recul.
  • Au global, 82% des Français pensent que le mobile est une bonne chose pour la société française, et notamment pour les personnes âgées (81%), mais pas pour les adolescents (58%). Ces derniers cependant plébiscitent le mobile (91% des 12-17 ans), et 81% en sont équipés.

L’étude complète sur le site de l’AFOM, qui propose également un résumé de la présentation et des interviews, ainsi que les archives de l’Observatoire.

Orange rachète Sunrise

Actu express : Orange et Sunrise vont fusionner leurs activités fixes et mobiles en Suisse, qui ne comptera donc à terme plus que deux opérateurs : Swisscom, opérateur historique, et le nouvel ensemble, dont la marque n’est pas encore définie.

Coût de l’opération pour France Télécom : 1,5 milliards d’euros, pour 75% du capital. TDC, l’opérateur danois détenant Sunrise en conserve temporairement 25%.

Selon Romandie news, qui s’inquiète par ailleurs des conséquences pour les employés et les clients :

Le nouvel ensemble affiche un chiffre d’affaires cumulé de 3,1 milliards de francs pour 2008, loin derrière les 12 milliards de Swisscom. En revanche, il se pose en concurrent plus solide en termes de clients, contrôlant 38% du marché de la téléphonie mobile avec 3,4 millions d’abonnés et 13% de celui de l’accès à internet et du téléphone fixe avec 1,1 million d’abonnés.

[…]

Les synergies attendues de la fusion sont chiffrées à 3,2 milliards de francs. Au niveau opérationnel, les économies devraient atteindre 200 millions de francs par an, pour des coûts d’intégration cumulés de 140 millions. Les synergies liées aux investissements atteindront 570 millions entre 2010 et 2015. Elles permettront d’économiser 65 millions chaque année.

L’accès Internet haut débit progresse en Europe

A l’occasion de la parution de son dernier benchmark sur le haut débit, la Commission européenne se félicite de la poursuite de la croissance en dépit de la crise économique. Son communiqué mentionne :

  • 11 millions de nouvelles lignes fixes en 1 an,
  • 24% des Européens connectés en haut débit en juillet 2009, contre 21,6% un an auparavant
  • 54% de croissance pour le haut débit mobile, qui n’atteint cependant que 4,2% de pénétration globale
  • 80% des accès haut débit à 2 Mbps et plus, en croissance de 5% sur un an.

L’examen du rapport montre que la France reste bien positionnée sur le haut débit fixe…

  • 29,2% de la population équipée, en 7ème position sur ce critère, et au dessus de la moyenne européenne. La grande majorité des lignes est en DSL.
Source : Commission européenne - Novembre 2009
Source : Commission européenne - Novembre 2009
  • 3,1% de croissance annuelle des équipement, en 8ème position ex-aequo avec l’Allemagne et loin devant le UK (1,5%), ce qui est très honorable compte tenu du taux de pénétration déjà atteint.
  • en nombre de lignes haut débit, la France reste seconde avec près de 19 millions de lignes, derrière l’Allemagne, plus peuplée, qui en compte 24 millions.

…moins bien sur le haut débit mobile :

  • 1,9% de pénétration, en dessous de la moyenne européenne,
  • 1,2  million de cartes ou clefs dédiées aux services de données.

L’Autriche, la Suède et le Portugal dépassent 10% de pénétration. On peut noter que la Suède, déjà dans le peloton de tête du haut débit fixe, poursuit la course en tête sur le mobile.

Les opérateurs historiques perdent du terrain

Globalement, le dégroupage, et en particulier le dégroupage total, continue de progresser dans l’ensemble de l’Europe, les opérateurs historiques ne détenant plus que 45,2% de parts de marché, contre 45,7% en juillet 2008.

France Télécom fait un peu mieux avec 46,2%, en dépit d’une concurrence très active (rappelons que Free est considéré comme l’acteur le plus agressif, qui a imposé le tarif de référence de 29,99 € / mois), et d’une réglementation pénalisante, qui lui interdit d’utiliser ses bases de clients mobiles pour se renforcer dans l’ADSL, contrairement à SFR et Bouygues Telecom.

Le rapport de la Commission montre d’ailleurs que sur 1,9 millions de nouvelles lignes haut débit, les opérateurs alternatifs français en réalisent 1,1 million, soit 58%. C’est inquiétant pour l’avenir, et justifie pleinement la démarche de l’opérateur auprès de l’Arcep et du Conseil de la Concurrence pour bénéficier des mêmes droits que ses concurrents.

En effet, si la concurrence, qui constitue aujourd’hui l’alpha et l’omega de toutes les instances de régulation en Europe, a sans aucun doute des effets positifs pour le consommateur, encore faut-il qu’elle soit régulée de manière équitable.
Et qu’elle ne se développe pas au détriment des emplois. Mais ceci est un autre débat, que nous avons déjà abordé, et sur lequel nous aurons certainement l’occasion de revenir.

Vivendi reprend l’opérateur brésilien GVT

Actu express: la bataille entre Vivendi et l’espagnol Telefonica pour prendre le contrôle du brésilien GVT (Global Village Telecom), opérateur de télécoms et fournisseur d’accès à Internet, se termine par la victoire du groupe français.

Vendredi 13 novembre, Vivendi a annoncé détenir potentiellement 57,5 % du capital et des droits de vote de GVT (communiqué, en PDF). Le groupe va lancer une offre d’achat sur le solde des titres. Le coût total de l’acquisition sera de 2,8 milliards d’euros.

GVT, rapporte Le Figaro, « est encore un petit opérateur avec 2,3 millions de lignes ouvertes au 30 juin, dont 600 000 abonnés ADSL, sur une population brésilienne de 191 millions d’habitants. Mais avec une croissance de 27 % de ses ventes au troisième trimestre et une marge opérationnelle du même ordre, le retour sur investissement paraît assuré.

Les Français se sont donc résignés à revaloriser de 30 % leur première offre déposée en septembre. À l’époque, ils espéraient rafler le petit opérateur pour 2 milliards d’euros. » Le même article du Figaro observe que les investisseurs doutent cependant de l’intérêt de l’opération: ce lundi, l’action Vivendi a connu la plus forte chute du CAC 40.

Quatrième licence: toujours moins… de candidats

Actu express: Plus on se rapproche de l’échéance du 29 octobre pour le dépôt des candidatures à la quatrième licence de téléphonie mobile, plus il semble que Free / Iliad sera le seul candidat, les concurrents potentiels jetant l’éponge les uns après les autres…

Le 20 octobre, Bolloré a annoncé renoncer à se porter candidat, faute de partenaire. Son abandon a suivi de peu ceux de l’opérateur égyptien Orascom et de l’opérateur mobile virtuel Kertel.

Jeudi 22, c’est au tour de Virgin Mobile et de Numericable de jeter l’éponge. Le tandem renonce en « raison des incertitudes pesant sur le déploiement du réseau ». Et souligne que « les points de blocage se multiplient à tous les niveaux », comme « la judiciarisation croissante », « les moratoires de fait imposés par les collectivités locales » et « l’évolution probable de la réglementation concernant le seul d’exposition ».*

antenne mobile
antenne mobile

image: Groupe aménagement numérique des territoires (Flickr) sous licence CC by

Bien parti pour rester seul en lice, Free devra encore convaincre l’Arcep de la qualité de son offre, et espérer que le scepticisme à son encontre manifesté par le président Sarkozy ne l’arrêtera pas in extremis, de même que les recours en justice des trois acteurs actuels, Orange, SFR et Bouygues Telecom.

En parallèle, Orange et SFR risquent d’être « punis » par l’Arcep. Le régulateur des télécoms pourrait leur infliger des amendes record pour ne pas avoir rempli les objectifs de couverture associé à leurs licences 3G : les opérateurs rencontrent d’ores et déjà les difficultés soulignées par Virgin Mobile et Numericable pour déployer leurs antennes.

Rappelons que pendant ce temps, sur un des marchés supposé des plus concurrentiels, la Grande-Bretagne, les numéros 3 et 4 de la téléphonie mobile vont fusionner… En France, combien d’emplois devront encore disparaître dans le secteur des télécoms (plus de 28.000 dans les dix dernières années) pour que l’on reconsidère les dogmes en matière de « bénéfices » de la concurrence?

On peut également s’interroger sur la cohérence d’une réglementation qui d’un côté impose des objectifs de couverture des réseaux, et de l’autre incite au principe de précaution quant au déploiement des antennes. Tout comme sur celle du consommateur d’ailleurs, qui d’un côté veut pouvoir utiliser son mobile, mais refuse de l’autre d’avoir une antenne en face de chez lui.

La fusion géante Bharti – MTN n’aura pas lieu

Les deux géants indien et sud-africain ont à nouveau échoué dans leurs négociations. Le troisième opérateur mondial qu’aurait créé leur fusion ne verra pas le jour.

Des mois de négociations se sont terminés par un communiqué début octobre: les deux grandes entreprises ont annoncé mettre fin à leurs pourparlers en vue d’un rapprochement. Le sud-africain MTN a indiqué que « les actionnaires sont informés que MTN et Bharti n’ont pas réussi à conclure une transaction dans le cadre économique, légal et réglementaire au sein duquel opèrent les deux compagnies ».

Bharti Airtel explique de son côté que le gouvernement sud-africain n’était pas en mesure d’accepter le projet dans sa forme actuelle. Et que Bharti continuera à étudier les possibilités de développement à l’international.

Le ministère des finances sud-africain a de son côté déclaré à l’AFP qu’il « n’avait pas à approuver la fusion dans la mesure où les deux firmes étaient d’accord pour ne pas la faire ». Le gouvernement sud-africain possède indirectement 21% du capital de MTN.

Les deux groupes poursuivent leurs développements chacun de son côté: Bharti vient de passer un accord avec Twitter pour permettre aux abonnés du groupe indien d’envoyer leurs messages (« tweets ») par SMS sur Twitter. Tandis que MTN s’associe à l’indien IMImobile pour fournir des contenus comme musique, sports, jeux, actualités etc.

Présentation en français du groupe MTN (fin 2008)

Bharti-MTN: grandes manœuvres Inde-Afrique du Sud dans la téléphonie (27 août 2009)

Interview à PC Inpact de Sébastien Crozier

Actu express: dans PC INpact d’hier lundi, une interview de Sébastien Crozier, du syndicat CFE-CGC/UNSA Télécoms d’Orange, autour de la quatrième licence de téléphonie mobile. Quelques extraits:

« Plusieurs rapports récents démontrent que la présence de 4 opérateurs mobiles ou plus, demandée par la Commission Européenne dans les grands pays d’Europe, n’est pas forcément viable économiquement. Le récent projet de fusion entre T-Mobile et Orange en Angleterre illustre parfaitement le phénomène, et l’idéologie de « la main invisible du marché » montre clairement ses limites. »

« On peut aussi imaginer que Free – comme Bouygues – ne restera pas longtemps encore indépendant : ils peuvent agir pour le compte d’opérateurs comme Telefonica ou T-mobile. »

« Il faut noter en particulier que les comparaisons tarifaires de l’OCDE excluent de leur comparatifs tarifaires les numéros d’appel offerts dans le cadre des forfaits (par exemple les 3 numéros que vous appelez le plus souvent, et qui représentent 40 % de vos communications), ou encore les forfaits de SMS illimités, et les tarifs des cartes pré-payées… qui sont souvent les plus bas, notamment pour ceux qui appellent peu. »

« La concurrence favorise aussi l’innovation. Mais l’innovation n‘est pas le monopole des opérateurs. L’iPhone a sans doute fait plus pour l’Internet mobile en 18 mois que les 3 opérateurs en 10 ans. »

Pied de nez à l’idéologie libérale en Angleterre: fusion entre Orange et T-Mobile

France Télécom et Deutsche Telekom viennent d’annoncer leurs négociations exclusives pour signer d’ici la fin octobre la fusion en Grande-Bretagne de leurs filiales Orange UK et T-Mobile UK. L’ensemble réunissant les numéros trois et quatre de la téléphonie mobile deviendrait ainsi numéro un outre-Manche. La future marque unique Orange, achetée 50 milliards d’euros en 2000 par France Télécom, comptera ainsi 28,4 millions de clients, soit 37% du marché anglais du mobile, devant l’actuel leader O2 (27,7%) et Vodafone (24,7%), indique l’AFP.

Cabines dominos
Cabines dominos

Image doug88888 (Flickr) sous licence CC by

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France Télécom candidat repreneur de France Télévisions Publicité, une stratégie incertaine?

Quand l’opérateur télécoms revient dans la publicité, après avoir abandonné la régie de PagesJaunes en 2006, et qu’il veut rivaliser avec des Publicis ou Bolloré, ne cède-t-il pas au miroir aux alouettes de l’audiovisuel, au moment même où les modèles publicitaires sont moins assurés que jamais?

Ce grand groupe français rachète une régie publicitaire, puis cherche à en acquérir une autre dans l’audiovisuel… Publicis? Non, France Télécom, qui le 28 août, a annoncé le rachat d’Unanimis, une régie anglaise spécialisée dans la publicité sur Internet, pour un montant non communiqué. Un achat qui suit le partenariat annoncé quelques semaines plus tôt entre le service de vidéo à la demande d’Orange et TF1 Vision.

La publicité, avenir ou passé?
La publicité, avenir ou passé?

Image John.P. (Flickr) sous licence CC by-nc

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Bharti-MTN: grandes manœuvres Inde-Afrique du Sud dans la téléphonie

La naissance du troisième groupe mondial de télécoms en nombre de clients est en tractations entre l’indien Bharti Airtel et le sud-africain MTN Group.

Les deux entreprises ont repris leurs discussions sur un rapprochement en mai dernier, et ont annoncé début août les prolonger jusqu’au 31 août. La fusion des deux donnerait un géant de 200 millions de clients en Inde, en Afrique et au Moyen-Orient, troisième mondial derrière China Mobile et Vodafone. En chiffre d’affaires, le nouvel ensemble pèserait 14 milliards d’euros (20 milliards de dollars).

20090827_inde_telephoneImage: Mimi_K (Flickr), sous licence CC by-nc

Mais surtout, cette énorme opération, si elle a lieu (MTN réclame à Bharti, selon le Wall Street Journal, une rallonge d’un milliard de dollars dans l’échange d’actions et de cash sur lequel négocient les deux groupes), avec un montant de l’ordre de 23 milliards de dollars, serait la plus grande jamais menée hors des pays occidentaux.

Une fois de plus, à travers ce grand jeu de Monopoly auquel nous assistons, on ne peut que déplorer que la France ne dispose que d’un opérateur à la taille mondiale déclinante – dont la capacité d’acquisition demeure obérée par la politique de dividendes effrénés à laquelle il est soumis: le free cash-flow de France Télécom n’est plus disponible pour une politique d’expansion sur des acquisitions conséquentes. Tandis que celui de Vivendi, qui en génère organiquement beaucoup, est bloqué par un Vodafone arc-bouté sur ses 48%…

Capgemini et Steria, bientôt plus d’employés en Inde qu’en France

On mesure aussi dans les négociations MTN-Bharti que le poids économique se déplace des économies occidentales vers les économies émergentes. Le paradoxe de l’Inde, pays pauvre mais aussi doté de géants qui ne cessent de prendre du poids sur leur gigantesque marché intérieur comme à l’international, mérite d’être scruté avec attention.

D’autant plus qu’à coups de délocalisations et d’offshore, les entreprises françaises high-tech ne manquent pas de nourrir cette croissance indienne, y compris au détriment des emplois de leur pays d’origine. Les présidents de deux grandes SSII, Capgemini et Steria, indiquaient à l’AFP qu’elles auront bientôt plus d’employés en Inde qu’en France. Rappellons que ces deux entreprises obtiennent régulièrement des contrats publics dont elles ne se privent pas de délocaliser l’exécution.